On n'a jamais réussi à se comprendre.
Je le suis encore, mais ça s'émousse à force d'essayer de me blinder.
Etc.
Elle m'a demandé si je voulais être placée à côté de quelqu'un dans la classe.
Après ça tout allait mieux.
Mais ça ne s'arrêtait pas là. On me poussait à me maquiller. Quand je me maquillais, on disait que je devrais moins me maquiller.
Je vous laisse imaginer les ravages.
Mon cerveau a disjoncté sous la pression des injonctions contradictoires. Je me suis retrouvée à l'hôpital.
J'avais du retard à rattraper dans les cours. Tout le monde se connaissait et connaissait bien le collège.
Je me sentais de plus en plus étrangère à ce monde.
(Je ne les ai jamais harcelées, ni même moquées directement, toutefois.)
Bref, je me détestais et je me méprisais.
Je parle au passé mais c'est un passé très proche, et j'ai beaucoup de mal à gérer ça aujourd'hui encore.
Les résultats indiquent que je suis "très probablement" autiste.
Je ne sais pas quoi faire.
Je suis en Allemagne, loin de ma famille et de mes amis, face à un œuf sur lequel il est écrit "autisme".
Et puis, est-ce qu'on a vraiment besoin de se mettre dans des cases ?
Qu'est-ce que ça va bien changer à ma vie, de savoir si je suis vraiment autiste ou pas ?
Il n'apparaît que très fugacement, pour dire au personnage principal (un enfant de huit ans en hôpital psychiatrique) : "Pouche."
Tout le personnel panique, on appelle du renfort.
Je ne me suis jamais autant identifiée à un personnage.
Je suis prise, et je rentre donc en France.
Je surcompense à nouveau, je ne refuse aucune soirée, j'y reste des heures et rentre épuisée mais incapable de dormir par besoin de décompression.
Mon diagnostic fut un soulagement terrifiant.
Ok.
Alors autant arrêter, si ça ne sert à rien ? Non ?
Je peux relâcher la pression.
Je peux nouer des contacts et des amitiés sans me sentir obligée de porter un masque.
Arrive la question du mémoire de fin d'études.
Mes premières propositions ne sont pas assez personnelles.
Je décide alors de me pencher sur le sujet "autrice et autiste".
Je fais un appel à artistes autistes sur Twitter et via quelques associations de personnes autistes. Je reçois des dizaines de réponses.
Oui, un collectif d'autistes, ça peut sembler saugrenu et même antinomique, et pourtant.
Si on ne se soutient pas entre nous, ce n'est pas la société neurotypique qui le fera.
Qu'on se sente légitimes.
Que ce soit un véritable événement.
Eh ben, je crois qu'on a réussi.
D'autres rencontres créatives ont suivi et suivront, d'autres événements viendront, et il y a bien des projets à naître.
Bravo si vous avez tout lu.
La société nous voit globalement soit comme des "débiles" privés de paroles, soit comme des génies ultraperformants.
Nous croyons à l'importance de la solidarité entre les personnes autistes, neurodiverses, neurodivergentes, handicapées en tous. Nous croyons à une lutte commune contre le validisme.
Nous ne voulons pas qu'elle change d'avis sur nous parce que nous lui serions "utiles".
spectreartistique.wordpress.com/a-propos/
Pour toutes les personnes autistes que leurs parents considèrent comme un fardeau.
Tous les enfants autistes maltraités ou tués par leurs propres parents. Qui ont ensuite été soutenus par des communautés de parents d'autistes et de prétendus experts.