Jour 25, semaine 6 au procès #AttentatsJanvier2015. Cette semaine, démarrent les interrogatoires des accusés. Premier accusé interrogé : Willy Prévost, 34 ans, qui a grandi dans la même cité qu'Amedy Coulibaly, le terroriste de l'#HyperCacher et de #Montrouge.
Le président l'interroge sur les frères Kouachi ?
Willy Prévost : "Je le connais pas, je les ai jamais vus de ma vie". Il précise : "Coulibaly, je le connais depuis que je suis tout petit, il a grandi comme moi à La Grande Borne".
#AttentatsJanvier2015
En 2004, Willy Prévost a été incarcéré quelque temps. A la sortie, Coulibaly, de quatre ans son aîné, lui dit que tout va bien se passer. "On faisait des petits trafics", dit Prévost. Puis ajoute-t-il, "à partir de 2009 que ça s’est dégradé".
Willy Prévost parle d'un "problème", vers 2009. Coulibaly voulait lui faire transporter de la drogue, Prévost était en vacances en famille et n'a pas assuré ce go-fast. Coulibaly aurait ensuite estimé que Prévost avait une dette envers lui.
Willy Prévost dit qu'après un jour, Coulibaly "a craqué. J’étais pas chez moi. Y avait mon père et ma mère. Mon père il m’a appelé sur mon téléphone, il m’a dit y a Amedy qui te cherche fais attention". Puis Coulibaly a trouvé Prévost, l'aurait emmené dans une forêt...
Dans cette forêt de la sapinière, "je me suis fait tabasser" dit Willy Prévost, à coups de batte de base-ball.
Le président : "Vous avez porté plainte ?"
Prévost : "Dans les quartiers on peut pas porter plainte.
On s’en prend aux familles sinon. Je la connais cette routine".
En mars 2014, Amedy Coulibaly, qui était retourné en prison, en ressort. Et recroise Willy Prévost devant le centre commercial de Fleury-Mérogis : "j'étais posé là", dit Prévost qui aurait déménagé de La Grande Borne après son tabasse par Coulibaly, par peur.
Willy Prévost : En 2014, "m’a dit quoiqu’il arrive je te retrouve. C’est pas tous les jours qu’il vient avec une batte de base ball, qu'il me dit il va me frapper. Mais c’est une relation je me dis autant que je vais dans son sens" (sic).
A ce procès de #AttentatsJanvier2015, Willy Prévost est accusé d'avoir aidé Amedy Coulibaly à se procurer la Renault Mégane qui a servi à se rendre à l’#HyperCacher, accusé aussi d’avoir retiré le traceur de la moto qui a été utilisée pour aller tuer la policière de #Montrouge.
Willy Prévost est aussi accusé d’avoir fourni à Amedy Coulibaly des gilets tactiques, des couteaux, des gazeuses lacrymogènes, un taser. Prévost dit que Coulibaly lui a demandé de les acheter début décembre, Prévost les a achetés fin décembre, "je tarde", il dit qu'il a pas envie
Le président : "vous lui posez des questions ?" sur ces achats, "vous lui demandez pourquoi il va pas les acheter lui-même ?"
Willy Prévost : "Il me dit ferme ta gueule, j’ai pas posé de questions. Franchement je peux pas lui demander, ça peut vous paraître bizarre"...
Willy Prévost ajoute : "C’est pas tous les jours qu’il me menaçait ou quoi, mais je savais que j’étais sous la contrainte".
Le président lui demande s'il n'a pas trouvé bizarre ce type d'achat ?
Willy Prévost : "Franchement je dis la vérité je savais que c’était pour un délit, lui il me parle d’un arrivage de drogue, je me dis il va faire un braquage un go-fast. Pour moi Amedy, c’était un braqueur".
Le président lui demande s'il savait que jusqu'à 2014, Coulibaly avait été incarcéré pour affaire de terrorisme ? Willy Prévost : "Il m’a jamais dit que c'était pour terrorisme, les jeunes du quartier comme moi, ils savaient pas".
Willy Prévost à propos d'Amedy Coulibaly : "Franchement son côté radical, j’ai jamais vu qu’il était radicalisé, pour moi il était normal, il me faisait pas des cinémas de me parler de ça ou ça. Il m’a jamais parlé de religion".
Le président lui demande pourquoi il emmène avec lui des copains pour acheter les gilets tactiques ?
Willy Prévost : "On est au quartier, on galère, je les emmène avec moi, c’est comme si vous allez faire des courses, ça va nous sortir. Je fais rien de grave".
Willy Prévost poursuit : "D’accord je sais que Coulibaly il va commettre un truc de délinquant. Mais je dis vas-y on va bouger du quartier, après on va peut être manger un truc.
Nos journées c’était de galérer au quartier je me dis pas je vais les emmener dans ma galère"...
Parmi les copains qui ont accompagné Prévost pour ces achats, Christophe Raumel est un autre accusé de ce procès, le seul qui comparaît libre et risque seulement 10 ans de prison contre 20 ans pour Prévost...
Willy Prévost ne comprend pas pourquoi Raumel, son "pote" est accusé à ce procès, car dit-il, il n'a jamais serré la main à Amedy Coulibaly, ne le connaissait pas, dit-il.
Le président interroge Prévost sur la Scenic qui a servi à aller à l'#HyperCacher. Amedy Coulibaly avait demandé de l'acheter pour sa femme Hayat Boumeddiene, mais à un autre nom : "ça vous a pas semblé bizarre ?"
Willy Prévost répond : "Monsieur le président, j’habite dans un quartier, 90% des gens qui ont une voiture, c’est un faux nom ! Peut être pas pour vous qui avez grandi à Paris dans le 16e"...
Willy Prévost précise qu'il ne voyait pas quelle action Coulibaly aurait pu commettre avec une Scenic : "Avec une Scenic, on va faire quoi avec une Scenic ? C’est une voiture de ville, c’est pour faire de la route tranquille !"
Willy Prévost ajoute : "Il m’aurait dit va acheter un gros 4/4 avec un gros moteur qui envoie de la patate... Mais un Scenic, je me dis à quel moment c’est bizarre ?!"
En août 2014, Coulibaly demande à Prévost s'il peut aller "chercher des affaires" en voiture. Les affaires = les armes. Willy Prévost à Coulibaly : "je lui dis, je peux pas, j'ai le bracelet" (électronique)...
Le président lui demande si Ali Riza Polat, principal accusé, avait peur de Coulibaly ?
Willy Prévost : "Peur je vais pas dire peur, mais je pense qu’il le craignait. Il aurait dit un truc à Coulibaly il se serait fait casser la bouche. Il faisait pas le poids."
Prévost dit que Coulibaly était un "grand" pour lui, de quatre ans son aîné, "quand j'étais petit, il était en moto, on le bloquait pour lui dire fais-moi un tour de moto".
Willy Prévost ne comprend pas pourquoi il risque 20 ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste. "Franchement je comprends pas qu’on me renvoie.
Association de malfaiteurs, pas de problème" mais il dit qu'il n'a rien à voir avec le terrorisme.
Willy Prévost poursuit : "Ouais je comprends ce qu’il a fait c’est atroce, je condamne, j’ai de la compassion pour la famille des victimes des trucs comme ça, mais à aucun moment faut me parler de religion. J’ai grandi dans un quartier, on jouait tous au foot ensemble."
Willy Prévost : "Moi je connais pas juif, antisémite, on était tous ensemble, on allé manger les uns chez les autres, nos familles étaient tous solidaires, j’ai grandi pas avec une haine".
Willy Prévost sur Amedy Coulibaly : "J’aimerais dire pourquoi il a basculé mais j’ai pas vu son basculement".
Le président lui demande si Coulibaly lui a déjà parlé de mentor ?
Willy Prévost : "Jamais il m’a parlé qu’il avait un mentor.
C’était lui le mentor. C’était un personnage. J’ai pas vu de gens qui le guidaient".
Le président lui reparle du traceur de la moto Suzuki, qui a servi à aller à #Montrouge, traceur que Coulibaly l'avait chargé d'enlever. Willy Prévost : "J’aime bien la moto, je me dis ça va me permettre de passer une bonne journée en moto", la journée pour enlever le traceur.
L'assesseur s'étonne que Willy Prévost n'ait pas tout dit tout de suite en garde à vue après les #AttentatsJanvier2015 ? Prévost: "Je suis perdu dans ma tête. Les policiers ils me parlent de terrorisme, j’étais en panique. Je suis pas venu tout de suite aux faits, c’est normal".
L'assesseur demande à Willy Prévost fréquente des mosquées ? "Non", répond Prévost, qui dit qu'il n'est pas converti, sa famille dit le contraire rappelle l'assesseur.
Prévost rappelle : "C'est pas un crime d'être converti à la religion musulmane".
L'assesseur pense utile de préciser qu'il ne va pas lui demander s'il mange du porc ou pas de porc !
Willy Prévost : "Je vais pas dire oui je suis musulman, j'ai jamais fait la prière, jamais fait tout ça, ça va pas changer dans ma tête".
Le président reprend la parole et précise que Prévost avait trois téléphones.
Willy Prévost : "un téléphone privé, un téléphone pour moi, Amedy et Polat. Un téléphone pour aller faire l’achat de la voiture, celui qui est retrouvé dans la Scenic, dans la boîte à gants".
Une assesseuse demande le montant de la dette que Coulibaly réclamait à Willy Prévost.
"30 000 euros", répond Willy Prévost.
Les avocats de parties civiles commencent leurs questions. Une avocate veut qu'on fasse ouvrir un scellé contenant la lettre d'un ami qui dit que Willy Prévost "était au courant de tout"...
On ouvrira le scellé dans l'après-midi, mais Willy Prévost se justifie : cet ami, "c'est un mec il avait une relation avec une fille", plusieurs filles dans cette histoire, "il croit même que j'ai couché avec sa copine, en fait c’est une histoire de cul excusez-moi du terme".
La même avocate, Me Cechman fait remarquer qu'il a dit plusieurs fois qu'il était sous la contrainte de gens, pas seulement Coulibaly. Prévost s'énerve: "Mais vous avez grandi où, madame ? Les gens qui sont devant leur télé à regarder BFM, ça sert à rien de parler de quartier"
Willy Prévost : "#CharlieHebdo je savais même pas c’était quoi. Même le mot caricature je savais même pas c’était quoi" avant 2015.
Me Cechman lui fait remarquer que Tonino G., un temps poursuivi dans ce dossier avant d'être relâché, n'a pas remarqué que Prévost agissait sous la menace de Coulibaly.
Prévost : "Mais je vais pas lui raconter ma vie.
C’est un petit jeune de 21 ans". Il a pas parlé de tabassage.
Willy Prévost sur Amedy Coulibaly : "Des mecs comme ça on les esquive pas, soit tu fais de qu'il te dit, soit tu passes à la casserole".
Me Cechman poursuit : "est-ce que vous pouvez nous expliquer ce vous savez ce qu'est un gilet tactique ?"
Willy Prévost : "fait que je réponde ?"
L'avocate : "je pense".
Willy Prévost : "hé, j'ai jamais nié que je suis rentré dans une armurerie. Mais si vous me reprochez cet achat, c'est au commerçant..." Il poursuit : "Demain je vais acheter une brosse à dents, pour un mec qui plante quelqu’un on va me reprocher la brosse à dents ! Hé !"
Willy Prévost explique que Amedy Coulibaly lui a montré un catalogue avec gilets de pêche, et lui a demandé d'aller dans une armurerie à Montrouge. L'avocate souligne Montrouge, où la policière a été tuée.
Willy Prévost s'énerve : "Moi j’ai rien à voir avec les faits qu’Amedy il a fait. Je suis triste, j’en suis peiné. Faut bien se le mettre ça. Oui je suis pas un terroriste. Faut pas commencer à me dire ce que j’ai fait à #Montrouge, à l’#HyperCacher"...
"Je sais pas moi il veut mettre quoi dans les poches ?" de son gilet tactique, Amedy Coulibaly, répond Willy Prévost.
Willy Prévost enchaîne sur les couteaux qu'il a achetés sur demande de Coulibaly. "Les couteaux je me suis dit ça va être un braquage de go-fast, les couteaux ça va servir à ouvrir les sas dans les coffres".
Willy Prévost ajoute : "J’ai jamais vu de kalach de ma vie"
L'avocate le coupe. Willy Prévost s'énerve : "Laissez-moi m’exprimer, j'ai envie de m'exprimer, ça fait cinq ans et demi que j’attends ce moment-là".
Cinq ans et demi qu'il est en prison. Il en risque 20.
Me Cechman s'étonne que la planque de Coulibaly à Gentilly, réservée le 26 décembre 2014, et que Willy Prévost ait fait ses achats à l'armurerie le 27 décembre. Il jure qu'il ne connaissait pas cette planque. Sinon "pourquoi j’aurais mis les affaires dans l'appart de Raumel ?"
Willy Prévost s'exclame : "Hé soyez réaliste, j’étais pas au courant qu’y avait l'appart de Gentilly, je dormais pas avec Amedy Coulibaly !" et il s'énerve encore qu'on le fasse passer pour "le plus gros bête de la terre !"
Me Cechman qui ne le lâche pas, lui parle d'un coup de fil suspect le 7 janvier 2015. Avec le téléphone de Raumel, en fait, Raumel qui n'a rien à voir, répète Willy Prévost.
Willy Prévost qui parle de ce soir où il est sorti de chez Ramdani... Euh, non, il se reprend, un autre nom qui ressemble. Ramdani est un accusé de ce procès, face à lui. Willy Prévost demande pardon.
Et Me Cechman a encore d'autres questions, et Willy Prévost est au bord du craquage : "Madame y a des gens, ils étaient ici" à la barre, "ils étaient en contact avec les donneurs d’ordre, ils sont dehors, avec eux vous étiez pas aussi dure qu’avec moi !"
Willy Prévost : "J’ai acheté trois gilets, deux couteaux, deux gazeuses, on veut me coller une étiquette de terroriste, je suis pas terroriste. Essayez pas de me mettre cette étiquette qui me va pas, je la vis très mal, ces gens c’est les plus gros fils de pute, je les déteste".
Willy Prévost, qui répète : "Hé, essayez pas de me mettre un bonnet qui est pas à ma taille, je suis pas terroriste".
L'audience reprend pour l'après-midi au procès des #AttentatsJanvier2015 et Me Cechman revient poser la dernière question qu'elle avait avant le déjeuner.
Me Cechman montre une photo à la cour sur écran géant. On y voit Willy Prévost au moment de son interpellation en 2015 : il se reconnaît, avec "des cheveux, une barbe, des sourcils, une cicatrice près du nez, mais excusez-moi c’est interdit d’avoir une barbe ?"
L'accusé Prévost est nerveux, ne comprend pas qu'on l'accuse pour une petite barbe (rien à voir avec une barbe prophétique), lui qui a aujourd'hui le crâne rasé et plus de barbe.
Il s'énerve et dit à son avocat Hugo Lévy, "c’est n’importe quoi ça, c’est des conneries". Son avocat le calme. Et un autre avocat de parties civiles Me Korchia attaque avec une autre question sur la religion.
Me Korchia souligne que Willy Prévost aurait dit à sa compagne qu'il était musulman, ce qu'il nie aujourd'hui. Et Me Korchia reparle de la vendeuse de la voiture qui a servi à aller à l'#HyperCacher, à qui il aurait dit qu'elle avait une tenue trop légère.
Une tenue légère comme celle que des musulmans rigoristes ne veulent pas regarder, et donc l'avocat lui redemande de s'expliquer sur la religion. Willy Prévost s'énerve contre ces questions incessantes sur l'islam, répète qu'il n'est pas converti.
Willy Prévost : "Non je suis pas musulman et si j’aurais été musulman je l’aurais dit avec plaisir". Il ne veut pas qu'on le confonde avec les terroristes de janvier 2015, les insulte, demande à ne pas faire "d’amalgame". "Si je l’aurais été", musulman, "je l’aurais dit".
Willy Prévost : "Je vais vous dire un truc depuis cinq ans et demi, cette question à chaque fois ça revient.
Je comprends pas. Je suis parti acheter des gilets", c'est tout. Il s'énerve de plus en plus, en tentant malgré tout de se contenir.
Me Maktouf lui pose une énième question sur la religion : "qu'est-ce qu'un testament ?"
Willy Prévost ne veut pas répondre.
Dit : "arrêtez de me chercher des petits poux, vous me cassez la tête".
Willy Prévost répète qu'il a acheté des gilets, "personne me pose des questions sur les gilets". Me Cechman bondit et crie : "Si, j'en ai posé une, arrêtez de jouer les idiots !"
Le ton monte.
L'avocat de Prévost, Hugo Lévy rétorque : "C’est une invective, pas une question !"
Le président de Jorna : "Bon, on revient à un peu de sérénité !"
Me Metzker se lève.
Le président : "Maître, vous avez une question pour ramener la sérénité ?"
Me Metzker a souvent eu des questions-chocs sans grandes nuances depuis un mois...
Et Me Metzker s'emmêle avec une affaire antisémite qui a eu lieu à Sarcelles, sans aucun rapport avec Willy Prévost ni ce procès.
Me Malka, avocat de #CharlieHebdo l'interroge sur le téléphone personnel qu'il a remis à Polat en janvier 2015, "quand même votre téléphone personnel"...
Willy Prévost : "Monsieur le président, j’aurais aimé que le téléphone soit entre vos mains pour que vous ayiez vu mes messages !"
Me Malka : "Nous aussi !"
Willy Prévost se justifie : "Moi le matin on m’appelle, je remets le téléphone (qui a servi aux échanges Coulibaly-Polat). Et de là il (Polat) me dit aussi donne-moi aussi ton téléphone (perso) si tu veux pas de problème avec Amedy" et il a ainsi donné son téléphone perso...
Me Malka l'interroge sur la barbe qu'il portait en 2015, sans moustache, "comme les salafistes" précise Me Malka.
Willy Prévost baisse son masque chirurgical et se met à expliquer : "Vous voyez Monsieur le président, j'ai une cicatrice sous mon nez, un accident de moto en 2014".
Willy Prévost explique que les poils ne poussent plus sur cette cicatrice, "je vais pas faire des poils ici et des poils là, je peux pas laisser une moustache là et pas ici c’est la logique qui veut ça !" s'exclame-t-il prenant la cour et la salle à témoin, masque baissé.
Me Swarzc l'interroge ensuite sur un café où il se rendait tous les jours. Et Amedy Coulibaly y allait trois fois par semaine, dit-elle.
"Hein ?" s'étrangle Willy Prévost.
Arrive l'avocate d'une association qui lutte contre l'antisémitisme, elle lui demande s'il a déjà entendu parler de clichés tels que "les juifs ont de l'argent ?"
Willy Prévost : "Y a pas que les Juifs qui ont de l’argent, les Chinois ont de l’argent !"
Willy Prévost enchaîne : "Moi dans mon quartier, y avait des juifs ils avaient pas d’argent", dit-il.
Willy Prévost est au bord du craquage, sous le feu des questions, il boit dans sa bouteille d'eau et lance : "Vous savez, j’ai envie de m’asseoir là, et d’arrêter de répondre à vos questions".
Willy Prévost répète qu'il a acheté des gilets tactiques.
L'avocate de l'association : "Figurez-vous que les achats que vous avez faits monsieur ont conduit à la mort de plusieurs personnes".
#HyperCacher #Montrouge
Willy Prévost : "Est ce que l’enquête a montré que j’étais dans les faits ? C’est n’importe quoi, c’est n’importe quoi !"
Quelqu'un rétorque : "Oui, sinon vous ne seriez pas dans le box".
L'avocate générale l'interroge sur un de ses surnoms ?
CRS ?
Willy Prévost confirme.
L'avocate générale pose une question à Willy Prévost sur Ali Riza Polat.
Dans son box, Polat s'écrie : "Laissez-moi tranquille !"
on allait manger ! (rectificatif orthographique)
et j'ai pas grandi avec une haine (les mots dans l'ordre)
Ce moment où l'avocat de Polat a une question pour Prévost sur Coulibaly, dont on rappelle qu'il avait rencontré le président Sarkozy à l'Elysée.
Willy Prévost : "C'est pas parce qu'il a rencontré Sarkozy qu'il est devenu un caïd !"
Rires dans la salle d'audience.
Me Coutant-Peyre reparle du "problème de pilosité" évoqué par Willy Prévost : "vous avez dit un accident en 1974 ? Ce que j'ai entendu mais vous êtes né en 86, j'ai dû mal entendre !" Rires. Prévost : "c'était en 2004", l'accident.
Il avait dit 2014 tout à l'heure, semble-t-il.
Ali Riza Polat s'énerve, crie depuis son box, sa voix couvre celle de son avocate. "Me je suis pas énervé contre vous, mais c'est lui..."
Me Coutant-Peyre : "Bon".
Et Polat : "Allez-y maître"...
Me Coutant-Peyre demande à Willy Prévost pourquoi il a dit des choses contre son client, Polat. "Ca sert à quoi de raconter des choses pas vérifiables ?"
Et elle répète "je ne suis pas du côté du parquet"...
Au tour de Me Hugo Lévy, avocat de Willy Prévost, de prendre la parole. Lui demande comment on a pu dire qu'il était musulman. "Peut-être parce que mon frère l'était", avance Willy Prévost.
Me Hugo Lévy l'interroge sur son parcours pénitentiaire, où Willy Prévost dit qu'il a fait "tous les trucs de binôme de soutien" pour mesurer la radicalisation des détenus incarcérés pour terrorisme islamiste, que l'administration pénitentiaire appelle les TIS.
Willy Prévost sur lesdits binômes : "Ils voyaient que j’étais pas du tout dans des sphères bizarres, que j’étais un mec des quartiers quoi. J’ai fait tout leur système par rapport à la religion et ils ont vu que y avait rien, que j’étais une personne lambda normale".
Me Hugo Lévy lui parle d'Al Qaïda, d'un communiqué au début du procès.
Willy Prévost du tac au tac : "Qu'ils aillent bien niquer leur mère, qu'ils aillent se faire bombarder..."
L'avocat : "Je ne pensais pas à ça !"
Prévost se reprend : "Ah oui, qu'ils me laissent me faire juger"
Me Hugo Lévy lui demande s'il est déjà allé à la mosquée ?
Willy Prévost dit qu'il est juste allé des fois, "accompagner le mec et je reste dans la voiture", mais lui dit qu'il n'y est jamais rentré.
Hugo Lévy : "qu'est-ce qui vous motive à faire ces déclarations qui vous mettent en cause ?", durant l'enquête...
Willy Prévost, à son avocat : "C'est par rapport aux victimes", d'une toute petite voix.
Me Lévy l'interroge sur son avenir ?
Willy Prévost dit que "la seule chose que je veux faire, c'est construire avec une fille, avoir des enfants".
La mère de Willy Prévost, prénommée Nadine, est appelée à la barre des témoins.
Elle arrive, jean, pull de laine, manteau à fourrure, cheveux longs et bruns. Elle a 60 ans. Une élocution un peu difficile. Est sans profession. Son fils la regarde, lui sourit derrière son masque.
La mère de Willy Prévost, d'une voix très lente. Elle a des difficultés pour entendre. "Avec mon fils, ça va, y a pas de problème, je sais pas quoi vous dire".
Le président lui demande la personnalité de son fils Willy Prévost ?
La mère : "Il est doux, il est gentil, avec moi il a toujours été très très gentil, avec ses frères et soeur aussi".
Le président lui demande si elle sait des choses pour les faits ?
Elle ne sait rien.
Pourquoi a-t-il quitté la maison ?
La mère : "Il a eu beaucoup de menaces contre lui".
Le président : "Pourquoi ?"
Elle ne sait pas.
Le président : "Pour des dettes ?"
La mère : "C'est cela".
Le président : "Vous le saviez ?"
La mère : "Non pas du tout, c'est des personnes qui sont venues à ma porte et m'ont dit que mon fils devait de l'argent".
Le président : "Vous connaissiez Amedy Coulibaly ?"
La mère de Willy Prévost : "Oui, au début ça se passait bien puis après y a eu des problèmes. Ils l'ont amené à la Sapinière pour le taper quoi. Après il (Coulibaly) est revenu chez moi, deux fois, armé, et on a été menacés".
Elle dit qu'après le tabassage de son fils Willy Prévost par Amedy Coulibaly, son fils est revenu "très très abîmé".
Le président : "Vous n'avez pas porté plainte ?"
Elle voulait mais son fils a eu "peur des représailles".
Son fils Willy Prévost lui parlait très peu des menaces d'Amedy Coulibaly. "Après il est parti de Grigny, chez une amie".
Le président : "Vous aviez des contacts ?"
La mère : "Oui j'allais le voir".
Le président : "Est-ce qu'il avait de l'argent pour payer ses dettes ?"
La mère : "Non". Elle dit que c'est elle qui lui donnait ce dont il avait besoin.
Le président lui parle des papiers retrouvés dans la Mégane Scenic, à son nom à elle. Elle sait juste que son fils "avait besoin de ma carte d'identité pour avoir le RSA et la CMU c’est pour ça que je lui ai donné. Je sais plus si j’ai fait moi-même les photocopies".
Il y a eu une fausse adresse sur les papiers. La mère explique qu'elle a déménagé. Elle a été expulsée en juin 2014. "J'ai été recueillie par ma mère".
Le président : "Willy parlait de la religion musulmane ?"
La mère : "Non, pas du tout".
Le président l'interroge sur le moment où elle a appris que Coulibaly était l'auteur d'attentats.
La mère de Willy Prévost : "Franchement on a été choqués de voir ce qu’il avait fait quoi".
Le président lui demande si elle a senti son fils inquiet ?
A la barre, elle dit non. En mars 2015, elle avait déclaré à la police que son fils lui avait confié en janvier 2015 qu'il avait peur d'aller en prison "parce qu'il le connaissait".
Le président lui demande si elle savait pourquoi Amedy Coulibaly était en prison entre 2010 et 2014 ?
La mère de Willy Prévost, à la barre : "Non".
Le président lui rappelle ses précédentes déclarations. Il lit ce qu'elle avait déclarait : "Il me semble qu’il m’a dit que pour Coulibaly était en prison pour terrorisme" et que "Willy a été très choqué".
Le président repose la question : "Willy savait que Coulibaly purgeait une peine pour terrorisme ?"
Cette fois, elle acquiesce.
Le président : "Est-ce qu’il vous en a dit plus ?"
Elle : "Ben non, on l’a appris je sais même pas comment !"
L'avocat général lui demande jusqu'à quand son fils a continué à voir Amedy Coulibaly. A la barre, la mère de Willy Prévost a du mal à répondre. Elle dit : "je ne sais pas, je peux pas vous répondre".
L'avocat général : "Parce que vous vous souvenez pas ou vous pouvez pas répondre ?"
La mère de Willy Prévost : "Je peux pas vous répondre".
L'avocat général : "Est-ce qu'avec Amedy Coulibaly est-ce que vous avez dit à votre fils de faire attention à ses fréquentations ?"
Elle ne peut pas répondre.
Me Hugo Lévy, l'avocat de son fils, demande à madame Prévost, en s'excusant de lui poser la question : "Vous avez des problèmes de santé ?"
Elle parle d'un AVC. Qui expliquerait donc ses trous de mémoire sous-entend l'avocat sans le dire. Ou ses réponses divergentes...
Et elle s'en va. Arrive le père de Willy Prévost, prénommé Eric. Il a 52 ans. Son fils lui fait un petit signe de la main derrière la vitre de son box. Il est agent de maintenance.
Le père de Willy Prévost dit de son fils que "c'est un gros nounours, il a jamais fait de mal à personne. Willy avait très peur de Coulibaly. Même moi j'avais peur. Coulibaly c'était un violent, c'était un méchant. Si on lui disait non, il vous tapait dessus".
Le père de Willy Prévost répète : "Mon fils c'est un gentil, qui sait pas dire non, rend service, malheureusement, ça l'a entraîné dans des histoires".
Le père de Willy Prévost parle de la dette de son fils, pense que la dette est à l'origine de toutes ces histoires avec Amedy Coulibaly.
Le président lui demande pourquoi il a un jour monté une cuisine chez les Coulibaly ? Le père de Willy Prévost explique que pendant trois, quatre ans, il a fait une chute, "j'étais alcoolique", le père avait besoin d'argent.
Le président lui demande s'il a été payé par Coulibaly ?
"Non", dit le père de Willy Prévost.
Le président : "Il est mort sans avoir payé ?"
Le président ajoute ce commentaire ahurissant : "C'est contraire au principe de l'islam radical, c'est un manquement notable".
Me Hugo Lévy avocat de Willy Prévost demande au père de son client s'il était converti à l'islam ?
Le père : "Non, jamais".
Me Lévy : "C'était un caïd ?"
Le père sur son fils : "ça a jamais été un caïd, il était victime".
Me Lévy : "Victime de qui ?"
Le père : "Des autres".
Quand il sortira de prison, les parents attendent leur fils chez eux, dit le père.
Me Lévy : "Vous êtes sûr que c'est pas un assassin votre fils ?"
Le père de Willy Prévost : "Ca a jamais été un assassin ! C'est un agneau !"
Et le père quitte la salle.
Arrive à la barre, Caroline, soeur de Willy Prévost.
32 ans. Son frère lui fait un petit coucou du box et ses yeux sourient au-dessus du masque. Elle dit : "Mon frère, il est adorable, il est protecteur".
La petite soeur de Willy Prévost sera restée près de 30 minutes à la barre, émue, apeurée, ayant du mal à répondre. Elle sort au bord des larmes. Son grand frère lui refait un petit coucou et baisse un peu son masque pour lui sourire.
Arrive le petit frère, Stan, 25 ans, sweat capuche, mains dans les poches : "Moi mon frère il a toujours été respectueux, il est gentil, je l'aime".
Le petit frère de Willy Prévost : "Mon frère il a été menacé".
Le président : "Pourquoi ?"
Le petit frère : "Ch'ais pas moi, on a pas le même âge, il a trente-deux ans, il va pas me raconter ses histoires !"
Le président : "Il avait quelle réputation Coulibaly ?"
Le petit frère de Willy Prévost : "Une réputation de "tapeur, de mec qui fait du go-fast"
A la barre, le petit frère parle à toute allure, revient sur ce qu'il a dit en audition, affirme qu'il avait dit ça car il l'avait entendu à la télé. Le petit frère n'arrête pas de couper la parole aux avocats, au président...
Le président tente de le remettre en place et lui dit : "Faites un peu attention, on est pas sur un plateau télé !!!"
Le président : "Bon, vous pouvez partir Monsieur".
Le petit frère : "C'est bon, je peux y aller ?" et il quitte la barre avec une grande désinvolture, faisant un signe à son grand frère et marmonnant un mot que chacun a entendu comme "Wallah !"
L'audience est suspendue et reprendra demain.
Et voici le compte-rendu @franceinter de ce jour 25, avec les dessins de Matthieu Boucheron.
franceinter.fr/justice/l-accu…

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6 Oct
Jour 26 au procès des #AttentatsJanvier2015. Aujourd'hui, la cour d'assises doit entendre le seul des quatorze accusés qui comparaisse libre : Christophe Raumel, assis sur un strapontin depuis le début de ce procès. Il est le seul à ne pas être poursuivi pour terrorisme.
Christophe Raumel était "pote" de Willy Prévost, interrogé hier. Ils sont accusés d'avoir acheté ensemble pour Amedy Coulibaly, une Megane (qui a servi pour se rendre à l'#HyperCacher), 3 gilets tactiques, 2 couteaux, 2 gazeuses, 1 taser. Achats reconnus hier par Willy Prévost.
Pour retrouver le compte-rendu d'hier, c'est ici 👇avec les dessins de Matthieu Boucheron.
franceinter.fr/justice/l-accu…
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3 Oct
Jour 24 au procès des #AttentatsJanvier2015. La cour d'assises spécialement composée a commencé à siéger le samedi pour rattraper le retard pris lors de certaines audiences trop chargées. Il y aura d'autres samedis audiencés d'ici le verdict, prévu le 10 ou le 11 novembre.
Pour retrouver le compte-rendu d'audience @franceinter du jour 23, signé @ChPiret c'est ici 👇
franceinter.fr/justice/proces…
Cet après-midi, la cour entendra le témoignage de Farid Benyettou, qui fut mentor des frères Kouachi dans les années 2000, dans la filière des Buttes-Chaumont. Il n'y a aucune charge pénale contre lui pour ce procès des #AttentatsJanvier2015, au grand regret de certains avocats.
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1 Oct
Jour 22 au procès des #AttentatsJanvier2015. Aujourd'hui, la cour d'assises va entendre ceux qui ont vendu des armes qui ont ensuite servi au terroriste Amedy Coulibaly. Les armes des Kouachi, elles, n'étaient pas "traçables".
(Re)voici le compte-rendu web @franceinter du jour 21, où l'on avait commencé à se plonger dans cette filière armes, la filière de Claude Hermant, attendu aujourd'hui à la barre.
franceinter.fr/justice/proces…
Pour croquer les audiences de ce jour 22, toujours le coup de crayon et les pinceaux de Matthieu Boucheron, pour @franceinter. Il y aura aujourd'hui plusieurs "briscards" à la barre, selon les mots d'une enquêtrice entendue hier.
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30 Sep
Jour 21 au procès des #AttentatsJanvier2015. Aujourd'hui, la cour d'assises va commencer à se pencher sur les armes qui ont servi à commettre les attentats.
(Re)voici le compte-rendu d'audience @franceinter du jour 20 avec les dessins de Matthieu Boucheron.
franceinter.fr/justice/proces…
Le président rappelle que les armes utilisées par les frères Kouachi le 7 janvier 2015 venaient d'ex-Yougoslavie mais n'étaient pas traçables. Ils avaient 2 fusils d'assaut, 2 pistolets à répétition automatique, 1 lance-roquettes.
#AttentatsJanvier2015
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29 Sep
Jour 20, semaine 5 au procès des #AttentatsJanvier2015. Aujourd'hui, des enquêteurs vont continuer à décortiquer la téléphonie des accusés en lien avec les auteurs des attentats, surtout avec Amedy Coulibaly qui avait 17 téléphones. Plusieurs de ses amis sont dans le box.
Voici le compte-rendu web @franceinter du jour 19 signé @ChPiret avec les dessins de Matthieu Boucheron. franceinter.fr/justice/proces…
L'audience reprend, jour 20.
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25 Sep
Jour 18 au procès #AttentatsJanvier2015. Hier, l'audience a été suspendue car un accusé a été malade, secoué de vomissements dans le box, avec de la fièvre. Un test Covid a été fait. Le test est négatif. L'accusé est revenu dans son box et semble aller mieux ce matin.
L'audience devrait donc reprendre dans quelques minutes. Sauf si l'accusé se sent à nouveau mal. Ses avocats refusaient que l'audience se tienne sans lui. Aux assises, les accusés sont toujours présents à leur procès, sauf s'ils refusent eux-mêmes.
L'audience reprend, les "conditions sanitaires sont remplies", annonce le président. Et l'audience va reprendre là où elle s'était arrêtée hier, avec l'audition en visio d'un enquêteur de la DGSI, le témoin SI562 : comme hier, on voit l'ombre de sa main sur un écran blanc flouté.
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