Pour une étude sur laquelle je travaille en ce moment, j'ai fait une belle image satellite de Palo Verde, la fameuse centrale #nucléaire située dans le désert en Arizona.
Je ne résiste pas au plaisir de vous la partager, avec quelques explications dans les tweets suivants :
Palo Verde le plus gros producteur d'électricité aux États-Unis et la 2e centrale du pays en puissance installée (derrière le barrage hydroélectrique de Grande Coulée).
Et cela malgré sa position improbable au milieu d'un désert sans accès à une masse d'eau naturelle.
Palo Verde est la seule centrale nucléaire au monde dans cette situation ce qui en fait le poster boy de l'adaptation aux climats extrêmes.
Mais la centrale en elle-même (encadrée en rouge) n'a rien de bien original, c'est autour que ça se passe.
Pour la partie centrale, on a 3 réacteurs de 1300MW refroidis en cycle fermé afin de limiter les besoins en eau. Très similaires à ceux de Chooz ou Cattenom chez nous.
Seule petite originalité : pas de grandes tours, les aéroréfrigérants sont mécaniques (comme ceux de Chinon).
Alors comment Palo Verde fait-elle pour fonctionner sans rivière, lac ou océan alors que nos centrales calent régulièrement à cause de sécheresses ?
Tout simplement en achetant de l'eau là il y en a, en l’occurrence à Phoenix 70km à l'est, et l’amenant sur place.
La centrale de Palo Verde achète son eau en sortie de deux stations d'épuration de Phoenix.
Cette eau passe par un pipeline de 3 mètres de diamètre et arrive dans une nouvelle usine de traitement destinée à assurer une qualité constante :
Une fois traitée, l'eau est envoyée vers deux bassins d'une capacité totale de 4 millions de mètres cubes. La centrale vient y puiser comme elle le ferait dans un lac ou un océan.
Ces bassins alimentent aussi la centrale à cycle-combiné gaz de Redhawk (1060MW), un peu au sud.
Une partie de cette eau s'évapore dans les aéroréfrigérants en refroidissant la centrale.
Que fait-on du reste puisqu'il n'y a pas de rivière dans laquelle diluer les rejets ? Il rejoint des bassins d'évaporation situés au sud (surface totale 2.6km²).
Après évaporation, il reste une boue qui n'est pas radioactive mais concentre des résidus de produits chimiques utilisés à différentes étapes du processus.
Cette boue est ensevelie dans des décharges situées à proximité.
Je le disais plus haut : Palo Verde est réputée être la démonstration que le #nucléaire peut s'adapter à toutes les contraintes climatiques.
Mais notez que l'adaptation ne porte pas sur la centrale elle-même, c'est son intégration dans l'environnement qui est innovante.
Ceux qui citent cette centrale sont souvent les mêmes qui se plaignent que des contraintes écologiques perturbent pour rien le fonctionnement des installations nucléaires. Mais la démarche de Palo Verde consiste justement à reconnaitre ces contraintes et à en accepter les coûts.
Évidemment cette démarche a été imposée par des conditions climatiques d'emblée hostiles, ce qui est plus facile que de faire évoluer une installation existante. Et la solution proposée n'est pas exempte de défauts en termes de coût et de compétition pour l'accès à l'eau.
Raison de plus pour s'y intéresser au moment où on se demande comment adapter notre production électrique à l'évolution du climat. Au-delà des slogans, il y a beaucoup à apprendre de Palo Verde.
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
Vous vous en souvenez ? On s'est beaucoup engueulé en août pour savoir si les délestages en Californie, c'était la faute des EnR, du réseau, de la canicule…
Un rapport d'enquête vient de sortir et il pointe surtout une régulation électrique inadaptée face aux aléas climatiques.
Rappel des événements : mi-août 2020, une vague de chaleur sans précédent touche l'ouest des États-Unis. Les californiens montent la clim' et la production d'#électricité ne suit pas. Après plusieurs jours de tensions, l'état subit des délestages tournants les 14 et 15 août.
Plus précisément, les réserves d'exploitation (la puissance que l'on garde disponible en cas d'incident) passe sous le seuil de sécurité le 14 à 18h38. L'opérateur du réseau ordonne des délestages pendant une heure environ : 492.000 clients sont touchés pendant 15 à 150 minutes.
Ça vous dirait de parler de l'impact du #climat sur la dégradation des routes en béton sous l'effet de la pression exercée par dilatation thermique des dalles sur les joints de chaussées ?
Comment ça, ça a pas l'air fun ? Mais si, regardez ça donne ça ⤵ ⤵ ⤵
Cette vidéo () a été enregistrée dans le Minnesota pendant la vague de chaleur qui a touché les États-Unis mi-juin 2016.
Au cours de cette période, plusieurs dizaines d'incidents du même genre ont été signalés dans l'Iowa, le Nebraska, le Colorado, etc.
Ce phénomène touche les routes à chaussées rigides, en particulier celles construites avec des dalles de béton.
Sous l'effet de la chaleur, le volume de ces dalles peut augmenter jusqu'à les soulever, comme dans la vidéo...
#Climat : en juillet et août, la chaleur et la sécheresse ont été responsables d'une perte de production de 1.9TWh sur la parc #nucléaire français, soit ~4% de la production électrique française sur la même période.
C'est le niveau le plus élevé depuis au moins 2014.
Ces pertes ont eu lieu majoritairement à Chooz - et la centrale reste complètement indisponible à ce jour.
Blayais, Golfech et St Alban ont aussi perdu 40 à 60GWh chacune. #nucléaire#climat
En termes de puissance, le pic d'indisponibilité a été atteint dans la nuit du 25 au 26 août avec 4600 MW arrêtés pour des raisons climatiques, soit 7.5% du parc #nucléaire français.
(et 15% de la puissance disponible à cette date, telle que prévue par RTE en début d'été !)
Le réacteur 1 de Chooz devrait redémarrer demain à 23h après sa visite décennale.
Le débit de la Meuse ne permettant toujours pas de faire fonctionner 2 tranches, EDF prévoit de réduire la puissance du réacteur 2 de 1500 à 450MW à partir 20h. #sécheresse#nucléaire
Ensuite, la production du réacteur 1 de Chooz remontera par palliers, le 2 sera probablement totalement arrêté après cette période (soit le 21-22) et pourrait le rester jusqu'en septembre.
Il est possible que le fonctionnement du 1 reste perturbé par le faible débit de la Meuse.
Une étude incontournable pour ceux qui travaillent sur la prospective #climat et l'#adaptation :
En version courte, parmi les 4 scénarios d'émissions du 5e rapport du GIEC, nous sommes sur la trajectoire du plus pessimiste, le RCP8.5. pnas.org/content/early/…
En version longue :
Le scénario RCP8.5 est généralement présenté comme un scénario "business as usual" mais ça n'est pas le cas si on regarde ses hypothèses : sa croissance est plus rapide que la réalité, le coût des renouvelables trop élevé, la part du charbon pas réaliste, etc.
Cela a conduit à des critiques très virulentes, y compris au parmi des gens qui travaillent sérieusement sur le #climat et voient le 8.5 comme un épouvantail catastrophiste.
Effet de la #canicule : le réacteur 2 de la centrale #nucléaire de Golfech a été arrêté en fin de matinée.
La centrale est donc complètement à l'arrêt puisque le réacteur 1 est en maintenance depuis le 10. edf.fr/groupe-edf/qui…
A Chooz, où le débit de la Meuse pourrait être trop faible pour faire fonctionner deux réacteurs, le redémarrage du réacteur 1 est repoussé. Le réacteur devait être remis en service après sa visite décennale le 15 août, ce sera au mieux le 19. #sécheresse#nucléaire
En complément de la prolongation de l'arrêt du réacteur 1, la centrale de Chooz module la production de son réacteur 2 : la puissance disponible a été réduite de 210MW hier après-midi, même opération aujourd'hui avec une baisse de 250MW jusqu'à demain 16h.