Thread by @Photomaton8

[⚖️Thread ⚖️] Le procès est le lieu de vives passions. Il y a souvent des larmes, parfois des cris, tout le temps une tension avant le délibéré.

Sauf que parfois, ça ne se déroule pas comme prévu: Ce fut le cas à Nantes, le 19 Décembre 1985, lors du procès de Georges Courtois.

Georges Courtois est un petit braqueur multi-récidiviste sans grande envergure. Son parcours de délinquant commence à 11 ans avec le vol d'un vélo avant de faire des cambriolages dans des épiceries, puis des châteaux pour terminer par des braquages de banques.

Évidemment, un jour, il va se faire gauler en 1983 après avoir braquer la Caisse d'Épargne de Nantes. La police va faire le lien avec les autres et va l'inculper pour 19 braquages.

A force d'y aller, Courtois se sent "chez lui" en prison. Mais il ne compte pas rester enfermer 20 ans de plus. D'ailleurs il n'aime pas trop l'autorité Courtois, mais on peut le comprendre, en 1974 les matons ont tué son chat nommé "Perpète" en l'éclatant contre un mur.

Fan de Jacques Mesrine, il va donc imaginer un plan et pas des moindres: réaliser une prise d'otage lors de son procès devant la Cour d'assises.

Un de ses amis détenus, Karim Khalki, va alors lui proposer de faire office de Rambo ce jour-là puisqu'il aura terminé sa peine et sera donc à l'extérieur pour récupérer des armes.

Pourquoi Rambo? Parce qu'il va coudre dans l'intérieur de sa veste de costume pas moins de 8 calibres, 6 grenades, 2 paires de menottes et... des clopes et des cigares. Il faut bien ça pour affronter les 23 policiers présents ce jour-là au tribunal.

Et puis arrive le jour fatidique du procès. Courtois est jugé en compagnie de ses complices: Patrick Thiollet, Yannick Brevet et Chrystelle Ménard.

Il est 10h30, l'avocat général commence ses réquisitions quand, tout à coup, on entend du bruit à l'extérieur de la salle...

Toute la Cour est BOUCHE BÉE. C'est Karim qui débarque en tenant en otage un policier, l'arme braquée sur sa tête, et une grenade dégoupillée à la main. Le président est prudent est demande aux autres policiers de déposer les armes.

Alors que Yannick et Chrystelle s'enfuient, Karim, Patrick et Georges commencent la prise d'otage de la Cour, des journalistes et des 12 étudiants en droit présents. (#Fallaitpasfairedudroit)

Et là, Courtois va demander aux caméras de FR3 de venir le filmer en train de faire le procès de la justice française. Courtois est sacrément badass, cigare à la bouche avec son magnum 3.57 à la main, en train de faire la morale à tout le monde.

Vous voulez les images? Allez!

En gros, voici ce qu'il dit à propos la prison: "la prison, sa seule utilité c’est de transformer les gens en tubes digestifs. Ils mangent, ils dorment, ils pissent, ils chient, et voilà, il ne se passe rien d’autre."

Evidemment, pendant ce temps là, la police se déploie autour du tribunal avec notamment le RAID, grosse nouveauté de l'époque. Et surtout le préfet, et ancien commissaire Robert Broussard, l'ennemi de Jacques Mesrine en personne.

Comme on peut le voir dans la vidéo, Karim Khalki se revendique du mouvement palestinien d'Abou Nidal. Mais d'après Courtois, c'était faux, "ça brouillait les pistes, ça faisait sérieux, quoi".

Le temps passe, il est 21h maintenant, et les négociations sont au point mort. Mais les preneurs d'otages libérent peu à peu ces derniers, d'abord les étudiants, puis les journalistes et ensuite des policiers.

Le lendemain matin, à 5h, voyant que l'autocar qu'ils avaient demandé est devant le tribunal, les 3 bandits tentent une sortie avec les 14 otages. Mais face au nombre de policiers, ils rebroussent chemin. Tout en oubliant une greffière sur le parvis. (Allégorie de la greffière)

Après d'autres tentatives, c'est finalement à 15h15 qu'ils sortent du tribunal en tirant avec leur calibre vers les policiers et les journalistes: résultat, une caméra de CBS détruite. (On peut voir que Courtois, dans sa fuite, tient le Président de la Cour en laisse).

Les malfrats embarquent alors dans un Renault Espace beige avec les derniers otages et filent vers l'aérodrome de Château-Bougon tout en étant suivis à bonne distance par la police.

(Fun fact: Courtois désigne un des assesseurs comme chauffeur en lui disant de ne pas griller les feux rouges et de ne pas rouler trop vite car "tout de même, il ne s’agissait pas de faire commettre des infractions à des magistrats".)

Arrivés à l'aérodrome, les forcenés libèrent l'avocat général et un assesseur mais demandent un avion pour pouvoir partir vers une destination inconnue.

Le temps passe et il est maintenant 20h30, Courtois et ses complices sont épuisés par cette folle équipée et finissent par perdre espoir d'obtenir leur avion. Ils déposent donc les armes et repartent en voiture, la clope au bec, vers les geôles de garde-à-vue.

Pour cette prise d'otages, Georges Courtois et ses compagnons ont été condamnés en 1988 à 15 et 20 ans de prison.

Je termine ce thread sur cette citation de Courtois, qui dit beaucoup sur le personnage et sur cette folle journée. Voici un extrait de ce qu'il dit aux jurés lors de la prise d'otage: « Alors Madame, on s’est levée ce matin

on s’est réjoui de la bonne journée qu’on allait passer à distribuer des années de prison à des gens qu’on ne connaît pas. Vous voyez, ça ne se passe pas comme ça. Vous êtes venue ici pour juger des gens, mais à présent, c’est vous qui allez être jugée.

Je vous le dis tout de suite, je vous déclare coupable. Vous êtes coupable d’ignorance. Vous arrivez dans les cours d’assises, sans rien connaître de la personne ni de la loi, vous ne comprenez rien.

Qu’est ce que ça fait de venir distribuer des années de prison et de s’apercevoir qu’on risque de se prendre une balle dans la tête, ou de sauter avec une grenade ?" #END