Cet affaire de l’article 24 est la parfaite illustration de comment faire du mauvais droit et des mauvaises lois. Un cas d'école.
Au commencement est un fait divers. Quasi toujours. Assez bizarre, anormal, ou marqué des préoccupations médiatiques du moment pour que la presse s’en fasse l’écho.
Un parlementaire de la majorité pond un texte (proposition de loi ou amendement) écrit trop tard après un dîner trop arrosé, qui vise à interdire ce qui est à l’origine de ce fait divers. Quand bien même il y a de forte chances que ce soit déjà illégal.
Des personnes sachant de quoi elles parlent s’émeuvent de ce texte, qui à dessein ou la plupart du temps par négligence, fait des dégâts juridiques pour tenter de régler un problème mal posé.
L’opposition, non sans opportunisme, reprend ces critiques à son compte sans toujours les comprendre et met la machine à hyperbole en overdrive pour dramatiser le débat.
À partir de ce moment, le sujet est devenu politique. Peu importe le sujet, la suite est écrite. Un membre du gouvernement qui a envie de faire parler de lui va prendre fait et cause pour ce texte, sans consulter ni le premier ministre ni le président.
Le premier ministre ou le président se voient interrogés sur ce texte. Ils sortent des banalités, n’ayant pas été briefés, et soutiennent le ministre qui sonne la charge parce qu’ils n’ont pas le choix sauf à provoquer un couac, ce qui veut dire une semaine d’éditos sur le sujet.
La majorité est appelée à se mettre en ordre de marche et à voter ce texte sans le comprendre ni le modifier sans l’avis préalable du gouvernement, histoire de rappeler à l’opposition qui c’est qui commande.
Ce texte est donc adopté, le ministre opportuniste va parader sur les plateaux télés pour faire la roue puis se désintéresse définitivement du texte ou de ses conséquences.
La suite connait diverses variantes.
Variante 1 : le conseil constitutionnel censure. Le ministre renvoie la presse auprès du parlementaire à l’origine du texte en invoquant la séparation des pouvoirs et son respect du rôle du parlement.
Variante 2 : Le CC ne censure pas. La loi entre en vigueur et n’est pas appliquée car inutile, vu que le fait divers a déjà été oublié et comme tout fait divers, est unique. Des années plus tard, une loi de simplification du droit l’abroge.
Variante 3 : le texte entre en vigueur et a plein d’effets pervers. Le ministre, repassé entretemps dans l’opposition, va sur les plateaux télés dénoncer l’incompétence de ce gouvernement qui n’a pas su prévenir ce pataquès et annonce sa candidature à la présidentielle.
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Réponse collective aux trolls colleurs d’affiche qui ont reçu l’élément de langage sur l’article 35 ter de la loi de 1881 mais ont raté la session « politesse élémentaire sur les réseaux sociaux » : non cette photo ne tombe pas sous le coup de cet article.
Cet article punit de 15000 euros d’amende la diffusion d’une photo d’une personne menottée SI et seulement SI plusieurs conditions sont réunies.
D’abord, cette personne doit être mise en cause à l'occasion d'une procédure pénale. Au moment où cette photo a été prise, aucune procédure pénale n’est en cours.
#AujourdhuiAuTribunal Deux jeunes hommes comparaissent pour trafic de stupéfiants : arrêtés en flagrant délit d’échange d’un sac contenant 70 grammes de cannabis, en grois moitié herbe, moitié résine.
Chez l’un des deux, la perquisition permet de découvrir 126 grammes d’herbe de cannabis et de multiples emballages couramment utilisés pour de la cession en détail.
En garde à vue, ils parlent (grosse erreur) et disent qu’ils ne se connaissaient pas. Leurs téléphone dûment exploités démontrent le contraire.
⚠️ Ce n’est pas du tout ce que dit cet arrêt. Mais pas du tout. D’ailleurs, cherchez la partie citée entre guillemets dans le texte de l’arrêt. Allez-y. Il n’est pas très long.
Un de ces quatre, je vous dirai ce que je pense de ces militants qui, au nom d’une cause qu’ils trouvent noble, s’estiment affranchis de la moindre parcelle d’honnêteté intellectuelle. Spoiler : il y aura plein de gros mots. En attendant, voyons ce que dit VRAIMENT cet arrêt.
Une jeune femme de 19 ans porte plainte pour des faits qu’elle a subis de la part de son parâtre depuis ses treize ans, selon ses déclarations.
Le parâtre est mis en examen pour viol par personne ayant autorité et agression sexuelle.
Encore le piège des solutions simplistes. Un peu de recul critique ne fait jamais de mal.
1 - la corruption est passible de 10 ans de prison, le braquage, 15, mais là il y a risque direct de mort ou de blessure, inexistant pour la corruption.
10 ans c’est déjà le sommet des peines délictuelles, et augmenter la peine ça veut dire basculer au criminel, donc introduire potentiellement des obligés et des clients parmi les juges, et retarder considérablement le jugement. Fausse bonne idée donc.
2 - 12 mois entre l’ouverture d’info et la cassation est déconnecté de toute réalité. La célérité c’est bien, mais là c’est de la précipitation. Comment un honne peut-il se défendre devant quatre juridictions différents en 12 mois, sachant qu’après, tout est irrévocable ?
Cette histoire d’auto-attestation pour pouvoir sortir, absurde en apparence, m’a fait réfléchir. J’ai une hypothèse sur la ratio legis de cette obligation. #Thread
Le décret du 16 mars créait une amende de 1re classe frappant ceux qui sortaient en violation des restrictions imposées par le confinement, i.e. pour une autre des raisons prévues. Amende montée à la 4e classe par décret du 17 mars (avec amende forfaitaire applicable)
Mais une contravention, infraction passible de peine d’amende seulement, ne permet que retenir sur place la personne verbalisée le temps de constater son identité et de dresser le procès verbal. Pas de privation de liberté, pas de garde à vue (art. 67 CPP).
D’ailleurs, payez-vous le luxe de mieux parler que le gouvernement. Il n’y a pas de virus COVID-19. La COVID-19 (féminin), mot créé par contraction de l’anglais coronavirus disease 2019, est la maladie causée par le coronavirus SARS-CoV-2.
SARS-CoV-2 est un mot créé par contraction de l’anglais Severe Acute Respiratory Syndrom CoronaVirus 2, coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère 2, par opposition au 1 qui a causé l’épidémie de SRAS en 2003. Si vous dites « le coronavirus » ça ira, pas d’ambiguïté.