"Tu vois" "mmmh" "j'avoue"... des mots qui semblent inutiles mais qui en réalité servent à assurer la fonction phatique du langage, c'est-à-dire le lien entre le locuteur et l'interlocuteur. 😛
Nouvelle chronique #ParJupiter@Charlineaparis@franceinter
Un test: si votre interlocutrice et votre interlocuteur vous raconte une histoire et que vous ne lui envoyez aucun signal phatique d'encouragement, il ou elle risque de fortement se troubler. Marche encore mieux au tel, vous aurez forcément au bout d'un moment "mais t'es là"?? 😉
Est-ce que vous avez déjà subi le malentendu du "ça va?", utilisé quelquefois comme un simple salut phatique (qui n'attend pas de réponse) et quelquefois comme une vraie question?
Source: le texte fondateur de Jakobson (qui s'appuie sur Malinowski) mais aussi ce très bon texte très accessible de R. Bertrand et N. Nguyen pour @FR_Conversation sur tous les petits éléments qui font qu'une conversation fonctionne theconversation.com/la-complexe-me…
Ces travaux datent et doivent être actualisés. Quand on parle du facteur du genre dans les interactions, on parle souvent du "mansplaining" (mecexplication) ou "maniinterruption") (mecinterruption) mais peu de ce travail d'écoute conversationnel... des vocations??
Pour aller plus loin, et pour comparer le français et le japonais, ce post de @vvmmrrcc
Vous reprendrez bien un peu de #iel ?
Saviez-vous que #iel , avant le Robert, était déjà présent dans le Wiktionnaire, le Dictionnaire des francophones, mais aussi la Grande Grammaire du français ? Qu'il existe plein de variations de pronoms 😱 bien au-delà de "iel"? ⬇️⬇️⬇️
Le dico @LeRobert_com n'est pas le premier à avoir intégré "iel". Il était déjà présent dans le "Wiktionnaire", très rapide pour enregistrer l'usage, la "Grande Grammaire du français" (dirigé par A. Abeillé et D. Godard) sortie cette année et le "Dictionnaire des Francophones"
Le DDF recense "iel" mais aussi "ceuxelles" et "iel-même"!! Son conseil scientifique est présidé par B. Cerquiglini, qui s'est élevé contre l'intégration de "iel" dans Le Robert... 🤔 C'est étonnant, mais on peut le comprendre ainsi :
Petit événement lexicographique @LeRobert_com intègre le mot «iel» dans ses pages numériques (on verra s’il passe intègre le papier !) Qu’est-ce que ça dit sur l’invention, l’institutionnalisation de nouveaux mots et le fonctionnement des dictionnaires?⬇️ dictionnaire.lerobert.com/definition/iel
Le mot "iel" est un mot-valise, une forme hybride qui réunit "il" et "elle". C'est une invention d'une forme neutre (il me semble que twitter la propose sur son interface française depuis quelques temps)
Un dictionnaire enregistre l’usage. Le Robert considère donc que le mot « iel » est en pleine ampleur et va s’imposer. On verra avec l’avenir s’il a raison ou non, si le mot va s’imposer dans divers usages courants ou restera dans des sphères restreintes et militantes.
Nous voulons "conserver" notre langue. Une langue ne se "conserve" pas dans une boîte, sinon elle meurt. Une langue vivante change.
Source: euh, toute la linguistique! Et Alain Rey, "L'Amour du français. Contre les puristes et autres censeurs de la langue".
"La plus belle et la plus claire": cliché nationaliste datant de Rivarol qui disait en 1784 "ce qui n'est pas clair n'est pas français". Ce discours est d'ailleurs à l'époque un moyen d'encenser la monarchie et sa politique militaire qui auraient permis de développer la langue
Je vous résume l'"Observatoire" du décolonialisme en quatre points (les gens, le propos, la rhétorique, les méthodes) 1) "observatoire" autoproclamé sans légitimité institutionnelle, composé de chercheuses et de chercheurs et de leur cercle amical bien au-delà de la recherche
2) le propos. Propos proclamé: défendre la science, la rationalité, le débat contradictoire. Propos réel: en grande partie, des billets d'humeur sur la société, la politique, et leurs collègues.
3) le ton: celui de la constatation indignée (ça me fait penser à ce que disait Angenot sur le style pamphlétaire, ça évite d'avoir à argumenter, genre c'est EVIDENT que c'est scandaleux), de l'insulte peu originale (ils aiment bcp liberté égalité débilité), tendance à la litanie
« Je préfère le bon sens du boucher-charcutier de Tourcoing » (aux statistiques, aux études) : retour sur cette stratégie rhétorique employée par #Darmanin : que veut dire prétendre s’appuyer sur le "bon sens" populaire ? Petit fil ⬇️
L’argument du « bon sens » est souvent relié 1)à l’argument de la réalité (VS les théoriciens déconnectés) 2) à une référence populaire (le bon sens populaire) et donc nier ce « bon sens », ce serait être une élite déconnectée du réel
Deux problèmes à cela: 1) Il n'y a pas UN bon sens populaire mais des avis 2) le bon sens n’est pas un rapport immédiat à la réalité de l’expérience. Ce rapport est médiatisé par l’opinion. Or l’opinion ça se travaille, notamment par la répétition, médiatique politique
La "bobologie" fait son entrée dans Le Petit Robert 2022! (cc @etrouillez ;)!)
Mais que veut dire ce mot?
À votre avis, il désigne...
Choix 1), vous pensez à "bobo", mot onomatopéique, qui désigne un mal sans gravité. Il est associé au vocabulaire enfantin (comme lolo, dodo...) et existe depuis très longtemps!
Choix 2), vous pensez à l'emprunt à l'anglo-américain "bobo" créé par le journaliste américain D. Brooks à partir des initiales de "bourgeois" et de "bohemian". Le mot est rapidement entré dans l'usage en français.