Le buzz du week-end avec la maire de Poitiers et les “rêves d’enfants“ a déclenché des milliers de réactions épidermiques. lanouvellerepublique.fr/poitiers/des-b…
On va essayer de rendre Twitter meilleur en expliquant le contexte et en montrant l’absurdité de cette polémique.
Le contexte est compréhensible par tous : vu l’année 2020 et la crise économique, les budgets de la ville de Poitiers pour les associations sont en baisse.
En plus de ça, toujours à cause des restrictions de la crise sanitaire, certaines associations se sont retrouvées complètement dans la mouise et en danger de disparaitre, ce sont donc celles-là qui vont prioritairement recevoir les subventions.
Conscientes de ces enjeux et faisant preuve de solidarité, certaines associations n’ont d’ailleurs pas renouvelé leurs demandes de subventions cette année, pour que cet argent puisse aller à celles qui sont en difficulté 👏💪
Le fameux aéroclub source de la discorde dispose lui d’un budget annuel de 340.000€.
La subvention de la ville à cet aéroclub, de 8000€ par an passera à 4000€ en 2021 puis à zéro en 2022 (attribuer les subventions publiques en priorité à ceux qui en ont le plus besoin).
Cette subvention représentait donc 2,4% du budget annuel de l’aéroclub.
Et si j’étais taquin je dirais que 2,4% c’est complètement négligeable donc pas de quoi râler pour ça 😌
L’argument climatique a également joué un rôle dans l’arbitrage : donner de l’argent public pour subventionner des loisirs gros consommateurs d’énergie fossile pose à l’évidence un problème de cohérence à l’heure où on demande à tous les français de faire des efforts.
Alors évidemment ce n’est pas l’arrêt des subventions à cet aéroclub qui règlera le problème climatique, mais si vous ne croyez pas qu’une somme de petites actions peut faire de grands changements, pensez que c’est exactement ça qui nous a conduit au changement climatique actuel.
Dernier point qui s’est incrusté dans la polémique : cet aéroclub de Poitiers a accueilli par 3 fois le tour de l’association "Rêves de gosse", qui consiste à organiser des rencontres avec des enfants handicapés et qui se concluent par un tour en avion. revesdegosse.fr
Que ça soit bien clair, l’aéroclub de Poitiers n’a aucun lien direct cette l’association, son rôle consiste simplement à aider à l’organisation et ouvrir ses portes le temps d’un week-end, les coûts des tours aériens sont pris en charge par l’association et ses sponsors :
Dans tous les cas l’arrêt de cette subvention publique à l’aéroclub (rappel : 2,4% de leur budget) n’impactera en rien les tours en avion proposés par l’association "Rêves de gosse", qui continueront, même à Poitiers.
Toute polémique là dessus est donc complètement hors sujet.
Donc pour résumer :
1. Moins de budget de la ville de Poitiers pour les associations
2. L’argent est donc attribué en priorité aux assos dont la survie est menacée
3. L’aéroclub n’est pas en danger si cette subvention s’arrête
4. La ville souhaite en plus réduire les subventions des loisirs basés sur les énergies fossiles
Conclusion logique de ces 4 points ?
Arrêter progressivement les subventions de cet aéroclub.
Et c’est la décision qui a été prise.
Petite décision au final, comparé au budget de la ville de Poitiers consacré aux associations, et quasiment sans aucun impact.
Vient alors la malheureuse petite phrase qui va déclencher une shitstorm complètement délirante...
(à partir de 18 minutes)
Oui cette phrase est incroyablement maladroite, mais sérieusement, qu’est-ce qui a pu passer dans la tête de beaucoup pour prendre ça au pied de la lettre, et croire qu’il s’agit vraiment de définir à quoi ont le droit de rêver les enfants ?
TEAM PREMIER DEGRÉ BONJOUR !!
Voir dans cette phrase le grand complot dévoilé des khmers verts pour rééduquer et contrôler les rêves de nos enfants en instaurant une dictature totalitaire... non mais respectez-vous un peu 😅 #NousSachons
Le vrai sujet derrière cette énorme bourde de communication c’est la désirabilité des produits et activités polluants.
Sujet entièrement d’actualité, cf les propositions de lois pour restreindre la publicité de certains produits : lesechos.fr/politique-soci…
Sauf que bien évidemment cette phrase a offert de magnifiques cartouches à tout un tas de gens, qui se sont jetés dessus pour taper à tout va sur l’écologie, vous allez voir.
Le ministre des transports @Djebbari_JB, toujours présent pour défendre la filière aéronautique et taper sur l’écologie.
Par contre monsieur djebarri : ministre ou troll, il faut choisir, vous ne pouvez pas faire les deux.
Un autre ministre @BrunoLeMaire est lui aussi tombé dans la facilité de la caricature et de l’exagération (en fait non il y est allé volontairement, l’occasion était trop belle de se faire mousser auprès de son électorat et des industriels concernés).
Des responsables politiques s’y sont mis aussi, de tout bord évidemment...
L’occasion était pour eux trop belle de s’afficher en opposant, même s’il faut pour ça s’abaisser à commenter une petite phrase du conseil municipal de Poitiers.
Cette tempête dans un verre d’eau a donné lieu à moults articles de journaux.
Là encore on peut apprécier la justesse de @JMJancovici lorsqu’il dit “il n’y a pas de lien, jamais, nulle part, entre la pagination d’un sujet dans le journal et son importance réelle dans le monde".
En parlant de journalisme, @emma_ducros et @GeWoessner vous êtes tombées dans les travers que vous dénoncez pourtant sur d’autres sujets : extraire une petite phrase, la sortir du contexte, plonger dans la caricature et propager une shitstorm...
Bon j’ai affiché là juste les tweets de réactions épidermiques, je vous passe les milliers d’insultes qui sont dans le lot.
Loin de moi la volonté de réhabiliter l’énorme bourde de @L_Moncondhuy, mais elle a tout mon soutien pour passer cette shitstorm absolument délirante.
Ce qui m’inquiète le plus dans cette “histoire“ c’est le nombre de responsables politiques qui ont tenté de décrédibiliser toute l’écologie en se vautrant dans ce buzz de bas étage.
On a pas le cul sorti des ronces... 😑
Si vous voulez rêver d’un truc pour les enfants, il vaut mieux rêver d’un monde décarboné plutôt que d’un monde réchauffé de +4°C, car ils risqueraient de ne pas trouver ça très agréable... climate.nasa.gov/effects/
J’ajoute ce thread de @ygini qui apporte des choses intéressantes.
Nous ne sommes probablement pas d’accord sur tout 😊, mais il a pris le temps d’expliquer et de faire de la pédagogie plutôt que du buzz, et c’est à valoriser 👍
J’avais fait un guide pratique sur comment reconnaître une centrale électrique, à destination de tout le monde (poke @Reporterre ça vous sera utile 😊).
A la 🔟ème place, dépassant tout juste les 1000 RT, un simple tweet avec l’ensemble des déchets nucléaires français de haute activité, posé devant le vieux port de Marseille.
J’en reparlerai bientôt d’ailleurs, car cette image a suscité énormément de questions 😉
En 9️⃣ème position, le débunk de quelqu’un qui profite d’une tribune complaisamment offerte par un journal pour raconter n’importe quoi sur le changement climatique : je vous présente Laurent Alexandre !
Je vois souvent @Stephane_Fort directeur de la communication de @Dassault_OnAir essayer de minimiser la responsabilité de l’aviation sur le changement climatique.
On va donc remettre du contexte en prenant pour exemple son entreprise : Dassault Aviation.
Prenons un exemple pour bien voir le problème :
Le Falcon 8X "jusqu’à 30 % plus éco-efficient" parcourt 12.000km en consommant presque 16 tonnes de kérosène.
Un Falcon 8X, c’est donc l’équivalent d’une voiture qui consomme 170 litres au 100 km.
Si ce n’est pas déjà fait, je vous conseille de commencer par l’épisode 1, qui vous apprendra à reconnaître en un clin d’œil les différents types de centrales électriques, ça vous sera utile pour suivre ce thread 🧑🏫
Sur ces 100 photos de centrales nucléaires de Google Images, seules une dizaine ne contiennent pas les fameuses tours...
Et le choix est limité : en France on n’a droit qu’à des photos de Fessenheim ou Flamanville… (alors qu’en vrai 8 de nos centrales sur 19 n’en ont pas).
Bon, qui dit pédagogie dit les bases d’abord (ça va être rapide).
Une centrale électrique thermique utilise du combustible pour produire de la chaleur, qui va chauffer de l’eau et la transformer en vapeur, qui va faire tourner une turbine pour produire de l’électricité.