Est-ce parce que ce qui reste de la gauche a tellement intériorisé l'impossibilité d'un mouvement social massif sur ses mots d'ordre à elle que certains se sentent autorisés à soutenir le #ConvoidelaLiberte comme si c'était l'avant-garde de la lutte des classes ?
Vous ne ferez rien avancer du tout en matière de pouvoir d'achat ou de démocratie en allant défiler avec des fafs, avec des méthodes de fafs, sur des mots d'ordre fafs. Tout ce que vous gagnerez, c'est légitimer (encore) les fafs.
Ce n'est pas parce que des mots d'ordre qui s'agrègent au mouvement vous semblent légitimes (certains le sont) que le mouvement dans son ensemble est nécessairement légitime. Pour comprendre l'essence d'un mouvement protéiforme il est parfois bon de revenir au mot d'ordre initial
Sans rentrer dans le débat "liberté" vs "responsabilité collective" sur le covid (je l'ai déjà fait, devinez de quel côté je penche), il me semblerait sain de s'interroger sur un mot d'ordre qui parvient à agréger perdants de la lutte des classes et… gros fachos.
En dessous d'un certain % de fafs dans votre cortège, vous pouvez encore vous raconter qu'ils se sont égarés. Mais au-delà d'un certain seuil, vous devriez vous demander si c'est pas plutôt vous qui avez perdu votre chemin. S'il y a quiproquo, qui est le dindon de la farce ?
De ce point de vue, il y a une différence fondamentale avec les gilets jaunes. Mais d'une certaine manière, ce "convoi" est aussi l'aboutissement de la dynamique des GJ, qui réunissaient déjà les conditions d'un front "unitaire" avec l'extrême droite
https://twitter.com/jeredejere/status/1492058199125540886?s=20&t=ZOWCwmbmpcQ9a8SUYwi_Rw
Je vais préciser : cette gauche qui pense pouvoir récupérer n'importe quel mouvement sous prétexte qu'il serait "massif" ou que certains mots d'ordre sont "plutôt de gauche" confond les moyens (le mouvement) et les fins (pour quoi faire).
À trop se focaliser sur le mouvement (et pour cause, on comprend que la gauche a perdu l'habitude des grands mvts sociaux, et encore plus de victoires par la rue), on en perd de vue les fins et on se retrouve à se battre littéralement pour le compte de nos ennemis irréductibles.
Quand on privilégie les moyens sur les fins, c'est là qu'on laisse traîner des mots d'ordre inconsistants et des ambiguïtés politiques. Car ce sont les seuls liants du mouvement et qu'il ne faut surtout pas le diviser. C un reniement, et c la définition même du confusionnisme.
Or quand il ne reste que les ambiguïtés pour maintenir l'unité d'un mouvement, c'est que cette unité n'est qu'une illusion et que ce mouvement ne débouchera jamais sur rien de bon pour la gauche et les classes laborieuses.
Les contorsions de Philippe Poutou sont une bonne illustration de mon point. Il a le mérite de lever certaines ambiguïtés (vaccins, complotisme, ED) et d'expliquer qu'il est "partagé". Mais voilà… le petit frisson de la "révolte" est trop puissant.
https://twitter.com/PhilippePoutou/status/1492070611115548673?s=20&t=94Al-odyfiveNe3zZYe8KA
Je trouve que le NPA est l'une des orgas les plus vertébrées à gauche (tout est relatif), ce qui lui permet de ne pas tomber exactement dans les mêmes panneaux que par exemple les théoriciens du "populisme de gauche". Mais point trop n'en faut…
Encore un petit effort, camarades, et vous réaliserez peut-être qu'il faut parfois savoir résister aux sirènes de la "révolte", assumer les divergences et admettre qu'on va pas "convaincre" l'ED conspi que son "vrai problème" c'est le capitalisme.
C'est plus facile de résister quand y a d'autres axes de mobilisation. En ce moment c'est tellement la misère qu'on est tentés d'attraper n'importe quel train qui passe. Attention tout de même à la destination et ne surestimons pas de notre capacité à infléchir la trajectoire…
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
