Dans le cadre de la « #taxonomie » (liste des investissements « durables »), la @EU_Commission a mandaté il y a quelques mois son centre commun de recherche (CCR, ou JRC en 🇬🇧 @EU_ScienceHub) pour étudier l'empreinte environnementale de l'énergie nucléaire.
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En effet, le premier groupe d'experts (TEG) qui avait planché sur la taxonomie en général s'était déclaré incompétent pour trancher la question de l'empreinte environnementale du nucléaire, au-delà de sa faible intensité carbone.
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Le CCR a rendu son rapport (387 pages) il y a quelques jours et celui-ci conclut à une empreinte non supérieure à celle des énergies renouvelables.
« The analyses did not reveal any science-based evidence that nuclear energy does more harm to human health or to the environment than other electricity production technologies already included in the Taxonomy as activities supporting climate change mitigation. » (page 7)
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Sur certains critères, le nucléaire présente même des meilleurs résultats (émissions de SO2 et NOX, emprise au sol et contribution à l'acidification et eutrophisation des eaux).
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Ce rapport doit être revu par deux autres groupes d'experts (article 31 d'Euratom et "SCHEER", un groupe sur l'environnement, la santé et les risques émergents), avant que la Commission n'envisage d'inclure l'énergie nucléaire à la « taxonomie ».
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Enfin ça c'est ce qui était prévu initialement.
Visiblement la Commission n'a pas l'air de trouver les conclusions du CCR à son goût (c'est le problème avec les rapports scientifiques, on n'en choisit pas les conclusions).
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Dans un document fuité, la Commission explique qu'elle envisage de laisser trancher ce sujet pourtant purement technique par le Conseil et le Parlement européens (institutions politiques) à l'automne via une proposition législative.
Cela pour "permettre un débat transparent" selon les mots de la Commission.
Traduction : trancher ce sujet technique au bras de fer politique plutôt que sur la base d'éléments techniques (car en termes de transparence, le rapport du CCR est déjà public).
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Pour prendre une analogie, c'est un peu comme si on transférait au politique la décision d'autoriser ou non la mise sur le marché d'un médicament (ce qui est une décision technique, pas politique).
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Rappelons que la taxonomie ne dit pas ce que le privé / les Etats doivent financer mais quels sont les investissements "durables" ou non sur le plan environnemental.
Ca ne remet pas du tout en cause le droit des Etats ne voulant pas de nucléaire à ne pas en avoir.
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Si l'Union européenne veut que sa "taxonomie" soit crédible, il va falloir être beaucoup plus rigoureux que ça...
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Dispenser les EnR d'analyses de cycle de vie, demander en même temps une triple analyse du nucléaire pour finalement suggérer de trancher la question au rapport de force politique n'est pas très sérieux.
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Si cette classification censée être technique s'avère finalement être une classification arbitraire définie à coups de rapports de force politiques, elle sera attaquable et supplantée par une autre taxonomie (probablement américaine).
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Le pouvoir normatif de l'Union européenne sur la scène internationale se joue aussi à la crédibilité de ses réglementations. Si celles-ci manquent de cohérence et confondent les arbitrages techniques et politiques, leur portée risque d'être limitée et c'est normal.
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Après la chute brutale liée au Covid, elles devraient réaugmenter jusqu'en 2027-2029 sans toutefois atteindre leur niveau de 2019, avant d'entamer un déclin inexorable.
Rappelons que l'Union européenne, dont les extractions pétrolières déclinent depuis le début des années 2000, importe presque un tiers de son pétrole depuis la Russie...
Interview d'Hervé Kempf, rédacteur en chef de @Reporterre. Le contenu est assez révélateur d'une vision de l'écologie qui n'envisage pas la remise en question.
Selon @KEMPFHERVE, quelqu'un qui change d'opinion sur le nucléaire est nécessairement vendu aux lobbies. Il n'envisage pas que cette évolution de la pensée puisse être renseignée ni réfléchie.
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Concernant des gens comme @bricelalonde ou @FdeRugy qui sont devenus favorables au nucléaire APRES avoir été ministres (et pas avant), on peut difficilement leur reprocher d'avoir changé d'opinion pour arriver au pouvoir.
Dans cet article, Victor Court (chercheur à l'IFPEN) explique que la mauvaise prise en compte des effets rebonds entraîne une sous-estimation de la demande énergétique mondiale future, qui met en péril les politiques climatiques.
Quand l'efficacité énergétique d'un moteur progresse (par exemple), on va en profiter pour rouler plus, ou augmenter sa puissance, plutôt qu'économiser de l'énergie.
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Plus généralement, si vous consommez moins d'énergie dans un procédé, il vous coûtera moins cher, donc vous aurez de l'argent en plus... que vous dépenserez ailleurs.
Ce qui est amusant avec l'étude RTE-AIE sur un système à part élevée de renouvelables, c'est que de nombreux commentateurs l'invoquent pour défendre leur position. Je me demande combien l'ont lue.
Il s'agit d'une étude de faisabilité technique : est-ce que physiquement et techniquement c'est envisageable ?
Ce n'est pas une démonstration de l'intérêt, ni une étude du coût économique et social de faire cela.
Le rapport est très clair là-dessus.
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Page 14 : « The report does not address whether those scenarios are socially desirable or appealing, or how much they cost and whether they are financially sustainable. »
Il est tout à fait positif que la production de biométhane (issu de méthanisation) ↗️ en France, car il peut se substituer à des carburants fossiles.
Cependant, l'utiliser pour produire de l'électricité n'est probablement pas le meilleur usage qu'on puisse en faire.
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Des alternatives bas carbone existent pour produire de l'électricité (nucléaire, hydraulique, éolien, PV...) tandis que certaines conso énergétiques nécessiteront durablement des combustibles, notamment dans l'industrie et la mobilité lourde (navires, bus, camions...).
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Certes le plus simple quand on produit du biométhane est de l'utiliser dans des applications actuellement servies par du gaz fossile.
Cependant, atteindre la neutralité carbone impose d'adopter une approche systémique.
Il reste 2 centrales à charbon en 🇫🇷 : Saint-Avold exploitée par Gazel Energie, qui devrait bientôt fermer, et Cordemais, exploitée par EDF, qui pourrait bénéficier d'un sursis pour stabiliser le réseau normand moyennant une conversion à la biomasse (projet Ecocombust).
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La France touche donc à la fin de sa sortie du charbon et c'est très bien. C'est très bien... mais ce n'est qu'une petite partie du sujet et ça ne suffit pas à rendre la France "vertueuse" sur le plan du #climat.