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Mar 10 81 tweets 16 min read
Bonjour à tous,

90e jour d'audience. Et une nouvelle phase qui s'ouvre au procès des attentats du #13Novembre 2015 avec une nouvelle série d'interrogatoires des accusés sur les derniers préparatifs des attaques.

Elle se poursuivra jusqu'à la fin de la semaine prochaine.
Aujourd'hui, c'est de l'accusé Ali El Haddad Asufi qu'il sera question avec son interrogatoire et l'auditions de deux témoins.

LT à suivre ici.
Et pour retrouver le compte-rendu de la journée d'hier c'est par ici > franceinter.fr/justice/proces…
L'audience reprend, brièvement comme d'habitude, le temps de constater le refus de comparaître d'Osama Krayem et Salah Abdeslam. Reprise après les sommations d'huissier.
L'audience reprend pour de bon, en l'absence donc des accusés Salah Abdeslam et Osama Krayem.
Deux témoins doivent d'abord être entendus aujourd'hui : les frères Smaïl et Ibrahim F.
Smaïl F. est le 1er à s'avancer à la barre. Veste bleue marine, jean, lunettes.
Smaïl F. explique avoir "des problèmes aux oreilles, liés aux cristaux" et demande donc à pouvoir s'asseoir.
Le président : "vous avez une situation un peu particulière parce que vous êtes poursuivi en Belgique dans le dossier des attentats du #13Novembre le procès dit "Paris Bis" et celui des attentats de Bruxelles le 22 mars. A ce titre, je ne vous demande pas de prêter serment."
Smaïl F. explique : "si je suis là c'est juste pour les victimes. parce que la vérité, en tous cas judiciaire, ne m'intéresse pas. Et de toute façon, la vérité on ne peut plus l'avoir parce que les vrais coupables ne sont plus là. Il va falloir avancer sans leurs réponses."
Smaïl F. : "donc je suis là pour les victimes, parce que j'ai de la compassion. Et je suis complètement innocent. C'est indubitable. Donc bien sûr, que je vais dire la vérité. Je suis un peu stressé, j'ai pas dormi. Et je ne dors plus tellement en fait."
Smaïl F. : "j''aurais préféré crever que de me retrouver ici."
Je n'ai pas d'autre vérité que la mort, comme disait Céline dans le Voyage au bout de la Nuit."

Le témoin poursuit longuement, cite également Albert Camus.
"Avant, je n'étais qu'un ivrogne, mais ma vie me plaisait."
Smaïl F. : "je suis capable de comprendre les victimes. C'est prétentieux de comprendre quelqu'un parce qu'on ne se comprend pas totalement soi-même."
Il poursuit ses citations avec le poète Robert Desnos cette fois.
Smaïl F. déclare encore être prêt à rencontrer les victimes "si elles le veulent. Elles sont les bienvenues. Elles peuvent demander mes coordonnées à la justice."

"Voilà, monsieur le président."
Le président rappelle qu'il a sous-loué son appartement dans la commune Bruxelloise d'Etterbeek, à Ibrahim El-Bakraoui, logistien des attentats. "Comment ça s'est passé?"
Smaïl F. : "tout bêtement à un carrefour de Bruxelles. C'est le carrefour de ma vie en fait."
Smaïl F. ": j'étais un ivrogne en fait. Un réel. Je buvais pour l'ivresse. Et quand je picolais, je ne pouvais pas rentrer chez mes parents dans cet état là"
Le témoin loue donc un appartement à Etterbeek.
"Je l'ai d'abord prêté à une Brésilienne, puis à mon frère".
A la barre, le témoin digresse beaucoup. "On va aller à l'essentiel", tente de le recadrer le président. En vain.
Il raconte les détails de ses retrouvailles avec l'accusé Ali El Haddad Asufi : "il m'a rappelé la petite enfance, c'est toujours bon l'enfance."
Le témoin explique encore qu'il finit par revoir Ali El Haddad Asufi, alors accompagné d'Ibrahim El-Bakraoui : "cela faisait dix ans que je ne l'avais plus vu, depuis l'école".
Le président : "à ce moment-là, il vous dit qu'Ibrahim El-Bakraoui cherche un appartement?"
Smaïl F. : "c'était le Seafood à Bruxelles. C'est le marché aux poissons. Il n'y avait plus de place dans les hôtels. Donc j'ai accepté pour 2 ou 3 jours et voilà où je me retrouve."
Le président tente encore de recadrer : "on va essayer d'écourter ce moment difficile"
Le président : "finalement, ça va durer plus longtemps ..."
Smaïl F. : "ça va durer une éternité Et ça me coûte d'être ici."
Ibrahim El-Brakaoui s'installe dans l'appartement le 4 octobre. Il y reste jusqu'au 22 mars, lorsqu'il s'apprête à commettre les attentats de Bruxelles.
Smaïl F. : "puis, j'ai essayé de leur faire comprendre qu'il fallait qu'il quitte l'appartement.
Moi, j'y allais plus du tout. Puis, j'ai replongé dans l'alcool."
Président : "vous avez touché de l'argent?"
- au départ c'était gratuit, pour 2-3 jours, puis on a fixé un prix"
Le président rappelle que la vidéosurveillance montre que Smaïl F. revenait souvent à cet appartement, dans lequel vont se retrouver les autres terroristes des attentats du 22 mars à Bruxelles.
Smaïl F. "j'allais récupérer mon courrier. Parfois, je montais vite fait."
Smaïl F. raconte la dernière fois qu'il a vu Ibrahim El-Bakraoui : "je l'ai vu le 21 mars. Il m'a dit qu'il allait me rendre les clés. Et en fait, il est allé se faire exploser. Comment c'est possible?"
Après le 22 mars, il va vider l'appartement : "j'étais paniqué".
Président : "Ali El Haddad Asufi, il consommait de la drogue?"
Smaïl F. "oui, il consommait du cannabis. Moi j'ai jamais consommé de drogue. Bon, j'ai déjà tiré un rail de coke ou deux. Mais bon, c'était l'alcool mon dada. Je suis alcoolique. Chacun se bat contre ses démons".
Sur l'enregistrement retrouvé dans une autre planque, on entend Ibrahim El-Bakraoui remercier "Fumier".
Smaïl F. :"oui, on m'a appelé fumier pendant une partie de ma vie. Il peut se le carrer où je pense son merci ..."
Le président : "là, il ne reste plus grand chose où ..."
Smaïl F. : "j'aidais tout le monde. J'ai jamais pu rester sans rien faire devant le désarroi de quelque. J'ai une ouverture d'esprit. Mon esprit est aussi ouvert qu'une vieille prostituée. Mais je ne suis ni un misogyne, ni un phallocrate, hein. C'est juste une expression d'Arno"
Le président : "vous aviez remarqué un changement laissant à penser qu'Ibrahim El-Bakraoui était radicalisé?"
Smaïl F. "On fait comment pour diagnostiquer ça, en fait?
Ibrahim El-Bakraoui, c'est quelqu'un qui
écoutait Maria Callas. Il lisait Amin Maalouf, Léon l'Africain"
Smaïl F. : "quelqu'un qui pousse un chariot d'explosif, qui sait qu'il va tuer des gens et se tuer par la même occasion, c'est quelqu'un qui est capable de mentir froidement, non?"
Le président : "donc vous n'aviez rien remarqué de suspect chez Ibrahim El-Bakraoui?"
- non
1ere assesseure : "vous aviez vu Ibrahim El-Bakraoui qui changeait d'apparence?"
Smaïl F. : "une seule fois, je l'ai surpris sortant de la salle-de-bain avec un bonnet en-dessous une perruque. Il me dit qu'il allait filer quelqu'un pour lui remettre de l'argent. J'étais surpris."
1ere assesseure : "au final, vous êtes quand même resté une centaine d'heures dans cet appartement quand Ibrahim El-Bakraoui y était."
Smaïl F. : "une centaine d'heures sur 6 mois ! Je montais chercher mon courrier. Parfois, on jouait aux échecs. C'est lui qui m'a appris."
Assesseure : "les frères El-Bakraoui [logisticiens du #13Novembre ndlr] vous faisaient peur?"
Smaïl F. : "Khalid était répugnant."
- Dans quel sens ?
- Dans tous les sens du terme. Il avait des relations bizarres avec les gens. Il était brusque. C'était un bizarre phénomène.
Smaïl F. au sujet d'Ibrahim El-Bakraoui, logisticien du #13Novembre et kamikaze du #22Mars à Bruxelles : "c'était quelqu'un d'instruit, d'intelligent. On pouvait parler avec lui. Il faisait partie de notre humanité à ce moment-là".
Smaïl F. : "au départ, ça part d'un geste noble [prêter son appartement, ndlr]. Je ne sais pas si vous vous en rendez compte? En fait, c'est aider son prochain ...
Et je me retrouve dans une affaire de terrorisme".
Me De Taye, avocat d'Ali El Haddad Asufi :" vous alliez souvent à l'appartement. On vous voit souvent sur les images de vidéosurveillance avec des bouteilles de bière et même de vodka. Vous alliez boire devant Ibrahim El-Bakraoui?"
Smaïl F. "oui, j'allais picoler devant lui."
Me Jonathan de Taye : "on a fait de votre appartement un lieu conspiratif. Mais Ibrahim El-Bakraoui va louer un appartement à quelqu'un, vous, qu'on a plus vu depuis 10 ans, qui n'est pas fiable notamment du fait de son alcoolisme avancé, avec des caméras de surveillance."
Smaïl F. explique encore : "j'ai joué aux échecs avec Jeanine, la voisine de mon frère, il y a deux jours. Elle a 80 ans, elle a fait le tour du monde. Et elle me disait que le jeu est révélateur de la personnalité.
Ibrahim El-Bakraoui, quand il jouait, il avait de la retenue."
Me Menya Arab-Tigrine, autre avocat d'Ali El Haddad Asufi :"Ibrahim El-Bakraoui, à l'époque, il était tout à fait normal?"
Smaïl F. : "Oui, il était gentil. Vous auriez pu tomber amoureuse de lui ...
Me Arab-Tigrine : "ah ne je pense pas, non."
Smaïl F. "j'aurais préféré qu'Ibrahim El-Bakraoui me zigouille en premier. J'ai trop de lâcheté pour me suicider. Mais je préférerais être mort que d'être ici. Parce que ce n'est plus vivre ce que je fais là. Je suis inerte, stoïque, complètement."
Smaïl F. : "j'ai fait deux ans de prison à l'isolement. C'était une torture. Moi, j'ai été bercé à la variété française : France Gall, Brel, Cabrel. Et au final, on m'a fait la Corrida de Cabrel. Mais ce n'était pas un taureau, c'était moi à l'isolement."
L'avocat général Nicolas Braconnay : "vous vous souvenez si Ali El Haddad Asufi a insisté pour que vous hébergiez Ibrahim El-Bakraoui?"
Smaïl F. :"mon petit frère traînait pour quitter l'appartement, donc il m'a demandé plusieurs fois s'il était parti."
Me Raphaël Kempf, avocat de Yassine Atar : "vous allez devoir prochainement, dans deux procès [en Belgique, ndlr] devoir répondre à des personnes?"
Smaïl F. : "même si on me menace de la chaise électrique, je dirai la vérité. Je suis innocent."
Me Kempf : "en Belgique, on vous reproche la participation à un groupe terroriste ..."
Smaïl F. : "et pourquoi je ne suis pas dans le box ici?"
- c'est la question que j'allais poser, sourit l'avocat de Yassine Atar. Qui rappelle que le témoin encourt 5 ans de prison à Bruxelles.
A plusieurs reprises, les avocats de la défense ont soulevé cette question : sur quelles bases les accusés ont été répartis entre le procès français du #13Novembre et le procès belge des mêmes attentats? Sachant que les peines encourues sont de 5 ans en Belgique, 20 ans en France
Me Kempf évoque le testament d'I. El-Bakraoui qui parle de lui.
Smaïl F. : C'est la preuve que je ne savais rien. Un testament c'est ça ! On crève, on va chez le notaire ... c'est Les trois frères, en fait."

Me Kempf rit doucement.
Le témoin : "j'essaie de vous imager un peu"
Fin de l'audition de Smaïl F.
"Merci d'être venu témoigner", le salue le président.
Place à l'audition de son frère cadet Ibrahim F. qui s'avance à son tour à la barre. Veste noire sur pull à col roulé, il ressemble beaucoup à son aîné.
"Je ne connais aucun des accusés" précise le témoin à la question d'usage. Comme son frère, Ibrahim F. est accusé en Belgique. "Je ne vous demande donc pas de prêter serment", indique le président.
"Je n'ai pas envie d'avoir le procès avant l'heure", prévient le témoin.
Ibrahim F. : "si je suis présent c'est par rapport aux parties civiles. J'ai beaucoup de peine pour eux. Mais je n'ai rien à voir dans tout cela. Je ne suis pas un meurtrier, je n'ai pas prêté allégeance à l'Etat islamique."

Il montre le box.
"Ils ne me connaissent pas"
D'ailleurs, il n'y a quasiment pas de questions pour le témoin.
Fin de l'audition. Et suspension d'audience avant l'interrogatoire d'Ali El Haddad Asufi.
L'audience reprend avec un débat autour de l'absence de la juge d'instruction belge Sophie Grégoire.
Celle-ci a de nouveau fait savoir à la cour qu'elle ne viendrait pas témoigner à ce procès, ce qui agace profondément la défense qui estime qu'il s'agit d'un témoin fondamental.
Place à l'interrogatoire de l'accusé Ali El Haddad Asufi qui se lève, pull blanc.
"Bonjour monsieur le président, mesdames et messieurs de la cour".
Il est invité à s'expliquer sur un premier déplacement, le 19 septembre 2015, à Verviers, où se trouvait Ibrahim El-Bakraoui.
Ali El Haddad Asufi : "j'ai rencontré Ibrahim El-Bakraoui [logisticien des attentats du #13Novembre 2015 ], c'est sûr. Mais je ne me souviens pas de la date précise. Et je ne pourrais pas vous dire si Yassine Atar était là aussi."
Président : "quel était la raison de ce déplacement?"
Ali El Haddad Asufi : "je me souviens que j'ai déjà mangé une fois au restaurant avec Mohamed Bakkali à Verviers ou à Liège. Mais je ne me souviens pas si c'était ce jour-là. Pour moi, c'était un déplacement anodin."
Président : "c'est vous qui avez l'idée d'appeler Smaïl F. pour qu'il héberge Ibrahim El-Bakraoui?"
Ali El Haddad Asufi : "Smaïl c'était quelqu'un de gentil et il avait cet appart pour quand il était trop bourré pour rentrer chez ses parent. Et comme Ibrahim était en galère ...."
Le président : "quand vous accompagnez Ibrahim El-Bakraoui pour qu'il emménage dans l'appartement, vous remarquez des choses bizarres?"
Ali El Haddad Asufi : "bizarres?"
- des perruques ou d'autres choses ?
- non, il n'y avait que des vêtements classiques. Rien de bizarre.
Il est maintenant question des voyages aux Pays-Bas de l'accusé Ali El Haddad Asufi. Voyages qui, selon l'accusation, avaient pour but de ramener des armes pour la cellule terroriste.
Ali El Haddad Asufi : "oui, j'ai été à Amsterdam et Rotterdam le 28 octobre."
Président : "pour quelle raison?"
Ali El Haddad Asufi : "le 7 octobre, je ne me souviens pas. Je crois que j'ai été me balader comme souvent. Le 28 c'était Rotterdam donc c'était probablement pour des stupéfiants."
- le 7 octobre, vous faites le voyage avec qui?
- tout seul
Président : "dans les conversations, il est question de Clio pour 2200 euros. C'est quoi les Clio?"
Ali El Haddad Asufi : "c'est de la résine de cannabis."
- quelle quantité?
- un kilo
- 2200 euros le kilo? C'est pas très cher ..
- Ca dépend de la qualité, monsieur le président.
Président : donc vous allez à Rotterdam. Et vous avez fait affaire?
Ali El Haddad Asufi : "je ne sais plus si j'ai fait affaire ce jour-là."
- 5 kilos, quand même, c'est pas rien, vous pourriez vous en rappeler ...
- oui, mais à cette époque, j'ai fait plusieurs transactions
Président : "les enquêteurs pensent que ce n'était pas du cannabis mais des armes."
Ali El Haddad Asufi : "Ibrahim El-Bakraoui n'a pas besoin de moi pour trouver des armes. Bien avant, il avait tiré à la kalachnikov sur la police. Après si la police veut faire des hypothèses...."
Ali El Haddad Asufi au sujet du logisticien Ibrahim El-Bakraoui : "je savais qu'il était en cavale. Il m'avait dit qu'il avait peur que chez lui c'était surveillé. Mais les discussions avec lui, c'était normal. Il n'était pas question de terrorisme ou de choses comme ça."
La cour n'a déjà plus de questions sur les faits reprochés à Ali El Haddad Asufi. Place aux avocats généraux.
Nicolas Braconnay (AG) souligne les différentes versions livrées par l'accusé aux enquêteurs.
Comme d'autres accusés et témoins avant lui, Ali El Haddad Asufi affirme que certaines réponses lui ont été fortement suggérées.
Nicolas Braconnay (AG) : "à l'appartement, avant le #13Novembre vous passez, en présence d'Ibrahim El-Bakraoui 21 heures 30. C'est long monsieur. Quand vous dites que vous ne parlez de rien de spécial ...."
Ali El Haddad Asufi : "si, il m'a parlé de sa situation, de la Grèce"
Nicolas Braconnay (AG) : "est-ce que vous avez transporté Ibrahim El-Bakraoui ? Si oui, combien de fois?"
Ali El Haddad Asufi : "si on allait ensemble manger ou dans un café, oui. On n'allait pas rentrer séparément. Mais le véhiculer au sens où vous l'entendez, non."
Nicolas Le Bris (AG) : "Aux Pays-Bas, on trouve très facilement des stupéfiants, donc c'est étonnant de constater dans vos échanges Whatsapp la difficulté que vous avez à trouver ces pseudos kilos de cannabis ..."
Ali El Haddad Asufi : "j'achète là où le prix est intéressant"
Ali El Haddad Asufi explique en détails le fonctionnement du trafic de stupéfiants : "il y a ceux qui vendent au détail dans les cafés, puis quand leur fournisseur va en prison, ils cherchent ailleurs. Et moi, je les dépanne, avec mes contacts et je prends un billet au passage".
Nicolas Le Bris (AG) sceptique sur les difficultés que l'accusé a rencontré dans ses recherches : "en un aller-retour à Rotterdam, sans aucun coup de fil, vous pouvez revenir avec 5 kilos de cannabis.
Ali El Haddad Asufi : "ah, je ne sais pas. On n'a pas les mêmes contacts".
Nicolas Le Bris (AG) s'étonne encore du prix - 2200 euros - évoqué pour un kilo de cannabis : "d'expérience, j'ai rarement vu de prix aussi bas".
Ali El Haddad Asufi : "rarement ou jamais?"
- de mémoire, jamais
- bah aux Pays-Bas, c'est fréquent
Ali El Haddad Asufi s'agace légèrement : "ça fait 6 ans que l'enquêtrice me dit que les Van Gils sont des grands trafiquants d'armes et à l'audience on se rend compte qu'ils n'ont rien à voir avec ça. Donc excusez-moi, mais l'enquêtrice, je n'ai aucune confiance en elle"
Nicolas Le Bris (AG) : "vous maintenez que cette soirée-là, vous n'avez pas eu de contacts relatifs à des armes?"
Ali El Haddad Asufi : "ni cette soirée-là, ni aucune autre. Jamais de ma vie ! Je ne vais pas vendre des armes."
Ali El Haddad au sujet des enquêteurs belges : "moi je pensais qu'ils cherchaient vraiment la vérité. Je ne pensais pas qu'ils essayaient de créer des hypothèses pour me charger et trouver des réponses sur les armes du #13Novembre "
Nicolas Le Bris (AG) : "vous maintenez que vous n'êtes pas allé avec Ibrahim El-Bakraoui le 7 octobre?"
Ali El Haddad Asufi : "oui, je maintiens. Je n'ai jamais été en Hollande avec Ibrahim El-Bakraoui. Ni le 7 octobre, ni à une autre date."
Me Sylvie Topaloff (PC) : "selon vous vous avez rendu des services à Ibrahim El-Bakraoui en l'accompagnant à l'aéroport, en allant avec lui en Grèce, en allant le voir à Verviers etc. sur le plan amical?"
Ali El Haddad Asufi : "tout à fait, parce que c'était mon ami".
Ali El Haddad Asufi : "dans mon milieu, ce qui vous semble bizarre de sortir à minuit de rentrer à 5 heures du matin, c'est normal. Vous, vous mettez tout ça ensemble et ça vous semble bizarre. Mais Ibrahim El-Bakraoui me demande de le déposer à l'aéroport, c'est pas bizarre."
Ali El Haddad Asufi : "ça vous semble bizarre aujourd'hui, mais il faut remettre ça dans le contexte de l'époque. C'était pas quelqu'un de tout à fait normal parce qu'il était dans la criminalité, mais rien à voir avec ce qui nous intéresse aujourd'hui. Il semblait juste normal."
Place aux questions de la défense d'Ali El Haddad Asufi.
Me Jonathan de Taye : "est-ce que pendant quatre ans, on vous a prétendu, audition sur audition, que les V. père et fils étaient des trafiquants internationaux de kalachnikov?"
- Oui.
Me Jonathan de Taye : "vous avez un dossier ici qui est indigent, même une comparution immédiate pour vol à la tire, l'enquête est plus rigoureuse. Il n'y a rien sur la "filière hollandaise" [des armes, ndlr] mais vous êtes accusé devant la cour d'assises spécialement composée".
Me Ménya Arab-Tigrine, autre avocate d'Ali El Haddad El-Asufi : "quand on a 30 ans, pas de femme ni d'enfant, vous faisiez quoi de vos soirées avec Ibrahim El-Bakraoui?"
Ali El Haddad Asufi : "on joue à la Play Station, il y en a qui boivent, d'autres qui fument, on discute ..."
Me Menya Arab-Tigrine : "vous saviez qu'Ibrahim El-Bakraoui avait commis des braquages, mais il reste votre ami. C'était quoi votre limite?"
Ali El Haddad Asufi : "j'aurais pas été beaucoup plus loin. Je l'ai déjà beaucoup aidé là [en l'aidant à trouver un appartement, ndlr].
Me Méchin, avocat d'Ali El Haddad Asufi : "il y a quelque chose d'assez irritant : vous dites souvent "je ne me souviens pas".
Ali El Haddad Asufi : "c'était il y a 7 ans et c'était des choses banales. Je ne vais pas me souvenir d'un jour où je vais à la boulangerie par exemple"
Ali El Haddad Asufi: "pour moi c'est clair : tout le monde sait que je n'ai pas vendu d'armes. Mais on est en train de tourner autour du pot. Parce que la juge [d'instruction belge, ndlr] Panou avait besoin d'une réponse sur les armes et elle a décidé que c'était moi la réponse."
Me Martin Méchin : "est-ce que vous savez ce qu'est un anagramme, monsieur El Haddad Asufi? "
- non
- est-ce que vous aviez compris que votre mot codé Clio, c'est l'anagramme de kilo [de cannabis, ndlr] ?
- je viens de le comprendre.
Sur ce dernier échange, s'achève l'interrogatoire d'Ali El Haddad Asufi et cette 90e journée d'audience.

Reprise demain à 12h30. Il sera alors question de l'accusé Farid Kharkhach.
Des citations littéraires, un ivrogne, des kilos de cannabis et un appartement conspiratif : le compte-rendu de cette 90e journée, c'est par ici > franceinter.fr/justice/proces…

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Mar 9
Bonjour à tous,

Une audition SDAT, un expert ADN et les préparatifs de attentats en France.
Voilà ce qui nous attend au procès des attentats du #13Novembre 2015 aujourd'hui pour la 89e journée d'audience.

Le compte-rendu d'hier c'est par ici > franceinter.fr/justice/proces…
LT d'audience à suivre ici ... une fois effectuées les sommations d'huissier pour les accusés qui refusent de venir dans le box : Osama Krayem, toujours. Et, comme hier, Salah Abdeslam également.
L'audience reprend avec un premier témoin : SDAT 026.
L'enquêtrice est entendu anonymement. Comme pour les enquêteurs de la DGSI également, seule son ombre est visible derrière une vitre opaque.
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Mar 8
Bonjour à tous,

Aujourd'hui, cela fait 6 mois jour pour jour que le procès des attentats du #13Novembre 2015 a débuté devant la cour d'assises spécialement composée de Paris.
88e jour d'audience, 25e semaine.

Et un verdict attendu désormais pour le 24 juin.
Mais d'ici là ...
Le compte-rendu de la journée d'hier où il a été question de "Clio", de kalachnikov et de trafic de stupéfiants est disponible ici >

franceinter.fr/justice/proces…
LT de cette journée, avec les auditions de témoins néerlandais notamment à suivre.

Mais avant, l'audience est suspendue pour les sommations aux accusés qui refusent de comparaître : Osama Krayem, comme c'est désormais toujours le cas. Mais également aujourd'hui Salah Abdeslam.
Read 38 tweets
Mar 7
Bonjour à tous,
De retour au procès des attentats du #13Novembre 2015 pour la 87e journée d'audience, 25e semaine.

Aujourd'hui, la cour entend la dernière enquêtrice belge de cette série sur la recherche des kalachnikovs qui ont servi aux attentats.
LT à suivre ici, une fois que l'audience aura repris en l'absence, probable, d'Osama Krayem qui refuse toujours de comparaître.

Les autres accusés sont, eux, en train d'arriver dans le box.
L'audience reprend avec l'audition de l'enquêtrice belge OP n° 447437051, déjà entendue la semaine dernière à l'audience.
Aujourd'hui, elle vient parler de la recherche des armes par la cellule des attentats du #13Novembre 2015.
Read 46 tweets
Feb 8
Bonjour à tous,
C'est la 21e semaine du procès des attentats du #13Novembre 2015
78e journée d'audience.

Le compte-rendu de la dernière journée peut se retrouver ici > franceinter.fr/justice/proces…
Cette semaine sera consacrée aux interrogatoires des accusés : Salah Abdeslam, Ali El Haddad Asufi et aujourd'hui Sofien Ayari, arrêté en même temps que Salah Abdeslam, en mars 2016 à Bruxelles.

Le LT de l'audience est à suivre ici.
Et @sophparm à l'antenne de @franceinter
Aujourd'hui, alors qu'il refusait d'assister à l'audience depuis le 25 novembre, l'accusé Osama Krayem est de retour dans le box.
Les débats peuvent donc reprendre dans la foulée.
Read 72 tweets
Feb 4
Bonjour à tous,

77e journée d'audience au procès des attentats du #13novembre
Hier, on a entendu deux des accusés qui comparaissent libres. Le compte-rendu par @sophparm c'est par ici > franceinter.fr/justice/proces…
Et aujourd'hui, place à l'interrogatoire du 3e accusé qui comparait libre, installé sur un strapontin : Abdellah Chouaa.

Sa femme et son ex-femme doivent également être entendues aujourd'hui.

LT à suivre ici.
Et retrouvez @sophparm à l'antenne de @franceinter dès 13h.
L'audience reprend.

Me Sorrentino, avocat d'Abdellah Chouaa, indique en préambule à la cour qu'une plainte a été déposée en Belgique par la mère de son client pour "menaces de mort" : "cela s'est passé dans la nuit de samedi à dimanche dernier."
Read 71 tweets
Feb 2
Bonjour à tous,

C'est aujourd'hui le 75e jour d'audience au procès des attentats du #13Novembre 2015.

Avec la suite de l'interrogatoire de l'accusé Yassine Atar, l'accusé "pipelette" comme l'a raconté hier @sophparm > franceinter.fr/justice/proces…
Aujourd'hui, suite des questions à Yassine Atar sur les faits. Mais aussi audition de certains de ses proches, comme sa soeur par exemple.

LT à suivre ici.
Et retrouvez @sophparm à l'antenne de @franceinter
Mais pour cela, il faut, comme tous les jours désormais, attendre les sommations d'huissier à l'accusé Ossama Krayem qui refuse toujours de comparaître.
Read 96 tweets

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