Thread by @GeWoessner

Les aides publique à l'agriculture biologique vont-elles vraiment baisser de 66% dans la nouvelle PAC ?
❌ Non. Elles vont augmenter de 36%.
Mais la construction de ce chiffre explique les vraies raisons de la colère. On explique ? 👇

https://twitter.com/BenoitBiteau/status/1399756710684856325

Pour répondre à une demande de bio qui explose, le gouvernement veut multiplier les aides à la conversion, alors que seuls 8,5 % de la SAU sont exploités en bio ➡️Dans la prochaine PAC, les aides à l'agriculture bio vont passer de 250 millions à 340 millions € par an...

... Soit une ↗️ de 36%. MAIS... L'enveloppe n'étant pas extensible à l'infini, les aides au maintien, que certaines régions (IDF, Normandie...) versaient touours, vont disparaître.
Exemple : un maraîcher bio a touché pendant 5 ans 900€/ha d'aide à la conversion. PUIS...

...pendant 3 ans, une aide au maintien de 600€/ha.
Demain, la première aide sera maintenue, voire augmentée. MAIS la deuxième disparaîtra : d'où la "perte de 66%" avancée par la Fnab, ces aides au maintien représentant en moyenne 132€/ha (pour ceux qui la touchent. Attention :

tous ces montants sont théoriques, les aides dûes sont souvent versées avec un honteux retard, ce qui est légitimement source de beaucoup de colère.)
La vraie question est : le bio doit-il rester sous perfusion, même quand les prix, au bout de 5 ans, doivent couvrir les charges ?

Deuxième pomme de discorde : les "écorégimes" qui remplaceront demain les "paiements verts". 🌿 Ils encourageront les pratiques vertueuses, avec 1,7 milliard à répartir entre TOUS les agriculteurs (450 000). Les agriculteurs bio les toucheront automatiquement : 70€/ha. MAIS...

... D'autres, engagés en agriculture raisonnée ou HVE (haute valeur environementale), pourront les toucher aussi. Les agriculteurs bio veulent plus pour eux : 145€/ha. Mais que restera-t-il aux autres ? Et que deviendra leur niche ?

D'où l'offensive lancée contre ce label, accusé (ce qui est vrai) d'avoir des critères trop lâches. Le gouvernement promet de les réviser.
Le lobby bio refuse : ce label HVE permet de meilleures pratiques tout en préservant les rendements, donc les prix bas pour le consommateur.

Par conséquent, les parts de marché du bio (11,9 milliards € en 2019) risquent de s'effriter au profit d'autres acteurs...
Ce qui explique, enfin, la troisième offensive déclenchée, visant à jouer sur les peurs alimentaires des clients.

Aucune étude n'a jamais prouvé le moindre bienfait du bio sur la santé, a rappelé l'Académie de médecine. Mais il convient de faire croire l'inverse : 59 % des Français achètent du bio pour préserver leur santé, l'argument environnemental étant secondaire.
academie-medecine.fr/role-de-lalime…

Si la HAS comme le Programme national nutrition santé (PNNS) le recommandent, c'est pour des raisons sociétales : dans son approche One Health, l'OMS définit aujourd'hui la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social », qui englobe donc...

...les dimensions environnementale et économique. Jouant de cette confusion, les acteurs du bio tentent de renverser l'opinion... En agitant les peurs.

https://twitter.com/SandrineLeFeur/status/1397883071546920961?s=20

Le bilan de tout cela ? Il est assez triste : plutôt que de s'unir, les agriculteurs s'écharpent.
Et les consommateurs, qui veulent tous manger sain à un prix abordable, continueront d'acheter des produits importés.
Bios, ou pas.
😢
lepoint.fr/societe/offens…

PS : sur les failles du label HVE, et les façon de les corriger, je vous renvoie à cette note très intéressante de l'IRRDI : iddri.org/fr/publication…