Thread by @cathfournier

Bonjour à tous. L'audience ne va pas tarder à reprendre au procès du #13novembre2015. La cour d'assises spéciale de Paris entame la deuxième semaine d'audition des parties civiles. C'est la dernière journée consacrée aux terrasses, avant le Bataclan demain

Je reviens dans cet article sur la première semaine d'audition des parties civiles et les premiers enseignements à en tirer #13novembre2015 francetvinfo.fr/faits-divers/t…

L'audience est reprise au procès du #13Novembre2015

Alix, 28 ans, est la première à témoigner.Elle raconte comment avec son amis, elles ont échappé aux balles des terroristes alors qu'elles étaient dans la voiture "arrêtée derrière la Seat du commando"."Comme dans un film mes premiers mots seront baisse toi,baisse toi" #13novembre

La jeune femme décrit des "hommes en noir calmes, tirant méthodiquement sur une terrasse où les gens étaient déjà couchés. Je fixe celui que je pense être Brahim Abdeslam pour être sure qu’il ne se retournera pas vers moi, c’est un autre qui se retournera" #13novembre2015

Alix envoie un message à son amie qui conduisait ce jour là (et sans doute derrière la webradio): "Charlotte je sais que tu m'écoutes ton sang froid n’a d'égal que tes talents de pilote". Elle a réussi à faire demi-tour sous une pluie de balles. #13novembre2015

Les deux jeunes filles sont des miraculées. Une balle a traversé la portière de la voiture et troué les vêtements d'Alix mais elles n'ont pas été blessées. "Je ne savais pas qu’on pouvait dans Paris à 20 ans échapper à une balle de kalachnikov", dit Alix #13novembre2015

Comme de nombreuses parties civiles, Alix s'est adressées à Salah Abdeslam à plusieurs reprises. "Je n’ai rien à demander, je n'ai pas de grief, contrairement à monsieur Abdeslam, j’ai confiance en la justice." #13novembre2015

Sarah, qui habite à Londres et était à La Belle équipe le soir du #13novembre2015, a témoigné son tour. Cette maman d'un bébé de deux mois et demi, que l'on a vu la semaine dernière sur les bancs de la salle d'audience, est très émue à la barre.

Comme d'autres avant elles, elle a décrit les tirs pris pour des pétards, les "corps enchevêtrés, du sang partout, des visages figés et des hurlements". Elle se souvient d'"une victime encore assise, la tête sur la table. L'image de cette jeune fille me hante encore." #13novembre

Après Sarah, c'est au tour de Khaled de témoigner. Il a perdu ses soeurs Hodda et Halima Saadi sur le terrasse de La belle équipe. Très ému, il promet d'essayer de ne pas pleurer. "On va essayer d'être fort", dit-il. #13Novembre2015

Sa soeur Hodda, qui co-dirigeait La Belle équipe, l'avait embauché comme serveur. Il raconte le moment où il est ressorti sur la terrasse après les tirs : "les premiers mots qui me sont venus c’est de faire appel à Dieu". Vers le box "le même dieu que vous mais le Bon dieu"

"Ma soeur Halima, il y avait au moins 4-5 corps sur elle. Elle est morte sur le coup, elle a pris une rafale dans le dos. Je l’ai déplacée au petit Baïona. Hodda, c’était une balle dans la tête et dans la jambe, je l’ai déplacée, elle respirait encore donc j’avais de l’espoir"

Khaled la veille jusqu'au bout. "C'était hors de question de laisser ma soeur en train de respirer sur le trottoir. Je n'ai pas forcément envie de détailler plus. Témoigner me fait du bien, j'ai une boule de pétanque dans le ventre, au moins c’est fait, la boucle est bouclée"

"Hodda, elle tenait une famille entière. Moi je viens d’une famille pauvre, mes parents sont analphabètes, notre éducation, c'était entre frères et soeurs. Hodda, elle aidait toute la famille, c’est comme si on perd Messi au FC Barcelone (sourires dans la salle)" #13Novembre2015

Khaled : "j'ai eu ma mère au téléphone avant de venir, elle m'a dit 'dis leur que je suis malade, que je pleure tous les jours'.Aujourd'hui, ma mère je ne peux pas la regarder dans les yeux. Mes parents sont en Tunisie, ont besoin d’être proches de leur mosquée et de leur prière"

Aujourd'hui, Khaled a "réappris à vivre", grâce à l'aide d'associations comme l'AFVT. "Je travaille dans un restaurant, avec un plateau, sur une terrasse. J’ai plus envie d'avoir peur. Il y en a eu des guerres, ils ont beau faire ce qu’ils veulent, l’amour triomphe toujours"

Grégory, compagnon de Justine Dupont, tuée à La Belle équipe, parle depuis plusieurs minutes à la barre. Il porte un tee-shirt avec la photo de Justine en noir et blanc. Il est très éprouvé. Il a perdu neuf personnes ce soir-là, dont six qu'ils connaissait intimement. #13novembre

"Justine c’était ma moitié, nos vies se sont croisées grâce à Yacinthe (Koma, décédé). Justine c’était mon moteur, mon phare, elle m’a sociabilisé, m'appris à rester calme.Auj, c’est difficile de rester calme et serein, je vous cache pas que j’ai énormément de colère et de haine"

Greg : "Moi Juju je l’aime encore." Il montre la bague à sa main droite. "Je l’ai mise là car je suis marié à un fantôme, elle me manque et ils me manquent tous. Jour après jour, c’est un combat, tous les jours il faut être fort pour ne pas craquer" #13novembre2015

Gregory : "Après le procès, tout va s’arrêter, j’espère que ma peine va s’arrêter." Il fixe longuement le box en
quittant la barre #13novembre2015

La soeur de Marie-Aimée Dalloz, tuée à La Belle équipe avec son compagnon Thierry Hardouin, est à la barre. A ses côtés, son neveu, le fils de Marie-Aimée. "Si je suis là ici c’est pour témoigner du trauma de cette nuit terrifiante." #13novembre2015

Marie-Amélie : "J’ai pris un tsunami dans la face le jour où nous avons appris l’assassinat de Marie-Aimée, Hodda, Thierry, Hyacinthe. #13novembre2015

Elle parle pour son neveu, qui a aujourd'hui 19 ans. "En l’espace de quelques secondes, il a perdu sa mère, son beau-père, sa marraine Justine, Hyacinthe et Hodda." #13novembre2015

Marie-Amélie évoque les "années qui ont suivi teintées de silence, de colère de larmes. Nous les avons traversées. Depuis 6 ans je tente d'aider mon neveu à se construire avec cette douleur mais aussi en dehors de cette douleur, je ne veux pas que cela devienne une identité"

Marie-Amélie parle de son père "emporté par le chagrin" deux ans après les attentats, à l'âge de 90 ans. Et de sa mère de 80 ans, né un 13 novembre. "Cette date d’anniversaire est devenue pour elle un cauchemar, comment célébrer un cauchemar?" #13novembre2015

Marie-Amélie : "Les attentats ont occasionné chez elle des troubles de la mémoire immédiate. Le présent est douloureux, elle vit mieux dans sa mémoire ancienne, là où les morts n’étaient pas encore morts”. #13novembre2015

Le père d'Anne-Laure Arruebo, une inspectrice des douanes tuée à La Belle équipe à l'âge de 36 ans, est à la barre: "je me sens comme le père d’une famille condamnée à perpétuité sans peine de sûreté." #13novembre2015

Il dit avoir hésité à témoigner "mais on parle trop des terroristes pas assez des victimes". Il regarde le box: "Pour moi ces gens là sont des sans noms, c’est pas de la haine ou de la colère, plus de la pitié envers des gens sans coeur ni raison." #13novembre2015

Il poursuit:"Sont jugés ici des exécutants, j’aimerais bien que l’on juge ici certaines des âmes faibles,bref tous les responsables [des attentats].Ces individus n’en n’ont rien à faire de nos grandes idées et de nos grandes valeurs,on ne fait pas boire un âne qui n’a plus soif."

Après avoir entendu en qualité de témoins une amie et la responsable aux douanes d'Anne-Laure Arruebo, le président suspend l'audience quelques minutes #13novembre2015

L'audience a repris avec l'audition très émouvante de la mère de Victor Munoz, assassiné à La Belle équipe à l'âge de 24 ans. A ses côtés, le frère de Victor pour la soutenir pendant son témoignage #13novembre2015

Dominique parle de Victor comme d'un "petit garçon né à Barcelone aimant la vie et la dévorant de toute son énergie." Il a été enterré avec "un maillot du Barça dans son cercueil et un peu de sable de Barcelone" #13novembre2015

Des photos de Victor, écharpe rouge autour du cou et poing levé, sont projetées à l'écran. Dominique évoque les "derniers souvenirs": la participation de son fils à la manifestation du 11 janvier 2015, au concert de Manu Chao sous la pluie à la fête de l’humanité" #13novembre2015

Le we précédent des attentats, Victor Munoz avait inauguré son appartement avec sa petite amie Alexandra, "ils parlaient mariage", témoigne sa mère Dominique. #13novembre2015

Dominique parle aujourd'hui d'"une vie sans désir, sans projet comme si le temps était suspendu", de la "chambre fermée et ouverte" de Victor, il est "impossible d’y entrer, impossible d’en fermer la porte", "du son de sa voix" qu'elle commence à oublier. #13novembre2015

Dominique n'a "pas pu reprendre son travail de professeur car j’ai senti que je détesterai les jeunes pleins de vie en face de moi". Cette ancienne élue du 11e arrondissement a intégré la réserve citoyenne #13novembre2015

Dominique : "J'ai rencontré la mère d’un jihadiste toulousain mort sur zone. Lui et Victor auraient pu être amis sans cette idéologie de mort" #13novembre2015

Dominique témoigne aujourd'hui "pour que ces accusés me regardent dans les yeux (elle regarde vers le box) et voient la douleur d’une mère, d’un père, d’un frère et d’une amoureuse" #13novembre2015

Dominique : "Je méprise les hommes qui se sont acharnés sur la vie mais je suis fière de mon fils, heureuse de témoigner en sa mémoire et je fais pleinement confiance en la justice de mon pays" #13novembre2015

Le père de Victor, José Munoz, livre à son tour un très beau discours, personnel et politique, interrompu par l'émotion. Avant, il s'est adressé aux accusés : "Nous démontrerons chaque jour à ces créatures du mal ce que représente l’amour". #13novembre2015

Il revient sur le parcours de sa famille, venue d'Espagne et installée à Orléans. Et parle de Victor Munoz comme un beau garçon passionné par la politique, européen, fan du Barça, "cultivé, ouvert à la vie, venant d’être diplômé et en phase de nous annoncer son mariage prochain"

José Munoz:"Voilà messieurs ce que vous nous avez enlevé, une jeunesse sérieuse et travailleuse, fraternelle et tolérante éduquée et ouverte sur le monde. Dans les pays qui portent votre foi d’islamiste, toute une jeunesse éclairée est encore prête à vous défier" #13novembre2015

La mère de Lamia Mondeguer, assassinée à La Belle équipe, témoigne à son tour. "Je suis née en Egypte, arrivée en France en 1974 à l’âge de 22 ans, je vais me définir comme humaniste avant toute autre religion" #13novembre2015

Son mari, "un Breton du Finistère, du granit, la force tranquille" "aurait dû être là à nos côtés, il est allé rejoindre sa petite coccinelle le 29 février 2020. La tristesse l’a dévoré de l'intérieur". Il était le président fondateur de l’association 13onze15 fraternité.

Une photo de Lamia est projetée à l'audience. Elle a été prise le 13 novembre 2015 à 19h21. Elle était à la soutenance de mémoire d'un ami. La jolie jeune femme aux longs cheveux bruns, âgée de 30 ans, était agent artistique #13Novembre2015

Comme tous les parents endeuillés, la mère de Lamia, qui dînait avec Romain Didier ce soir là, également assassiné, raconte l'attente fébrile puis la nouvelle. "Là c’est la descente aux enfers. C’est comme si vous étiez sur un bateau, la trappe elle s’ouvre" #13novembre2015

La mère de Lamia Mondeguer : "On se retrouve coupé du monde. J’ai pas crié, j’ai pas dit c’est injuste, juste une dissociation qui s’est opérée en moi" #13novembre2015

La mère de Lamia Mondeguer parle des "répliques du séisme" avec "notre fameuse visite à l’IML du 18 novembre". Ce jour là, on leur présente le corps de Michelli Gil Jaimez. "Nous nous sommes retrouvés à nous recueillir devant un autre corps" #13novembre2015

La mère de Lamia Mondeguer : "On a vécu une 2e violence." Au même moment, "le Premier ministre de l'époque fanfaronne que tous les corps ont été identifiés. On était les oubliés de la terre". #13novembre2015

La mère de Lamia Mondeguer: "Ma fille est née aux Lilas un 21 juillet 1985 pour quitter ce monde sous la forme la plus violente que je n’aurais jamais imaginée par des auteurs de la même génération. J’aurais pu être leur mère." #13Novembre2015

"Ma première réaction à chaud : quel gâchis pour nos enfants mais pour eux aussi, je les ai imaginés dans mes mains, des petits bouts de chou, innocents. C’est vrai que plus vous avancez dans la connaissance du dossier plus ces anges se transforment en monstres" #13novembre2015

"Pour moi, ce n'est pas la religion, c’est autre chose, il y a tout un délire, nous sommes les victimes de personnalités mégalomanes avec des égos surdimensionnés,qui se gargarisent avec le mot koukfar, qui en entraînent les autres dans la mort pour gagner le paradis" #13novembre

Me Mouhou demande à sa cliente pourquoi l'album des photos de Lamia petite reste fermé chez elle. "Je ne peux pas revoir les photos de ma fille enfant. C’est revoir la fin de sa vie, c’est fini. C’est 13 novembre, c’est mort dans la violence." #13novembre2015

La mère de Lamia Mondeguer : "Je préfère voir les photos de ma fille adulte, femme, avec laquelle nous allions avoir quelques moments de grande complicité" #13novembre2015

Le frère de Lamia Mondeguer a demandé à la cour de projeter une photo prise à l'IML et publiée dans la presse,où l'on voit son père et un ami de sa soeur effondrés.Nombreuses sont les parties civiles à dénoncer la présence de photographes à l'institut ces jours là #13novembre2015

Sonia, grièvement blessée au Comptoir Voltaire, où le terroriste Brahim Abdeslam s'est fait exploser, a livré un témoignage au débit rapide, poignant et donnant la mesure de la violence de l'explosion #13novembre2015

J'arrête le LT pour raconter ce témoignage dans article. L'audience se poursuit avec l'audition d'autres rescapés du Comptoir Voltaire #13novembre2015