#13novembre #procès Jour 20
un petit nouveau aujourd'hui au contrôle : Boyca 2 ans #gendarmerie
#13novembre #procès Jour 20 c'est Boyka avec un "k" c'est pas comme si son maître venait de me le préciser
#13novembre #procès Jour 20
L'audience est reprise.
#13novembre
Le président : "nous allons poursuivre les auditions de parties civiles. Nous avons plus de 70 personnes qui se sont déclarées volontaires et qui n'ont pas encore témoigné et qui n'ont pas encore de date..."
#13novembre
Le président : "Elles sont sur liste 'attente... Pour l'instant je n'ai pas du tout de possibilité de fixer leurs dates au passage."
Il demande aux avocats de parties civiles d'être "patients".
#13novembre
Le président : "Il faut que cette parole soit respectée et il ne me semble pas qu'avec des auditions à 22h, cette parole pourra être respectée".
#13novembre
A la barre à présent, Pierre -Sylvain, né en 1967 à Versailles. Il était directeur marketing. Tour de cou rouge, costume et chemise noirs. Cheveux noirs, barbe poivre et sel. "Moi et ma compagne Hélène, nous avons été blessés par balles ce soir-là au Bataclan"
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile dit qu'il n'aurait jamais dû aller à ce concert. Il y a été parce qu'une amie de sa femme s'est désistée au dernier moment. Il ne connaissait pas du tout ce groupe. Sur place, il retrouve des copains, "des connaissances de bar"
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile "Hélène a pris des bières (...) Le 13 novembre 2015 c'était la journée nationale de la gentillesse. (...) Le Bataclan c'est une salle que je connais bien".
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :"Le concert commence, il y a eu l'entrée des terroristes avec les 1er coup de feu". Il dit avoir fait son service militaire, avoir reconnu le bruit des armes et l'odeur de poudre.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :"On était à 15m des tireurs. Je me suis retourné pour visualiser d'où venaient les tirs. J'ai plaqué Hélène au sol et je l'ai trainée vers le centre de la salle"
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :"On avait un déluge de balles au-dessus de la tête. Je voyais les gens tomber partout"
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :"La salle est encore plongée dans la pénombre et ça tire en rafales. Y'avait plein de gens empêtrés, allongés. Puis les lumières s'allument. J'ai juste eu le temps de basculer avec Hélène dans la fosse. Je l'ai plaquée contre la paroi"
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :"Je me suis mis contre elle, je me suis dit on est foutu". "On avait les 3 tireurs à moins de 10 m de nous", un "arrosait en rafales". Hélène me dit on va mourir, j'ai dit non mais en vrai je ne vois pas comment on va s'en sortir"
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :"J'ai observé en essayant de ne pas nous faire remarquer. Soit on essayait de partir et on se faisait tirer dessus immédiatement, soit on attendait de se faire tirer dessus"
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile parle d'un assaillant qui fait des allers-retours pour donner des recharges aux autres.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :"Il y a eu des tirs plus espacés. Ils ont commencé à parler. Un homme leur a dit: mais arrêtez pourquoi vous faites ça.
Un tireur a dit : 'qu'est ce que tu veux toi?'
Et il l'a tué."
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :"Un tireur a tiré vers le bas de manière méthodique. J'ai compris qu'il éxécutait des gens de manière méthodique. Puis il a tiré à nouveau. Il a tiré sur Hélène, j'ai vu une gerbe de sang. Puis moi. j'ai cru que ma tête s'ouvrait en 2"
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :"Puis j'ai vu Hélène. Elle n'avait plus de nez, son oeil droit avait ét explosé. Je lui ai dit :'c'est rien ce que t'as', puis ne bouge pas, ils pensent qu'on est morts.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :"Puis j'ai vu la pote s'ouvrir, avec une tête qui passe. J'ai entendu une voix qui a dit : "ils sont où, ils sont où? J'ai dit à Hélène vient on y va? J'ai essayé d'emmener les gens autour de moi mais il bougeait pas.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :"Y'avait juste une femme à côté de moi, blonde aux yeux noirs, elle était à 4 pattes. Je lui ai dit venez madame mais elle m'a dit "non je peux pas"
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :J'ai fait un check pour voir si la voix était vraiment libre et là j'ai vu le carnage. Il y avait une lumière blanche, très forte. Un homme étendu sur le sol, une chemise blanche, une grosse tâche rouge sur le dos.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :Et près du merchandising, quelque chose que j'avais h'amais vu. Une pile de corps de plus d'un mètre de haut. Puis la fosse, c'était un charnier, des corps partout
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : J'étais sans une salle de concert et maintenant c'était un charnier. Après fallait traverser, y'avait un tapis de corps, on était obligé de traverser. Hélène est tombée, je l'ai rattrapée. On a traversé le sas.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :Devant le Bataclan café, y'avait encore un corps. Toutes les tables étaient renversées. Y'avait personne. On courait. Hélène m'a dit tu vas trop vite. Je l'ai portée.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : J'ai posé Hélène le long de la porte d'un garage. J'ai appelé mon ex, j'ai pas réalisé. Je lui ai dit qu'on était au Bataclan, qu'il y avait des gens qui tuaient tout le monde
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :J'ai regardé l'heure. Il était 21h56. On était resté 12 minutes sous le feu mais pour moi c'était des heures. J'ai appelé mon frère. J'ai repris Hélène sous le bras, j'ai vu un fourgon, puis un 2e.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : On s'est retrouvé dans un restaurant, y'avait 3 blessés très graves. Les pompiers nous ont fait des pansements américains.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :Les pompiers étaient très très jeunes, c'était des gamins. Celui qui m'a fait le pansement tremblait mais ils étaient là quand même. Je tiens à saluer leur courage
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :On a entendu des tirs dans la rue. Le chef des pompiers a hurlé : "gardez vos casques". Ils ont tout éteint. Puis la cavalerie est arrivée. Comme dans les films"
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : Hélène commençait à vomir du sang. J'entends des secours dire: il faut y aller. Quelqu'un a pris la décision de partir, de sortir quand même"
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : il y avait seulement un sauveteur par ambulance. Le convoi est parti. A 0h18 on était transférés à Percy. On est arrivé vers 0h35. Le conducteur n'a pas touché une seule fois sa pédale de frein".
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : A 0h42 on était aux urgences. Je suis tombé dans les vapes. J'entendais :"monsieur monsieur comment ça va". J'ai répondu: je crois que ça va pas très bien".
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile:" J'ai réalisé que j'avais une douleur indescriptible que ma tête était en feu. Ils m'ont dit tout de suite oh la la c'est grave"
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : Il s'occupait d'Hélène, elle était sur un fauteuil roulant. On lui avait entièrement bandé le visage, comme une momie. Ils m'ont dit : le cerveau est touché, on emmène Hélène au bloc"
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : A 5 h ils m'ont dit qu'il venait de finir avec Hélène, que c'était stabilisé. Ils m'ont dit qu'ils allaient s'occupaient de moi. Ils m'ont dit que c'était le carnage, qu'ils ne savaient pas pourquoi on appelait encore ça des plaies.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : Ils m'ont recousu. Au réveil, tout de suite j'ai eu des visites. On a pu savoir qu'Hélène était stable, en réanimation. On nous avait pas dit que son pronostic vital était engagé.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : Le lundi Hélène était sorti de réanimation, on a pu se retrouver. Ils nous ont mis dans la même chambre, on a fait 17 jours d'hôpital.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :Le mardi matin j'ai pu témoigner pour les OPJ. "
Il précise qu'il était sous emprise chimique, qu'il prenait notamment 4 tramadol.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : "La personne qui nous a tiré dessus a tiré deux fois et à chaque fois en visant notre tête. "
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : On nous a dit de ne pas nous inquiéter, que ce sont des balles qui débabrent beaucoup, qui brûlent. que le risque principal était infectieux, qu'il fallait des protocoles très précis pour relaver les plaies mais qu'ils étaient habitués
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :Pour ma part la balle est rentrée sous l'oeil, ça a ensuite soufflé la joue, j'avais plus de joue, c'était plus rien, des lambeaux. Le petit miracle c'est que ça n'a pas touché l'os et que le nerf facial n'a pas été sectionné.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :J'ai perdu entre 1,5 et 3,5 cm de matière sur le visage. Hélène, une balle est rentrée par la tempe droite, ça a déclenché une hémorragie. La balle est ressortie, s'est fragmentée et est ressortie sur 8,5 cm. Ca a transpercé l'oeil.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :Les os propres ont été arrachés mais ont été retenus au visage par une bribe de peau. Le médecin a pu les récupérer. L'oeil était très inquiétant pour moi.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :Hélène devrait avoir de multiples opérations de reconstructions mais que c'était très compliqué. Au bout d'une dizaine de jours, j'avais toujours un trou dans la joue. On pouvait y mettre le doigt.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :Hélène, il fallait éviter que son oeil ne tombe dans la cavité, il n'y avait plus rien pour le retenir. Le 27 on a pu assister à l'hommage, on nous avait bourré de Tramadol et de morphine.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile :On nous a appris à faire les soins (..) Puis on a commencé à ressortir. Hélène s'est installée chez moi. Dès fin janvier, j'ai décidé d'arrêter les médicaments et de reprendre le travail avec l'appui de mon employeur.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : Hélène a continué à avoir des opérations. On a continué notre chemin de reprise de la vie.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : "On a été pris par surpris, on était pas entraînés, on nous a dit que les dégâts psychologiques allaient certainement plus importants que pour les militaires".
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : "La première phase ça a été le stress. Le psy m'a dit il faut que j'arrête de me battre, je ne faisais que des cauchemars. Puis que je laisse partir les morts"
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : On nous a dit qu'on allait avoir des troubles de stress post-traumatique. C'est ce que j'ai eu après les attentats de Nice: du stress, des hallucinations.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : Transports en commun, foule, aéroports, gare, c'était pas possible. Hélène elle a continué ses opérations. 14 opérations de reconstruction dont certaines ont duré plus de 5 heures. j'ai passé des heures à l'hôpital à attendre
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : 2 fois ça s'est passé mal. On a dû la réopérer coup sur coup. La dernière c'était en octobre, à Percy.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : Ils ont créé une pièce sur mesure à partir d'un scan 3D qui reproduit les os qui ont été détruits. Cette pièce a été implantée dans le crâne d'Hélène. Hélène a retrouvé un visage qu'elle peut montrer, sans susciter des réactions.
#13novembre Pierre -Sylvain partie civile : Elle a de nouveau un visage. (...) elle devra de nouveau être opéré mais on commence à voir un peu de lumière au bout du tunnel. Voilà"
#13novembre Le président à Pierre -Sylvain partie civile: "Continuez comme ça".
#13novembre
Pierre-Sylvain partie civile a parlé vite, a été très précis. Beaucoup de force et de courage dans cet homme à la barre. Sa cicatrice au visage est à peine visible, alors qu'il a été atteint par une balle.
#13novembre
Le président pose une question à Pierre-Sylvain, partie civile puis ajoute : J'ai pas d'autres questions monsieur, vous avez été très très très complet sur tous les plans".
#13novembre
Pierre-Sylvain partie civile : "Hélène a eu l'œil transpercé de part en part. Elle avait un trou." Il indique qu'Hélène a pu reprendre une activité professionnelle à mi-temps. "Je l'ai incité à le faire"
#13novembre
Pierre-Sylvain partie civile précise qu'Hélène est dans la salle. Elle est partie civile mais ne souhaite pas s'exprimer à la barre.
#13novembre
Pierre-Sylvain partie civile : "De ce procès, au départ je ne savais pas trop quoi en attendre. En écoutant la webradio, beaucoup de témoignages m'ont touché. J'ai pris la mesure de l'ampleur des dégâts, de perte. Il faut que la société réalise cette ampleur"
#13novembre
Pierre-Sylvain partie civile :Ce récit se construit dans un espace sanctuarisé, en dehors du prisme médiatique. On permet à toutes les victimes de s'exprimer, de parler, aucun n'est laissée de côté c'est important. On crée un patrimoine commun"
#13novembre
Pierre-Sylvain partie civile : Pour moi ce procès est un début, un commencement pour aller de l'avant.
#13novembre
Pierre-Sylvain partie civile : Des individus vont être jugés. J'ai cru comprendre que certains voulaient motiver ces actes par des motivations religieuses.
#13novembre
Pierre-Sylvain partie civile : "Ce que j'ai vu ce soir-là c'est des criminels qui prenaient plaisir à tuer avec un certain sadisme. Ce sont des actes qui sont totalement impardonnables, je ne pardonnerai jamais
#13novembre
Pierre-Sylvain partie civile : je souhaite que les individus qui sont jugés soient mis face à leurs actes, et par sur des considérations religieuses ou géopolitiques.
#13novembre
Thibault partie civile est à la barre. "Je suis très heureux que ce procès se tienne. c'est la meilleure démonstration de la force de notre société.
#13novembre
Thibault partie civile Je suis très attaché aux droits de la défense, certains accusés sont représentés par de grands avocats Il n'y aura pas de martyr judiciaire."
#13novembre
Thibault partie civile (châtains, cheveux au carré, barbe, moustache, chemise à carreaux, veste yeux clairs)revient sur la soirée au Bataclan.
#13novembre
Thibault partie civile : "Le concert ne me passionne pas particulièrement, j'ai pas la tête à ça, je suis concentré sur le public. (...) J'ai 32 ans le soir de l'attaque"
#13novembre
Thibault partie civile : "J'entends des grésillements, des éclats de voix. Je range mes bouchons d'oreille. Je ne vois que des silhouettes sur ma gauche. IL y a un mouvement de foule, des détonations. J'attrape mon épouse, je la couche au sol"
#13novembre
Thibault partie civile : Il y a une accalmie, je relève la tête, la lumière est revenue. Tout le monde dans la fosse est allongée sauf une jeune femme qui est debout, je la vois tomber d'un coup"
#13novembre
Thibault partie civile : "Mon regard arrive vers la zone du bar. Je vois un homme, silhouette athlétique. Il tire vers le sol. Ce qui me frappe c'est qu'il ne porte pas de cagoule et qu'il va donc attendre que la police le neutralise"
#13novembre
Thibault partie civile : "Je prends conscience que je vais mourir, c'est ce soir, c'est maintenant. C'est un sentiment inédit. On a été dans un état dont on ne revient pas simplement en sortant du Bataclan"
#13novembre
Thibault partie civile : "Je pense alors qu'heureusement je n'ai pas d'enfant. Je pense à. mon épouse, que mon corps ne la protègera pas, pas plus que le gilet qu'elle a sur la tête"
#13novembre
Thibault partie civile : "Je me dis qu'il faut qu'on prenne le risque de bouger sinon on va mourir. Nous rampons vers une porte. On revient vers une terreur un peu plus classique. La porte est fermée"
#13novembre
Thibault partie civile : "On tambourine à cette porte. Nous basculons dans les loges. Il y a un mouvement de foule absolument terrible. Nous montons l'escalier, ma femme est 2m devant moi"
#13novembre
Thibault partie civile : On se retrouve dans une loge au 2e étage. La loge se ferme. J'appelle mon épouse, elle me répond qu'elle est dans la loge. On était serré, les gens ont commencé à remonter par les toilettes"
#13novembre Des photos sont projetées à l'écran, d'abord la foule pendant le concert, là les toilettes par lesquels se sont échappés certains.
Thibault partie civile : "On se retrouve dans les combles, je comprends qu'il n'y aura pas d'issue.
#13novembre
Thibault partie civile : J'appelle ma femme mais je ne la vois pas. Elle me répond, elle me dit : je suis là. Ma femme est en boule dans la laine de verre. On avait été séparé qu'une ou 2mn mais c'était très long.
#13novembre
Thibault partie civile : Nous sommes évacués par le raid à 1h du matin passé. On va entendre les nombreux tirs, une première explosion, l'agonie en dessous. La situation est horrible, une scène de livre d'histoire, un champ de bataille. "
#13novembre
Thibault partie civile : "On entend ces gens, des personnes qui parlent de leurs blessures. c'est terrible"
#13novembre
Thibault partie civile : Je redoute alors que les policiers utilisent des gaz pour neutraliser les terroristes.
#13novembre
Thibault partie civile : Ma 2e crainte est que les médias révèlent notre position, comme dans l'imprimerie de Dammartin ou à l'HyperCacher. On sait que les terroristes sont friands de cela."
#13novembre
Thibault partie civile : l'assaut est donné. La détonation fait trembler tout le bâtiment. Enfin c'est le silence. Soit on est sourd désorienté, soit tout le monde est mort. Le policier avec qui je suis en contact ne me dit presque rien. "
#13novembre
Thibault partie civile : Plein de voix disent: "otage", "otage", "otage". Les personnes sont présentées à un opérateur pour montrer qu'elles ne sont pas des terroristes.
#13novembre
Thibault partie civile : "on descend un chemin, une sorte de dédale, des poutres, des dalles en acier, on dirait Fort Boyard. On voit la fosse de loin, c'est absolument terrible"
#13novembre
Thibault partie civile : Je suis plutôt quelqu'un de très curieux, normalement j'aurais posé des questions aux policiers mais vu mon état de sidération, je dis rien.
#13novembre
Thibault partie civile : "Je pense à Eurydice et Orphée. On doit sortir de l'Enfer mais lil ne faut pas regarder : des corps, des baskets"
#13novembre
Thibault partie civile : Les gens de la protection civile nous ont beaucoup aidé, je tiens à les remercier, comme la BRI, la BAC, la jeune fille qui a fait ce trou dans les toilettes"
#13novembre
Thibault partie civile : "J'ai pensé au chat qu'il fallait nourrir, qui était à la maison (...) Ensuite, un sentiment de culpabilité qui est extrêmement fort, pourquoi je suis vivant?"
#13novembre
Thibault partie civile : "Au fur et à mesure j'ai pris de la distance avec des amis, des collègues de travail. On décline les invitations au fil des ans et après on n'est plus invité"
#13novembre
Thibault partie civile dépose aux côtés de son épouse qui va prendre la parole arpès. "On avait le projet avec mon épouse de fonder une famille. Mais quand vous passez 3 heures dans une salle à vous dire qu'heureusement nous n'avons pas d'enfant..."
#13novembre
Thibault partie civile explique qu'aujourd’hui pour des raisons de santé avoir un enfant est compliqué.
#13novembre
L'épouse de Thibault, elle aussi partie civile , prend la parole. Elle s'appelle Anne-Laure, elle a 36 ans. Elle a les cheveux châtains, courts, un sweat gris avec des champignons multicolores et un tour de cou rouge.
#13novembre
Anne-Laure partie civile : "On était à la rambarde, j'ai d'abord entendu un vacarme à ma gauche, j'ai cru que quelque chose tombait. J'ai pensé à la catastrophe de Furiani. Mon mari m'a plaquée au sol"
#13novembre
Anne-Laure partie civile : "Je pense à une amie qui avait perdu son conjoint quelque mois auparavant dans un accident de voiture. Je ne voulais pas être veuve à 30 ans" (elle pleure)
#13novembre
Anne-Laure partie civile pense aussi à la chanson des Smiths "There is a light that never goes out"
#13novembre
Comme son mari, Anne-Laure partie civile se dit qu'heureusement, ils n'ont pas d'enfants. (Elle pleure à nouveau). "J'ai pensé à @Charlie_Hebdo_ et je me suis dit qu'on se retrouvait dans la même situation. Je pensais à Cabu qui dessinait dans le club Dorothée"
#13novembre
Anne-Laure partie civile : "Je bascule dans un autre état. C'était l'instinct de survie, ça devient l'instinct animal. On nous tirait dessus comme des lapins. Je monte l'escalier. Je ne pense à rien d'autre qu'à ma survie. Je n'attends même pas mon mari."
#13novembre
Anne-Laure partie civile : "Je me dis que c'est foutu. Je me dis que "foutu pour foutu", on va se cacher. Je me mets dans la laine de verre, sous une plaque. Miraculeusement, mon mari arrive. Je bascule dans l'humanité, je suis tellement heureuse de le retrouver"
#13novembre
Anne-Laure partie civile :"On se sert l'un contre l'autre. J'ai peur que les assaillants mettent le feu au Bataclan"
#13novembre
Anne-Laure partie civile :"On était vraiment misérable. On a dû escalader un chiotte pour s'évacuer. J'ai été envahie par la nausée, je tremblais de plus en plus. On est réduit à nos tripes dans ces moments-là""
#13novembre
Anne-Laure partie civile :"Quand on a été évacués par le Raid, quelqu'un a uriné dans les combles, il ne pouvait pas attendre d'être évacué"
#13novembre
Anne-Laure partie civile :"On a fait les morts pendant des heures et des heures pour sauver notre peau."
#13novembre
Anne-Laure partie civile :"Concernant l'après, c'est quelque chose que j'ai immédiatement craint. Je disais à d'autres : vous vous rendez compte, il va falloir jongler avec ça toute notre vie. "
#13novembre
Anne-Laure partie civile :"Auparavant tout allait bien, on était ensemble depuis 10 ans, marié depuis 2 ans. On venait d'acheter un appartement. Ma situation était confortable. On avait un petit chat depuis peu de temps"
#13novembre
Anne-Laure partie civile :"Ensuite il y a les stress post-traumatique, j'ai été sous traitement plusieurs fois, j'ai été sous Prozac, j'avais peur des transports"
#13novembre
Anne-Laure partie civile :"On se rend compte qu'on a la chance de ne pas avoir eu de blessures physiques mais j'ai souvent de petits soucis musculaires, récemment une douleur au sein droit"
#13novembre
Anne-Laure partie civile :"C'est toujours le côté droit. Mon interprétation c'est que quand on était caché j'étais allongée sur le flanc gauche, et le côté droit était exposé"
#13novembre
Anne-Laure partie civile :"Sur le projet d'enfant, avait-n envie de mettre un enfant dans une société comme ça. Et puis il y avait les traitements. En 2018, on décide de reprendre le projet d'enfants. Mais on se rend compte que j'ai très peu de réserves ovariennes"
#13novembre
Anne-Laure partie civile :" On doit s'orienter vers une FIV, par chance je tombe enceinte à l'été 2020. Malheureusement je fais une fausse couche (...) Quelques mois passent on refait le point"
#13novembre
Anne-Laure partie civile :"Nous venons d'annuler la FIV qui était prévue en octobre parce qu'en fait clairement je n'ai pas la force psychique et psychologique de me lancer dans une FIV"(elle fond en larmes)
#13novembre
A la barre à présent, Gaëlle, brune, joli top blanc, pantalon noir. Elle.a retiré son masque (comme les autres parties civiles avant)
#13novembre
Gaëlle, partie civile, demande à ce qu'une photo de son compagnon de l'époque soit projetée sur grand écran. Mathieu Hoche est décédé dans l'attentat du Bataclan
#13novembre
Gaëlle, partie civile, avait un enfant quand ils se sont mis ensemble. Mathieu Hoche avait lui aussi un fils, il est dans la salle avec sa maman.
Elle décrit Mathieu, quelqu'un de merveillleux, joyeux.
#13novembre
Gaëlle, partie civile: "Dans le Bataclan, l'ambiance était super, on a commandé une bière au bar." Mouvement de foule, coups de feu. Mathieu la prend dans ses bras
#13novembre
Gaëlle, partie civile: "J'ai cmpris qu'on était attaqué par des terroristes.
#13novembre
Gaëlle, partie civile: J'ai voulu enlever le morceau sur mon visage, ma joue tombait le long de mon cou.
#13novembre
Gaëlle, partie civile:Sur mon ventre il y avait des morceaux de corps qui n'était pas le mien. L'os de mon bras était perpendiculaire à mon bras, les gens autour de moi gémissait. Je pensais que Mathieu qui ne me répondait pas faisait le mort comme les autres.
#13novembre
Gaëlle, partie civile: "je me vidais de mon sang, je me sentais partir tout doucement. L'odeur de poudre et de sang étaient insupportavles. J'avais l'impression d'être dans un marécage visqueux. "
#13novembre
Gaëlle, partie civile: J'ai vu un policier. Je me suis dit on est sauvé, j'ai pensé à mon fils.J’ai entendu mon fils comme une hallucination qui me dit 'maman il faut que tu te lèves il faut que tu sortes. Le policier a tiré vers la scène, le terroriste a explosé.
#13novembre
Gaëlle, partie civile:Plus tard j'ai vu une colonne. Lorsqu'ils ont évacué les valides, j'ai tendu la main à plusieurs personnes qui m'ont laissée, je ne leur en veut pas. J'ai réussi à me lever. Un policier m'a aidée
#13novembre
Gaëlle, partie civile: Un policier m'a dit que mon visage l'avait hanté pendant des nuits entières jusqu'à ce qu'il apprenne que j'étais toujours en vie.
#13novembre
Gaëlle, partie civile:J'ai été transportée dans un restaurant japonais, puis dans le camion du Samu, j'ai eu une envie de vomir sans doute du aux médicaments. A surgi un caméraman qui m'a suivie jusqu'au camion"
#13novembre
Gaëlle, partie civile: Autour de moi j'ai entendu des "oh mon dieu". Je suis partie au bloc opératoire. Cette nuit-là j'ai été opérée deux fois". Le chirurgien qui l'a prise en charge était un ami d'enfance mais il ne l'a pas reconnue.
#13novembre
Gaëlle, partie civile : "Le samedi soir, ma famille me cherche depuis plus de 24 heures. Je n'avais pas été identifiée."
#13novembre
Gaëlle, partie civile indique avoir hésité à projeter dans la salle la photo de son visage défiguré mais s'est dit que cela aurait fait trop plaisir aux terroristes .
#13novembre
Gaëlle, partie civile: Depuis ce jour-là, je me sens comme un patchwork. Quand je me lave le visage, je me dit que je suis en train de laver ma jambe (...) J'ai eu 40 interventions, notamment pour réparer ma face fracassée.
#13novembre
Gaëlle, partie civile : Le premier mot du chirurgien m'a dit au réveil : vous êtes une gueule cassée.
(Gaëlle a des cicatrices au visage mais elle est très jolie, la médecine fait des miracles). "Ils m'ont redonné une figure humaine"
#13novembre
Gaëlle, partie civile : "j'ai du tout réapprendre, même à marcher. Ils me nourrissaient, me gavaient." Du liquide, puis des repas mixés.
#13novembre
Gaëlle, partie civile, parle de 6 ans de péripétie, greffes, injections, infections, prothèses dentaires, centaines d'allers-retours à la Pitié... "L'univers médical est devenu mon nouveau CDI"
#13novembre
Gaëlle, partie civile : "J'ai été opéré pour la 40e fois fin août, j'ai fêté mes 40 ans cette semaine (...) Je suis debout même si beaucoup de difficultés ne se vient pas". Elle a à présent des sanglots.
#13novembre
Gaëlle, partie civile: "j'ai des rêves simples comme croquer dans une pomme sans risque, boire mon 'café sans que la moitié ne tombe à côté, embrasser sans avoir peur de dégouter" (...) Je n'ai bizarrement pas de haine, mais beaucoup d'incompréhension"
#13novembre
Gaëlle, partie civile :"je souhaite qu mon fils soit fière d sa maman toute cassée. Il m'en veut d'être sortie ce soir-là, il s'inquiète des regards des gens sur mon visage. Il déteste les exercices attentats à l'école". Elle pleure à nouveau. Fin de sa déposition.
#13novembre
Amandine, partie civile, 38 ans est à la barre. Tour d cou rouge, chemise à fleurs, cheveux longs, lunettes de vue, voix tremblante. Elle est jurist. Elle a une béquille à la main gauche mais veut témoigner debout.
#13novembre
Amandine, partie civile:"Je devais retrouver mon ex-compagnon et des amis. C'est la première fois que je voyais les Eagles of death metal en concert. On était en file indienne quand le concert a commencé"
#13novembre
Amandine, partie civile:"Tout a basculé en quelques secondes, des bruits sec et répétés ont commencé. Comme beaucoup j'ai pas réalisé ce qui était en train de se passer; J'ai entendu les 1ers cris; J'ai vu les gens tomber comme des dominos"
#13novembre
Amandine, partie civile:"Je me suis retournée, j'ai vu ces 3 silhouettes. Ce qui m'a interpellé c'est qu'ils ne portaient pas de cagoule. Je pensais aux frères Kouachi"
#13novembre
Amandine, partie civile:"Mon premier réflexe a été de plonger par terre. Je me suis dit que ma vie allait finir là. je me suis retrouvée dans une mare de sang chaud, je me suis demandée comment déjà il pouvait y avoir autant de sang"
#13novembre
Amandine, partie civile:"Mon compagnon est parti. Je me suis levée et je suis tombée. Je pensais avoir trébuché sur les corps au sol. En fait, je venais d'être fauchée à mon tour, mon tibia droit était explosé, mon os sortait d'une plaie béante. "
#13novembre
Amandine, partie civile:"La pire douleur était de me faire piétiner, même les gentils voulaient sauver leur peau c’est normal, et je me suis dit là on va me laisser derrière"
#13novembre
Amandine, partie civile:"En voulant déplacer une moitié de jambe, j'ai vu que mon bras était dans le même état, avec la chair qui pendait"
#13novembre
Amandine, partie civile:"On était sur un mètre de hauteur de corps . J'ai voulu mettre mes blessures en évidence pour que les terroristes me croient morte."
#13novembre
Amandine, partie civile:"L'odeur de la poudre m'étouffait comme l'odeur de sang frais. J'aurais préféré perdre connaissance. Il y avait des hurlements, des cris d'agonie, pire que les tirs, et tous les téléphones qui se sont mis à sonner".
#13novembre
Amandine, partie civile:"J'ai pensé à mes proches. (...) Je voulais plus subir, plus souffrir (...). J'ai accepté que j'allais mourir, à 32 ans. "
#13novembre
Amandine, partie civile: Au milieu de ce charnier, j'avais des préoccupations très pragmatiques que j'ai un peu honte d'admettre (mes parents qui allaient devoir vider mon appartement que j'espérais bien rangé, mes funérailles)
#13novembre
Amandine, partie civile: "Il y a eu l'explosion. J'ai vu voler des plumes, sans doute les plumes de la doudoun du terroriste qui venait de se faire exploser"
#13novembre
Amandine, partie civile: Sur la jambe, la tête d'une jeune fille. Je me suis mis à chanter une chanson dans ma tête une reprise des Eagles of death metal "Save a prayer".
#13novembre
Amandine, partie civile explique que les policiers sont arrivés ensuite. "Une personne a voulu m'aider. Je lui ai dit qu'il devait partir, que j'étais trop blessée. J'ai vu ses traits changer quand il a vu ma jambe qu'il a essayé de remettre dans l'axe"
#13novembre
Amandine, partie civile: "Il est parti et moi je suis restée là, avec tous les blessés graves et les morts"
#13novembre
Amandine, partie civile: "Je criais aux policiers : je suis vivante, venez me chercher, j'ai besoin de soins. Une voix m'a dit d'attendre, qu'ils allaient s'occuper de nous
#13novembre
Amandine, partie civile: Un policier que j'ai reconnu il y a quelques jours comme le commissaire de la Bac m'a pris par le bras et m'a tirée. par le bras. la douleur était insupportable. Ce premier policier m'a déposée sur une chaise"
#13novembre
Amandine, partie civile: On n'a dit de ne pas regarder autour de moi mais bien sûr... Il y avait encore plus de corps"
#13novembre
Amandine, partie civile: Un autre policier est arrivé Je me suis accroché à ses yeux bleus et son accent du sud. Son numéro est aujourd'hui inscrit dans mon téléphone comme "mon sauveur"
#13novembre
Amandine, partie civile: "Autour de moi c'était une zone de guerre, les blessés étaient évacués sur des barrières. Mon sauveur m'a sortie, donné une couverture de survie. Il a dit à un pompier de me prendre en charge"
#13novembre
Amandine, partie civile: "Sur mon téléphone, des dizaines d'appels en absence". Elle dit à ses proches qu'elle a reçu plusieurs balles, mais qu'elle est en vie"
#13novembre
Amandine, partie civile: "On nous a emmenés à la caserne de Reuilly, j'entends des 'UA', 'UR' pour urgence absolue, urgence relative. Je me suis dit que toutes ces années à regarder Urgence m'étaient enfin utiles (...)
#13novembre
Amandine, partie civile: "Mon tibia était un cratère sanglant mais par miracle, j'ai réussi à bouger mon pied" Après inspection de mon bras, ils ont recouvert mes plaies. Et ils m'ont fait une injection de morphine" Amandine est ensuite hospitalisée.
#13novembre
Amandine, partie civile: "J'ai voulu rassurer mes proches. J'étais blessée mais en vie, c'était le principal"
#13novembre
Amandine, partie civile: "Je me suis demandée dans quel monde on venait de basculer. Je ne savais pas si mes amis étaient ou non en vie. "
#13novembre
Amandine, partie civile: "Je me sens chanceuse d'avoir survécu à cet enfer. Ne pas le reconnaitre serait une insulte vis-à-vis de ceux qui ne sont plus là"
#13novembre
Amandine, partie civile: "J'ai été opérée samedi matin. Je me souviens comme si c'était hier de l'ambiance au bloc. Le chirurgien m'a dit qu'ils allaient tout faire pour sauver ma jambe. L'anesthésiste me caressait la joue"
#13novembre
Amandine, partie civile: "J'avais aussi un projectile dans le bassin. J'ai appris par la suite qu'il n' était pas balistique mais organique"
#13novembre
Amandine, partie civile: Une journaliste d'ABC a réussi à se faire passer pour un membre de ma famille et est venue dans ma chambre. Après ça a été très surveillé"
#13novembre
Amandine, partie civile: "Mon sauveur est venue me voir à l'hôpital, alors que le protocole le lui interdisait, il avait besoin de savoir que j'étais toujours en vie. Il m'a dit qu'il fallait toujours positiver, aller de l'avant"
#13novembre
Amandine, partie civile, explique que le plus dur a été l'arrivée chez elle. "Puis j'ai dû être réopérée en urgence le 25 décembre. J'avais envoyé le 23 décembre une photo au chirurgien"
#13novembre
Amandine, partie civile: "La greffe de peau avait nécrosé, la plaie que l'on voyait était l'os qui sortait de ma peau. Mon chirurgien m'a opéré le lendemain. La solution était de faire un lambeau, on a pris un bout de mon mollet et on l'a mis sur mon tibia"
#13novembre
Amandine, partie civile: "Aujourd'hui encore ces événements me paraissent irréels à certains égards. (...)
#13novembre
Amandine, partie civile: "je n'ai jamais voulu me laisser consumer par la colère, j'essaie de transformer cette épreuve en force. (...) C'est toujours l'envie de me battre qui l'a emporté depuis le début. Je choisirais toujours la lumière et l'espoir."
#13novembre
Amandine, partie civile: "J'ai la culpabilité, face à ces familles endeuillées, d'être en vie"
Amandine a repris le travail à plein temps en juillet après 3 ans et demi d'arrêt et un mi-temps thérapeutique.
#13novembre
Amandine, partie civile, remercie ses proches, son chirurgien son sauveur. Elle cite son père disparu il y a un an et demi.
#13novembre
Phyllie, partie civile est à la barre. Elle raconte le concert , puis les tirs. "j'ai entendu crier Allah Akbar (...) J'arrêtais pas de répéter : qu'est-ce qu'il se passe, qu'est-ce qu'il se passe"
#13novembre
Phyllie, partie civile, voit les terroristes qui tirent, l'un d'eux "comme un robot". Elle pense que ce ne sont pas de vraies balles, avant de réaliser. "Je tremblais comme une feuille, une femme a pris ma main, j'ai entendu une grosse déflagration"
#13novembre
Phyllie, partie civile :"J'étais un animal apeuré. On a rampé. On nous a marché dessus mais je me suis dit que c'était pas grave"
Elle se retrouve dans un local avec d'autres "collés les uns aux autres"
#13novembre
Phyllie, partie civile :"Trois heures à regarder l'embrasure de la porte. Je me suis dit: ce local c'est notre salut ou c'est notre tombeau (...) j'ai envoyé un message à mon ex et père de mes enfants ne lui disant: 'prise d'otage au Bataclan".
#13novembre
Phyllie, partie civile, parle de la planche à repasser qui bloque la porte du local: "Une planche à repasser contre une kalachnikov. Comme d'autres elle craint que les terroristes mettent le feu au Bataclan.
#13novembre
Phyllie, partie civile:"On a appris qu'il se passait aussi quelque chose au Stade de France. A 23h, on nous a dit que la police allait venir mais ce soir-là je vous avoue que j'ai trouvé le temps long. J'ai ressenti un sentiment d'abandon."
#13novembre
Phyllie, partie civile: "Des policiers sont arrivés, ils nous ont dit: sortez les mains en l'air, d'abord les blessés. C'était pas possible. ils ont dit ensuite : les femmes d'abord amis c'était pas possible"
#13novembre
Phyllie, partie civile : j'ai entendu des bruits déchirants. Quand nous avons quitté la salle, on nous a dit de ne pas regarder. J'ai compris alors les hurlements. Quand j'ai vu la scène je me suis mise à hurler aussi"
#13novembre
Phyllie, partie civile ; "J’ai vu un bout de chair sur un ampli. Puis des corps, des corps, des corps, du sang, du sang, du sang. (...) C'était un massacre d'innocents"
#13novembre
Phyllie, partie civile : "pour sortir de la salle, il a fallu enjamber les corps. Je ne rentrerai pas plus dans les détails mais ça a été très dur"
#13novembre
Phyllie, partie civile , explique avoir ensuite franchi un barrage de sécurité pour partir et rentrer chez elle. C'était pas possible. Avec d'autres ils vont dans un bar rue de Lancry. A 3h, ils partent et cherchent un taxi
#13novembre
Phyllie, partie civile : "un jeune homme voulait prendre le taxi. On lui a dit: s'il te plait, on sort du Bataclan. Il nous a dit: désolé, je suis pressé".
#13novembre
Phyllie, partie civile, rentre finalement chez elle, va travailler le lundi. "Dans l'ascenseur ça parlait des attentats. J'avais des flashs qui revenaient. À l'époque, je me suis effondrée. "
#13novembre
Phyllie, partie civile : "A l'époque il y avait une DRH sympa, elle m'a dit: 'mais qu'est ce que tu fais là? L'entreprise va survivre sans toi. C'était l'anniversaire de mon compagnon, je suis rentrée. '
#13novembre
Phyllie, partie civile, trouve de l'aide auprès de la Fenvac et du service de psychiatrie de l'hôpital Avicenne. Même après toutes ces années elle ne "comprend toujours pas cette barbarie".
#13novembre
Phyllie, partie civile, est victime de stress, elle ne supporte pas la pression. "J'alterne entre période de chômage et CDD". "J'espère m'en sortir en créant mon entreprise".
#13novembre
Phyllie, partie civile : "Je témoigne car j'avais envie de retrouver un peu de dignité. Tout ce qu'on entend nous aide à reconstruire le récit de cette terrible nuit"
#13novembre
Fin de la déposition, et courte suspension.
#13novembre L'audience est reprise.
A la barre, Axel, tour de cou rouge, t-shirt bleu, brun, barbe courte, moustache. Il était au concert avec ses deux frères et sa copine.
#13Novembre2015
Axel, partie civile: "A un moment, des bruits étranges sont arrivés, des bruits de claquement de ferraille. J'ai vu que le batteur ne tapait plus sur sa batterie, il n'y avait pas de rapport"
#13Novembre2015
Axel, partie civile: "je me suis retourné, j'ai vu un homme tirait. On pensait que c'était des balles à blanc. On trouvait ça bête que des gens s'allongent. J'ai mis du temps à réaliser que c'était de vraies armes"
#13Novembre2015
Axel, partie civile: "Je me suis retourné, jeté au sol. J'ai cramponné la tête d'un jeune homme blond, je pensais que c'était mon petit frère mais c'était pas lui. Il était surpris, j'ai retrouvé mon petit frère"
#13Novembre2015
Axel, partie civile: "Un homme m'a dit qu'il était blessé à l'épaule. Je lui ai dit que l'épaule c'était pas grave (...)
#13Novembre2015
Axel, partie civile: "Le corps d'une personne m'est tombé dessus. J'ai su après que cette personne s'appelait Sven Alejandro et je voudrais dire à sa famille qu'il na pas souffert" lemonde.fr/attaques-a-par…
#13Novembre2015
Axel, partie civile: Mon grand-grand frère Renaud âgé de 29 ans est décédé ce jour-là. Je sais pas où il est mort, quand il est mort, où il a été touché. Si quelqu'un peut m'éclairer". lemonde.fr/grands-formats…
#13Novembre2015
Axel, partie civile: C'est pas compliqué vous tapez sur Internet Renaud Le Guen. Vous appelez mon avocate Me @AurelieCoviaux"
#13Novembre2015 Des photos de Renaud Le Guen sont projetées à l'écran.
#13Novembre2015
Axel, partie civile a expliqué plus tôt qu'il était parti à l'avant de la salle avec son petit frère de 15 ans, laissant le reste du groupe ailleurs. "Je regrette de ne pas avoir aussi demandé à mon grand-frère de venir avec nous"
#13Novembre2015
Axel, partie civile: "J’avais la main collée sur la tête de mon petit frère, je me disais que s’il était touché, je le saurai (...)
#13Novembre2015
Axel, partie civile: "J'ai vu un morceau de corps humain tombé sur la tête de mon frère. J'ai pas pu m'empêcher de lui retirer. "
#13Novembre2015
Axel, partie civile:Je veux ouvertement me moquer des personnes qui sont dans le box aujourd'hui. Je les trouve pas très malins. Je ne comprends pas comment on peut passer du stade de racailles à ce stade-là"
#13Novembre2015
Axel, partie civile:En venant ici je m'attendais à voir des guerriers mais c'est pas ce que j'ai vu, je ne vais pas m'attarder là-dessus.
#13Novembre2015
Axel, partie civile répondant au président explique que selon lui, il y avait 4 silhouettes, 4 assaillants.
#13Novembre2015
A la barre maintenant, Jacky et Marie-Line, les parents de Renaud, 29 ans, Axel, 25 ans (en 2015), et Elliot, 15 ans. La maman explique que 5 des personnes qu'elle aime le plus sont ce soir-là au Bataclan, ses 3 fils et deux compagnes des ainés.
#13Novembre2015 Les parents racontent comment ils ont été informés des attentats.Jacky explique que c'est Laura la compagne d'Axel qui a appelé ce soir-là. "On suit la progression du drame en direct par les médias et on essaie vainement de joindre nos enfants.
#13Novembre2015 Jacky, partie civile :"Les minutes sont longues et on commence à imaginer le pire. A 23h30, Elliott qui a alors 15 ans nous appelle. Il nout dit qu'il est avec Axel, qu'ils n'ont rien"
#13Novembre2015
Jacky, partie civile :"On avait laissé nos enfants légers et insouciants heureux de partager cette soirée ensemble et on les retrouve en état de choc. Axel et Elliott (alors âgés de 25 et 15 ans ont passé près de deux heures allongés dans la fosse"
#13Novembre2015
Marie-Line, partie civile :"Elliott (son fils alors âgé de 15 ansà me dit : ne me touchez pas j'ai des morceaux de cervelle du terroriste dans la tête, je veux le laver les cheveux".
Le grand-frère d'Elliott, Renaud, âgé de 29 ans est alors introuvable.
#13Novembre2015
Jacky, partie civile :"On va être confronté à ce problème de prise en charge des victimes. Il y a un long parcours plutôt chaotique qui nous attend. Ca va être forcément très long et très compliqué"
#13Novembre2015
Jacky, partie civile :"Le 14 novembre, vers 14h30, on va recevoir un appel nous disant que Renaud est la la Salpêtrière, qu'il est vivant. Nous y allons, on descend vers un sous-sol dans une salle d'attente"
#13Novembre2015
Jacky, partie civile :"Au bout de 20 minutes un soignant à la Salpêtrière arrive et nous annonce que 'Renaud est probablement décédé et qu'il est à la morgue de l'hôpital'. Pour nous c'est la sidération. C'est ce "probablement qu'on ne comprend pas"
#13Novembre2015
Jacky, partie civile :"On nous donne un numéro. On essaie de demander à un médecin si on peut voir le corps mais il refuse.On ne peut que repartir".
#13Novembre2015
Jacky, partie civile :"Pour moi c'est une erreur. Je vais appeler le numéro et là je tombe sur la commune de Bourg-la-Reine."
#13Novembre2015
Jacky, partie civile :"Le lundi nous allons spontanément à l'Ecole militaire. Là ils vont faire des test ADN. "
#13Novembre2015
Jacky, partie civile :"Le mardi, on reçoit un appel de la morgue de la Salpêtrière. On nous dit qu'on peut venir voir le corps, que le directeur de l'hôpital en prend la responsabilité
#13Novembre2015
Jacky, partie civile :"On va pouvoir voir le corps de notre fils, le toucher, l'embrasser une dernière fois"
#13Novembre2015
Jacky, partie civile : "Le médecin nous dit que Renaud a été pris en charge en urgence absolue et qu'il est décédé peu après"
#13Novembre2015
Jacky, partie civile :"Le 14 novembre qui était plutôt une date joyeuse avant..puisque c'était le jour de mon anniversaire"
#13Novembre2015
Jacky, partie civile :"Renaud aimait passionnément la musique, il allait à beaucoup de concert. Les Eagles of death metal c'était un de ses groupes préférés. Il pouvait écouter d'autre genre: Matthieu Chedid, Ibrahim Maalouf"
#13Novembre2015
Jacky, partie civile :"La photo était une des autres passions de Renaud. Il aimait prendre des photos de la vie quotidienne. C'est lui aussi qui nous avait fait l'un des plus beaux portraits de ses frères".
#13Novembre2015
Jacky, partie civile : "Renaud adorait aussi le cinéma, notamment la trilogie Retour vers le futur".
#13Novembre2015
Marie-Line, partie civile : "Dans les années qui ont suivi le 13-11-15, nous avons dû vivre avec l'absence de Renaud. Nous avons aidé nos enfants. Quand je dis aider nos enfants, c'est plutôt eux qui nous ont aidés"
#13Novembre2015
Marie-Line, partie civile : "Aujourd'hui j'ai la peur qui me colle à la peau. J'ai peur pour moi, pour mes enfants, j'ai peur de tout"
#13Novembre2015
Marie-Line, partie civile : "Je me lève tous les matins, je vais travailler, je sors, j'essaie d'avoir une vie normale, mais c'est difficile. j'imagine ce que serait devenu Renaud s'il était encore là" (elle pleure)
#13Novembre2015
Jacky, partie civile, remercie "tous les personnels qui ont participé aux opérations de secours cette nuit-là et en particulier les policiers de la BAC75N et de la BRI"
#13Novembre2015
Jacky, partie civile :" si deux de nos enfants sont encore en vie, c'est très probablement grâce à eux"
#13Novembre2015
A la barre maintenant, Fanny,tour de cou rouge, veste à rayures, cheveux mi-longs châtains : "J'étais dans la fosse du Bataclan, j'y suis entrée à 18h50 par la porte principale".
#13Novembre
Fanny, partie civile : "L'année 2015 avait été particulièrement impactante et glauque. En janvier j'avais découvert en bas de mon immeuble la Clio noir des assassins de @Charlie_Hebdo_"
#13Novembre
Fanny, partie civile, explique aussi que, dans son travail elle a aussi côtoyé Arnaud Beltrame, qui l'a formée au Krav-Maga
#13Novembre
Fanny, partie civile : "y'avait plus de place pour le concert, je regarde sur le marché noir, marché parallèle s'il y a pas des places". Elle achète des places.
#13Novembre
Fanny, partie civile : "Le concert commence, en bonne groupie, je reste devant la barrière, je commence à prendre des photos de Jesse, je passe un très bon moment".
#13Novembre
Fanny, partie civile : "Le drame commence (...) . C'est vendredi 13, je crois des plaisantins qui nous fond peur. Je vois dans le regard de Jesse qu'il se passe quelque chose"
#13Novembre
Fanny, partie civile, voit les tireurs. "On pens à tout et rien, on se dit que ;'la balle arrive, la balle arrive'. Mais ça vient pas. Ca tire, ça tire. Les chargeurs tombent au sol, lourdement"
#13Novembre
Fanny, partie civile :"J'entends des adieux d'amoureux, des garçons qui défient les assaillants en vain, des filles qui supplient, en vain, des téléphones qui sonnent"
#13Novembre
Fanny, partie civile :"Une de mes craintes est qu'on vienne me chercher, qu'on me tire les cheveux, et qu'on me coupe la tête à la machette"
#13Novembre
Fanny, partie civile :"J'entendais aussi l'espoir dans la fosse. Des personnes qui disent (elle murmure): 'je crois que j'ai vu un brassard jaune'"
#13Novembre
Fanny, partie civile :"je repense à l'HyperCacher. Je me dis que si ceux qui étaient dans la colonne de l'HyperCacher sont là, on est sauvés"
#13Novembre
Fanny, partie civile :"Vers 22h15-22h20, les bas du Bataclan commence à être sécurisé. Quelqu'un crie : 'les vivants, levez-vous'. Un autre dit: 'non t'es fou, c'est pas encore sécurisé'"
#13Novembre
Fanny, partie civile, se souvient du visage des personnes décédées ou blessées autour d'elle. "C'était indescriptiblement choquant. Un tableau de gueules cassées. Des gens trop beaux, des gens très beaux, c'est comme ça que je les ai vus"
#13Novembre
Fanny, partie civile :"Les valides commencent à se lever. Moi j'étais en mode un film de Tarantino, j'ai mal aux jambes mais faut être dans l'action."
#13Novembre
Fanny, partie civile :"Je me lève, je vais vers les petits escaliers. Je me retrouve devant la BRI, je vais sur le boulevard Voltaire, je me dirige vers la rue Oberkampf, je vois que les secours ont commencé à prendre charge les blessés dans les cours d'immeuble"
#13Novembre
Fanny, partie civile :"on me demande si je suis blessée, je dis non. Je me retrouve dans le café Le bal perdu. Là je commence à dire avec mon portable : je suis sortie vivante du Bataclan. J'envoie des messages à mes collègues du ministère"
#13Novembre
Fanny, partie civile :"On se retrouve dans une cour d'immeuble. Nous avons entendu la fin de l'assaut. J'entendais les explosions monumentales de la fin de l'opération"
#13Novembre
Fanny, partie civile :" J'avais très peur d'aller rue Oberkampf, je redoudais le surtattentat. On me dit que le Président (@fhollande) arrive. Je dis: dites-moi par où il arrive car je vais dans l'autre sens. Pour moi ça n'était pas du tout une bonne idée"
#13Novembre
Fanny, partie civile retrouve enfin son amie Camille. "Plusieurs jours après on apprendra que le papa qui était avec nous est décédé, une balle dans le dos? C'était le papa que j'avais complimenté sur son t-shirt dans la salle,tellement gentil,tellement bienveillant"
#13Novembre
Fanny, partie civile :"J'avais le dos baigné de sang, j'étais couchée dans le sang des autres. Camille commence à me dire que j'ai des morceaux de restes humains dans les cheveux. Puis je dépose enfin. Je rentre chez moi en scooter sur le périph"
#13Novembre
Fanny, partie civile :"Je demande à mon futur ex de me prendre en photo. Je me lave. J'ai l'impression d'une vendange, du sang des autres partout".
#13Novembre
Fanny, partie civile :"Mon futur ex me dit qu'il faut qu'on aille à la mairie du 11e. J'y rencontre les premiers psychologues et d'autres victimes. On se dit on ne se quitter pas comme ça, on va boire une bière. Et là il y a une fausse alerte d'attaque..."
#13Novembre
Fanny, partie civile :"Lundi je retourne au travail. Je me dis : il faut que je m'en sorte, j'ai pas le temps de m'écrouler maintenant, il faut que je travaille"
#13Novembre
Fanny, partie civile :"Sur ce chemin d'horreur, on fait aussi de belles rencontres"
#13Novembre
Fanny, partie civile :"Je m'inscris à un concours comme mes collègues. Je l'ai passé le 22 mars 2016, et là je vois sur mon portable les attentats en Belgique. Incroyable, je l'ai eu"
#13Novembre
Fanny, partie civile :"Je crains toujours les attentats, j'ai anticipé Nice. Je regardais la télé, j'ai vu ça. C'est plus une vie, je suis dans l'anticipation constante d'attentats, l'hypervigilance"
#13Novembre
Fanny, partie civile :"Saint-Etienne-du-Rouvray, puis, après j'entends qu'un héros, un illustre gendarme a donné sa vie pour en sauver une autre : Arnaud Beltrame"
#13Novembre
Fanny, partie civile :"je me suis effondrée quand on l'a perdu" (Arnaud Beltrame l'avait formée au Krav-maga)
#13Novembre
Fanny, partie civile :"je suis bientôt à découvert, je suis en arrêt de travail. J'ai plus du tout la même résistance au stress, la même force pour avancer. J'ai peur des intrusions, intrusion dans mon appartement;.."
#13Novembre
Fanny, partie civile, explique qu'elle a dû fournir de multiples pièces pour prouver son statut de victime. "Mes angoisses sont très présentes aujourd'hui, encore plus qu'avant. Je suis sous traitement médical"
#13Novembre
Fanny, partie civile :"Je dois trouver du sens pour reconstruire ma vie. (...) Même si un procès comme celui-ci ne peut pas réparer complètement, j'espère qu'il me permettra d'exister un peu plus"
#13Novembre
A la barre à présent, Rémi, partie civile. "J'étais le 13 novembre au Bataclan accompagné avec ma compagne Estelle. Nous avions 25 ans, on était en couple depuis 7 ans et demi. Nous avions une passion commune, les concerts"lemonde.fr/attaques-a-par…
#13Novembre
Rémi, partie civile, chemise claire, veste sombre, brun, tour de cou rouge :"J'avais réussi à récupérer des places sur ebay. (...) J'ai cru à des pétards qui auraient pu être dans les délires du groupe. Je n'ai pas vu les terroristes".
#13Novembre
Rémi, partie civile : on était dans la fosse. Il y a eu un mouvement de foule. J'ai ressenti une douleur dans la cuisse. J'ai perdu la trace d'Estelle. Je me suis retrouvé face contre terre. A attendre qu'une balle vienne me toucher, me blesser, me tuer"
#13Novembre
Rémi, partie civile:"Je me souviens de deux choses: une fille qui avait réussi à mettre sa tête sous mon corps et un couple dont l'homme s'était allongé sur la compagne pour la protéger et qui s'est pris une balle qui aurait pu m'être destinée"
#13Novembre
Rémi, partie civile:"Un terroriste a tendu un piège en disant qui voulaient sortir pouvaient sortir. C'était pour les abattre. Moi avec ma jambe je ne pouvais pas bouger"
#13Novembre
Rémi, partie civile:j'ai retrouvé Estelle avec une blessure au visage, elle était déjà décédée, j'ai poussé des cris, c'était incontrôlable. Je suis resté à côté d'elle à attendre, dans les mares de sang. La bouche fermée pour ne pas que le sang rentre dans ma bouche"
#13Novembre
Rémi, partie civile: "J'ai hésité à me lever pour en finir. Allez finissez le travail. J'ai pas envie de ressentir ce que je ressens en ce moment. Puis c'était l'instinct de survie. " Il évoque les cris horribles, l'odeur de poudre de sang.
#13Novembre
Rémi, partie civile:Les forces de l'ordre sont arrivées, j'ai caressé une dernière fois ma compagne. Je suis partie à cloche-pied. J'ai été pris en charge, j'ai passé des appels, annoncé le décès d'Estelle.
#13Novembre
Rémi, partie civile: "J'ai dû appeler les parents d'Estellle pour leur annoncer sa mort. Ça a été un cri horrible.
Rémi est conduit dans une caserne : "je tremblais si fort, je sais pas si c'était le froid, les nerfs, les stress"
#13Novembre
Rémi, partie civile est ensuite conduit à l'hôpital Mondor."On m'a emmené faire une radio. Ma jambe était tellement pleine de sang,la balle était sortie du coup on ne s'est pas rendu compte.On m'a laissé sur un brancard.J'étais tout seul dans le couloir de l'hôpital."
#13Novembre
Rémi, partie civile: "Les jours et les semaines qui ont suivi, il y a eu les allers-retours aux Invalides avec les parents d'Estelle. (...) On nous a appelé pour aller identifier le corps d'Estelle..."
#13Novembre
Rémi, partie civile: "il y a eu des inversions. J'ai pu voir le corps d'Estelle deux semaines après les attentats, au moment de l'arrivée des corbillards. Elle n'était pas aussi intacte que ce que les films laissent penser"
#13Novembre
Rémi, partie civile: "Maintenant j'ai des grosses périodes de stress dans les cinémas, les bars, les transports.
#13Novembre
Rémi, partie civile: "Parfois j'en venais à être sur un quai de métro à me dire, pourquoi pas? Mais je savais ce que ça faisait de perdre quelqu'un, je ne voulais pas infligé ça à ma famille"
#13Novembre
Rémi, partie civile a un sentiment de culpabilité "d'avoir acheté ses places de concert, de ne pas avoir été plus près d'une porte de sortie..."
#13Novembre
Stéphane, partie civile, est à présent à la barre. Chemise bleue, tour de cou rouge, cheveux poivre et sel.
#13Novembre
Stéphane, partie civile : "C'était le premier concert avec Cécile après la naissance de notre fille. On était avec un couple d'amis dont la femme est enceinte de 6 mois"
#13novembre
L'attaque commence
Stéphane, partie civile, parle de chair à pâté: "on se fait tous tirer dessus. Je crois que je suis mort. Je reprends connaissance. J'entends les terroristes parler de François Hollande et de la Syrie".
#13Novembre
Stéphane, partie civile : "Mes amis me disent qu'il faut qu'on parte mais moi je peux pas, je sais pas où est Cécile. Samy Amimour se fait exploser. Il y a des tirs, des cris"
#13Novembre
Stéphane, partie civile : "J'essaie de calmer les gens en disant que les secours vont arriver (...) J'entends des codes dits par des policiers"
#13Novembre
Stéphane, partie civile : "Un peu avant l'assaut final, il y a des gens, les policiers étaient arrivés, qui commencent à marcher dessus. "
#13Novembre
Stéphane, partie civile : Je me lève. Une femme me demande de l'aide, elle a le visage en lambeaux, une moitié de bras,c 'est Gaëlle que vous avez entendu tout à l'heure. Mais je ne peux pas l'aider"
#13Novembre
Stéphane, partie civile : Puis je vois ma femme Cécile. Elle s'est pris une balle dans la tête, elle est morte. Je vais la voir, je l'embrasse, je ne vois alors qu'une goutte de sang qui sort de sa bouche, je ne veux pas voir le reste"
#13Novembre
Stéphane, partie civile, quitte la salle. Je vois qu'une balle m'a traversé la cuisse. Il est pris en charge par des pompiers, est amené dans une caserne. "J'arrêtais pas de crier qu'ils avaient tué ma femme. Ils voient que je suis blessé à la tête"
#13Novembre
Stéphane, partie civile : "Je suis conduit à Mondor, je continue de crier qu'ils ont tué ma femme". Il est opéré à la tête et à la jambe, il reste 10 jours à l'hôpital.
#13Novembre
Stéphane, partie civile : Ils ont mis 4 jours à retrouver ma femme. Pendant un moment je me suis demandé si je ne l'avais pas laissé vivant au Bataclan.
#13Novembre
Stéphane, partie civile : Quand je sors de l'hôpital, j'annonce à ma fille que sa mère est morte, elle n'avais pas trois ans.
Puis le 24 c'est l'IML, le 26 c'est la crémation.
#13Novembre
Stéphane, partie civile : J'amène ma fille avec des béquilles. C'est pas évident pour elle. Aujourd'hui elle a 8 ans et demi, ça va mieux.
#13Novembre
Stéphane, partie civile : en 2016, je m'inscris sur Life for Paris, je me mets en contact pour quelqu'un qui était le 13-11-15 avec Cécile. Cette personne est avec moi aujourd'hui.
#13Novembre
Stéphane, partie civile : Quand il y a eu les attentats de Bruxelles, je me suis mis à boire beaucoup. J'ai appelé à l'aide. En juin 2016, je me suis remets à travailler, j'arrête de boire avec des médicaments. Puis il y a eu l'attentat de Nice.
#13Novembre
Stéphane, partie civile : Des fois ça va mieux mais quand ma fille en parle c'est compliqué. Je me dis qu'il faudrait que je déménage, que je change de travail, que je refasse ma vie.
#13Novembre
Stéphane, partie civile : "Je termine en disant: pourquoi la France? Pourquoi le Bataclan?"
#13Novembre
Le 2e assesseur rappelle que Stéphane a eu 90 jours d'ITT : "Avez-vous des séquelles aujourd'hui?"
Stéphane : la jambe ça va, la tête ça va à peu près aussi, c'est pas les blessures physiques qui sont les plus compliquées."
#13novembre
A la barre à présent, Matthieu :"j'étais au Bataclan le 13-11-15 avec deux amis, Marc et Julien, et ma filleule qui avait 14 ans, Louise. Elle aimait bien la musique. Les Eagles c'est plutôt bon enfant"
#13novembre
Matthieu, partie civile:"J'étais dans la fosse à droite. Le concert commence, se passe très bien. On entend des coups de feu. J'ai pas fait mon service militaire mais je comprends tout de suite que ce sont des coups de feu"
#13novembre
Matthieu, partie civile:"Je perds mes deux amis. Je prends en charge ma filleule.Et là, ça tire, ça tire; Je me retourne dans les rares moments où ça ne tire plus. Je vois deux terroristes devant le bar, Louise reste plutôt calme"
#13novembre
Matthieu, partie civile:"Devant moi il y avait une femme qui avait pris une balle et dont le sang giclait avec les battements du coeur. Ca tombait de chaque côté. Une femme était morte, les yeux fixes et se faisait piétiner"
#13novembre
Matthieu, partie civile:"Je me dis qu'on va forcément finir par prendre une balle, par y passer. Je me demande si mon corps amortirait une balle pour Louise"
#13novembre
Matthieu, partie civile:"A un moment ça tire plus, je dis à Louise on y va. On a traversé toute la fosse, on a couru, on a passé les portes. On s'est trouvé fasse à des policiers qui nous mettaient en joue"
#13novembre
Matthieu, partie civile, porte une veste foncée, une chemise claire, un tour de cou rouge. Il parle lentement, calmement. "On a couru jusqu’au commissariat où on a trouvé Jesse Hugues. ET on est rentré"
#13novembre
Matthieu, partie civile:"Je suis retourné travailler le lundi. J'ai repris ma vie normalement. Puis j'ai été voir un psychiatre. Il m'a dit ça a l'air d'aller, peut-être que dans 3-4 ans vous allez péter les plombs mais là ça va"
#13novembre
Matthieu, partie civile:"Louise s'en est bien sortie, elle a 20 ans. Elle est aujourd'hui étudiante, pompier de Paris, service civique. Elle a beaucoup de courage"
#13novembre
Matthieu, partie civile a déménagé en Angleterre, est revenu en France. Il est hypervigilant, a des moments de stress...
#13novembre
Matthieu, partie civile:"Au final, ils n'ont pas gagné. Ils étaient armés, ils étaient plusieurs, moi j'étais avec ma filleule, on est sortis. Victime oui, j'ai des séquelles mais ils ne m'ont pas tué"
#13novembre
A la barre, Melissa, 34 ans, chemise à carreaux bordeaux, tour de cou rouge, t-shrt blanc, brune, queue de cheval courte. A l'époque elle était kiné libérale, elle faisait une formation à Paris.
#13novembre
Melissa, partie civile, est allée au concert avec son ami Florian."On se voit pas si souvent". Le concert commence.
#13novembre
Melissa, partie civile:"Il y a eu les bruits de tirs. Moi j'ai reconnu des sons de pétards, les gens se sont figés puis écroulés les uns sur les autres"
#13novembre
Melissa, partie civile:J'ai commencé à voir la pièce se remplir de jus de raison, comment c'était possible, au concert tout le monde boit de la bière.
#13novembre
Melissa, partie civile: "Je vois un terroriste avec son arme. Moi je crois que c'est la sécurité du Bataclan qui vient mettre dehors ces gens qui venaient de mettre le bazar"
#13novembre
Melissa, partie civile, envisage pourtant de sortir. "Il y avait des gens au sol, je ne comprends pas pourquoi ils ne se levaient pas. J'ai du piétiner des gens, je suis sortie passage Amelot
#13novembre
Melissa, partie civile:C'est moi qu'on entend sur la vidéo du monsieur qui filme depuis sa fenêtre, on m'entend crier "Flo", "Flo".
Elle se met à courir, vers Fille du Calvaire, se retrouve dans une pizzeria.
#13novembre
Melissa, partie civile : Un pompier s'est approché de moi, je lui ai demandé où était Florian. Il m'a dit qu'il ne savait pas. Je suis rentrée à l'hôtel, j'ai eu des nouvelles de Florian. Je me suis lavée pendant longtemps pour enlever tout le sang sur moi"
#13novembre
Melissa, partie civile:J'ai repris le travail le lundi. Je racontais tout à mes patients, pendant 2-3 mois jusqu'à Noël. Des pensées horribles sont venues. Comment j'avais pu ne pas aider des gens le 13-11-15"
#13novembre
Melissa, partie civile: J'ai voulu mourir, planifier mon suicide, dans un étang près de chez mon père. J'ai acheté une belle robe, préparé quelque chose pour le don d'organe"
#13novembre
Melissa, partie civile: Mon compagnon m'a dit qu'il y avait des passerelles entre kiné et médecine. Je me suis inscrite en médecine, je ne me suis pas suicidée. Aujourd'hui, je suis en 6e année de médecine"
#13novembre
Melissa, partie civile: "je me suis mariée avec un étudiant en médecine au bout de 6 mois, qui est plus jeune que moi"
#13novembre
Melissa, partie civile:Ca a été une période extrêmement compliqué mais maintenant ça va mieux (elle parle très vite).
Elle a le syndrome de culpabilité.
#13novembre
Melissa, partie civile:Je vais devenir anesthésiste réanimateur.
"Je vais replanter des fleurs dans le fumier"
#13novembre
Melissa, partie civile, lit une lettre pour les terroristes. "Je vous plains d'avoir un jour d'avoir été si endoctriné, (...) "Je vous plains d'avoir un jour d'avoir été si manipulé..."
#13novembre
Melissa, partie civile aux terroristes: "vous avez perdu et la vie a gagné"
#13novembre
A la barre, Franck, cuir, une barbe poivre et sel très longue:" Je viens du Nord, avant le 13 novembre 2015, j'étais un mec normal, j'avais 40 ans"
#13Novembre
Franck, partie civile: "je fais des allers-retours au bar. A un moment mon ami me dit : "Franck, casse-toi". IL y a des tirs. Je cours. IL y a des gens déjà allongés. Je cherche mon ami, je le trouve pas"
#13Novembre
Franck, partie civile: "j'ai croisé la route de plusieurs personnes (décédées aujourd'hui parmi lesquelles Stéphane Albertini) (...) Puis on a été libérés"
#13Novembre
Franck, partie civile, parle des difficultés à gérer l'après. Les papiers, les regrets de ne pas avoir pu faire mieux, l'alcool...
#13Novembre
Franck, partie civile, s'est relevé, a fait des concert, enregistré un album:"Aujourd'hui, je ne suis plus victime, je suis survivant."
#13Novembre
Franck, partie civile, cite Confettis de Stéphane Eicher pour finir. "Il est tout à fait impensable
Il est tout à fait hors de question
Que tu viennes t'asseoir à ma table
Que tu me fasses la conversation..."
#13Novembre
A la barre, Christophe, tour de cou rouge, veste bleue, cheveux courts, barbe de 3 jours. Il était avec sa femme et des amis ce soir-là.
#13novembre Il raconte quand l'attaque est survenue.
Christophe, partie civile: "Je me suis couché les mains sur la tête et je me suis dit: 'je vais donc mourir comme ça'. Puis il y a u un mouvement, qui nous a emmené vers cette sortie"
#13novembre Il assiste à l'attaque dans la salle puis constate les terribles conséquences. Lui et ses amis, dont celui qui connaissait les Eagles, s'en sortent indemnes.
Christophe, partie civile: "On était 6 au concert et on est tous sortis par la même sortie de secours"
#13novembre
Christophe, partie civile "ensuite j'ai divorcé, j'ai quitté la France. Je suis réalisateur, j'ai fait beaucoup de clips. Aujourd'hui je ne fais plus de clips, je ne supporte plus les concerts. Je suis toujours réalisateur, mais dans un autre domaine"
#13novembre
Christophe, partie civile "aujourd'hui rien n'est pareil : faire ses courses c'est pas pareil, boire un café, c'est pas pareil. Il y a une vigilance accrue dans la vie quotidienne"
#13novembre
A la barre, Jean-François, partie civile. "J'avais 28 ans à l'époque des faits." Il est brun, veste noire, un t-shirt avc une inscription. Sa voix tremble
#13novembre
Jean-François partie civile explique avoir été bouleversé par les attentats de Charlie. En mai 2015, il se marie avec son épouse "une année de contraste"
#13novembre
Jean-François partie civile va en août à Rock en Seine et donne des consignes à sa femme en cas d'attaque. Pour lui si ça s'est passé dans une rue de Paris peut se passer ici.
#13novembre
Jean-François partie civile :"Le vendredi je fais un pot de départ avant d'aller au concert des Eagles. Je ne suis pas fan mais je suis les conseils d'amis qui en sont fans. Je prends des places. On se rejoint là-bas avec des amis"
#13novembre Des images vont être projetées. On voit la salle vue d'en haut avec beaucoup de monde dans la fosse.
#13novembre
Jean-François partie civile :"On a le temps de prendre une bière, on se met dans le coin. On profite des chansons du 1er groupe, on profite de l'entracte pour avancer dans la fosse"
#13novembre
Jean-François partie civile : "Le concert se passe, il y a des morceaux entrainants, puis des musiques plus lentes. Je m'ennuie. Kiss the devil me convainc de rester. Je me mets à sauter. Commence l'attaque"
#13novembre
Jean-François partie civile : je vois le guitariste qui lâche sa guitare, je me retourne. Là je vois le personnage, cet assaillant en train de tirer sur tout le monde."
#13novembre
Jean-François partie civile :"Je vois les étincelles, je me dis c'est pas du tout bon là. On se perd avec mes amis. Je fais quelques pas, je me retourne et je vois une personne qui se prend une balle en pleine tête, dans le front, en recevant une giclée de sang"
#13novembre
Jean-François partie civile :Mon cerveau se met en mode survie. Je cours sans me préoccuper de mes amis. (...) C'est le moment des rafales. Comme disait un autre témoignage, c'est "Un-Deux-Trois-Soleil"
#13novembre
Jean-François partie civile : "je tombe face à une personne avec un t-shirt gris, il a deux trous dans le thorax. Je lui dis :"t'es blessé?"visiblement oui. Je le tire, j'essaie de composer le 17. Il est 21h53"
#13novembre
Jean-François partie civile :"Les tirs reprennent. Je pensais encore tenir le mec derrière mais en fait non, mon bras est pendant, je venais d'être touché. J'essaie encore de composer le 17. Je finis par faire tomber le téléphone"
#13novembre
Jean-François partie civile : "je me suis jeté dans une flaque de sang. J'essaie de me glisser sous le corps d'un homme qui était celui que j'avais essayé de tirer plus tôt. J'apprendrais après qu'il n'est pas mort. Ma stratégie c'est de faire le mort.
#13novembre
Jean-François partie civile :"Commence la partie d'attente trop longue. On se demande ce qu'il se passe. On a l'impression que ça dure très très longtemps. On entend des exécutions, des coups par coup,des sonneries de téléphones, des plaintes. "
#13novembre
Jean-François partie civile :"puis j'entends une musique sur la scène et des rires au-dessus. Des touches sur un clavier. Je me suis efforcé de ne pas retenir cette mélodie flippante, comme dans un film d'horreur"
#13novembre
Jean-François partie civile : Je vérifie mes battements de coeur, je vérifie que je suis conscient, je vérifie la mobilité de mes pieds. Après l'explosion, je regarde à gauche et je vois plein de confettis. Ca tombe en lambeaux"
#13novembre
Jean-François partie civile :"j'entends des échanges entre la police et des terroristes (...) Arrive une personne en noir qui va faire des allers-retours avec le premier étage Foued (Mohamed-Aggad) je crois"
#13novembre
Jean-François partie civile:"Je vois un tas de corps dont une jeune femme vêtue de blanc qui n'avait plus de visage. Je ressens aussi les convulsions de la personne derrière moi qui au bout d'1 heure va finir par s'étouffer dans son sang.J'entends son dernier soupir'
#13novembre
Jean-François partie civile:"Je vois Mostefaï. Je me vois poser quelque chose sur la rambarde.1 chargeur qui est tombé sur le sol.Tout ce cheminement me donne l'impression qu'ils préparent les explosifs pour faire sauter le théâtre.Ils vont finir le travail "
#13novembre
Jean-François partie civile : "J'ouvre les yeux. Je me retourne" Il se retrouve face à l'homme qui vient de mourir derrière lui. "J'entends: ce qui peuvent sortez. Ca ressemble à des flics,c 'est plutôt une bonne nouvelle"
#13novembre
Jean-François partie civile : "je vois sur la rambarde plein de points verts, comme dans les jeux vidéos. J'entends les négociations commencer. Ils nous disent de ne pas bouger, de nous lever si on peut. Puis de re pas bouger"
#13novembre
Jean-François partie civile : "Les policiers disent: ceux qui peuvent sortez. Puis stop, arrêtez-vous. En fait c'était quelqu'un qui courait sur la scène, mais c'était une victime"
#13novembre
Jean-François partie civile : "En me relevant j'ai un gros gros vertige. J'essaie en tenant mon bras de marcher jusqu'à cet escalier. Doucement parce qu'il y a des victimes partout. Le sol est couvert de cadavre ou de gens faisant semblant d'être morts"
#13novembre
Jean-François partie civile : "Je vois la basket que j'avais perdue. Je la ramasse. Je passe devant la femme sans visage. Au sol, je vois un jeune homme qui commençait à virer au bleu"
#13novembre
Jean-François partie civile : "Un grand avec un bandage autour de la tête avec un accent anglais ou américain, vient me chercher. Il arrive à me porter à l'extérieur"
#13novembre
Jean-François partie civile : "J'arrive à l'entrée principale. On commence à marcher sur le trottoir. ca devient compliqué de garder les pieds sur le sol. Puis on est pris en charge"
#13novembre
Jean-François partie civile : "Je commence à me la cailler sévère. La nuit douce de novembre c'était en fait une nuit glaciale. c'est comme ça que je l'ai ressentie"
#13novembre
Jean-François partie civile : "Je convulse deux fois (...) On va dans une caserne où s'effectue le tri des blessés. Je suis conduit à Saint-Louis. On me fait patienter."
#13novembre
Jean-François partie civile : "J'ai peur qu'ils viennent finir le travail, qu'ils attaquent l'hôpital."
#13novembre
Jean-François partie civile : "J'ai subi une opération dans la nuit de samedi à dimanche. Ils ont dit à ma femme que ça pouvait durer entre 3 et 6 heures"
#13novembre
Jean-François partie civile : "J'étais bourré au Tramadol 150 tous les jours (...) Après les fêtes, j'ai pu redormir normalement, trop même"
#13novembre
Jean-François partie civile explique avoir vu ensuite différents psy pour gérer son stress, ses angoisse, son post-traima mais ça n'allait jamais. "J'ai trouvé le salut auprès de Paris aide aux victimes" dit-il.
#13novembre
Jean-François partie civile: "Il a fallu deux ans, deux psychothérapie pour pouvoir m'en passer. Je remercie cet organisme (Paris aide aux victimes) qui fait tout et qui est gratuit pour les victimes"
#13novembre
Jean-François partie civile: "J'ai repris ensuite le travail en 2016. J'ai retrouvé tout mon environnement d'avant, ça m'a aidé à tenir. J'ai encore des faiblesses mais ça aide"
#13novembre
Jean-François partie civile: "je mettais des électrodes dans le bras pour stimuler les nerfs de mon bras. Le nerf croît, les sens reviennent mais pas la sensibilité que j'ai pas"
#13novembre
Jean-François partie civile: " J'ai dû réapprendre à écrire, à réjouer de la guitare.. Bon aussi mal qu'avant"
#13novembre
Jean-François partie civile: "J'ai toujours des imaginations de morts. Je travaille à Vélizy et la BRI a un camp d'entraînement à côté, ça aide pas"
#13novembre
Jean-François partie civile: "Ce qui m'a poussé à venir ici, c'est pas les prévenus (sic), de toute façon c'est pas eux qui ont fait ça. Eux c'est que des pions, c'est l'Etat islamique qui est derrière"
#13novembre
Jean-François partie civile: "Ce jour-là comme pour @Charlie_Hebdo_ ils ont gagné, ils ont stoppé la fête, enlever des vies. Mais ils nous ont aussi appris ce qu'est la valeur de la vie. C'est une victoire partagée au final". (sa voix tremble beaucoup)
#13novembre
Jean-François partie civile: "J'espère que mon témoignage apportera aux familles qui ont perdu quelqu'un de mieux se faire une idée de la chose et de mieux finir un deuil s'il n'est pas terminé même si je pense que ça ne sera jamais fini pour eux"
#13novembre
Jean-François partie civile remercie à présent les secours, les avocats, sa famille, les collègues, "les amis qui ont été d'un support énorme". "La seule chose que. je regrette c'est que la plupart des amis avec qui j'étais au concert on ne se parle plus"
#13novembre il n'y aura pas d'autres photos finalement
#13novembre
A la barre maintenant, Julien, qui était allé au concert avec 3 amis. Il porte un tour de cou rouge, une veste vert foncé, une chemise. il est châtain, a une petite moustache"
#13novembre
Julien, partie civile:" Au moment de la fameuse chanson, j'étais en train de faire des photos"Il dit qu'un corps est tombé sur lui.
#13novembre
Julien, partie civile:"IL y a eu des mouvements de foule, on a été piétiné. Je me suis dit que le seul moment où on pouvait partir
#13novembre
Julien, partie civile:"Il se trouve que mon métier c'est journaliste. Au mois de janvier j'avais été sur les lieux de l'attentat de @CharlieHebdo .
#13novembre
Julien, partie civile: Quand j'ai vu deux des 3 individus pour moi ça ne faisait aucun doute que c'était un acte terroriste, ça faisait quelques mois qu je travaillais sur ce domaine"
#13novembre
Julien, partie civile: J'avais l'odeur de sang sur moi car la personne qui est tombée sur moi avait la moitié de la boîte crânienne inexistante. La lumière s'est rallumée, je ne pouvais plus voir qu'un seul individu: Samy Amimour.
#13novembre
Julien, partie civile: Il marchait dans la fosse, il faisait ça besogne, je crois même que j'ai vu un sourire (...) Je suis alors un animal. Vous voyez Hulk? A ce moment-là, je suis une bête, noyée dans l'adrénaline"
#13novembre
Julien, partie civile: "Toutes les 2-3 minutes, il recharge son arme, se met dos à la scène quand il recharge. Ca me laisse une ouverture. La 2e fois où il recharge, je décide de m'extraire"
#13novembre
Julien, partie civile: je suis monté sur la scène, j'ai vu que le terroriste n'avait pas encore fini de recharger son arme. J'ai aidé une jeune fille à monter sur la scène. On a juste eu le temps à se mettre derrière l'ampli du bassiste.
#13novembre
Julien, partie civile: Je pense qu'il a tiré dans notre direction, j'ai senti comme des éclats de bois, des échardes. Puis on a rampé jusqu'à cette porte : on était déçu. C'était un pauvre réduit, déjà plein de personnes
#13novembre
Julien, partie civile: Une jeune femme était là parmi les autres et elle m'a dit avec un grand sourire : 'loupé, c'est de l'autre côté qu'il fallait aller'". Il précise qu'elle travallait au Bataclan
#13novembre
Julien, partie civile: "J'ai pris un extincteur. J'étais là comme un couillon avec mon extincteur, comme si ça pouvait me protéger face à des kalachnikovs"
#13novembre
Julien, partie civile: Je continuais de regarder le terroriste par l'interstice de la porte. A un moment j'ai dit : on y va. On s'est mis à courir de l'autre côté de la scène. Je suis arrivé de l'autre côté de la scène, indemne.
#13novembre
Julien, partie civile: Une jeune fille m'a appelé à l'aide, elle était grièvement blessée. Je l'ai mise sur mon épaule." Ils sortent de la salle.
Julien parle très calmement, avec une voix posée.
#13novembre
Julien, partie civile: A un moment il y a eu une grosse explosion. On s'est mis sous une porte. J'ai essayé de la soigné, faire un garrot. Elle devenait blême la blessure était tellement béante. Elle était en train de se vider de son sang"
#13novembre
Julien, partie civile: je l'ai prise dans mes bras en essayant de mettre un point de pression sur son bassin, on a couru. On a croisé 3 policiers qui nous ont braqué avec leur pistolet
#13novembre
Julien, partie civile: "Je me souviens avoir dit à ces policiers : n'y allez pas, ils ont des kalach"
#13novembre
Julien, partie civile: on a eu de la chance, j'ai vu un taxi. On a posé la jeune femme dans la voiture. On était tous couverts de sang,moi j'avais des bouts de chair sur moi. C'était Walking dead.
#13novembre
Julien, partie civile: J' ai dit au chauffeur de taxi :l'hôpital le plus proche". Elle est partie avec son ami dans le taxi"
#13novembre
Julien, partie civile: je me suis retrouvé seul. Il ne me restait alors rien d'autre à faire que mon métier.Je travaille à la radio J'ai appelé mon chef. Il m'a dit ok.
#13novembre
Julien : La rédaction m'a rappelé, on m'a dit: dans 30 secondes t'es à l'antenne. C'est pas vraiment ce que j'avais demandé. J'ai fait mon intervention et voilà. Je me suis retrouvé devant le Cirque d'Hiver. J'ai commencé à me débarbouiller un peu. Voilà ma soirée.
#13novembre
Julien, partie civile: La suite? Elle est comme celle de tous les rescapés qui' n’ont pas été blessés. Mais j'ai eu beaucoup de change, immensément de chance"
#13novembre
Julien, partie civile: j'ai horreur qu'on me dise que je suis victime, c'est insupportable pour moi au regard de toutes les personnes que j'ai vues mourir. Et je ne me sens pas victime.
#13novembre
Julien, partie civile: Le retour au travail a été compliqué. Je voulais être grand reporter. En 2015 je commençais à toucher du doigt cet objectif. Évidemment du fait mes séquelles, il a fallu faire le deuil de ça.
Julien est très ému.
#13novembre
Julien, partie civile à la cour: j'aimerais que vous vous posiez cette question: 'Comment on en est arrivé là ? Comment notre société a pu produire ces individus-là?
#13novembre
Julien, partie civile Tous les jours je promène mes chiens, et tous les jours je passe devant un square à Drancy. Il s'avère que ce square est celui où Samy Amimour a grandi, celui que j'ai vu le plus au Bataclan.
#13novembre
Julien, partie civile : Toujours dans cet environnement, ma belle-mère a soigné pendant 30 ans la famille de Samy Amimour, a soigné Samy Amimour.
#13novembre
Julien, partie civile : J'ai le sentiment que depuis 6 ans, même plus depuis Merah, on ne se pose pas les bonnes questions. La réponse est sécuritaire, c'est bien. Mais la prévention je ne la vois pas.
#13novembre
Julien, partie civile : Comment ces gens bousillent des vies à commencer par la leur? Je ne trouve pas de réponse. (Il pleure) Puis il finit par une phrase de Cormac McCarthy.
#13novembre
Julien, partie civile, répondant à une question de la 2e assesseure indique qu'il n'a jamais su ce qu'il s'était passé pour la jeune femme blessée qu'il a portée et mise dans un taxi le 13-11-15. "Je n'ai pas eu la présence d'esprit de lui demander son nom"
#13novembre
Julien, partie civile ajoute : "Vu ce qu'elle saignait, ce serait un miracle qu'elle soit encore en vie mais je veux bien croire aux miracles"
#13nvembre L'audience est suspendue, elle reprendra demain à 12h30
#proces13novembre compte-rendu d'audience Jour 20 : "Le premier mot du chirurgien à mon réveil: 'Vous êtes une gueule cassée'"
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1 Oct
#13novembre
Jessica, partie civile:" Je me dis que je vais mourir. On me déplace enfin. Je crois que c'est le Samu".
On lui injecte de la morphine.
#13novembre
Jessica, partie civile:" Mes amis me mettent des claques, mais je meurs." Jessica charge ses amis de transmettre des messages à sa famille. "Je compte un deux trois dans ma tête pour me maintenir éveillée"
#13novembre
Jessica, partie civile:" Je sais pas si c'est la morphine mais je m'entends dire:'je ne peux pas mourir dans un restaurant grec, s'il vous plait'"
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1 Oct
#13novembre
Richard, partie civile : "Ca a recommencé à tirer de plus belle, comme si ils choisissaient leurs trucs". Il se reprend. "
Il explique avoir appris par la police que l'individu s'était fait "sauter après".
#13novembre
Richard, partie civile répondant à la 2e assesseure:"J'ai tourné ma tête vers la terrasse et j'ai vu un homme, dans ma tête c'était un sud américain, une petite moustache, beau gosse, sûr de lui, j'ai vu qu'il réenclenchait quelque chose"
#13novembre
Richard, partie civile : "Ca a recommencé à tirer de plus belle, comme si ils choisissaient leurs trucs". Il se reprend. "
Il explique avoir appris par la police que l'individu s'était fait "sauter après".
Read 30 tweets
30 Sep
#13novembre
A la barre maintenant, Amanda, partie civile. Cheveux bruns au carré, de grans yeux une chemise grise à motif, un tour de cou rouge. Elle était avec Camila, sa collègue Brésilienne qui vient de déposer. Elle était venue faire un master à Paris.
#13novembre Amanda partie civile explique qu'elle était à Paris depuis 3 semaines quand il y a eu les attentats. Elle vivait dans le 11e, près des terrasses, elle n'avait pas encore de "vrai lit"
#13novembre
Amanda, partie civile était aussi avec des amis Brésiliens architectes venus passer le week-end: "Je connaissais Le Petit Cambodge mais on est allé dîner un peu par hasard. C'était plein. Il restait une seule table dehors. Il faisait très froid."
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