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Imaginons un individu dépensier qui emprunte constamment de l'argent contre intérêts.
L'usurier évalue le profil de l'individu et décide de lui prêter 100€ contre une promesse écrite et signée : "je m'engage à rembourser 120€ dans 1 an quiconque me présente ce papier".
Pourquoi l'usurier demande une prime de 20€ ? Parce qu'il sait l'individu très dépensier et très endetté, et que le risque est grand qu'il ne le rembourse pas. Disons qu'il a estimé à 15% la probabilité de ne jamais revoir son argent sur ce type de profil.
Comme l'usurier prête à beaucoup de personnes ayant ce profil de risque, en moyenne, sur les 120€, il récupérera 120€*85%=102€.
Donc s'il répète l'opération un grand nombre de fois, il sera gagnant de 2€ à chaque fois qu'il prêtera 100€ sur ce type de profil.
Si l'évaluation du profil de risque de l'emprunteur faite par l'usurier s'avère juste, initialement, au moment où le papier est signé et l'argent prêté, le bout de papier vaut en théorie 102€ (et non pas 120€ qui reste le meilleur des cas possibles).
Un jour, le père du dépensier, qui s'avère être un milliardaire, se met à acheter toutes les nombreuses promesses de remboursement signées par son fils dépensier auprès des usuriers auxquels il a eu à faire.
Il achète les premières promesses de remboursement à 102€, permettant aux usuriers d'empocher directement les 2€ de gains (plus les 100€ prêtés) sans devoir attendre une année. Une aubaine inespérée pour les usuriers !
Comprenons bien que l'usurier au moment où il se sépare du papier signé par l'emprunteur pour 102€, il a récupéré sa mise initiale, plus 2€ de gain. Il est donc sorti d'affaire. C'est à son père milliardaire que le fils doit maintenant rendre les 120€ à l'échéance du prêt.
Le milliardaire ne s'arrête pas en si bon chemin. Il continue d'acheter toutes les promesses signées par son fils dépensier: il achète à 104€, puis 106€, faisant grimper les prix jusqu'à 120€ ! Les usuriers n'en reviennent pas, engrangeant des gains de plus en plus importants.
De plus, les usuriers n'ont plus de risque face à ce dépensier. Le risque a été transféré au père milliardaire contre des plus values réalisées avant même la fin du contrat. Et quelles plus values ! Jusqu'à 20€ !Bien au-delà des 2€ espérés initialement !
Étrangement, quand le milliardaire achète à 120€ les promesses signées par son fils, il estime que son fils le remboursera avec une probabilité de 100%. Donc il dépense 120€ pour récupérer 120€. Ainsi le taux d'intérêts implicite est de 0% !
Tout cela concerne les anciens emprunts. Mais lorsque le fils dépensier retourne voir les usuriers, à sa grande surprise, ils se battent tous pour lui prêter 100€ contre 101€, car ils savent qu'ils pourront vendre les promesses au père milliardaire dans les jours suivants !
Le fils dépensier ne se gêne pas, et se met à emprunter allègrement. Comme prévu, le père milliardaire se met à acheter à 101€ les nouvelles promesses signées par son fils auprès des usuriers. De l'argent facile pour les usuriers !
Leur business risqué au départ, est devenu un simple jeu d'enfants. Les usuriers ne touchent pas des intérêts au bout d'une certaine durée comme jadis, mais des gains rapides, au bout de quelques jours, qui s'apparentent à des commissions !
Surtout que le rêve ne s'arrête pas là pour les usuriers. Le père milliardaire se met même à acheter à 102€ les promesses de remboursement de 101€ signées par son fils. Une folie ! Il se met à payer plus aux usuriers que ce que son fils est censé lui rembourser dans un an !
Les logiques avec les probabilités évoquées plus haut ne fonctionnent plus ! En agissant ainsi, le père milliardaire estime que son fils le remboursera de façon plus que sûr ! Implicitement, il achète la dette de son fils avec des taux négatifs ! Du jamais vu !
Vous aurez compris que le but de cette histoire est de vulgariser un des angles de la politique monétaire de la #BCE quand elle rachète les titres de dettes des États et des multinationales (dont #LVMH) dans le marché secondaire de la dette.
Plus la #BCE achète des titres de dettes des États et des multinationales, plus leurs prix montent, jusqu'à impliciter des taux nuls, voire négatifs !
Les banques et quelques investisseurs ont dans une première phase été partiellement délestés des risques qu'ils ont pris face aux États et aux multinationales (de 2015 à 2019). Depuis la crise sanitaire, les banques ne prennent plus de risques, devenant de simples intermédiaires.
Les banques prêtent aux États et aux multinationales tout en sachant que la BCE va débouler sur le marché secondaire (à l'instar du père milliardaire avec les usuriers). Elles engrangent au passage des commissions et des écarts de cours sur les titres de dettes.
Ainsi, nous comprenons que si les taux sont bas ce n'est pas parce que les États ou les multinationales sont plus sûrs, mais parce que la #BCE est en quelque sorte leur garant bienfaisant.
La question est de savoir jusqu'à quand la #BCE va pouvoir créer de l'argent à l'infini et l'injecter dans les marchés financiers sans déstabiliser complètement la confiance que nous portons dans la monnaie !
Fin.
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#Macron nous trompe quand il veut nous faire croire que la transformation de l'ISF en IFI favorise le capital productif au détriment du capital dormant.
En réalité, cet acte fondateur du macronisme favorise le capital déraciné sur le patrimoine enraciné ! blogs.mediapart.fr/anice-lajnef/b…
En 2016, alors que j'étais encore à la Barclays, j'écrivais un texte pour justifier l'abandon de l'ISF contre une taxe sur la richesse dormante. meltingbook.com/responsabilisa…
Dans mon esprit, la résidence principale ou secondaire et l'immobilier locatif ne sont pas des richesses dormantes. Par contre, le cash empilé sur un compte au-delà d'une limite raisonnable l'est (cf les $285 milliards de trésorerie d'Apple stockés dans les paradis fiscaux).
#HODL est un terme du monde des cryptos qui exprime le fait de conserver ses bitcoins, surtout en cas de baisse.
C'est l'équivalent de l'expression entendue chez les boursicoteurs en 2001 et 2008 : "Tant qu'on n'a pas vendu, on n'a pas perdu".
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Une des premières leçons que j'ai apprise dans le monde du trading est le fait de se fixer des limites de gains et de pertes lors d'un investissement.
La limite de perte doit être inférieure à la limite de gain.
Par exemple, si vous achetez à 100, et que vous avez un objectif de vendre à 110, il faut vous fixer un "stop loss" à 95, c'est à dire vendre quoiqu'il arrive à 95 si vous avez tort et que l'action baisse. L'idée sous-jacente est d'avoir une espérance de gain positive.
Dans un système économique qui repose sur la monnaie-dette, la Présidente de la Banque Centrale favorisera toujours ceux qui ce sont endettés à coups de milliards d'euros sur ceux qui ont péniblement mis quelques milliers d'euros de côté. #Drahi, #Bolloré, et #Arnault se marrent.
Face à une montagne de dette prête à imploser, la #BCE a décidé de baisser ses taux directeurs à court terme, et d'agir sur les marchés de la dette pour faciliter les emprunts des États et des multinationales, ce qui a fait baisser leurs taux.
Face à cette politique, ceux qui épargnent ou ne s'endettent pas sont les grands perdants. Les grands gagnants sont ceux qui avaient déjà un stock de dette énorme, et les possédants qui voient les actions et l'immobilier grimper au ciel !
#BlackRock gère aujourd'hui $9000 milliards !
La firme US a annoncé hier des profits records pour 2020.
Le cours de l'action a doublé en un an.
Tout cela sous fond de "crise sanitaire".
Le "virus" a été une aubaine pour opérer le plus grand transfert de richesse de l'histoire.
La crise sanitaire a accéléré le processus d'accumulation des richesses inhérent à un système monétaire qui repose sur la dette : les dettes pour les citoyens ordinaires d'un côté et de l'autre le patrimoine qui gonfle pour une minorité favorisée par les banques centrales.
Si aucune décision ou événement externe ne vient perturber ce processus d'accumulation des richesses, viendra un jour où toutes les richesses seront concentrées sur quelques individus et organisations, dont le pouvoir économique immense leur procurera un pouvoir politique total.
Laurent pose une excellente question. Pourquoi est-il si vital pour le système financier, et plus largement pour l'économie, que le niveau des bourses soit élevé ?
Pourquoi une baisse des actions ou de l'immobilier serait une catastrophe pour le capitalisme financiarisé ?
Thread.
De nombreuses personnes pensent que les niveaux des bourses où s'échangent les actions ont peu d'importance pour l'économie réelle. Selon leur opinion, cela n'a aucun impact sur les entreprises car la bourse est principalement le marché de l'occasion.
Le marché boursier ne sert pas à financer les entreprises. D'autant plus que les multinationales ne se financent plus en émettant de nouvelles actions (augmentation de capital), elle préfèrent aller sur le marché obligataire où la monnaie créée par la BCE coule à flots.
Jusqu'en 2009, la dette publique correspondait pratiquement au cumul des intérêts versés depuis 1974 !
Ceux qui disent que la dette publique n'est pas un problème, devraient se pencher sur son origine.
À dérouler...
Bien sûr que la dette publique est un problème, sinon nous ne serions pas là à en parler quotidiennement.
Aujourd'hui, du fait de la politique monétaire de la #BCE les taux sont nuls, voire négatifs. Donc la charge des intérêts des prêts octroyés aujourd'hui seront nuls. Mais qu'en serait-il dans 5, 8, ou 10 ans quand il faudra roller la dette ? Que vaudront les taux d'emprunts ?