Thread by @Arab_Intel

🇱🇧 ✝️ | Les chrétiens et la balance démographique au #Liban dans le contexte du changement de frontières.

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Il est vrai que le pourcentage de la population chrétienne au #Liban a beaucoup diminué au cours des cent dernières années, mais la chute spectaculaire du graphique est principalement due à la façon dont les frontières du #Liban ont changé depuis 1910.

Le fait est que le #Liban n'a pas émergé dans ses frontières actuelles avant 1920.

Cependant, l'Empire ottoman possédait depuis 1861 une province montagneuse, le #Liban, qui jouissait d'une certaine autonomie.

Les chrétiens représentaient 80 % de la population et la plus grande communauté musulmane était celle des druzes (11,4 %), qui vivaient historiquement dans la partie sud de la montagne libanaise (les chrétiens n'ont commencé à s'installer activement dans qu'au XVIIe siècle).

Les frontières actuelles du #Liban ont été établies par les Français (1920).

Les régions à prédominance musulmane du nord (Akkar), de l'est (vallée de la Bekaa) et du sud (Sud-Liban), ainsi que les villes portuaires à prédominance sunnite de Beyrouth, Tripoli et Sidon, ont été ajoutées au Haut-#Liban autonome.

En conséquence, la part des musulmans a bondi à près de 49%

Le clergé maronite a commencé à débattre des "frontières naturelles" du "#Liban" au 19ème siècle, et au début du 20ème siècle, des intellectuels laïques (comme Boulos Noujaim) ont rejoint les prêtres maronites et c'est ainsi que le nationalisme libanais est né.

Mais la population musulmane des nouveaux territoires n'était pas enthousiasmée par la création du #Liban, du moins la partie politiquement active des musulmans (la plupart des chiites et de nombreux sunnites sont restés des paysans (semi-dépendants sans accès à l'éducation).

Dans le même temps, une grande partie de l'élite politique sunnite, chiite et druze a été cooptée avec succès par les Français.

Cependant, c'est dans les années 1920 que le conflit entre les nationalistes libanais, partisans de l'indépendance du #Liban, et les panarabistes, qui considèrent que le #Liban n'est qu'une partie d'une nation arabe artificiellement divisée, prend forme.

Au cours des décennies suivantes, l'équilibre démographique a continué à se modifier.

Il est courant d'identifier plusieurs facteurs qui ont conduit à la baisse de la part des chrétiens au #Liban :

ils vivaient dans des régions plus développées et avaient un meilleur accès à l'éducation, c'est-à-dire qu'ils étaient en moyenne plus instruits et plus riches (mais n'oublions pas les masses de migrants maronites des zones rurales montagneuses qui se sont installés à Beyrouth),

ce qui signifie qu'ils avaient moins d'enfants et qu'il était plus facile d'émigrer en Europe et en Amérique.

Les musulmans, en revanche, se trouvaient dans une situation exactement inverse : si la bourgeoisie et les intellectuels sunnites étaient forts dans les grandes villes,

les régions les plus pauvres et les plus sous-développées (c'est-à-dire pratiquement dépourvues d'écoles, de routes, d'hôpitaux, d'eau courante ou d'électricité) étaient musulmanes (Akkar sunnite, sud chiite, vallée de la Bekaa).

Le président Fouad #Shehab (1958-1964) et son successeur ont tenté de corriger ce déséquilibre, mais avec un succès limité.

Et puis il y a eu la guerre civile (1975-1990) et l'occupation syrienne (1990-2005).

Beaucoup ont fui les horreurs de la guerre ou le protectorat syrien, sous lequel de nombreux hommes politiques chrétiens de premier plan ont été exilés (le général Michel Aoun, l'ancien président Amin Gemayel) ou emprisonnés (Samir Geagea),

et leurs partis ont été cooptés avec plus ou moins de succès (le Kataib de Karim Pakradouni) ou (la tentative de scission des forces libanaises).

🔢 Précision :

Le dernier recensement au #Liban a été effectué en 1932, sous la domination française.

Le recensement a montré que les chrétiens étaient majoritaires, mais par une faible marge, ~51% contre ~49%.

Ce sont ces données qui ont servi de base à la répartition du pouvoir entre les communautés ethno-confessionnelles.

Dès le début, ce recensement a suscité de nombreuses questions, et certaines forces politiques ont ensuite exigé un nouveau recensement.

Dans les années 1960, par exemple, le parti panarabiste al-Najjadeh a soutenu que l'équilibre démographique avait changé, qu'un nouveau recensement devait être effectué et qu'il fallait au moins instaurer une rotation de la présidence entre maronites et sunnites.

Les nationalistes libanais de Kataeb ont répondu qu'ils n'accepteraient qu'un recensement qui tiendrait compte des Libanais vivant à l'étranger (la majorité des émigrés sont chrétiens).