Hier, j’ai assisté au procès d’un jeune crack de l’informatique de @42born2code. Thread ⤵️
@42born2code A l’école 42, on trouve des petits génies de l’informatique. Des jeunes informaticiens brillants parfois en marge du système scolaire.
Léo, 20 ans, est l’un d’entre eux. Il a arrêté le lycée en seconde pour lui préférer un clavier, des lignes de codes et des échanges sur des forums.
En fournissant des petits services, il a accumulé 18 bitcoins, soit au cours actuel environ environ 150 000 euros !
Le seul problème c’est que pour la justice française, Léo est un cybercriminel. Son service phare était un crypteur qui permettrait d’encapsuler un malware, le rendant ainsi indétectable par les anti virus.
Le petit business de Léo s’est arrêté après une garde à vue en mars 2018 dans un dossier incident où il a été mis hors de cause. Devant les policiers de l’office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication, il avoue tout.
Ce lundi 4 novembre, devant la 12e chambre correctionnelle du TGI de Paris, ce jeune homme filiforme ne conteste pas les faits qui lui sont reprochés.
"Je ne connaissais pas l’identité de mes clients. Je pouvais avoir une idée de l’utilisation de mon service mais je ne savais pas", explique Léo, queue de cheval et fin collier de barbe.
"Vous n’êtes pas naïf", rétorque le président du tribunal. Des entreprises peuvent certes acheter ce type de service pour faire des pen-tests. Mais vont-elles sur zerodayforum-malware ou exploit.in pour débaucher des prestataires ?
Le prévenu assure même avoir été mal à l’aise de "percevoir autant d’argent". A l’époque de la perquisition, ses 18 bitcoins valaient 21000 euros.
Léo, sans ressources, finançait sa scolarité à l’école 42 en revendant des fractions de bitcoin. Mais sans flamber. Le jeune homme vit toujours aujourd’hui très chichement.
Les magistrats de la 12e chambre sont spécialisés sur les atteintes cyber. Mais malgré tout, ils font parfois quelques erreurs. Léo fait voir rouge son avocate, Me Garance, en reprenant l’un des magistrats sur Bitdefender, catalogué à tort comme un spécialiste du pen-test.
Quant aux proches de Léo, ils ne peuvent s’empêcher de pouffer sur la manière dont la justice prononce à la française le mot bitcoin.
On arrive au moment des réquisitions. Alice Chérif, pour le parquet, veut un "très gros avertissement". Soit 9 mois de prison avec sursis, la confiscation des scellés (en clair les 18 bitcoins) et l’inscription de la peine au casier judiciaire.
"Léo a trouvé un sens à sa vie, c’est un passionné, explique-t-elle. Mais ce n’est absolument pas le problème. Le problème, c’est qu’il a commercialisé ce crypteur qui permet à des charges virales de franchir des barrières anti-virus."
La défense met elle en avant les deux lettres élogieuses de l’éditeur d’anti virus Eset en faveur du jeune homme, non rétribué pour sa prestation de recherche de faille. Surtout, @GaranceMathias insiste sur le fait que Léo n’a pas créé de malware, mais seulement l'enveloppe.
Ce dernier survit aujourd’hui grâce au soutien d’une association proche de l’école 42, Matrice, et par des prestations informatiques ponctuelles.
L’avocate sait qu’elle n’évitera pas au jeune homme une condamnation. Mais elle va batailler sur l’inscription au bulletin B2 qui pourrait fermer les portes de nombreux employeurs potentiels (ex @InfoCybercom) pour le jeune homme.
Résultat : l'avocate est entendue. Le tribunal condamne Léo à 6 mois de prison avec sursis, la confiscation des scellés et une dispense d’inscription au B2. Le prévenu ne fera pas appel. Merci d'avoir suivi ce thread ! #cybercrime #Justice
[Edit] Sauf erreur de part, l'infraction visée (article 323-3-1 du code de procédure pénale). Léo était également poursuivi pour blanchiment legifrance.gouv.fr/affichCodeArti…
