@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte Mon 1er commentaire est que d’une manière qui, je ne vous le cache pas, m’a surpris, ces écrits ne se réfèrent en aucune façon aux écrits de Mosler, en l’occurrence Soft Currency Economics, qui est pourtant la littérature primaire sur le sujet. MMT est né de la pensée de Mosler.2
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte Et, lorsqu’il écrivit ce livre, en 1996, Mosler n’avait jamais lu ou même entendu parler de Lerner, Knapp, Innes, chartalisme, et ne connaissait Keynes qu’en lisant ses citations publiées par d’autres. Il a donc imaginé MMT indépendamment de toute pensée économique antérieure.3
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte Ainsi, lire que les 4 principaux points d’ancrage de MMT sont Abba Lerner sur la finance fonctionnelle, Hyman Minsky sur le capitalisme et l’instabilité financière, les analyses chartalistes de la monnaie et l’identité de Godley m’a semblé pour le moins déroutant, et réducteur.4
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte Réducteur car cette absence de référence aux écrits de Mosler fait que les PK passent à côté de l’essentiel de MMT, de son fondement, à savoir le concept de l’État monopoliste de sa devise, et toute la puissance qui en découle en termes de politiques économiques.5
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte Sans prétendre à l’exhaustivité, je vais lister certains points, conséquences directes de ce concept de l’État monopoliste de sa devise, en essayant de montrer, au-delà de ce qu’écrit Marc Lavoie, ce qui me semble spécifique, ainsi que nouveau, dans MMT.6
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte La devise n’est qu’une simple écriture comptable qui est le crédit d’un agent privé envers l’État destiné à payer ses impôts. Donc, pour que la devise soit reprise par l’État, les agents privés doivent l’avoir obtenue de l’État. Elle est créée non par eux, mais par l’État.8
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte MMT analyse le marché comme un système généralisé d’échange de devises qui, seulement d’une manière incidente, apparaît comme un système généralisé d’échange de biens et de services. Il en découle que la devise répond à des mécanismes propres au monopole.9
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte Ainsi, il est surprenant de ne rien trouver dans vos écrits sur composante horizontale vs verticale, alors que ce point est fondamental, sur la spécificité de MMT. Comme les autres approches monét., MMT utilise la composante horizontale (opérations au sein du secteur privé).10
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte Les autres approches monétaires que MMT n’utilisent donc que la composante horizontale. Même lorsque l’État est introduit, il est également supposé se comporter horizontalement. La fiscalité et les emprunts de l’État sont traités comme les transactions du secteur privé.12
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte Conséquence directe de ce raisonnement, le concept d'Actif Financier Net (AFN) est également très important pour MMT, qui "raisonne" en net, et non en brut. Un paiement obtenu de l’État est définitif. Il augmente la richesse financière nette de son bénéficiaire.13
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte Un paiement obtenu de l’État augmente donc le seul actif de son bénéficiaire. Un prêt bancaire, par contre, doit être remboursé. Le versement augmente l’actif et le passif de son bénéficiaire, ce qui n’a donc aucune d’incidence sur sa position financière nette.14
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte Il existe ainsi une différence fondamentale entre (i) la dépense publique, qui crée des AFNs au secteur privé (puis détruits par l’impôt), qui sont leur épargne financière nette, et (ii) le crédit bancaire, qui certes crée du pouvoir d’achat, mais qui doit être remboursé.15
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte Les banques n'accordent des prêts que si les agents du secteur privé veulent diminuer leurs AFNs, qui ne peuvent être créés que par la dépense publique. Les banques ne créent pas d'AFNs. Elles ne font que les déplacer. D’où le rôle essentiel, premier, de la dépense publique. 16
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte Autre point : la consolidation entre Trésor/BC part du constat que acheter des titres d’État au Trésor ou la BC est identique sur le plan fonctionnel. Et, certes, la BCE est indépendante, par rapport aux Trésors, pas par rapport aux États. Elle demeure une entité étatique.18
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte La BCE demeure l’organisme qui exécute les opérations de recettes et de dépenses du Trésor et qui en tient la comptabilité. Et ce raisonnement ne préjuge en rien quant à l’environnement institutionnel au sein duquel la BCE fonctionne. Il en est indépendant.19
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte Autre point : la limite que connaîtraient les pays émergents, car leur devise serait faible. En réalité, il s’agit d’une assertion qui n’a pas de sens pour un État monopoliste de sa devise, en taux de change flottant, quelle que soit la taille de cet État. 20
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte En effet, toute devise peut être vendue pour de la devise étrangère. Et toutes les devises peuvent acheter de la devise étrangère. Pour que la devise ait de la valeur, il faut qu’il y ait des marchandises vendues dans cette devise. Toutes les devises ont un taux d’échange.21
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte Ce type d’argument démontre une confusion entre dépendance économique et dépendance financière. Un État qui n’est pas financièrement dépendant, même s’il est lourdement dépendant économique, peut toujours créer suffisamment de déficit pour parvenir au plein emploi. 22
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte De même, le discours sur la « contrainte extérieure » ne tient pas, fondé sur l’idée erronée selon laquelle ce sont les marchés internationaux qui décident de la valeur de la devise nationale, ne reconnaissant pas le pouvoir de l’État dans le domaine de la politique économique.23
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte En effet, la devise étant un monopole, son prix est ce qu’il faut faire ou fournir à l’État pour l’obtenir, en particulier la prochaine unité de devise. En termes plus proches du langage courant, le prix de la devise, sa valeur, est donc une fonction des prix payés par l’État.24
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte Autre point:vous écrivez:«Les MMTers stipulent que la BC va tjs œuvrer dans ce sens». La MMT ne dit pas ça. Pour elle, la BC fait partie de l’État et ce que la BC fait est un choix politique. A tout moment, l’État monétairement souverain peut dire à la BC ce qu’elle doit faire.25
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte Autre point:Vous écrivez : « Les États et le secteur privé émettent leurs emprunts dans leur propre monnaie et non en devises étrangères. » Pour MMT, cette condition de non-émission de dette en devises étrangères n’a pas d’incidence sur la souveraineté monétaire de l’État.26
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte La nature de la devise d’émission de la dette privée n’influe pas sur la souveraineté. Et, pour l’État, si MMT l’incite certes à emprunter dans sa devise, le fait qu’il emprunte en devise étrangère ne l’empêche pas de créer sa propre devise pour obtenir le plein emploi.27
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte Autre point :Vous écrivez : « L’État […] peut toujours […] rembourser ses dettes en créant de la monnaie » : mais, pour MMT, en taux de change flottant, la dette publique est la devise (nationale) créée par la dépense publique et non encore détruite par l’impôt…29
@PonsotJF@KeynesPost@RobertoBazzichi@jcs_mbf@roberto@VirginieMonvois@Ed_LaDecouverte La dette pub ne se «rembourse» pas, au sens habituel de ce terme. L’émission des titres d’État entraîne un chgt de forme de la devise, de réserves à titres, sans création de devise. A échéance, l’opération inverse se produit, de titres à réserves, sans suppression de devise.30
L'analyse #MMT montre que la dette publique n’est pas un problème, jamais. Cette analyse s’applique également aux États-membres de l’Eurozone. Les craintes que la dette publique suscite sont le fruit d’une profonde méconnaissance des mécanismes sous-jacents.1
Avec une devise nationale à taux fixe/convertible, la « base monétaire » n’inclut pas les titres d’État, car il s’agit de créances sur les réserves de l’État (or, devise étrangère, etc.), qui font partie de ce qu’on appelle l' « épargne nationale ». 2
Avec la devise fiat (taux de change flottant/non convertible), les titres d’État (détenus en dehors de l’État) sont des augmentations de la "base monétaire" , car la notion de réduction des réserves de l’État (or, devise étrangère, etc.) est inapplicable à la monnaie fiat. 3
Les taux des bons du trésor américain ne dépendent pas du marché, ou de la prétendue solvabilité du gouvernement fédéral des États-Unis, mais essentiellement des taux directeurs de la Fed. Ils sont fondamentalement une variable politique. #MMT
De même, lorsque la Reserve Bank of Australia décide d'un taux directeur, le taux de la dette publique s'aligne sur lui. Il n’y aura en Australie jamais de crise de la dette souveraine, pas plus que dans un autre pays disposant pleinement du monopole d’émission de sa monnaie.
De même au Canada, à chaque fois que le Trésor, ou les banques commerciales veulent réemprunter, la banque centrale complète l’offre et la demande de prêt à son taux directeur, et non selon une quelconque hypothétique spirale de surendettement public.
@EmmanuelPgd@jcs_mbf@france_mmt@InstitRousseau@VeblenInstitute Ecrire «Non, le pouvoir monétaire n’appartient plus aux Etats» c’est ignorer l’évidence du fait que le déficit public a pour contrepartie l’épargne financière nette du secteur privé. Il s’agit d’une simple identité comptable qui se vérifie partout, ici en France aux USA.
@EmmanuelPgd@jcs_mbf@france_mmt@InstitRousseau@VeblenInstitute Tout d’abord je salue tes efforts @EmmanuelPgd pour que les différents courants se rencontrent. Les objectifs sont certainement proches: contrer la pensée néolibérale dominante, lutter contre les politiques d’austérité, pour le plein emploi, éradiquer la pauvreté, etc 1
@IzouletMaxime MMT considère que la comptabilité est absolument fondamentale pour comprendre la «monnaie», comme la statistique l’est pour l’économie. Cependant, elle doit être utilisée et interprétée en prenant en compte les rapports de forces que l’on rencontre au sein du système.1
@IzouletMaxime Pour apprécier la relation entre monnaie et créance, il faut aller au-delà de la seule classification comptable, qui, effectivement, ne les classe pas dans le même type de comptes. L’analyse MMT sur ce point ne remet pas en cause l’importance qu’elle accorde à la comptabilité.2
@IzouletMaxime Fondamentalement, il faut avoir à l’esprit que, contrairement à toutes les autres approches, MMT considère que ni la devise (nationale), ni l’économie, ni le marché ne sont a priori de l’État. Au contraire, ils sont des épiphénomènes de l’État.3
@threadreaderapp@tblrj@AvinoLoredana@RobertoBazzichi@ArthezD@russeurope Merci, @tblrj de ton retour. Nous sommes maintenant au cœur du sujet.
Je te propose de commencer par ce qui me semble le plus important, à savoir la nature de la devise. Au niveau sémantique, ce n’est pas une coquetterie de parler de devise plutôt que de monnaie.1
@threadreaderapp@tblrj@AvinoLoredana@RobertoBazzichi@ArthezD@russeurope Chaque théorie dispose de son propre « jargon », et il me semble très important de le respecter, au risque de ne plus savoir de quoi on parle. Pour MMT, la devise est la « monnaie » créée par l’État, et par lui seul, lorsqu’il dépense.2
@threadreaderapp@tblrj@AvinoLoredana@RobertoBazzichi@ArthezD@russeurope Quant à la nature de la devise, dans la logique MMT, elle est fiscale, et elle débouche sur une vision selon laquelle le marché est d’abord un système généralisé d’échange de devises, avant d’être un système d’échange de biens et de services.3
Thread à l'attention de celles et ceux qui s'intéressent à MMT (Théorie Monétaire Moderne - Modern Monetary Theory)
Pour aller plus loin :
- le blog de MMT France : mmt-france.org
- la page Wikipedia en français de MMT : fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9o… #MMT
1. Tout d’abord une définition : le terme «monnaie» est trop générique. Il signifie à la fois la «monnaie» créée par l’État lorsqu’il dépense et le crédit bancaire. Pour plus de clarté, MMT retient donc le terme « devise » dans le 1er cas et le terme « crédit » dans le second.
2. La théorie monétaire moderne (MMT : Modern monetary theory) est une théorie qui présente un aspect descriptif, ainsi qu'un aspect normatif, fournissant des instruments de politiques économiques, notamment pour le plein emploi et la stabilité des prix.