C. Thomé : « De l'invention de l'hétérosexualité à son invisibilisation : retour sur une catégorie trop évidente pour être nommée ».
1e partie : « L'émergence d'une non-catégorie“ ? » : l'hétérosexualité comme une catégorie largement impensée
Elle émerge pourtant en tant que catégorie dans les luttes féministes, ou encore au moment de la cristallisation autour de l'hétérosexualité face à la « menace » du VIH des années 1970s.
Par ex., revendications d'hétérosexualité de la part d'hommes qui ont des rapports sexuels entre hommes, comme une carapace contre le stigmate.
📖 _Not Gay_ de J. Ward, 2015
Nicolas Henckès : « Consoler sans classifier ? Des classifications et de leurs limites dans le traitement social des maladies mentales sévères »
Pour cela, il s'appuie sur ses travaux sur les maladies mentales.
il y a un pouvoir psychiatrique qui impose des catégories au monde.
Mais N. Henckès veut s'intéresser aux situations dans lesquelles on ne veut pas / peut pas classer.
Voir notamment : bit.ly/30FwljD
--> signalent toujours une « révolte » face à la classification sans pour autant en sortir
- la révolte des professionnels (compétitions entre champs)
- la révolte des usagers (refus qu'on leur applique des étiquettes)
- la révolte des financeurs (dé-médicaliser des états pour ne plus les financer)
Un exemple : le diagnostic de « schizophrénie » – enquête menée sur une clinique universitaire allemande.
Les chercheur·es observent des incertitudes diagnostics sur la schizophrénie.
Or il y a un enjeu majeur sur ce diagnostic, puisque sous le 3e Reich, il donnait lieu à l'euthanasie des patient·es.
📑« Performing doubt and negotiating uncertainty: Diagnosing schizophrenia at its onset in post-war German psychiatry »,
N. Henckes et L. Rzesnitzek, 2018
bit.ly/2Udv6WH
N. Henckès prend à présent un 2e exemple : celui des classifications des services qui accueillent actuellement les personnes souffrant de maladies mentales.
Surtout au moment de la désinstitutionnalisation des années 1970s = fin des hôpitaux psychiatriques & réintégration dans les services des hôpitaux
C'est en partie le cas grâce au FINESS, le « Fichier national des établissements sanitaires et sociaux » et à sa nomenclature des établissements.
Enfin sa classifications est « baroque », et associe des services très disparates.
Bref, échec global.
Au final, ne pas classer renvoie à des affects mêlés (frustration de ne pas pouvoir classer, colère contre le classement, joie d'y échapper...)
Nous passons à la dernière intervention de cette semi-plénière avec
François Héran qui intervient sur les catégories dites « ethniques ».
Il y a bien une interdiction de *principe* dans la loi...
MAIS cette Loi Informatique et Liberté énonce de nombreuses dérogations, qui permettent entre autres les études de l'INED.
La loi dit qu'on peut récolter et analyser les données dites « sensibles » (religion, opinion politique, couleur de peau, appartenance syndicale, etc)
à condition que les finalités de l'enquête soit validées par la CNIL.
Le tout sous la surveillance de la CNIL, donc, et les dérogations sont finalement très nombreuses.
Les enquêtes sur les « données sensibles », c'est donc « interdit... sauf si ».
« Trajectoires et Origines : Enquête sur la diversité
des populations en France »,
mais avant, déjà 2 enquêtes de 1992 (dont MGIS) qui s'interrogeaient sur les origines migratoires pour la transmission de la langue
F. Héran raconte qu'il a été « extraordinairement acrobatique et tendu » de mettre en place et de réaliser ces enquêtes.
Relations difficiles avec la CNIL autour de la Loi informatique et libertés.
Il a au final dû reprendre les textes juridiques pour faire passer les❓.
des populations en France »)
Opposition notamment de la part d'SOS Racisme, qui accuse alors INSEE/INED de discrimination.
Les enquêtes utilisent donc tjrs le proxy des pays de naissance pour établir les liens « race »/ discriminations.