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Petit thread consacré à l’ouvrage de @Michel_Goya Les Vainqueurs (sous-titré « Comment la France a gagné la Grande Guerre ») que je viens juste de terminer.
Je ne le cacherai pas un instant : j’ai eu plaisir et intérêt à le lire.
Le sujet central en est l’année 1918, avec les événements qui ont conduit à la victoire.
L’étude aborde de nombreux aspects, et même si l’armée française y tient une place centrale, les belligérants sont tous évoqués (Allemands et Anglais notamment).
Cette période ne fait pas l’objet de publications aussi nombreuses que d’autres épisodes de la première guerre mondiale. Comme si le cinglant revers de 1940 - à vingt ans d’écart tout de même - devait jeter le voile sur le succès qui l’avait précédé.
Sans doute aussi faut-il un écrin de douleur au poilu, héros et image de cette guerre : la défense de la patrie arc-boutée dans un lieu unique et symbolique (Verdun en particulier) conviendra.
Le poilu a vaincu, d’accord, mais il a surtout résisté dans des conditions dantesques.
L’auteur annonce d’emblée que le livre est celui « des combats de [son] grand-père et de ses camarades, qui méritent qu’on leur rende un peu de leur parcelle de victoire ».
Voilà qui peut faire craindre le pire comme le meilleur.
Comme mon arrière-grand-père y était... 🤞
Concernant le choix de la période, il m’apparaît cohérent. 1917 laisse les deux camps tels des boxeurs groggy. Chacun peut croire à la victoire. L’un mène aux points mais sait que l’autre tient mieux la distance aussi cherche-t-il le KO, ce qui de surcroît correspond à son style.
Certes, le déroulement des opérations s’y prêtait sans doute mais Michel Goya a su alterner entre les fronts, les états-majors et l’arrière pour que son lecteur ait hâte de revenir sur un terrain à peine quitté tout en étant heureux d’aller s’informer de ce qui se passe ailleurs.
Michel Goya a su trouver la bonne distance : c’est parfois assez technique mais celui qui s’intéresse moins à un point peut le survoler sans perdre le fil.
Côté opérations, on a envie de déployer une carte devant soi ; pas la peine de s’employer, tout est dans l’ouvrage.
Les ressorts de la victoire sont à mon sens clairement exposés ; certains sont connus mais remis à leur juste place car ayant été sur ou sous-estimés (le rôle des Américains notamment étant relativisé).
L’offensive décisive dans les Balkans est évidemment relatée.
D’autres facteurs pourraient surprendre les béotiens, comme le fait que la mobilité a finalement beaucoup joué sur la victoire dans une guerre pourtant symbolisée par les tranchées.
Bien sûr, la mécanisation de l’armée a joué son rôle (avec les chars mais pas que...).
Point intéressant : des troupes moyennes mais polyvalentes, rassurées par un système défensif en adéquation avec leurs qualités, ont su user des troupes d’élite puis bousculer le reste d’une armée ayant perdu confiance pour avoir frôlé la victoire... mais sans l’emporter.
Aspect appréciable : le jeu des comparaisons entre époques de la guerre notamment (pertes subies/infligées, production réalisée, etc.). La mise en perspective rehausse l’intérêt de la période étudiée.
Les choix des différents chefs militaires sont largement commentés, avec les difficultés inhérentes à chaque camp et, par exemple, la complexité inhérente à une coalition hétéroclite dans laquelle les différents protagonistes ne sont pas toujours sur la même longueur d’onde.
Pas grand-chose à redire à mon goût. Peut-être, pour chipoter, la place réservée aux campagnes dans les espaces fluides. Question de goût. L’ensemble me paraît à la fois pointu et accessible. Un beau résultat et donc un bel hommage à nos aïeux.
J’ai trouvé le dernier chapitre, intitulé « L’armée française du futur », particulièrement intéressant en ce qu’il brosse à grands traits la sclérose qui a frappé l’armée entre les deux guerres mondiales et les raisons d’un tel échec.
Les vainqueurs se sont endormis sur leurs lauriers et les hommes, de haut en bas de l’échelle, n’étaient pas prêts pour un affrontement nouveau face à des vaincus ayant fait évoluer leurs méthodes.
Évidemment doctrine et matériel français étaient à l’avenant des hommes.
Cf. infra
Mais peut-être tenons-nous là le sujet du prochain livre de Michel Goya ? 😉
Quoi qu’il en soit, je recommande celui-ci et attend le prochain avec impatience.
En priant l’auteur et ceux qui me liront de voir dans ce thread le modeste compte-rendu de lecture d’un amateur.
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