Thread by @UsulduFutur

Petites réflexions autours de la révélation de l'affaire Benalla:
Suite au portrait de Mélenchon paru dans le Monde Magasine il y a quelques temps, @ArianeChemin s'était vue étrillée par les insoumis.
Aujourd'hui c'est d'elle que part cette affaire d'état dont on se délecte.

Cette affaire sort dans le @lemondefr journal qu'on dit centriste et pro-business, atlantiste et définitivement Macron-compatible.
Un journal qu'on sait possédé par quelques fortunes qui n'auraient pas grand chose à gagner à voir le président durablement déstabilisé.

Voilà un scénario qui ne colle pas avec les grilles de lectures simplistes portées par beaucoup de discours militants dès lors qu'il s'agit de la presse et de ce qu'elle produit.

Voilà qui devrait par contre nous aider à comprendre qu'une rédaction est plurielle, changeante, soumise au jeu interne des rapports de force et des velléités d'indépendances portées par les journalistes.

L'indépendance économique, ça compte, l’indépendance politique, ça compte aussi, mais ce qui compte également et qu'on oublie parfois de défendre c'est l'autonomie du travail journalistique.

Un travail qui, en théorie devrait s'exercer sans pression hiérarchique, économique ou politique. En d'autres termes, que vaut l'indépendance économique quand on finit par travailler sous les ordres de quelqu'un qui s'engage ponctuellement dans la lutte électorale?

Que vaut l'indépendance politique quand ne nous est donné ni le temps ni les moyens de produire autre chose qu'un robinet d'eau tiède? Que vaut l'indépendance éditoriale quand le choix des titres et des sujet est soumis à l'approbation permanente des algorithmes de Google?

Assez marre d'entendre "ah oui mais le monde est comme ci, comme ça", "A Libé ils pensent tous comme ça" ou "Médiapart ils sont pour untel et contre tel autre".
Essayez la finesse, essayez aussi de lire la presse que vous critiquer tant et si grossièrement.

D'autant plus qu'un jour vous pourriez bien vous réjouir de la voir encore fonctionner alors même que la veille vous n'attendiez plus rien d'elle.
Les critiques sur "qui possède quoi" doivent être menées mais elles ne doivent pas résumer la question et la clore.

Une rédaction c'est complexe, un travail journalistique c'est complexe et le fait qu'encore une fois la presse soit en train de jouer un rôle majeur dans la vie politique, devrait nous encourager à affiner nos appareils critiques et à nous méfier des explications mono causales.

Bon apéro!