Thread by @vvantighem

#Bygmalion : De retour au Tribunal judiciaire pour la suite du procès de Nicolas #Sarkozy et des 13 prévenus impliqués dans la vaste affaire de fausses-factures #Bygmalion. L'audience doit reprendre à 14h30.

#Bygmalion : Ce mardi, c'est au tour de Philippe Briand d'être appelé à la barre. Maire de Saint-Cyr-sur-Loire, ancien député, il était en 2012 le président de l'Association de financement de la campagne de Nicolas #Sarkozy (AFCNS).

#Bygmalion : Il s'est toujours défendu d'avoir eu connaissance du système de fausses-factures en expliquant qu'il était certes comptable (trésorier - payeur général) mais pas ordonnateur...

#Bygmalion : A noter pour votre parfaite information que Philippe Briand a aussi été secrétaire d'Etat sous Chirac pendant 14 jours (oui, oui) et qu'il est l'une des plus grosses fortunes de France.

#Bygmalion : A la tête d'un vaste réseau d'agences immobilières (Citya, Laforêt, etc...), il se dit d'ailleurs, selon nos confrères de la Nouvelle République, qu'il est capable de "filer sur une ile déserte" après tout ça...
lanouvellerepublique.fr/tours/indre-et…

#Bygmalion : // Mes notifications étant phagocytées depuis deux jours par les fans et les détracteurs du rappeur RK dont j'ai annoncé la garde à vue ce week-end, il me sera difficile de voir vos questions / remarques / critiques. #DésoPasDéso //

#Bygmalion : Du rappeur RK à Philippe Briand, il n'y a qu'un pas à faire. Je vous donne donc rendez-vous à 14h30 pour le début de son audition.

#Bygmalion : Rappelons que Philippe Briand est renvoyé pour "usage de faux", "abus de confiance", "recel d'abus de confiance", "complicité de financement illégal" et "escroquerie". Il est défendu par Eric Morain et Boualem Bendjador.

#Bygmalion : A noter que la princesse Edwige Vincent de Bourbon Pahlavi, partie civile dans ce dossier, sera vraisemblablement absente aujourd'hui. Elle a annoncé à la présidente qu'elle avait attrapé le Covid et demandé le renvoi de l'affaire. Ce qui lui a été refusé...

#Bygmalion : Du côté des autres protagonistes de l'affaire, on a l'air en assez bonne forme. Quelques toussotements dans la salle, certes, et une atèle sur le mollet de Guillaume Lambert. Mais tout semble rouler.

#Bygmalion : L'audience est ouverte.

#Bygmalion : La présidente Caroline Viguier attaque en faisant un point sur le calendrier. « Je m’interroge sur l’opportunité de rajouter des audiences. »
La magistrate n'entend pas lâcher les prévenus...

#Bygmalion : Voilà le calendrier.
Lundi 14, 09h30 : M. Godet (Expert-comptable)
Lundi 15, 13h30 : M. Leblanc (Expert-comptable)
Mardi 15, 13h30 : M. Sarkozy
Mercredi 16, 13h30 : Parties civiles

#Bygmalion : Suite du calendrier :
Jeudi 17, 9h30 : Réquisitions du ministère public
Vendredi 18, 13h30 : Début des plaidoiries de la défense.

Lundi 21, 9h30 : Plaidoiries de la défense
Mardi 22, 9h30 : Plaidoiries de la défense.

#Bygmalion : J'ai oublié de préciser que Nicolas #Sarkozy est (encore) absent ce mardi. Il n'a pas assisté à une seule audience depuis le début du procès. Mais il sera donc là le 15 juin si l'on en croit le planning de la présidente.

#Bygmalion : Alors que l'on discute de l'opportunité pour le ministère public d'avoir versé des graphiques au dossier... J'avoue que n'ayant pas suivi, hier, je suis un peu perdu.

#Bygmalion : Pour l'instant, tout ce que je vois, c'est l'éternel logo coloré de Windows... Sur grand écran...

#Bygmalion : Alors, on me souffle que le parquet a voulu interroger, hier, Guillaume Lambert sur des graphiques réalisés par ses soins sur les meetings et le nombre de participants.

#Bygmalion : Les avocats de Guillaume Lambert contestent la démarche et demandent le rejet de ces pièces. Je ne vois pas trop l'intérêt de la démarche...

#Bygmalion : Où l'on apprend donc que la salle Thierry Omeyer de Cernay dispose de gradins pouvant accueillir 602 personnes. Information qui va changer votre journée, j'en suis sûr...

#Bygmalion : En gros, la défense de Guillaume Lambert a déposé des conclusions d'irrecevabilité des graphiques réalisés par le parquet. Le tribunal se retire pour délibérer. Suspension.

#Bygmalion : L'audience reprend. Le tribunal a décidé de joindre l'incident au fond. La présidente fait donc venir Philippe Briand à la barre.

#Bygmalion : Comme d'habitude, on attaque par le parcours du prévenu. Et il a préparé des fiches...

#Bygmalion : Philippe Briand
« Je suis le 26/10/1960 à Tours. Ma mère était coiffeuse. Mon père était vendeur aux Halles de gros. J’ai passé un bac technique, un bac G3. Puis un IUT de Technique de commercialisation. J’ai fait mon service militaire. »

#Bygmalion : Philippe Briand
« J’ai travaillé pendant deux ans. Mes parents sont morts dans un accident de voiture. J’ai compris que ma vie n’était pas très intéressante. Il fallait se lever tôt, à 2h du matin. »

#Bygmalion : « Je fais la connaissance de Chirac en 1992. Il m’invite à être candidat aux législatives en 1993.
Elu cinq fois députés dans cette circonscription. »

#Bygmalion : « En 2004, le PR m’a fait l’honneur de faire entrer au gouvernement. Lors du premier conseil des Ministres, j’ai découvert qu’il fallait que j’arrête mon entreprise. J’ai démissionné 15 jours après être entré au gouvernement (14 pour être exact). »

#Bygmalion : Il est à la tête d'un groupe de 20.000 salariés environ aujourd'hui.

#Bygmalion : En 2012, Philippe Briand est :
Maire
Député
Questeur
Président de l’Agglo de Tours
Chef d’Entreprise
Président de l’Association de financement de la campagne de Nicolass Sarkozy

#Bygmalion : La présidente lui demande pourquoi il s'est retrouvé à la tête de l'AFCNS, alors qu'il était déjà occupé.

#Bygmalion : Pourquoi lui ?
«J’ai perdu ma femme quatre mois avant. Cela a été un moment très douloureux. Elle a perdu toute sa motricité. L’ouïe et la vue. Elle est restée hospitalisée à la maison.
En octobre, je me suis retrouvé avec les trois enfants à la maison. »

#Bygmalion : En février, Eric Césari est venu le voir deux fois pour lui demander de présider l'association de financement. Il refuse. Césari revient une troisième fois avec Brice Hortefeux.

#Bygmalion : « J’ai dit non. Je n’avais pas le temps de le faire. Je ne suis pas sarkozyste. Je ne lui dois rien à [Nicolas #Sarkozy]. Et encore aujourd’hui, je ne lui dois rien non plus ! »

#Bygmalion : Mais Brice Hortefeux lui rappelle qu'il est chiraquien et qu'il faut réunir la famille politique qui est éclatée. Il accepte à condition de pouvoir rentrer le mardi soir pour s'occuper de ses 3 enfants, le mercredi.

#Bygmalion : Il explique que son rôle, c'était de payer les factures du candidat. Pas de les ordonner. Pas de passer les commandes.

#Bygmalion : La présidente le relance sur la procédure. « Une procédure pénale, c’est lourd. Je n’ai jamais pensé que je serais perquisitionné. Je n’ai jamais pensé que j’irais en garde à vue. Si j’avais su tout ça... »

#Bygmalion : « Chaque nuit, je me demande ce que j’ai fait ou pas fait. Et je ne trouve pas de réponse à cette question. »

#Bygmalion : On sent une émotion non feinte dans sa voix quand il parle de sa famille ou des conséquences de toute cette affaire sur sa vie.

#Bygmalion : « Je ne venais que les mardi après-midi. Soit j’avais un bureau à l’étage des finances. Je squattais une partie du bureau de madame Liadzé. J’ouvrais les parapheurs et je signais en vérifiant à chaque fois si j’avais bien les éléments qui correspondaient. »

#Bygmalion : « Je n’avais pas le droit de donner mon avis. Si l’équipe décide de louer des 208, je prends des 208. S’ils veulent des Mercedes, je prends des Mercedes. Mon seul but, c’est de voir que c’est bien une dépense de campagne. »

#Bygmalion : « Sur les dons, je dois veiller à ce que cela soit bien des personnes physiques et de ne pas dépasser le plafond. Copie de tous les chèques de plus de 150 euros. »

#Bygmalion : Il répète encore que son rôle n'était pas de donner son avis sur les choix effectués par l'équipe de campagne. Il n'avait, selon lui, qu'un rôle purement administratif.

#Bygmalion : En creux, il charge Guillaume Lambert, le directeur de campagne. Il ne l'a vu qu'une dizaine d'heures durant la campagne. Mais tout passait par lui, indique-t-il à la barre.

#Bygmalion : Philippe Briand a dit qu'il était habité par les 18.000 pages du dossier. Cela se sent un peu. Le voilà qui cite les cotes du dossier. (ici un pv d'audition). Il est bien préparé.

#Bygmalion : « Dès le départ, M. Godet [Expert-Comptable] me dit : « Ouh lala, on a reçu deux factures de meetings. Cela me paraît extrêmement cher par rapport à 2007... »

#Bygmalion : La présidente Caroline Viguier pose encore et encore et encore et encore et encore la question pour comprendre ce que faisait le prévenu... Il parle encore et encore et encore... du travail des autres.

#Bygmalion : Et là...
« Moi, je n’exerce pas de mission de contrôle ou de vérification. Je paye les factures. Mais elles me sont présentées après le travail des comptables. »

#Bygmalion : « Mon rôle est de vérifier qu’on ne dépasse pas 22.500.000 qui est le plafond. Pour ce faire, j’avais le tableau avec les engagements avec ce qui était payé et de ce qui restait à payer. »

#Bygmalion : « Un mardi, quand je suis arrivé, on m’a dit que M. Lambert s’occuperait de tout [au sujet des meetings] et qu’après j’aurai le document administratif. Je n’y ai pas vu de malice. J’ai demandé si c’était légal. On me l’a confirmé. »

#Bygmalion : « On me dit que l’UMP avait l’expérience sur les meetings. On me dit que tout cela est conforme à la loi. »

#Bygmalion : Où l'on comprend donc que l'on a exclu l'Asso de financement du champ des factures des meetings. C'est l'UMP qui s'est chargé de tout ça. « Si les meetings étaient passés par l’AFCNS, on aurait dû vérifier les factures. »

#Bygmalion : La présidente relance et tente de savoir qui a eu l'idée de cela... « Je n’ai aucun élément Je ne sais pas. Je pense que cela a été fait avec l’agrément de l’ordonnateur, de M. Lambert. »

#Bygmalion : La présidente demande comment il pouvait suivre les dépenses dans son tableau sans les éléments...

#Bygmalion : On en vient au nœud du principal problème de Philippe Briand. Il s'agit de la facture correspondant aux 10 meetings ayant eu lieu entre les 1er et 2nd tours de l'élection.

#Bygmalion : Il y a 10 meetings. Mais, contrairement aux autres, la facture a été adressée à l'AFNCS et non pas à l'UMP. Et elle porte la signature de ... Philippe Briand.

#Bygmalion : Il y a eu un virement d'1.000.000 euros signé par Philippe Briand et un chèque avec le solde de 3.128,26 euros.

#Bygmalion : Cela correspond à une dizaine de meetings à Dijon, Toulouse, Clermont-Ferrand, Les Sables d’Olonne, Trocadéro, Le Raincy, Cernay, Saint Cyr sur Loire...

#Bygmalion : Où l'on découvre les coûts de certaines prestations. Exemples ?
- 939 euros de drapeaux
- 3009 euros de traiteur
- 1.318 de traducteur langue des signes.

#Bygmalion : Et là, projetée sur l'écran géant, une petite note de la société Event & Cie où il est écrit : "ENCAISSER CE CHEQUE LE PLUS VITE POSSIBLE"

La société était vraiment aux abois à cette période.

#Bygmalion : La présidente lui demande pourquoi il signe sachant que c'est une facture AVANT les meetings. Il n'y a donc pas de justificatifs... « Je ne sais pas quelles pièces justificatives étaient présentes. Mais il y en avait. »

#Bygmalion : Philippe Briand se défend toujours. « Je n’ai pas eu de scrupules à les régler. »

#Bygmalion : La présidente appuie
- C’est censé être un acompte sur des meetings qui n’ont pas encore eu lieu.
- Je sais que les meetings vont se tenir. Ils ont déjà été engagés par M. Lambert.

#Bygmalion : Philippe Briand oppose toujours sa bonne foi. « J'avais des parapheurs préparés par des experts comptables. En face, il y avait des justificatifs. Quels sont-ils ? Je ne sais pas aujourd’hui. Mais sans justificatifs, je n’aurais pas signé... »

#Bygmalion : La présidente fait venir les deux comptables à la barre. Qui assurent que Philippe Briand n'était pas concerné par le tri des factures. Un bon point pour lui.

#Bygmalion : Le prévenu explique qu'il n'était pas un visiteur du soir de l'Elysée, qu'il n'a reçu aucun mail, aucun SMS. Autrement dit et pardon pour la formule, mais il a la place du couillon dans cette affaire...

#Bygmalion : Il explique que Guillaume Lambert avait des idées d'économies : Supprimer un banquet républicain, une lettre aux Français et même un bouquin de Nicolas Sarkozy...

#Bygmalion : Au sujet de ce livre, Philippe Briand ne peut pas s'empêcher : « Nicolas Sarkozy voulait faire un livre. D'ailleurs un peu comme Jacques Chirac en son temps... »

#Bygmalion : Et alors que revoilà la question...
« Quels documents aviez-vous entre les mains ? »

#Bygmalion : Et Caroline Viguier demande comment il pouvait tout vérifier en une vingtaine de minutes, le mardi.

#Bygmalion : Le prévenu explique que tout le travail de vérification était effectué avant par les sept comptables. Que lui n'était là que pour apposer son tampon, finalement.

#Bygmalion : Et de préciser qu'il y avait, à l'issue de la campagne, 12 cartons de justificatifs. Autrement dit, que tout cela faisait l'objet d'une vérification préalable.

#Bygmalion : Mais Caroline Viguier tente toujours et continue de poser les questions pour savoir ce qui s'est vraiment passé. Et là, je l'imagine à la fin de chaque audience...
(Crédit : Hergé)

#Bygmalion : Une idée ?

#Bygmalion : Et Caroline Viguier continue d'interroger Philippe Briand sur les justificatifs dont il disposait...

#Bygmalion : Et l'on revient à la réunion du 28 février 2012. « M. Godet nous dit ‘’Vous avez vu, le coût des deux premiers meetings est incroyablement cher par rapport à 2007. Si les coûts ne baissent pas, il n’y aura pas beaucoup de meetings.’’ »

#Bygmalion : A ce moment-là, Philippe Briand est convaincu qu'il va y avoir une renégociation. Que c'est Guillaume Lambert qui va s'en charger.

#Bygmalion : « A la sortie de cette réunion, on est sur le trottoir et je dis à M. Godet (Expert comptable) : Je vous invite à formaliser les choses par écrit afin que le président de la République en soit informé. Il y aura deux autres notes après. »

#Bygmalion : « Je ne sais pas qui est Event, ni Bygmalion... »

#Bygmalion : Et Philippe Briand répète encore et encore (et encore) qu'il n'était là que pour payer. « Je suis quelque fois un peu lourd à répéter ça de manière circulaire. »

#Bygmalion : On évoque maintenant les notes des 7 mars et 26 avril faisant mention des "risques" pour le compte de campagne du candidat.

#Bygmalion : Et je vais clôturer ce LT pour aujourd'hui pour aller écrire mon papier.

[Compte-rendu d'audience #Bygmalion]
« Je ne devais rien à Nicolas #Sarkozy. Et aujourd’hui, je ne lui dois rien non plus... » Au procès #Bygmalion, le temps des regrets pour Philippe Briand.
cc @20Minutes
20minutes.fr/justice/305691…

@TheReaderapp please unroll