Comme j'ai vu @Uneheuredepeine commenter ce petit même sur égalité/équité/justice. J'en profite pour faire un petit #threadlinguistique sur l'équité chez Aristote, pourquoi ça s'oppose bien à l'égalité et pourquoi en fait non pas vraiment 😅... 1/n #teamphilo
Pour Aristote l'équité c'est un "correctif de la loi". En effet celle-ci étant générale, ne peut prendre en compte la singularité de chacune des situations (parce qu'on ne peut pas faire une loi par situation sinon ce n'est plus une loi). La loi est donc "égalitaire" 2/n
Au sens où elle traite tous les cas à l'identique. Meurtre = x années de prison
Main dans la surface = carton rouge etc...
Mais tous les meurtres ne se valent pas ni toutes les mains dans la surface. C'est au juge (ou à l'arbitre) de se demander est-ce volontaire? Prémédité? 3/n
C'est quoi le mobile? Récidive ? Etc... On dit que le juge va alors interpréter la loi (générale) pour l'adapter à la situation (particulière). C'est une rupture de la rigidité égalitaire de la LETTRE de la loi toujours dans L'ESPRIT de la loi. 4/n
Il s'agit en quelques sortes de créer à chaque fois un régime d'exception pour une situation bien précise. C'est le juge qui va déroger à la lettre de la loi pour respecter son esprit 5/n
Le législatif (les lois) est toujours général / le judiciaire et l'exécutif (les décrets) plutôt particuliers. Donc oui pour Aristote l'équité s'oppose en un sens à l'égalité et permet une justice supérieure car contextualisée, même si complémentaire serait plus pertinent 6/n
MAIS vous avez peut être remarqué que ce qu'Aristote appelle équité N'EST PAS vraiment ce qu'aujourd'hui on désigne couramment par ce terme (en gros donner plus à ceux qui ont le moins ou le plus besoin ou le plus de mérite etc... notamment dans le cadre de la loi) 7/n
Pour lui ça c'est une certaine forme d'EGALITE qu'il appelle égalité géométrique (comme identité de rapports) ou proportionnelle selon laquelle par exemple chacun paye et reçoit des aides en fonction de ses revenus plutôt que de faire payer tout le monde à l'identique 8/n
Par opposition à l'égalité arithmétique qui est identique en valeur absolue (pour les matheux géométrique et arithmétique c'est comme pour les suites). Donc si vous parlez de ça quand vous utilisez équité alors ça ne s'oppose pas du tout à l'égalité pour Aristote 9/n
Bien au contraire l'équité au sens moderne C'EST de l'égalité selon lui. Les 2 types d'égalité renvoient à 2 types de justices différents (géométrique 👉 distributive d'un côté et arithmétique 👉 correctrice de l'autre) le tout étant de savoir quand utiliser laquelle. 10/n
Un exemple pour illustrer tout ça. On pourrait demander dans la loi la même somme à tous les citoyens pour impôt (égalité arithmétique) mais il semble plus juste de faire participer en fonction des moyens (égalité géométrique/équité moderne) mais pour la fameuse mamie 11/n
Sans revenu qui a acheté sa maison sur l'île de ré il y a 80 ans une bouchée de pain et qui va se faire expulser parce qu'elle se retrouve incapable de payer l'ISF auquel elle est nouvellement assujettie le juge pourrait peut-être proposer un aménagement, 12/n
Un régime d'exception à la loi (appréciation du juge/équité au sens d'Aristote) Car c'est un cas où l'application de la lettre de la loi (faire payer une petite vieille sans revenu puis l'expulser) semble aller contre l'esprit de la loi (faire payer les plus riches). 13/n
Je ne sais pas si cet exemple est réaliste mais bref vous voyez l'idée.
En conclusion faîtes attention au sens et au contexte d'usage des mots. Oui pour Aristote l'équité s'oppose à l'égalité sauf qu'il n'entend pas la même chose que nous par ce terme 14/n
Notre équité pour lui c'est purement et simplement de l'égalité.
Voilà
Fin du thread
15/15
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
Bon je reviens là dessus en mode un peu plus constructif. Pour ceux qui souhaitent intervenir régulièrement dans les classes je vous donne 4 conseils simples pour didactiser un minimum et faire progresser votre pratique.
1) Restez dans le domaine de compétence pour lequel vous êtes légitime.
Si vous êtes invité parce que vous êtes ingénieur ou médecin ou avocat ne parlez que de ça. Vous avez peut-être un hobby qui vous passionne et que vous aimeriez transmettre.
Mais utiliser l'accès que vous donne votre compétence reconnue dans un domaine pour faire autre chose c'est juste un appel à l'autorité fallacieux en fait.
Si vous vous permettez ça alors il faudrait accepter que n'importe qui peut venir parler de n'importe quoi en classe.
Le debunk a une place importante chez les "sceptiques" mais si un médecin vient dans une classe présenter des vaccins, un dépistage ou un mode de contraception. Est-ce que vraiment l'attitude d'élève à promouvoir c'est: ne pas y croire et aller vérifier par soi-même sur le net?1/
Parce qu'avec ça vous n'allez pas former des zététiciens vous allez juste former des complotistes.
Remettre en cause la "version officielle" sur la base de son intuition personnelle et faire "ses propres recherches" c'est juste l'attitude complotiste par excellence 2/
Quand vous êtes dans un cadre officiel et que vous décrédibilisez volontairement une parole légitime vous poussez un peu plus les gens dans cette voie c'est tout ce que vous faites. Ça ne veut pas dire qu'il faut tout accepter et croire sur parole on peut poser des questions. 3/
Voilà pourquoi il faut arrêter de faire venir des intervenants qui ne connaissent absolument rien au sujet dans des classes. Ça donne ce genre de catastrophe pédagogique. Vous pensez que c'est une bonne séance? c'est que vous êtes aussi nuls en pédagogie qu'en esprit critique 1/
Y a rien qui va c'est incroyable. D'abord comme d'hab la question de "l'appel à l'autorité" est traitée n'importe comment. ça ne veut pas dire qu'il faut absolument remettre en cause tout mais juste qu'il faut savoir hiérarchiser les légitimités. Le fameux biais du sophisme hein.
Ici on a un intervenant extérieur spécialiste d'un domaine (donc censé être encore plus calé que le prof) sélectionné par le prof, lui même dans une institution etc.. donc forcément la légitimité du discours est très élevée et c'est un très bonne chose!
L'écriture cursive n'est pas plus efficace. Ni plus rapide ni plus lisible au contraire.
Beaucoup de pays l'ont abandonné depuis longtemps (certains ont même supprimé l'apprentissage de l'écriture manuscrite)
Cela ralenti l'apprentissage à la fois de l'écriture ET de la lecture puisqu'il faut apprendre un alphabet différent pour écrire de celui qui est dans tous les livres même pour enfants. Apprendre à tracer en script faciliterait la reconnaissance des caractères.
L'homme de paille est une simplification outrancière d'une thèse.
Je profite du dernier épisode de @TroncheBiais pour continuer sur les arguments qui ressemblent à des sophismes sans en être.
Donc la question est:
Quand une simplification peut-elle être légitime? 1/ #zététique
Avant d'en proposer je précise le lexique car je ne suis pas sûr qu'il corresponde à celui de la vidéo. L'homme de paille est un paralogisme (raisonnement fallacieux) qui peut-être involontaire ou bien volontaire (dans ce dernier cas seulement on parlera de sophisme). 2/
Donc le premier cas qui me vient à l'idée c'est quand on simplifie une thèse mais en enlevant des éléments qui sont superflus, pour clarifier l'argument, dans ce cas ce n'est pas fallacieux et ça n'est pas pertinent d'accuser d'homme de paille 3/
Il y a bien d'autres exemples pour ce type d'argument dont la validité peut être débattue. On peut penser au sens des mots en #linguistique si c'est l'usage qui définit le sens d'un mot alors il a bien ce sens là en vertu du fait que tout le monde pense qu'il l'a 3/
Si tout le monde appelle ça un pingouin est-ce que c'est pas un peu un pingouin du coup?
Est-ce que vraiment il faut se battre jusqu'à la mort pour appeler ça un manchot ?
Est ce qu'il n'y a pas un sens commun et un sens spécialisé correspondant aux usages commun et spécialisé?4/