@EmmPont et @mclucal m’ont fait remarquer que je donnais beaucoup de poids aux problèmes intellectuels, au risque de méconnaître la réalité des rapports de force ⤵️

Cela me donne l’occasion de présenter mon analyse de la situation politique
👇
👇

Je l’ai déjà écrit plusieurs fois : le cap suivi par l’exécutif nous mène dans une impasse.

En effet, nos efforts de compétitivité créent de multiple tensions sociales : dégradation des conditions de travail, mesures d’austérité, déséquilibres entre classes sociales…
Cela menace de plus en plus la cohésion de la cité, et notre système de redistribution n’arrive pas à rééquilibrer les choses.

S’ajoute le fait que le commerce extérieur français reste structurellement déficitaire et que nous sommes très en deçà des enjeux environnementaux.
L’échec des politiques menées dans les dernières décennies apparaît donc de manière de plus en plus flagrante.

Quant au petit nombre, il domine beaucoup moins le rapport de force qu’auparavant : incertitudes électorales, peur du « populisme », mouvements sociaux, Gilets jaunes.
Autrement dit, une partie de plus en plus importante de la population (même dans le petit nombre) estime que le tournant « oligarchique » (= plus favorable aux classes supérieures) des années 1980-1990 est allé trop loin et qu’il va falloir rééquilibrer les choses.
Néanmoins, la situation n’évolue guère, car il existe des blocages. Lesquels ?

Notamment de l'inertie institutionnelle (la stabilité de la Ve République a son revers), des intérêts de classe en faveur du libéralisme, la dynamique du capitalisme mondialisée, et ainsi de suite.
Cependant, aussi surprenant que cela puisse paraître, il me semble que, à moins d’un an de l’élection présidentielle, le verrou majeur est d’ordre « intellectuel » ! Il y a un défaut de ce que les Grecs appelaient « prudence ».

Voici schématiquement comment je vois les choses.
Pourquoi le RN fait-il d’assez bons scores ? Parce qu’il a une double légitimité :

1) C’est l’un des partis qui a été le plus clair dans son opposition à la mondialisation et à l’🇪🇺 libérale dans les dernières décennies (alors que la gauche s’en accommodait assez bien).
2) Les problématiques identitaires et sécuritaires préoccupent une proportion croissante de la population. Eh bien, quand beaucoup de partis trouvaient cette inquiétude illégitime, voire scandaleuse, le RN/FN, de son côté, n’hésitait pas à mettre les pieds dans le plat.
Cependant, malgré l’impopularité de l’exécutif, le RN plafonne.
Il n’y a pas d’engouement pour un parti qui ne propose pas vraiment d’alternative socio-économique et qui, sur les questions identitaires, promet d’amplifier les divisions.

(Sur MLP ⤵️)

Est-ce que Marine Le Pen pourrait passer en 2022 ? Ce n’est pas exclu, même s’il y a peu de chances.

Mais il est clair que ce serait par rejet de l’exécutif plus que par enthousiasme. Et MLP, comme ses prédécesseurs, serait probablement vite paralysée par son impopularité.
Dans ce cas, pourquoi l’opposition de gauche n’arrive-t-elle pas à rassembler une majorité ?

Certes, il y a les divisions et la trahison des classes populaires. Mais, à mon sens, l’essentiel est que l’opposition de gauche ne parvient pas à formuler d’alternative CRÉDIBLE.
La gauche a tout à fait raison de dire que nous avons besoin d’investissements, et non pas de coupes budgétaires. Pour autant, il ne me paraît pas sérieux de faire comme si notre déficit commercial (et l’endettement qui l’accompagne) n’était pas un problème majeur.
Je ne crois pas être le seul à penser cela ⤵️

Ou encore : pourquoi É. Philippe et B. Le Maire sont-ils plus populaires que les principaux opposants ? Alors que leurs options économiques sont plutôt rejetées ?
Peut-être parce qu’ils ont une image de sérieux économique ! ImageImage
Un peu rapidement : la gauche propose des choses qui semblent ou dépassées (compenser les effets de la concurrence internationales par de la redistribution), ou dangereuses (ne pas se soucier des déficits), ou inapplicables en l’état (annulation de la dette, protectionnisme).
Mais alors, si, par aventure, la gauche revenait au pouvoir (même la gauche LFI), n’y aurait-il pas de grandes chances que cela finisse par déboucher sur un nouveau 1983 ? On se souvient de la phrase de Mitterrand : « j’ai appris que la réalité résistait à la volonté politique ».
Il me semble donc qu’il y a un problème du côté de l’offre politique.

Si E. Macron reste favori, c’est parce que les partis politiques ne parviennent toujours pas à formuler d’alternative crédible à sa politique, – une alternative plus favorable au grand nombre.
Nous sommes bel et bien dans une conjoncture très favorable au changement : de plus en plus de personnes reconnaissent que les classes populaires ont été injustement traitées dans la dernière période. Même l’exécutif l’admet ⤵️

Par ailleurs, si les classes supérieures s’accommodent assez bien du cap socio-économique d’E. Macron, les enjeux environnementaux les amènent quand même à se questionner sur leurs modes de vie.

Enfin, tout le monde ou presque sent bien que la France ne se porte pas bien.
Que nous manque-t-il donc ? Une alternative crédible. En l’occurrence, une alternative capable à la fois de rééquilibrer les rapports entre classes sociales, de redresser le pays et de répondre aux défis de demain.

Voilà ce que je ne décèle pas dans le paysage politique.
Une telle alternative permettrait pourtant de contester à l’exécutif son principal atout dans la compétition électorale : la crédibilité !

Et, en sortant de l’alternative entre statu quo et saut dans l’inconnu, notre régime retrouverait sans doute quelque ressort.
Quant au potentiel électoral, il me semble réel. Après tout, 60-70 % des gens soutenaient le mouvement des Gilets jaunes (particulièrement parmi le grand nombre), un mouvement qui contestait directement le gouvernement sur le terrain socio-économique.
Néanmoins, faute (entre autres) d’alternative autour de laquelle se réunir, ce mouvement n’a pas eu de débouchés politiques effectifs. Il ne manquait ni bras ni volonté ni dévouement ; il manquait un nouveau cap, un cap réaliste et rassembleur vers lequel diriger les énergies.
Y a-t-il de puissantes forces en faveur du statu quo ? Certainement ! Lobbying, concentration des médias, etc.

Mais je continue de croire que notre problème principal est l’absence d’une perspective crédible pour sortir la France de l’ornière dans laquelle elle se trouve.
Voilà pourquoi j'ai l'impression que l'obstacle le plus formidable est d’ordre « intellectuel » (au sens pratique et non pas théorique du terme).
Quel cap pour tenir ensemble toutes les contraintes actuelles : inégalités, chômage, environnement, déficits, Europe, etc. ?
Les Français sont globalement raisonnables ; ils rechignent à faire confiance à des candidats qui manquent de crédibilité.

En même temps, la colère et le sentiment d’injustice progressent. Le statu quo ne tiendra pas indéfiniment : *Car on entend déjà, la révolte qui gronde*.
Je crois donc que la priorité est de proposer une alternative crédible au cap du gouvernement, afin de bousculer un paysage politique qui n’a pas su se renouveler.

À ma petite échelle, c’est ce que j’essaie de faire depuis quelques mois sur ce compte !
Merci aux abonnées 😊
Mon idée est que la meilleure promesse pour le pays se trouve dans une combinaison de relocalisation industrielle et de sobriété. C’est elle qui permettrait à la fois de rééquilibrer les rapports entre classes sociales et de dégager des moyens financiers pour préparer l’avenir.
L’enjeu de la sobriété me semble ainsi clé pour le pays, et les citoyens n’y sont pas forcément hostiles. Hélas, les partis ont plutôt la tête ailleurs.

J’ai commencé à parler de cet enjeu ici ⤵️, et je vais tâcher d’y revenir rapidement.

J’en profite pour partager ce fil avec des personnes intéressées par les enjeux électoraux actuels, même si nous avons sûrement des désaccords !

@g_allegre
@bruno_amable
@dav_cayla
@picharbonnier
@florimondmanca
@StefPalomba
@RaveaudGilles
Pour finir, si vous aimez lire de longs fils, j’ai déjà présenté les grandes lignes de la manière dont j’envisage les choses dans une série en 12 épisodes (!) 😆⤵️

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10 Jun
Je crois que nous avons intérêt à promouvoir plus de sobriété en 🇫🇷
Mais, concrètement, ça donne quoi ?

Voici une illustration avec un sujet hautement controversé : la consommation de viande !

Un fil à dérouler (sources à la fin)
👇
Il y a eu récemment beaucoup de polémiques autour de la viande, notamment en lien avec le bien-être animal et le végétarisme/véganisme.

Ici, je voudrais aborder les choses sous l’angle de nos intérêts collectifs : nous gagnerions à faire évoluer nos habitudes de consommation.
Quelle est la situation ?

Il y a d’abord un enjeu environnemental. Pour un même apport en protéines, la viande émet beaucoup plus de GES que les végétaux (@BonPote).

Et l’emprise au sol est très importante : lait + viande = 80 % de la surface nécessaire pour notre alimentation ImageImage
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28 May
Les inégalités de niveau de vie ont peu augmenté en 🇫🇷, mais les contraintes sur le budget des ménages se sont multipliées.

Il manque encore une dimension au problème des inégalités : la place des classes populaires au sein de la cité.

Épisode 3/3
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L’épisode précédent de cette mini-série sur les inégalités portait sur le budget des ménages et le pouvoir d’achat. Le voici ⤵️

Et maintenant le dernier épisode :
III - La place des classes populaires au sein de la cité

(Toutes les sources à la fin.)

Beaucoup de travaux sur les inégalités s’intéressent (très légitimement) à la répartition des revenus et au pouvoir d’achat.

Néanmoins, il me paraît manquer un dernier aspect du problème pour bien saisir l’ampleur du sentiment d’injustice (et imaginer des remèdes).
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12 May
En 🇫🇷, ces dernières décennies, le pouvoir d’achat a ↗️ et les inégalités de niveau de vie sont restées relativement stables.

Pourtant, le sentiment de déclassement est fort dans les classes populaires.

Pourquoi ? Il faut regarder la consommation des ménages.

Épisode 2/3
👇
Le premier épisode de cette mini-série sur les inégalités portait sur les données françaises de la dernière période (⤵️).

Voici donc la suite :
II – Les contraintes sur le budget des ménages

Nous avons de plus en plus de biens à notre disposition et la ↗️ des inégalités de revenu est modérée (surtout après redistribution).

Cependant, la part des 🇫🇷 constatant une amélioration de leur niveau de vie depuis 10 ans s’est effondrée.
1979 : 46 %,
2019 : 24 % (@InseeFr).
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11 May
Mon premier fil sur les inégalités a eu beaucoup plus de succès que prévu, puisque je suis passé de 600 à 1 200 abonnés en trois jours !

Un immense merci à toutes celles et ceux qui ont partagé le fil, et en particulier à @ordrespontane qui a très gentiment initié le mouvement.
J’en profite pour dire un mot sur ce compte.

Mon ambition ? Rien de moins que proposer une alternative crédible pour 2022 😇

J’expose donc mes idées en rédigeant des fils sur les différents éléments de notre conjoncture : classes sociales, inégalités, industrie, écologie, etc.
Ce n’est pas de la recherche ou du journalisme, car je formule une véritable proposition POLITIQUE.

Voilà pourquoi je ne m’attends pas à ce que nous soyons d’accord sur tout (ni même sur quoi que ce soit). Mais j’espère vous convaincre que le cap que j’envisage est raisonnable…
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7 May
La dénonciation des inégalités est très présente dans le débat public.

Cependant, pour ce qui concerne la 🇫🇷, les inégalités de niveau de vie ont très peu augmenté.

A-t-on alors affaire à un ressenti non étayé par les faits ?

Tâchons d’y voir un peu plus clair
👇
Cette question est de première importance, car le problème de la répartition est au cœur de la vie politique.

- Que l’on demande plus d’égalité : en 2020, 64 % des 🇫🇷 estimaient que la justice sociale impliquait que l’on prenne aux riches pour donner aux pauvres (@CEVIPOF).
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5 May
Emmanuel Macron en appelle sans cesse à l’unité du pays, surtout depuis le début de la pandémie.

En vain, car les 🇫🇷 ne se rassemblent pas autour de lui.

Pourquoi donc ?

Tout simplement parce qu’on ne mène pas une politique d’union nationale avec un programme partisan !
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Depuis le bandeau de son livre de campagne (« Réconcilier la France ») jusqu’à ses derniers appels autour de la #FranceUnie (⤵️), E. Macron ne cesse de dénoncer les divisions.

N’est-ce pas dans cet esprit qu’il a voulu dépasser le clivage droite/gauche ?

Mais si du point de vue électoral E. Macron s’est placé au centre, il n’en va pas de même du point de vue social ! Là, il se situe clairement du côté des classes supérieures, c’est-à-dire du petit nombre.

Peut-être est-il même le président qui a le plus manifesté cet ancrage.
Read 39 tweets

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