Thread by @CorentinSellin

Petit fil sur les comparaisons avec #Trump qui fleurissent à l'occasion du 2nd tour de la présidentielle française, 1 peu mis à toutes les sauces. Tout d'abord sur son élection elle-même en 2016. Paradigme définitif de la surprise électorale? Oui, elle était imprévue MAIS...

2...comment comparer 1 présidentielle US à un tour au suffrage universel indirect par collège électoral à la présidentielle française à 2 tours au scrutin majoritaire direct? #Trump est élu en étant très minoritaire en voix (presque 3 millions de retard), impossible en France.

3. Si surprise il y a en 2016 aux Etats-Unis, c'est parce qu'enivrée de sondages, la campagne #Clinton n'a pas le temps de s'ajuster à la remontée in extremis de #Trump dans quelques Etats-clefs qui compense sa faiblesse en voix sur l'ensemble du pays. Or, il n'y avait qu'1 tour.

4. Donc, oui, l'élection de #Trump en 2016 impose la prudence sur toute "prévision"/tout pronostic électoral- ils doivent être proscrits en rigueur- mais la comparaison précise avec la présidentielle française n'a aucune valeur explicative: absolument pas le même mode d'élection

5. Si on passe maintenant à ce qu'est #Trump en 2016, il est dans le cadre d'1 système bipartite (et d'1 élection à 1 tour) le candidat désigné par le parti conservateur (républicain), parti de gouvernement alternant depuis 150 ans à la Maison Blanche avec les démocrates...

6...alors bien sûr, dès 2016, D. #Trump représente 1 inflexion nationaliste et identitaire du parti conservateur mais il n'est qu'1 nouvel avatar de la polarisation à droite de ce dernier. Il n'est pas en 2016 1 tiers candidat antisystème comme il avait pu le rêver dans le passé.

7. Cela explique que, malgré les haut-le-coeur et nez pincés, en 2016, dans une logique bipartite, une écrasante majorité des électeurs républicains finit par voter #Trump (88% selon les exit polls CNN- équivalent aux 89% de démocrates ayant voté Clinton)

8. La configuration politique aux Etats-Unis en 2016 n'a rien à voir avec la France 2022 où dans un 2nd tour, la candidate d'1 parti national-populiste qui n'a jamais gouverné et s'est bâti sur le rejet du "système" des partis traditionnels s'oppose à 1 sortant libéral- démocrate

9. Reste l'aspect le plus complexe, l'exercice du pouvoir de #Trump de 2017 à 2021, invoqué à tour de rôle pour dire qu'il a considérablement détérioré la démocratie US ou pour essayer de démontrer qu'il a été contenu par des contre-pouvoirs efficaces...

10...or, si l'insurrection du Capitole et le mythe de l'élection volée, que perpétue #Trump 18 mois plus tard et dont il fait aujourd'hui le principe de réorganisation autoritaire du parti conservateur, témoignent de l'ébranlement démocratique historique induit par #Trump...

11...là aussi, 1 comparaison entre démocratie US et démocratie française par le biais de l'exemple #Trump n'a guère de valeur heuristique. Quel sens à comparer des pouvoirs présidentiels US exercés dans 1 Etat fédéral, donc bridés par les Etats fédérés avec les pouvoirs français?

12. Bref, (c'est samedi soir et il y a Ulster Toulouse dans 20 mns😉), si on veut évoquer #Trump et la crise majeure de la #démocratie US articulée autour de lui (mais pas que), il y a de quoi faire. Mais sur sa valeur comparative pour la France, elle n'est pas évidente en faits.

#Postscriptum (I) Sur #Trump et l'évolution autoritaire du parti conservateur qu'il induit par son refus assumé de l'alternance en 2020 et le mythe de l'élection volée, lire ce week-end le long entretien de l'historienne @ruthbenghiat dans @politico. politico.com/news/magazine/…