À la suite de la petite sortie de @JLMelenchon sur @franceinter hier, sur le fait que nulle part en France on n'étudie des possibilités de réduction de la radioactivité, notamment des déchets #nucléaire, un petit #thread.
J'ai déjà beaucoup écrit sur le sujet, donc je vais surtout renvoyer à des précédents contenus, vous serez ainsi libres de rester en surface ou d'approfondir, selon votre intérêt pour le sujet.
Mais au préalable, un petit rappel : la radioactivité diminue toute seule. C'est en fait l'essence même du phénomène de radioactivité : des noyaux d'atomes qui se désintègrent en émettant des rayonnements de diverses natures. S'ils se désintègrent, bah, y'en a de moins en moins.
Donc la solution la plus simple pour diminuer la radioactivité, c'est d'attendre. D'attendre et de confiner les substances radioactives, de la manière la plus sûre possible, le temps que ça diminue tout seul.
Et ça, c'est l'idée derrière le stockage géologique ; pour lequel existe un impressionnant laboratoire, celui de @Andra_CMHM, près de Bure.
En photo :
Internet regorge de threads/articles/vidéos sur ce laboratoire souvent visité, je vous laisse chercher auprès de vos sources favorites, notamment de vulgarisateurs et vulgarisatrices.
Ceci dit, pour certains radionucléides, il faut attendre sacrément longtemps. C'est pas incompatible avec le stockage géologique, mais on doit pouvoir se dire qu'on peut optimiser, non ? Accélérer la décroissance pour ceux-ci ?
Oui. C'est en particulier le cas du plutonium. Très radiotoxique, des demi-vies qui peuvent aller taquiner plusieurs millénaires (en majorité du plutonium 239, demi-vie de 24 000 ans, donc environ 240 000 ans pour réduire de 99,9% la radioactivité).
En plus, tout ou partie de ce plutonium présente un fort potentiel énergétique qu'on peut envisager d'exploiter (fission) tout en le transformant en d'autres matières (produits de fission) aux demi-vies plus courtes (jusqu'à quelques décennies, à une poignée d'exceptions près).
Et on le fait déjà. Un peu. L'occasion d'un récapitulatif sur le cycle du combustible tel qu'il est aujourd'hui pratiqué en France, en thread animé, pour lequel je remercie encore @Wanderys : figma.com/proto/F5WYue7J…
Et en particulier sur le numéro 7, sur le recyclage des matières nucléaires et donc du plutonium, qui détaille les éléments présentés dans le thread animé : doseequivalentbanana.home.blog/2019/04/14/cyc…
Nuance d'importance, aujourd'hui, on ne recycle pas tout le plutonium. On ne le classe pas comme déchet pour autant, car on entend bien pouvoir tout recycler un jour, mais c'est pour demain ou après-demain. doseequivalentbanana.home.blog/2019/04/15/cyc…
Car pour cela, il nous faudra des réacteurs dits à neutrons rapides, surgénérateurs ou incinérateurs, tels qu'aurait pu l'être ASTRID. Dans le genre gros labo... Le réacteur ne sera pas construit, mais au CEA, la recherche continue. doseequivalentbanana.home.blog/2020/07/11/ast…
Nuance toujours, il n'est question jusqu'ici que de consommer le plutonium, pas de « brûler » l'intégralité des déchets radioactifs.
Mais la question se pose : peut-on imaginer élargir le scope aux autres substances radioactives ? Même celles non-fissiles ?
Là, ça se complique, mais ça se discute, sous le petit nom de « transmutation ». doseequivalentbanana.home.blog/2019/09/01/la-…
Spoiler pour @JLMelenchon, @yjadot : ça demande des réacteurs nucléaires. Si vous y voyez une alternative au stockage géologique (ça n'en est pas une), prenez en compte que ça veut dire nouveaux réacteurs prototypes.
(Et mesdames aussi, car je saurais citer des députées ou ex-députées prétendant qu'aucune alternative n'a jamais été envisagée...)
Pour revenir sur du plus court terme, entre le CEA, Orano et EDF, il y a des études pour mieux recycler le plutonium, dans les réacteurs actuels, dans les usines du cycle actuel, moyennant modifications. Se fera ou pas, je ne sais pas, mais ça bosse.
Et un jour peut-être je vous parlerai de l'étranger, parce qu'on n'est évidemment pas les seuls à réfléchir au problème des déchets nucléaires.
Mais pas d'illusion, la principale conclusion demeure que le stockage géologique est la meilleure solution.
Le reste, recyclage, séparation, transmutation, c'est au mieux de l'optimisation. Des pistes pour réduire la dangerosité, le volume des déchets, donc les risques et l'emprise du stockage...
Mais au prix, en général, de risques supplémentaires à court terme, à arbitrer.
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
@mbompard Okay, finissons le calcul.
La puissance type des nouveaux réacteurs nucléaires c'est 1000 à 1600 MW fonctionnant à 90% de charge -> 900 à 1450 MW de puissance moyenne sur 60 ans mini.
@mbompard Tes éoliennes vont faire peut-être 20 MW à max 65% de charge -> 13 MW de puissance moyenne sur 30 ans idéalement.
Résultat, on a un facteur (900/13)*2 à (1450/13)*2 soit 140 à 220.
Je finis le calcul pour toi : 45 n'est pas inclus dans cet intervalle, non.
@mbompard Maintenant, la VRAIE conclusion : ce calcul est faux. Bidon. À chier. Parce qu'un système électrique ça ne se gère pas à iso-quantité d'énergie produite sur 1 an, ni sur 30 ans, ni sur 60 ans.
Un système électrique, c'est un service; et une machine très complexe.
J'vous l'annonce avant que les prêcheurs de l'apocalypse s'en saisissent, 50 millions de Becquerels de radioactivité ont été accidentellement libérés aux portes de Paris.
Si c'est traité avec le même sens de la mesure que l'événement de Tricastin...
...alors Mélenchon devrait bientôt débouler dans les matinales pour expliquer qu'il faut évacuer Paris, je suppose ?
Ah bah non, c'est pas l'industrie nucléaire, donc c'est juste un fait divers.
Sinon, dose max reçue par les riverains : 10 nSv. Pas d'panique, c'est très inférieur à une dose équivalent banane.
C'est même de l'ordre des fluctuations naturelles du débit de dose HORAIRE ambiant.
Vous savez quoi ?
Moi-même, il y a certains événements nucléaires, des petits ici ou là, ou des évènements historiques, dont le classement me semble inapproprié. Ça arrive.
Mais je ne le chante pas sur tous les toits et j'aborde le sujet avec d'énormes pincettes ; parce que même si la sûreté nucléaire est mon métier, c'est osé de prétendre challenger un verdict de l'ASN ou de l'AIEA.
Depuis Tchernobyl, il existe une convention internationale pour classer les évènements nucléaires en fonction de leur gravité pour les installations, voire pour l'environnement, voire pour les populations.
Cette échelle dite « INES », pour International nuclear events scale, est graduée de 0 à 7.
L'ASN associe à chaque niveau les qualificatifs suivants.
Il y a quelques temps, moins d'un an je crois, le président de l'ASN s'inquiétait de la perspective de devoir prochainement arbitrer entre sûreté nucléaire et sécurité du réseau.
Aujourd'hui, pour l'ASN, c'est "Safety only", la crainte étant de devoir passer en mode "Safety first", et le risque inacceptable serait de faire passer la sûreté au second rang.
Toujours est-il qu'aujourd'hui, l'ASN ne regarde que la sûreté, sans compromis. Tant mieux. Mais c'est un luxe, et un luxe en péril, hélas.
Moi : « hein ? Des déchets radioactifs français a la frontière Belge ? Hors centrales nucléaires ?
L'ANDRA (merci la transparence) :
Fallait bien qu'on y arrive un jour, qu'à vouloir s'opposer systématiquement à la radioactivité et au nucléaire, certains en viennent à dénoncer la médecine et la recherche... 😬