Thread by @gaalcaras

La Casemate, fab lab grenoblois, dont la tâche est de promouvoir la culture scientifique. Incendie par des anarchistes, qui ont dénoncé plus tard sur Facebook la diffusion d'une culture numérique néfaste.

La Casemate avait une très grande variété de financements, publics et privés. Il faisait venir des scolaires mais également des entreprises et des start-ups qui pouvaient utiliser les outils et les machines.

L'incendie a été vécu comme un choc dans la communauté des fablabs, dont les membres sont convaincu·e·s de faire le bien et d'être un mouvement positif. Elle a suscité beaucoup d'interrogations dans ce milieu.

Deux rapports à la technique et au futur : les fablabs sont dans un horizon "positif", économie de la promesse ; les anarchistes eux y voient l'incarnation d'une technique (notamment numérique) capitaliste, résurgence d'une forme de ludisme, voire de primitivisme ?

La contestation des outils numériques n'est pas nouvelle : exemple de CLODO, groupe français qui s'attaquait à des grandes entreprises informatiques et leurs technologies invasives dans les années 1970-80.

Les fablabs ne comprennent pas l'hostilité des anarchistes à leur égard, car ils promeuvent une appropriation selon eux émancipatrice de la technique ; alors que les anarchistes s'inscrivent davantage dans la perspective d'une lutte.

Discussion. Une remarque : intéressant de souligner que c'est le fablab qui a été incendié et non pas le hackerspace de Grenoble.
Réponse : effectivement, la controverse a révélé des lignes de fracture dans les "mondes makers".

On enchaîne avec la présentation de Laure Bourdier : « Techniciser le politique : la "technique" comme outil de maintien de l’hégémonie nucléaire au sein du débat public sur un parc éolien en mer ».

Référence à l'ouvrage d'Aurélien Evrard, "Contre vents et marée", sur la trajectoire de l'éolien. Analyse du débat public et des processus d'animations, qui au lieu de politiser la technique tendent à techniciser la politique.

Observation participante lors de 11 séances de débat public ; comptage du temps de parole. Ce dernier produit deux rôles : ingénieur pour le maître d'ouvrage (EDF, Alstom, WPD) ; élève pour le public.

De fait, la commission qui régule la parole encourage plutôt le public à poser des questions auxquelles les experts vont pouvoir répondre. Elle repousse les avis en orientant le public vers une plateforme en ligne.

Discours qui tend à encourager les participations non techniques ("tout le monde a le droit de s'exprimer") et leur dévalorisation ("ça me passe un peu au-dessus la tête, vous aussi j'imagine") tout en valorisant la technique des ingénieurs, salués comme professionnels.

Exemple sur le paysage : la personne qui a réalisé le photomontage explique comment elle l'a produit, les logiciels, la latitude, les objectifs etc. Elle est débattue par une contre expertise qui évalue le photomontage et les techniques employées.