#concours #prepahec
Sujet Culture Générale Prépa HEC 2021 : « La bête en nous »
- Probabilités indicatives : ECRICOME 55%, ESSEC 15%, HEC 75%
- HEC est roublarde et aime à n’enrôler que l’élite philosophico-littéraire du pays, capable de malmener les sujets les plus vicieux.
Non, je rigole. Tout un chacun est capable de « maltraiter » ce genre de sujet, et je vais proposer quelques pistes pour le faire.
- Maltraiter un sujet, c’est sortir des sentiers battus en s’éloignent des 80% des III qui diront : « la bête est méchante, l’animal est gentil,
vive l’animal ». Maltraiter un sujet, c’est extraire, à partir d’une formulation apparemment simple, de véritables tensions conceptuelles qui raviront les correcteurs. Maltraiter un sujet, c’est l’inverse de mal traiter un sujet.
- Si j’ai choisi ce sujet aujourd’hui c’est qu’il est structuré par 2 termes dont la probabilité de présence dans l’un des 3 sujets 2021 est (très très) haute.
*D’abord « bête » : ne jamais oublier que bête voulait dire animal au départ et que, progressivement, bête a acquis
une connotation péjorative. Tout au long de votre devoir, n’hésitez pas à consacrer des paragraphes entiers à des redéfinitions du terme « bête », soyez inventifs.
* « Nous » : ce pronom personnel a de fortes chances de tomber car interroger le « nous » quand l’homme parle de
l’animal, c’est interroger le statut communautaire qu’accord l’homme à l’animal. Distinction basique : le « nous exclusif », c’est quand je dis nous mais que je n’inclus pas mon auditeur (exemple : Chalençon qui dit à un journaliste « le petit Attal et moi nous connaissons »,
dans son nous il y’a Attal et lui mais pas le journaliste) ; le « nous inclusif », c’est quand je dis nous et que j’inclus mon auditeur (exemple : Chalençon qui dit à Riester et Dupont-Moretti « retrouvons-nous à 18h au Palais Vivienne »). Ainsi, à l’aide d’exemples centrés
autour des animaux (cad d’exemples plus enclins à la droiture et à la morale que ceux que je viens de citer), vous devrez montrer comment, par son simple langage, l’homme peut tracer des frontières linguistiques entre l’animal et lui.
- Après ces quelques clés de définition,
passons au sujet pour lui-même, que j’ai décidé de traiter de façon originale et différente du classique « thèse-antithèse-réponsedenormand »:

I/Description du problème
*Commençons par le plus évident : si « nous » c’est l’homme sans l’animal, alors la « bête » qui réside en lui
est ce qui reste ou ce qui s’invite par moment dans son être propre. Tout l’enjeu est de savoir si cette incursion est positive pour l’homme ou si, comme on le présente le plus souvent, la bête en nous est le monstre en nous.
*Si maintenant le nous c’est l’homme+l’animal, le
sujet devient plus intéressant. Ici, il faut travailler sur le « en », faire varier les échelles. Echelle1 : La bête en UN homme ou UN animal, c’est ce qui, individuellement, en lui, devient bestial. Et alors il serait intéressant de montrer que si l’on considère la communauté
homme+animal, les êtres qui ont le plus de bestialité en eux ne sont pas nécessairement des bêtes… Echelle2 : A une 2ème échelle, on peut penser les enjeux sociaux du sujet : la bête EN nous, c’est la bête parmi une communauté d’être (et non plus la part bestial au sein d’un
seul être). Il est évident de voir comment l’accusation de bestialité peut être et a été historiquement une manière de ségréguer les hommes selon des critères injustes. Il en va de même pour l’animal : vous pouvez expliquer par exemple comment certains hommes ont sélectionné
certains animaux pour des critères précis tout en reléguant d’autres hommes et animaux ensemble à des rangs inférieurs, en disant que ces derniers étaient les « bêtes de la société ». Je pense aux rues du Paris fin-de-siècle, saccagées par le baron Haussmann et où chiens errants
et mendiants pullulent tandis que l’aristocratie des beaux quartiers, paradoxalement « rentière de la bêtise et de l’ordure » (Zola), commence à développer la mode des « toutous de compagnie ».

II/Que faire face au problème ?
*Le travail qui précède est purement descriptif en
tant qu’il est une typologie des formes de bestialité en l’homme.
*Une copie moyenne s’arrête à cette description. Une bonne, voir excellente copie analyse les postures éthiques (cad les manières d’agir) que l’homme adopte face à cette bestialité en lui.
*Entre autres
possibilités, on peut ouvrir ici un débat épistémologique (cad un débat autour de l’origine des connaissances que l’on a sur l’animal) : il serait judicieux d’analyser comment les religions ou des courants scientifiques ont déterminé la part de bête en nous, et comment cette
définition a eu des conséquences sur les injonctions éthiques et morales de ces courants (par exemple : quand la Bible ou le Coran distinguent l’homme de l’animal, ça n’a pas la même portée que quand Darwin le fait)

III/Ma solution propre au problème.
*Enfin, je pense qu’il faut
finir sur un renversement du jugement de valeur émis sur le mot bête, et insister sur ce que la bête en nous nous offre comme potentialités existentielles, cad comme manières de vivre différemment sa vie. Quand je décide de ne plus être pris pour un caniche et d’agir en lion,
quand je me force à chevaucher le tigre et l’étalon, quand je vois dans un vol d’oies sauvages une invitation à la liberté et dans l’œil d’un éléphant une incitation à la sagesse, c’est mon irréductible bête en moi qui parle.
Cette bête, en bien et en mal, c’est moi. Ma bête et vos bêtes, c’est nous. La bête-ise nie la bête en nous. Le courage suprême, c’est (1) d’accepter la bête en nous mais (2) arriver à l’orienter pour nager en douceur dans les eaux troubles de la bestialité.
Bon courage à tous.

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