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L. Casthel @casthel
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Bonsoir. Je m'appelle Léonie, je suis autrice. On me dit souvent que ça sonne comme "autiste". Ça tombe bien, je suis aussi autiste.
Ça ne fait pas très longtemps que je le sais. J'ai pourtant vu un certain nombre de psys et de médecins en tout genre entre mes huit et mes dix-huit ans.
On n'a jamais réussi à se comprendre.
On m'a diagnostiqué un "contact froid et distant de type psychotique", moi qui étais tellement empathique et hypersensible.
Je le suis encore, mais ça s'émousse à force d'essayer de me blinder.
On a plaqué du mépris quand j'essayais de comprendre. On m'a dite butée et non-coopérative quand je leur reprochais leur changement de programme. On a mis toutes mes angoisses sur le dos du divorce de mes parents. On a pathologisé ma "grande rigueur dans le raisonnement."
Etc.
Bref. Longue errance diagnostique.
Je ne vous parlerai pas plus de mon expérience en milieu hospitalier aujourd'hui, parce que je ne m'en sens pas la force. Mais j'y ai subi des traumatismes qui continuent d'impacter ma vie quinze ans après.
Ma scolarité : en maternelle je n'avais pas d'amis. J'étais isolée, rejetée. Je me rappelle un autre enfant qui l'était encore plus que moi, mais je n'ai jamais compris pourquoi.
En CP, pas d'amis non plus. Je ne savais pas comment m'en faire. Je passais mes récréations sur un banc à rêvasser en attendant les cours et à redouter de me prendre un ballon dans la figure.
Ma mère a remarqué ça un jour qu'elle venait à l'école pour un rendez-vous. Elle en a parlé à mon institutrice qui est tout de suite venue me voir : "Ta maman m'a dit que tu n'avais pas d'amis."
Elle m'a demandé si je voulais être placée à côté de quelqu'un dans la classe.
J'ai demandé à être placée à côté d'une fille à qui j'ai ensuite expliqué la situation. C'est encore une de mes meilleures amies à l'heure actuelle.
Après ça tout allait mieux.
J'avais la chance d'être dans une école assez particulière, une ZEP atypique, aussi atypique que moi, qui faisait la part belle à la créativité, à l'imagination, à l'originalité, qui apprenait à s'ouvrir sur le monde.
Je n'étais plus rejetée mais on continuait à me trouver spéciale, à part, excentrique. Un jour deux filles m'ont décrétée "Jupitérienne" et on a continué à m'appeler gentiment "l'extraterrestre" pendant un moment.
À la fin de cette année-là, l'institutrice m'a écrit un mot qui me remerciait d'être venue visiter cette planète.
Depuis longtemps on me disait que j'étais mûre pour mon âge, précoce, "en avance". Alors j'attendais que les autres me rattrapent pour qu'on puisse commencer à se comprendre. Je n'avais pas encore compris qu'on n'avançait pas dans les mêmes directions.
L'entrée au collège a été terrible.
Je ne connaissais plus personne. Tous les codes avaient changé. Tout avait changé.
On se met à faire la bise alors qu'on ne la faisait pas avant. Tous les matins. Tous les matins, tournée de bises. Et j'avais horreur de ça. J'ai toujours eu horreur de faire la bise, et mes parents ne m'y ont jamais forcée (💜).
Je m'y suis pliée, pour ne vexer personne et pour ne pas être rejetée.
Mais ça ne s'arrêtait pas là. On me poussait à me maquiller. Quand je me maquillais, on disait que je devrais moins me maquiller.
Parfois je me maquillais et on me disait que je devrais me maquiller plus. Parfois je ne me maquillais pas et on me disait que je me maquillais trop.
Mes centres d'intérêt n'étaient pas les mêmes que ceux des autres. C'était déjà le cas en primaire, à la grande époque des boys bands, mais ça ne posait pas trop de problème. Maintenant ça menait au harcèlement.
J'ai commencé à lire des magazines, des manuels de vie en société, à regarder des émissions comme Loft Story pour essayer d'apprendre comment les humains étaient censés se comporter.
Je vous laisse imaginer les ravages.
J'ai surcompensé, jusqu'à péter les plombs.
Mon cerveau a disjoncté sous la pression des injonctions contradictoires. Je me suis retrouvée à l'hôpital.
Quand j'en suis revenue, c'était encore plus difficile.
J'avais du retard à rattraper dans les cours. Tout le monde se connaissait et connaissait bien le collège.
Je me sentais de plus en plus étrangère à ce monde.
J'ai surcompensé de plus belle, pas même pour m'intégrer mais pour échapper au harcèlement. Je faisais du théâtre depuis mes quatre ans, alors je suis entrée en représentation permanente.
Vous avez déjà vu un•e acteurice qui vient juste de sortir de scène ? J'étais dans cet état après chaque interaction sociale. C'est-à-dire tous les jours, du matin au soir.
J'ai fini par me faire une "amie" au collège. Mais avec elle je n'avais pas besoin d'ennemis. Elle saisissait toutes les opportunités pour me rabaisser.
J'avais heureusement une autre amie à l'extérieur du collège, qui a été ma meilleure amie entre 10 et 16 ans. On s'est perdues ensuite, mais cette amitié m'a littéralement sauvé la vie et tenu la tête hors de l'eau (H… merci.)
Avec tout ça, mes notes ont pas mal chuté, alors qu'elles avaient toujours été très bonnes. Je n'avais pas pris l'habitude de devoir travailler, et mes efforts de sociabilisation me pompaient toute mon énergie.
Hors "représentations", j'avais honte de porter un masque, de jouer un rôle. Un rôle que je jouais mal, d'ailleurs. Je ne trompais jamais mon monde très longtemps. Je pouvais faire illusion quelques heures, quelques jours puis je décrochais et on voyait que je n'étais pas normale
Je me souviens m'être moquée de personnes encore plus visiblement bizarres que moi, et la dissonance que ça m'a provoquée a engendré bien des crises de larmes de culpabilité.
(Je ne les ai jamais harcelées, ni même moquées directement, toutefois.)
Moi qui par ailleurs avais un grand sens de la justice, du droit à la différence. Je ne m'accordais pas ce droit et on ne me l'accordait pas.
Bref, je me détestais et je me méprisais.
Je me suis fait une autre amie au collège, une vraie cette fois, assez décalée aussi parce qu'elle avait 2-3 ans de plus pour cause de handicap physique. Les autres se moquaient en disant qu'on était amies "entre handicapées". Oui, et alors ?
Une grande intelligence, une profonde gentillesse, une sensibilité extrême, elle m'a été très précieuse. Je l'ai perdue de vue depuis mais elle fait partie des rencontres qui ont changé ma vie (Magali, si jamais tu me lis, fais-moi signe !)
Au lycée ça s'est un peu apaisé : j'étais en Histoire des Arts, tout le monde nous considérait comme les excentriques de service. J'ai retrouvé mon amie de primaire et j'ai eu un énorme coup de foudre amical pour une autre amie. Ces deux personnes m'ont sauvé la vie et continuent
Je ne dis pas cela à la légère.
Mes premières histoires d'amour ont été chaotiques, très passionnées et très douloureuses. Beaucoup de malentendus, de non-dits, de sous-entendus, d'attentes que je ne comprenais pas.
Mon expérience me rendait très vulnérable : j'avais tant l'habitude du rejet que je me dévouais corps et âme avec reconnaissance tant qu'on me montrait un peu d'affection.
J'essayais désespérément de faire ce qu'on attendait de moi, ce qu'on semblait attendre de moi, de me couler dans un moule qui ne me correspondait pas.
Quand j'étais démonstrative, je faisais peur, on me disait trop intense. Alors j'essayais de l'être moins et on me pensait indifférente.
Je parle au passé mais c'est un passé très proche, et j'ai beaucoup de mal à gérer ça aujourd'hui encore.
J'ai émigré en Allemagne et ce fut un soulagement. J'ai pu lâcher du lest. On ne faisait pas la bise. Tous mes problèmes sociaux étaient mis sur le compte du décalage culturel. (Le seul problème de l'Allemagne, c'est qu'il y a beaucoup de Français.)
Au moment de mon départ, une de mes amies sus-citées me fout la pression pour que, puisque je ne suis pas sur FB, je m'inscrive au moins sur Twitter. Dont acte. Je me forme rapidement un réseau féministe. C'est la première fois de ma vie que je m'intègre aussi bien quelque part.
(Dans une certaine mesure, parce que je pense y être beaucoup moins intégrée que bien des gens. Mais pour moi c'est énorme.)
J'y rencontre une personne avec qui les échanges se font de plus en plus amicaux. Un jour, cette personne m'envoie un lien en me disant qu'elle pense que je devrais essayer, que ça pourrait m'aider. C'est un test de dépistage d'autisme.
Je le fais sans trop y croire, un peu pour lui faire plaisir.
Les résultats indiquent que je suis "très probablement" autiste.
Je ne sais pas quoi faire.
Je suis en Allemagne, loin de ma famille et de mes amis, face à un œuf sur lequel il est écrit "autisme".
Je ne sais pas quoi en faire, je ne sais pas par quel bout le prendre. Je me confie à une personne de mon entourage qui réagit très mal, en me demandant ce que c'est encore que ces conneries. Je remise immédiatement l'œuf dans un placard.
Après tout, si j'ai survécu jusqu'ici, qu'est-ce qui m'empêche de continuer comme avant ?
Et puis, est-ce qu'on a vraiment besoin de se mettre dans des cases ?
Qu'est-ce que ça va bien changer à ma vie, de savoir si je suis vraiment autiste ou pas ?
LOL.
Pourtant l'idée fait son chemin. Plus jeune on m'a diagnostiquée "surdouée", un mot qui ne me plaisait pas parce que je ne me sentais pas plus intelligente ni rapide que les autres, plutôt différemment intelligente, et tellement à côté de la plaque sur plein de plans.
Pas au-dessus des autres, ni en avance, mais à côté. Alors "autiste", oui, peut-être que ça me correspond mieux.
Je pense au fait que depuis toute petite, je me suis toujours identifiée aux personnages les plus marginaux, mais surtout aux personnages considérés comme les folles et les idiots du village (Des fleurs pour Algernon, Silence, Beckett, Des Souris et des hommes, etc.)
Et surtout, surtout, un personnage d'enfant autiste dans Quand j'avais cinq ans je m'ai tué.
Il n'apparaît que très fugacement, pour dire au personnage principal (un enfant de huit ans en hôpital psychiatrique) : "Pouche."
Tout le personnel panique, on appelle du renfort.
Quand ils reviennent, le personnage principal est en train de pousser l'autre enfant dans sa petite voiture. Il dit aux adultes : "Tout ce qu'il voulait, c'était qu'on le pousse."
Je ne me suis jamais autant identifiée à un personnage.
Moi aussi, tout ce que je voulais, c'était qu'on me pousse, est-ce que c'est si difficile à comprendre, et pourquoi est-ce que tout le monde panique ?
J'entreprends des recherches, qui me confortent dans l'idée que je pourrais bien être autiste, en fin de compte.
Parallèlement, je passe le concours pour une école de théâtre en France, en pensant que de toute façon je ne serai pas prise.
Je suis prise, et je rentre donc en France.
École de théâtre en France, donc. Copinage, tout le monde cherche à faire son réseau (je dis ça sans mépris aucun, c'est juste comme ça que ça marche), tout le monde se tape la bise, est très tactile.
Je ne crains pas d'être la cheloue de service, mais j'ai très peur qu'on me trouve hautaine et méprisante, d'autant que c'est une réputation qui colle à la peau des auteurs de l'école.
Et on n'est pas nombreux, tout le monde se connaît, je ne suis plus noyée dans la masse comme j'ai pu l'être à la fac (je n'ai pas mentionné mon expérience en fac parce que, croyez-le ou non, j'essaie de faire court)
Je suis en coloc avec un étudiant de deuxième année qui est très intégré et organise des fêtes à la maison.
Je surcompense à nouveau, je ne refuse aucune soirée, j'y reste des heures et rentre épuisée mais incapable de dormir par besoin de décompression.
Par ailleurs, le programme est beaucoup plus dense que prévu pour cause de passage au système LMD. C'est très lourd pour tous les élèves de la classe, on craque les uns après les autres. Je n'ai plus le temps de lire ni d'aller au théâtre, et il faut pourtant que j'écrive.
De gros malentendus s'installent entre mes professeurs principaux et moi. De toute évidence je n'arrive pas à comprendre ce qui est attendu de moi, et que les autres ont l'air de comprendre. On me pense en rejet de la pédagogie alors que j'essaie désespérément de comprendre.
Mes expressions faciales sont mal interprétées. Je suis perdue. On me dit que cette école n'est pas faite pour moi. C'est le moment où ma famille me conseille d'officialiser mon diagnostic.
Je vous fais grâce de quelques péripéties particulièrement angoissantes.
Mon diagnostic fut un soulagement terrifiant.
Donc quand on me dit que je suis folle ou bizarre, ce n'est pas par méchanceté, c'est vraiment parce que je suis bizarre et folle ?
Ok.
Alors je peux continuer toute ma vie à essayer d'avoir l'air normale, je n'y arriverai jamais ?
Alors autant arrêter, si ça ne sert à rien ? Non ?
Je peux relâcher la pression.
Le diagnostic me permet d'entamer une thérapie avec une psy spécialiste de l'autisme. C'est la première fois de ma vie qu'une psy me comprend. Elle m'aide à modifier mes stratégies pour être moins dans l'évitement et plus dans l'affirmation de moi-même et de mes limites.
Je deviens moins vulnérable aux agressions et à la manipulation. Je gère mieux mes angoisses. J'apprends à expliquer que je n'aime pas faire la bise. J'ai moins peur de rencontrer des gens.
Je peux nouer des contacts et des amitiés sans me sentir obligée de porter un masque.
Avance rapide parce que ce thread devient vraiment long comme un jour sans poésie.
Arrive la question du mémoire de fin d'études.
Mes premières propositions ne sont pas assez personnelles.
Je décide alors de me pencher sur le sujet "autrice et autiste".
Plus largement "artiste et autiste". Et comme la littérature n'est pas franchement foisonnante sur le sujet, tout reste à débroussailler.
Je fais un appel à artistes autistes sur Twitter et via quelques associations de personnes autistes. Je reçois des dizaines de réponses.
Des dizaines et des dizaines d'artistes dont le travail magnifique et passionnant reste méconnu pour cause de manque de réseau, syndrome de l'imposture, mauvaise maîtrise des codes du milieu… Être artiste n'est pas facile, alors être artiste et autiste !
Alors très vite me germe l'idée d'un collectif d'artistes autistes.
Oui, un collectif d'autistes, ça peut sembler saugrenu et même antinomique, et pourtant.
Si on ne se soutient pas entre nous, ce n'est pas la société neurotypique qui le fera.
Je soumets timidement l'idée aux artistes autistes en question et les réactions sont presque toutes des plus enthousiastes. Et c'est en unissant nos forces qu'on a donné vie à @Spectrartistiq
Notre premier événement public a eu lieu en février. Ce fut l'un des moments les plus émouvants, les plus stressants, les plus encourageants et les plus réconfortants de ma vie.
L'enjeu pour moi était de faire un événement réellement artistique, où le public ne vienne pas dans un but humanitaire comme il regarderait le téléthon, ni dans un but voyeuriste. Où l'on puisse réellement exposer tous nos talents. Où l'on puisse se sentir bien.
Où l'on puisse se sentir nous-mêmes en s'accordant une certaine liberté, tout en "faisant le job".
Qu'on se sente légitimes.
Que ce soit un véritable événement.
Eh ben, je crois qu'on a réussi.
Et je crois surtout que ce n'est qu'un début.
D'autres rencontres créatives ont suivi et suivront, d'autres événements viendront, et il y a bien des projets à naître.
Je suis terriblement heureuse et fière de tout ça, d'avoir pu rencontrer des personnes merveilleuses de sensibilités et de gentillesse et de TALENT, de pouvoir contribuer à les encourager, de pouvoir travailler avec elles.
@ les membres de Spectre Artistique : MERCI. Je vous KIFFE.
Voilà.
Je ne pensais pas me confier autant en commençant ce fil, d'ailleurs je n'avais rien planifié, c'est venu comme c'est venu.
Bravo si vous avez tout lu.
J'avais envie de faire entendre ma voix en ce mois d'avril où l'on parle beaucoup de nous, mais où ce sont surtout les médecins et les parents de personnes autistes que l'on écoute.
Maintenant je pense qu'il faut que les autistes du monde entier se fédèrent, on a la chance d'avoir cet outil qu'est internet pour nous connecter. On ne peut pas laisser la lutte pour nos droits à des personnes qui veulent nous "guérir" ou nous faire taire.
On peut pas laisser la lutte pour nos droits aux mains de personnes qui veulent nous voir comme une main-d'œuvre efficace pour la croissance économique.
L'un des points qui me tenaient le + à cœur en fondant Spectre Artistique est le droit à la médiocrité, à l'erreur, à la progression, à l'apprentissage.
La société nous voit globalement soit comme des "débiles" privés de paroles, soit comme des génies ultraperformants.
Nous ne voulons pas que les personnes autistes qui parlent soit considérées comme de plus "haut niveau" que celles dont la société dit qu'elles ne parlent pas.
Nous ne voulons pas que la société célèbre les prétendues capacités phénoménales de certaines personnes autistes tout en poussant toutes les autres sous le bus.
Nous estimons avoir le droit de vivre dans la dignité même quand on ne fait pas avancer la croissance économique du pays.
(Navrée, je m'exprime sans avoir consulté tous les membres du collectif au préalable, même si je ne pense pas me tromper sur leur opinion sur ces sujets. On va dire que c'est un "nous" de majesté (quoi ?))
Nous ne faisons pas de hiérarchie entre les diagnostics, entre les prétendus "types d'autisme", entre les personnes.
Nous célébrons la diversité et la neurodiversité.
Nous croyons à l'importance de la solidarité entre les personnes autistes, neurodiverses, neurodivergentes, handicapées en tous. Nous croyons à une lutte commune contre le validisme.
Nous pensons que notre valeur ne se définit pas par notre apport à la société, à une société qui nous a toujours rejeté•es, silencié•es, méprisé•es.
Nous ne voulons pas qu'elle change d'avis sur nous parce que nous lui serions "utiles".
Nous vous invitons à écouter ce que l’on dit, à regarder ce que l’on montre, à ressentir ce que l’on crée, plutôt qu’à croire ce que l’on dit de nous.
Et puisque l’art est partout et que tout est politique, nous n’hésiterons pas à l’ouvrir sur tous les sujets.

spectreartistique.wordpress.com/a-propos/
Je reçois plein de témoignages de sympathie, et ça me touche énormément, mais je ne voudrais pas que vous pensiez que ma vie n'a été qu'un long martyre. En réalité je suis extrêmement privilégiée par rapport à bon nombre de mes semblables autistes.
J'ai eu notamment la grande chance de tomber sur cette école primaire extraordinaire (littéralement). J'ai la chance incommensurable d'avoir un père lui-même autiste qui me comprend très bien, et une famille en général qui ne m'a pas fait subir trop d'injonctions et m'a soutenue.
J'ai eu la chance de rencontrer des personnes merveilleuses qui m'aiment telle que je suis et m'épaulent sans chercher à me modifier.
Mes parents se sont battus pour me sortir de l'hôpital et je leur en suis infiniment reconnaissante parce que sans ça je ne sais vraiment pas dans quel état je serais aujourd'hui, ni même si je serais encore en vie.
J'ai également le privilège de la blanchité qui fait que mon diagnostic et ma prise en charge n'ont pas été entravés par le racisme.
(Mais ils l'ont été par le sexisme)
C'est aussi pour ça que je parle aujourd'hui, pour mes semblables qui ne peuvent pas ou plus le faire, qu'on a institutionnalisés, traumatisés, rendu dépendants.
Pour toutes les personnes autistes que leurs parents considèrent comme un fardeau.
[TW meurtres]
Tous les enfants autistes maltraités ou tués par leurs propres parents. Qui ont ensuite été soutenus par des communautés de parents d'autistes et de prétendus experts.
Toutes les personnes autistes qui ont subi plus de violences médicales que moi, et qui les subissent encore. Qui subissent des traitements censés les guérir qui ne font que les traumatiser et les abrutir. Qu'on ligote et qu'on électrochoque.
Tous les enfants autistes que leurs parents veulent stériliser.
Toutes les personnes autistes dont on pense qu'elles sont non-verbales, et donc attardées, et donc pas vraiment des personnes à part entière, simplement parce qu'on ne les écoute pas s'exprimer autrement.
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