En utilisant mes outils de #DataScience, j'ai essayé de mesurer quel rôle a joué #Twitter dans cet échec :
Sans ce réseau, le projet de ligue fermée mené par les 12 clubs les plus riches d'Europe aurait-il vécu le même sort ?
[THREAD] ⤵️
Pour analyser ce qu'il s'est passé et répondre à ma question, j'ai extrait une grande quantité de données :
2,6 millions de tweets postés par 876 000 users uniques
5 langues ciblées : 🇫🇷 🇬🇧 🇪🇦 🇮🇹 🇩🇪
56 millions de likes et 7,8 millions de retweets cumulés
Les tweets récoltés vont du 17 avril midi, jusqu'au 22 avril minuit.
Je vais revenir sur les faits chronologiquement pour qu'on revive cette histoire en suivant l'angle Twitter.
Voici tout d'abord la répartition des tweets que j'ai récupéré sur la période :
Tout commence le 18 avril, à 15h :
On est un dimanche après-midi et @tariqpanja, reporter pour le New York Times, publie un article qui aura l'effet d'une bombe :
Cet article explique que les 12 clubs de football les plus riches d'Europe vont annoncer dans la journée la création d'une ligue fermée, où il ne sera plus question de performances pour être qualifié, mais de statut de "clubs fondateur".
Cette information est relayée et confirmée par des acteurs influents dans les différents pays (comme @mohamedbouhafsi en France par exemple) et c'est parti : Twitter commence à s'enflammer.
Mais le réel incendie, lui, débutera en pleine nuit :
C'est aux alentours de minuit, que les 12 clubs qui ont travaillé en secret annonceront officiellement et simultanément la création de cette ligue fermée, via des communiqués relayé sur leurs pages officielles.
Ici, j'ai échantillonné mon data set afin de me focaliser sur les réactions des users anglais et espagnols suite à ces annonces.
Puis, pour réaliser du #SentimentAnalysis, j'ai cartographié les émojis utilisés dans ces échantillons de tweets:
Ce qui me semble intéressant ici, c'est d'analyser les écarts entre ces #dataviz pour déceler les signaux plus faibles.
Ainsi, on constate que bien que le sentiment général soit similaire (rires, amusement), les sentiments secondaires divergent entre espagnols et anglais.
Quand on zoom du côté anglais, la grande majorité des émojis qui ressortent représentent des sentiments péjoratifs : 🤬💔🤮...
Quelques émojis de soutien sont présents, mais de façon très minoritaire.
Du côté espagnol, les sentiments secondaires sont beaucoup plus partagés !
On retrouve bien d'un côté des émojis négatifs, mais aussi des réseaux d'émojis enthousiastes : 🤩😍😎...
La présence de cœurs aux couleurs du Réal et du Barça dans ces réseaux appuie ce sentiment : ❤️💙🤍
Pour approfondir cette étude du ressenti au moment de l'annonce de la Super League, j'ai également analysé la sémantique des réponses aux communiqués.
Ambiance demi-finale de Champion's League, on va se focaliser les publications du Réal et de Chelsea :
Du côté du Réal, on peut tout d'abord déceler sur la #dataviz 4 communautés sémantiques correspondants à des langues différentes :
🟠Orange : espagnol
🔴Rouge : anglais
🔵Bleu : français
🟢Vert : portugais
Les trois champs de discours non-espagnols sont unanimement péjoratifs.
Quand on se concentre sur le discours espagnol, on remarque deux champs sémantiques distincts : l'un très négatif (🔴en rouge) qui attaque la décision du Réal et un autre très général (🟢en vert).
Les insultes et injonctions sautent aux yeux, mais une fois encore, c'est la comparaison qui est intéressante.
Dans la cartographie sémantique issue des réponses aux posts de Chelsea (ci-dessous), on voit que la part négative est bien plus importante !
Reprenons à présent le déroulé de notre histoire.
Les deux jours qui ont suivi l'annonce ont été très mouvementés sur Twitter, notamment après les prises de paroles d’acteurs influents : joueurs, entraîneurs, personnalités publiques…
Voici une représentation des mentions des clubs anglais impliqués, cumulées sur la période.
On voit qu'une pression quasiment constante s'est appliquée durant ces deux jours sur les grands clubs de Premier League impliqués.
Et puis soudainement, l'édifice se fissure :
Le mardi 20 avril vers 20h, soit moins de deux jours après l'annonce officielle de la Super League, la presse anglaise annonce que Chelsea souhaite se retirer du projet !
On apprend rapidement ensuite que tous les clubs anglais souhaitent abandonner !
Le soir même, vers minuit, c'est officiel : les six clubs de Premier League impliqués postent leur déclaration de rupture et font ainsi sombrer le projet.
J'ai alors à nouveau sous-échantillonné mon corpus de tweets pour réaliser la même démarche d'analyse sentimentale et de cartographie sémantique.
Mon objectif est de prendre la première analyse comme référentiel pour étudier le différentiel émotionnel sur l'annonce du retrait.
Sans surprise, les #dataviz de réseaux d'émojis font ressortir un même sentiment principal : la moquerie.
Le ridicule de la situation, d'un projet aussi colossal qui s'effondre en deux jours, se fait ressentir : 😂🤡🥶...
Toujours sans surprise, la joie est le second sentiment le plus représenté, avec des émojis de fête et de soutien : 🥳👏💪...
Toutefois, ce qui est à nouveau intéressant et qui conforte la première analyse, c'est la présence d'un important réseau d'émojis déçus et réticents sur la cartographie espagnole.
Ces émojis (tels que 😔) sont, au contraire, négligeables sur la cartographie anglaise.
Ces Sentiments Analysis vont ainsi dans le sens de divers sondage, qui mettaient en avant que les espagnols étaient les plus enthousiastes à l'idée d'une ligue fermée.
Enfin, pour boucler la boucle, quand on jette un œil à la sémantique utilisée dans les réponses au post de retrait de Chelsea, on obtient la cartographie suivante :
Les insultes et la honte ont été remplacés par des remerciements et des déclarations très positives.
Mais attention, les fans ne sont pas dupes et un champs sémantique important correspond à des exigences d'excuses !
Alors évidemment, même après avoir réalisé cette analyse, ce serait exagérer que de dire que c’est majoritairement grâce à Twitter que la Super League est tombée à l’eau : en parallèle de cette vindicte populaire virtuelle, de nombreux autres facteurs ont joué.
Des supporters sont sortis dans la rue, les clubs se sont ligués contre la Super League, l’#UEFA et la #FIFA ont exercé de fortes pressions, le premier ministre britannique @BorisJohnson à même menacé de mettre en place une “bombe législative” pour rendre impossible ce projet !
Je pense tout de même que ce qui a pu être le moteur de cette union sacrée contre la Super League, c’est cette pression exercée par les supporters en ligne.
On peut facilement imaginer que si les supporters avaient soutenu cette réforme, de nombreux acteurs publics ne se seraient pas engagés contre celle-ci.
De plus, le contexte sanitaire est aussi très important : dans cette période de restrictions, les stades sont vides et les rues souvent désertes.
Pour communiquer et véhiculer des messages, les réseaux sociaux sont devenus un canal fondamental qui permet de conserver le lien entre les personnes et de réaliser de réelles manifestations virtuelles comme celle-ci.
Il me reste encore pas mal d' #Insights sur ce sujet, et je reviendrai très vite avec un thread complémentaire sur la question : dans ce genre de crise, quels ont été les acteurs leaders d'opinion du foot sur Twitter en Europe ?
Là où dans la première analyse je me consacrais sur les contenus (sentiment analysis, cartographies sémantiques...), ici l'objectif est d'analyser les émetteurs de contenu influents.