Thread by @LarrereMathilde

C'est parti pour le 4 e cours d'Herstory

Les femmes à l'assaut de la Cité 1830-1880

1) Les femmes sont tout au long du 19 de plus en plus actives,
de plus en plus présentes,
de plus en plus mobilisées,
mais elles n’obtiendront rien.
Nada.

2)Elles se saisissent pourtant de chaque révolution comme autant de brêches pour tenter de faire avancer leurs droits

(j’en profite pour vous inviter aux mardis de l’histoire de demain 13 mars consacrés à cette question)

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3)En 1830, les voici sur les barricades de Juillet.
Mais la division genrée des taches domine.
Peu combattent (mais il y en eut)
La majorité préparent les cartouches, jouent les mater dolorosa auprès des victimes, ravitaillent la barricade

4) A défaut de leur concéder des droits (pas plus qu’aux classes populaires d’ailleurs) les Glorieuses réveillent leur féminisme

Une génération de femmes se mobilisent alors et crée le 1er journal entièrement écrit par les femmes (1832)

5)Ses femmes sont socialistes, saint-simoniennes passées au fouriérisme. Quoi de surprenant quand le socialisme utopique est le 1er à reconnaître l’égalité.
Il y a Suzanne Voilquin, ouvrière du textile
Désirée Véret, ouv textile
Jeanne Deroin une lingère devenue institutrice

6 ) Saint-Simon donnait aux femmes des places dans son organisation et leur ouvrait les colonnes de ses journaux.

7)Fourier condamnait le mariage pour ce qu’il était : le cadre d’une domination. Dans ses phalanstères, il défendait le partage équitable des taches
Il défendait également l’union libre et la liberté sexuelle, ce qui lui valait le rejet offusqué d’une société moralisatrice

8) Ces femmes défendent donc dans un même mouvement l’émancipation des femmes et celle des travailleurs
Réclamant pèle mêle la fin du Code civil, le divorce, l’instruction et le vote. Sans priorisation.

9)Isolées mais non moins importantes, Flora Tristan et Georges Sand, chacune à leur manière, portent haut et fort la cause des femmes
(J’ai pour Flora Tristan une tendresse infinie, il faudra que je vous raconte sa vie un jour)

10)Voici la révolution de février 1848 ! à nouveau les femmes combattent !

11)Le gouvernement provisoire leur reconnaît le droit au travail
Il permet que des femmes soient électrices et élues pour la Commission du Luxembourg (assemblée représentative du monde du travail, mais consultative)

12)Il leur concède le droit d’association…
mais encore,
et tjours,

il leur ferme les urnes

Le suffrage proclamé le 5 mars 1848 n’a d’universel que le nom : la moitié de l’universel en est exclu.

(la femme, sur l'image c'est pour l'allégorie...)

13)Le projet de loi sur le vote des femmes déposé par le socialiste Victor Considérant à l’Assemblée nationale constituante élue en avril 48 n’est pas même discuté

14) Alors les « femmes de 1848 » comme elles se désignaient elles-mêmes s’organisent. Fondent des clubs, ouvrent des cours, des journaux.

15) En 1848 elle propose la candidature de George Sand à la Constituante… Laquelle les désavoue publiquement… c’est un coup dur
Mais pour Georges Sand il fallait d’abord renverser le code civil avant de réclamer le vote…

16)Qu’importe, en 1849, Jeanne Deroin, une lingère devenue institutrice pose sa candidature.

Voyez sa belle proclamation électorale

17)Les femmes s’imposent donc sur la scène publique. Et elles seront nombreuses sur les barricades de juin.

18)La reprise en main politique se fait contre les femmes.
Un décret de juillet 1848 note que les « femmes et les enfants » (genre c’est pareil) ne peuvent se mêler de politique

On leur retire le droit d’association, bientôt celui de pétition.

19)Et la presse se déchaine contre les « femmes de 1848 », mauvaises mères, viragos, hystériques…

20)La série des Bas Bleus de Daumier reprend tous les clichés antiféministes contre les « divorciaires », les « saucialistes »

21)Les femmes politiques sont présentées comme hystériques et avinées

22)Leur foyer est détruit, les gamins pleurent, l’ordre des sexes sans dessus-dessous. Tremblez hommes !

23)Certains socialistes ajoutent même à l’antiféminisme comme Proudhon… « entre ménagère et courtisane, il n’y a point pour la femme de milieu »

24)Il faudra attendre la libéralisation du second empire pour que soit levée la chape de plomb qui pèse sur les femmes.

Elles recouvrent droit d’association et de pétition (supprimé après 48)

et immédiatement s’en emparent.

25)André Léo crée en 1869 La Société pour la revendication des droits civils et Maria Deraisme le journal « Droit des femmes »

(vous noterez le "les hommes d'auj" au dessus de l'image de M. Deraisme....

26)La Commune mobilise à nouveau ces femmes qui continuent à mêler combats sociaux et féministes
Plus présentes encore sur les barricades, elles s’arment et s’habillent en garde national pour défendre les idéaux de la Commune

27)Restent qu’à nouveau on les cantonne surtout dans des taches d’ambulancières, ou pour organiser les soupes populaires
Et On ne les autorisera pas à participer à l’élection de la Commune le 26 mars

voila ce qu'écrivait après la Commune André Léo dans un texte que je vous conseille, La guerre sociale

28)On notera toutefois que la Commune reconnaît des droits pour les concubines et les enfants naturel et abolit la prostitution

29)A nouveau, la reprise en main après l'écrasement de la Commune réactive l’antiféminisme primaire

30)Les Versaillais inventent le mythe de la pétroleuse, rendant les femmes responsables des incendies
(incendies qui ont été d’abord allumés par les Versaillais eux même je le rappelle )

31) Et ce alors qu'aucune femme n'a été inculpé pour avoir allumé le moindre incendie...

De Maxime Du Camp à Dumas, les textes sur les communardes sont d’une violence incroyable…

(lisez, oui, je sais, ça pique)

32)L’installation de la république après 1875 sera-t-elle enfin l’heure venue pour les femmes ?

vous le saurez dans qq jours !!!

33) (rêvez pas trop quand même… )

(la suite quand j'aurai le temps : les femmes arrachent le droit de vote!!!!