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🌿 Dimanche Mythologie 🌿

Orphée (Ὀρφεύς / Orpheús) fut sans doute l’artiste le plus admiré du monde grec, au point de susciter un culte parallèle à la religion classique, l’Orphisme. Découvrons sa vie faite de gloire et de drame, comme tout mythe antique.
Prince de Thrace, Orphée était le fils d’un demi-dieu, Œagre, dont le père, Arès, était le dieu de la Guerre. Sa mère n’était autre que Calliope, muse de l’Éloquence et de la Poésie épique. Un jeune homme bien né.
Dès sa plus tendre enfance, au sein du palais, Orphée fit preuve d’un don inné pour la musique et le chant, si bien qu’Apollon Musagète, dieu du Chant et de la Musique, en fit son élève.
Sa mère et les huit autres Muses, ses parentes, lui donnèrent également la leçon. En leur honneur, il ajouta deux cordes à sa lyre, et inventa la cithare.
Il reçut aussi de son propre père l’enseignement des mystères de Dionysos, qui, dans sa jeunesse, avait accompagné le dieu du Vin lors d’un séjour aux Indes.
Sa voix était si pure, ses mélodies si envoûtantes, ses accords si parfaits qu’il pouvait dompter les bêtes fauves et faire se mouvoir rochers forêts et cours d’eau, charmés par ses compositions :
«Les rochers et les fleuves sont sensibles aux accents de sa voix, et les chênes de la Piérie, attirés par les doux sons de sa lyre, le suivent en foule sur le rivage de la Thrace, où ils attestent encore le pouvoir de son art enchanteur»
Apollonios, Argonautiques.
Des côtes de Thrace, il traversa sur un navire la vaste plaine liquide pour l’Égypte, au cours d’un voyage initiatique où il compléta sa connaissance des mystères et des rites, dans les temples de la vallée du Nil.
S’apprêtant à rentrer au pays, il fit la rencontre de l’héroïque équipage de l’Argo, mené par Jason, qui, sur les conseils du Centaure Chiron, avait débarqué dans le Delta pour recruter le musicien.
Orphée accepta la proposition, monta à bord, rejoignit les Argonautes, en quête de la Toison d’Or, et devint un héros.

Son rôle fut crucial pendant la traversée
En effet, en cale sèche, l’Argo le suivit de lui-même vers la mer, séduit par son chant. Il donnait si parfaitement la cadence aux rameurs que ceux-ci en étaient transfigurés et en oubliaient la fatigue.
Grâce à sa lyre, Il immobilisa les Symplégades, rochers mouvants broyeurs de navires et d’équipages.
Lorsque le navire croisa le repère des terribles Sirènes, ils les repoussa de son chant magique.
Arrivé en Colchide, il charma le monstrueux Serpent gardien de la Toison.
De retour en Thrace, son père fit donner un banquet en l’honneur de son fils tout auréolé de gloire. Orphée y rencontra celle qui sera alors sa femme et sa perte : Eurydice.
D’un seul échange de regards, notre héros tomba éperdument amoureux de la nymphe, d’un indicible amour, même pour lui. Il lui fit la cour à l’aide de ses plus beaux atours : sa voix et sa cithare, lui déclamant ses plus beaux poèmes, ses plus belles mélodies.
Finalement, après quelques semaines, la tendre Euridyce succomba au charme et tomba elle aussi amoureuse. Les deux amants s’unirent autour d’un fastueux mariage et vécurent heureux, jusqu’au jour où...
Jusqu’au jour où Eurydice, comme toute Dryade - nymphe associée aux arbres - aimait à se balader dans la forêt. Alors qu’elle se reposait au bord du fleuve Pénée, elle aperçu un dieu.
C’était Aristée, fils d’Apollon et de la nymphe Cyrène, dieu champêtre, jeune, beau, accoutré comme un berger. Charmé par la belle, il lui fit des avances qu’Eurydice déclina poliment.
Face à l’insistance du dieu, Eurydice prit peur et s’enfuit en courant à travers les bois, et marcha malencontreusement sur un serpent venimeux qui lui mordit la cheville.
La vie quitta le corps de la nymphe en quelques instants. Pris de remords par ce drame, Aristée consulta sa mère, Cyrène, puis le dieu Protée, qui lui conseilla de sacrifié quatre taureaux et quatre génisses pour soulager l’âme de la pauvre Euridyce.
Inquiet de ne pas la voir revenir, Orphée partit à sa recherche et découvrit le corps inerte dans les hautes herbes. Dévasté, il saisit les mains froides et embrassa le visage de sa chère et tendre. Il lui promis de la retrouver et de la ramener, dût-il traverser les Enfers.
Il quitta sa Thrace natale et prit la route pour le Péloponnèse, au sud, munit de son seul amour et de sa lyre.
Là, au cap Ténare, en Laconie, se trouvait l’entrée terrestre des Enfers.
Rassemblant tout son courage, Orphée empruntât le gouffre sombre et étroit. De tout côtés, des volutes de souffre nauséabonds s’échappaient à travers les failles de la roche, et la température augmentait à mesure qu’Orphée s’enfonçait dans les profondeurs de la terre.
Il finit par arrivé dans une vaste grotte, au centre y coulait l’Achéron, le premier fleuve des Enfers, affluant du Styx.
L’eau y était noire, glaciale, empoisonnée pour tout vivant tentant de la boire.
Sur la rive se tenait Charon, le dieu passeur, qui convoyait sur sa barque mortuaire les âmes défuntes jusqu’à l’autre rive, pour celles qui eurent de quoi payer... Mais notre héros paya son passage par le chant, un chant si pur que Charon l’accepta à bord.
C’est ainsi que durant toute l’antiquité grecque et romaine, la famille du défunt déposait sur la dépouille une obole pour Charon et un morceau de pain pour Cerbère, assurant à l’âme un passage certain pour le repos éternel.
Il emprunta ensuite le Cocyte, torrent impétueux formé par les larmes des mauvaises âmes en repentir. Puis le Phlégéthon, rivière de flammes, et enfin, le Styx, principale fleuve des Enfers.
Effrayé par la vision des spectres noyés ou errant sans but sur les rives du fleuve, Orphée saisit sa lyre et se mit à jouer. Alors, pour un instant, le supplice des damnés fut interrompu par le Tribunal des morts, charmés.
Tantale cessa d’avoir faim et soif, la roue d’Ixion arrêta sa course dans le Tartare, le rocher de Sisyphe arrêta de rouler indéfiniment, les Danaïdes cessèrent de remplir le cratère sans fin.
De ses divines compositions, il amadouera également le terrible chien à trois têtes, Cerbère, qui devint docile et s’endormit profondément.
Même les Erinyes, déesses infernales, persécutrices, le laissèrent passer.
Enfin, il arriva au palais des maîtres des lieux, Hadès et Perséphone.
Orphée supplia le couple infernal de le laisser repartir avec sa bien-aimée. Devant un premier refus, il joua les plus belles compositions, chanta les plus belles louanges
Et finalement, Perséphone se laissa attendrir. À une condition :
Sur le long et horrible chemin du retour, Orphée devra marcher devant et surtout, surtout, ne pas se retourner jusqu’à apercevoir les rayons du soleil, ou alors, l’âme d’Eurydice rejoindrait le royaume des Morts à tout jamais.
Eurydice suivit Orphée, guidée par le son de sa voix et la musique de sa lyre. Mais alors que quelques pas les séparaient encore de la surface, Orphée, n’entendant plus sa douce, saisit d’un terrible doute, se retourna.
L’espace d’un battement de cils, il contempla toute la beauté de sa femme, ils échangèrent un regard, et c’en était fini : des démons terribles saisirent cette âme si douce dans un déchirement de cris aigus et l’emportèrent au plus profond des Enfers.
Il la rappelle en vain de la voix:
Elle meurt, sans se plaindre, une seconde fois.
Et quelle plainte encore aurait-elle formée?
Est-ce un crime pour lui de l'avoir trop aimée
D'un ton faible qu'Orphée entend à peine.
Hélas! Adieu, dit-elle, et rentre aux gouffres du trépas
Inconsolable, Orphée rentra au pays et s’enferma dans son palais. Mais il était toujours cet incroyable artiste, un héros fameux, et un prince. De toute la Grèce, des femmes venaient au palais pour tenter de le séduire.
Mais Orphée ne serait l’homme que d’une seule femme. Pendant plusieurs mois, Il refuse toutes les avances. Un jour, sans le savoir, alors qu’il chasse sèchement du palais une troupe de sublimes jeunes femmes ivres et dévêtues, il blesse dans leur orgueil les Ménades.
Accompagnatrices du cortège de Dionysos, elles ne supportent pas l’affront d’être ainsi éconduites. Le soir, elles forcent la chambre d’Orphée et le massacre. Son corps est lacéré, déchiqueté, découpé, et ses membres jetés dans le fleuve Euros, qui bordait la cité.
Pour ce crime odieux, qui n’était pas le premier - Penthée avait subit le même sort - les Ménades furent punis par Dionysos qui les transforma en arbres.
Alors, la tête d'Orphée dériva sur la plaine vineuse jusqu’à l’île de Lesbos. Les habitants entendirent un murmure, un écho, émanant de la tête, chuchotant le nom de sa bien-aimée «Euridyce, Eurydice...»
Ils construiront un superbe tombeau en l’honneur du plus grand des poètes.
Éplorées, les Muses enterrèrent les restes de son corps au pied du mont Olympe, et Zeus, après avoir fait de sa lyre une constellation, envoya l’âme d’Orphée aux Champs Élyséens, séjour des bonnes âmes et des héros, où il retrouva, sans crainte et pour l’éternité, son Eurydice.
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