Thread by @jjcambier

DISSOLUTION DU COLLECTIF ET REPLI IDENTITAIRE

L’obsession de la race, de même que le repli identitaire, est liée à une dissolution du collectif.
Une dissolution qui conduit « à s’en tenir à son groupe » et « à ne plus questionner l’autre » comme dit @Baptiste_Chouet.

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https://twitter.com/baptiste_chouet/status/1176053560104095744

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La remarque de @Baptiste_Chouet fait écho à un propos de Jean-Pierre Lebrun.
Dans un passage de La Perversion ordinaire (2007) ce psychanalyste explique que nos libérations individuelles, lorsqu’elles s’affranchissent du collectif, ne permettent plus de reconnaître l’altérité…

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… À défaut d’être capable de reconnaître l’altérité, on ne reconnaît plus dès lors que la « mêmeté ». D’où cette tendance au repli identitaire que l’on observe aujourd’hui.

Voici le passage en question…

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« Qui pourrait, a priori, ne pas se réjouir de ce qui ressemble à un processus de libération individuelle ? Pourtant, au deuxième regard, l’affaire ne semble pas aussi simple.

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« Cette évolution nous a peut-être menés en quelque sorte un cran trop loin, jusqu’au point où on a perdu de vue au nom de quoi une prétention au choix singulier pouvait être limitée.

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« Car où trouver, aujourd’hui, ce qui va faire le partage entre un choix singulier qui resterait articulé aux exigences de la vie collective et un choix singulier qui n’aurait d’autre légitimité que sa propre revendication à exister ?

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« […] Le seul fait de poser la question de l’articulation de la vie individuelle au collectif apparaît désormais comme incongrue, voire comme une atteinte insupportable et traumatisante […]

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« […] Le fléau de la balance a définitivement penché du côté du singulier, alors que, auparavant, il penchait plutôt du côté du collectif.

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« Il n’y aurait pas là de quoi s’alarmer si le retournement que nous décrivons ne pouvait en arriver logiquement à favoriser, voire à imposer la dissolution du collectif.

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« Et donc, d’ailleurs, dans le même mouvement, à estomper, voire à effacer toute instance apte à reconnaître le droit au trajet singulier qu’on croyait avoir acquis. […]

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« Nul ne peut se revendiquer seulement de lui-même. Et les autres sur qui on peut compter pour asseoir sa légitimité ne peuvent apporter cet appui qu’en tant qu’ils se réfèrent eux-mêmes à une instance qui dépasse les seuls protagonistes en présence.

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« [Or] la disparition progressive du tiers va de pair avec la crise de la légitimité inédite à laquelle nous avons affaire.

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« […] Cette instance tierce, si elle n’a pas été annulée, ne peut qu’être au moins masquée puisque, si on la reconnaissait, on réintroduirait évidemment ainsi la place de l’exception dont il s’agit précisément de se débarrasser.

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« Mais il ne reste alors que la “mêmeté” qui soit reconnue, et aucunement l’altérité.

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« Et à ne vouloir se reconnaître qu’entre mêmes, on ne peut que repousser à plus tard la nécessité de faire sa place à l’autre. Ce qui fait le lit de la ségrégation.

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« À chaque inévitable rencontre de l’autre, on aura tendance à se replier dans des vacuoles identitaires, un repli qui ne pourra aller qu’en s’amplifiant.

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« Voilà sans doute où l’on peut trouver l’origine aussi bien des replis identitaires nationalistes que de l’absence de solidarité que nous constatons dans nos sociétés modernes […].

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« Car pour que la solidarité se perpétue, il est indispensable que le droit au trajet singulier n’implique pas le rejet d’un lien social supposant qu’on impose une limite à ce même trajet singulier. »

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Et voici le passage du livre sans les coupes…