Thread by @Pierretequi

Ce n’est pas une souscription nationale qu’il faut. Ce qu’il a toujours fallu, c’est que l’Etat prenne ses responsabilités.
Nous n’avons pas à parler de reconstruction car ce drame n’aurait jamais dû se produire.
Le patrimoine ne se reconstruit pas : il s’entretient.
#NotreDame

La premier responsabilité des conservateurs et des responsables patrimoniaux n’a jamais été la démocratisation culturelle mais d’abord la préservation de ce que l’histoire nous a légué.

Qu’on d’abord des crédits à l’entretien et à la restauration. Qu’on cesse d’accaparer les conservateurs à s’occuper d’autre chose que cette mission prioritaire.

Les réserves des musées français sont souvent dans un état lamentable, les œuvres sont en attente de restauration, l’église de Senanque menace de s’effondrer, celle de Saint-Sulpice attend une intervention urgente.

Quand comprendrons nous que ce sont d’abord les joyaux de notre patrimoine, les œuvres que le temps a légué qu’il faut soigner, préserver, mettre en sécurité.

Ce n’est pas de restauration que nous devrions parler, mais de conservation préventive. Notre-Dame brûle et des dizaines de musées n’ont toujours pas de réserves aux normes.

Les responsables du patrimoine, quand tout va bien, se reposent sur leurs lauriers, oublient l’essentiel et ne s’occupent, accaparés qu’ils sont par les objectifs qu’on leur donne, que d’événementiel, que de programmes inédits de médiation.

Autant de choses qui accaparent et relèguent les missions qui font toute l’aridité et la noblesse de nos métiers : étudier les collections, les inventorier, les CONSERVER.

Et, enfin, ne pas mener des chantiers de restauration au milieu de la poussière, au milieu de câbles électriques pour lesquelles toutes les institutions se renvoient la balle. Chaque cas est affaire de tractations et de paperasses pour savoir qui doit payer.

Ces disputes byzantines font que tous les dessus de portes des églises sont empoussiérés. On retarde les chantiers pour mille aléas et discussions au lieu d’avancer en rangs serrés.

Notre Dame aurait dû être savamment et chaque jour entretenue. Cela évite ainsi les grandes restaurations spectaculaires, ces grands chantiers parfois nécessaires mais dangereux et qu’on peut éviter en soignant chaque jour nos édifices, en adoptant les bonnes pratiques.

C’est quand on a des réserves aux normes, des salles contrôlées, des conditions d’exposition irréprochables que les meilleures médiations peuvent avoir lieu, que les meilleurs programmes de démocratisation cultuelle peuvent être menés.

Conserver ET transmettre mais la transmission jamais aux dépends de la conservation.

En Suisse, les églises peuvent avoir des murs pare-feux dans les charpentes. Il existe des peintures ignifuges, il existe des précautions à prendre pour préserver le patrimoine tout en respectant son histoire.

Il n’y a pas que la restauration quand ça va mal et l’attentisme quand cela va bien. Il y a la conservation préventive, le fait d’entretenir savamment, de penser les problèmes en amont, d’avoir des plans de sauvegarde.

Bref. On va tous parler de reconstruction et de restauration, réunir tout le monde pour un grand chantier qui nous rendra fier. Nous sommes tristes. Mais nous devrions d’abord avoir honte.

« L’heure va venir où l’on cherchera les responsabilités des uns et des autres, mais au regard du caractère symbolique de cet édifice, chercher des responsabilités individuelles n’a aucune importance. Cette catastrophe relève de toute façon d’une responsabilité collective »

« Cet incendie montre notre misère et notre faiblesse. »
Jean-Michel Leniaud, président du conseil scientifique de l’Institut national du patrimoine, historien de l’art et défenseur du patrimoine, ancien directeur de l'École des chartes

la-croix.com/Culture/Incend…

« il y a eu incurie. Rappelons simplement que la flèche de Notre-Dame qui était en cours de restauration, et où l’incendie a pris, n’avait pas été restaurée depuis les années 1930...

... Et nous savons tous que dans des édifices de ce genre, en raison de conflits puérils entre l’Église et l’État, la vétusté des réseaux électriques est effrayante. C’était le cas à Notre-Dame comme dans de nombreuses églises, même importantes...

... Ce qui arrive devait arriver. Le manque d’un réel entretien et d’une attention au quotidien à un édifice majeur est la cause de cette catastrophe. Il ne s’agit pas de chercher des responsables, la responsabilité est complètement collective...

Si vous allez en Suisse, vous voyez dans les cathédrales médiévales des portes coupe-feu, un état de propreté total, une surveillance quotidienne. Chez nous, on s’imagine que le patrimoine va durer éternellement sans rien faire...

« L’incendie de Notre-Dame, le résultat d’une incurie. »

Lire l’entretien à @LaCroix de Jean-Michel Leniaud
historien de l’art à @EPHE_fr défenseur du patrimoine, ancien directeur de @Ecoledeschartes

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la-croix.com/Culture/Incend…

Il est trop tard pour s’émouvoir de la disparition du patrimoine. Les incendies se déclarent d’abord dans les monuments qu’on n’entretient pas.
Pour rappel, voici l’état d’une autre église parisienne où s’est déclenché un incendie il y a qlq semaines.

https://twitter.com/pierretequi/status/1109464517866676224?s=21

"Notre-Dame, c'est l'incendie de trop" : pourquoi les historiens de l'art et spécialistes du patrimoine sont en colère

mobile.francetvinfo.fr/culture/patrim…