Le #glyphosate a resurgi dans l'actualité et avec lui son lot de désinformation.
Quelques rappels de ce qui est connu concernant ses effets sur la santé humaine ⤵️ (il y aurait aussi beaucoup à dire sur la biodiversité)
L'Inserm, dans son expertise collective de 2013, a considéré le glyphosate a des propriétés mutagènes et induit du stress oxydant (ce qui n'est pas très bon pour nos cellules). inserm.fr/information-en…
L'Insem a également considéré qu'il existe une présomption moyenne d'un lien entre l'exposition professionnelle au glyphosate et les lymphomes non-hodgkiniens (LNH).
En 2014, Schinasi et Leon ont publié une méta-analyse, avec environ 200 cas de 6 études différentes et montrant que les personnes exposées professionnellement au glyphosate avaient un risque accru de LNH (en moyenne 50% et entre 10% de plus jusqu'à un risque doublé).
Le risque était plus important pour un sous-type de LNH : les DLBCL.
À cause du faible nombre d'études, les chercheuses n'ont pas pu vérifier la possibilité d'un biais de publication, qui rend plus probable la publication de résultats positifs. mdpi.com/1660-4601/11/4…
En 2015, le CIRC a classé le glyphosate comme cancérigène probable.
Il considère que les preuves sont solides pour montrer que le glyphosate est génotoxique et induit un stress oxydant. monographs.iarc.fr/wp-content/upl…
Contrairement à ce qui est souvent affirmé, comparer la classification de la charcuterie (par exemple) et du glyphosate n'a pas grand sens : il s'agit d'une classification d'un niveau de preuve, pas d'un risque.
La classification du CIRC correspond à une évaluation du danger (est-ce que la substance est cancérigène ou non) mais le CIRC s'intéresse aussi au risque.
Il rectifie la méta-analyse de Schinasi et Leon et considère que le risque est accru de 30% en moyenne (entre +3% et +65%).
En 2016, Chang et Delzell, financées par Monsanto, publient une méta-analyse identifiant également un sur-risque (même si elles prennent soin de le cacher au mieux).
Le sur-risque est de 27% (avec un intervalle de confiance allant de +1% à +59%) tandfonline.com/doi/full/10.10…
En 2019, Zhang et al effectuent une nouvelle méta-analyse en comparant les personnes exposées le plus longtemps au glyphosate à celles qui ne l'ont pas été. sciencedirect.com/science/articl…
Parmi six études, rassemblant environ 150 cas, ils identifient un risque accru de 41% de LNH (allant de +13% à +75%) chez le premier groupe par rapport au second.
Le biais de publication est évalué et ils n'identifient pas de preuve robuste d'un tel biais.
Parmi 1131 cas de LNH, aucun sur-rique n'est identifié. En revanche une augmentation d'un sous-type de LNH (les DLBCL) est mise à jour à partir de 221 personnes avec un sur-risque de 36% (entre +0% et +85%).
2019, encore : Wang et al identifient un mécanisme par lequel le glyphosate pourrait être cancérogène. doi.org/10.1186/s13045…
En 2020, Ingaramo et al considèrent que le glyphosate et les herbicides à base de glyphosate pourraient être des perturbateurs endocriniens.
Des effets négatifs sur l'appareil reproducteur féminin et sur l'embryon ont été identifiés et des expériences in vitro et in vivo ont montré l'activation de réseau oestrogéniques.
Les auteurs demandent à prendre en compte le principe de précaution.
Quelques mois plus tard, Muñoz et al affirment que le glyphosate présente de nombreuses caractéristiques des perturbateurs endocriniens (interaction avec des récepteurs hormonaux, modification de la synthèse hormonale et du transport des hormones, etc).
En 2020 toujours, Peillex et Pelletier considèrent que le glyphosate est génotoxique, mais ne se prononcent pas sur la cancérogénicité.
Ils soulignent également des effets sur le système immunitaire, cérébral, cardiovasculaire ou encore la reproduction. doi.org/10.1080/154769…
Tout cela sans évoquer les effets du glyphosate sur la biodiversité, j'en ai évoqué certains aspects ici.
Avant de dire "oui mais les agences réglementaires disent qu'il n'est ni cancérigène, mutagène, perturbateur endocrinien", lisez cet article pour se rendre compte qu'un tel hiatus ne serait pas une première (et n'est pas à l'avantage de ces agences). factsory.org/2019/les-agenc…
Aucune des informations ci-dessus n'a été mise en avant par les personnes prétendant que le glyphosate n'est pas cancérigène voire inoffensif et que ce serait le résultat des études scientifiques (@MacLesggy@emma_ducros@GeWoessner@afis_science@fmbreon, etc).
Allez je complète avec quelques perles émanant du précédent rapport de l'EFSA sur le glyphosate.
On commence en beauté avec la manière dont sont prises en compte la méta-analyse pré-existante. Son résultat est tout simplement nié.
On sait que des parties du rapport sur la cancérogénicité ont été copiés-collés du rapport fournis par les industriels.
Ces parties rejetaient un grand nombre d'études académiques (utilisées dans les méta-analyses) en les considérant non fiables. guengl.eu/content/upload…
J'avais déjà évoqué comment l'EFSA, au lieu de faire une analyse statistique minimale (moyenne, médiane, écart-type, intervalle de confiance) sur le taux d'absorption du gly se contentait de valeurs « bien au milieu » ("well in the middle" dans le texte).
Et donc certaines personnes préfèrent faire confiance à ça plutôt qu'au CIRC qui ne s'appuie que sur des données publiques et dont les personnes ayant participé à l'écriture du rapport sont connues et sans conflit d'intérêt.
PS : Effectivement tout à fait d'accord pour dire qu'avec les connaissances actuelles, ça ne semble pas être le principal problème de santé publique actuel (y compris parmi les pesticides).
Je me concentre cette fois sur les scénarios qui limitent le réchauffement à 2°C (225 scénarios).
Parmi ceux-là 162 donnent l'information de la production éolienne.
Pour 162 scénarios limitant le réchauffement à 2°C en 2100, seuls quatre font moins que quintupler la production éolienne par rapport à 2020 au niveau mondial.
Le scénario médian est à une multiplication par 15 de la production éolienne.
D'une part pourquoi ne s'intéresser qu'à la santé et pas aussi aux conséquences sur l'environnement ?
Mais il devrait peut-être se pencher un peu plus sur l'expertise collective de l'Inserm sur le sujet : inserm.fr/information-en…. Ça lui éviterait de dire n'importe quoi.
La toxicité des pesticides utilisé a fortement augmenté, ce n'est pas une nouveauté. Mais un article revient là-dessus en regardant cela plus en détail (aux USA).
Le principe est de ne pas regarder la quantité de pesticides utilisés mais de prendre aussi en compte la toxicité de chaque pesticide (via les seuils réglementaires), cela permet de mieux s'approcher de la toxicité réellement disséminée dans l'environnement.
Le résultat est que globalement la toxicité pour les vertébrés a diminué mais que cela s'est fait au détriment des invertébrés (notamment les pollinisateurs) et des plantes terrestres.
Un article intéressant sur les sources d'information des personnes qui encouragent ou découragent à se faire vacciner contre le covid au Royaume-Uni.
Les résultats vont plutôt à l'encontre de ce qu'affirme un sociologue médiatique en France #Bronner. doi.org/10.1177/205630…
Les personnes qui découragent à la vaccination sur les réseaux sociaux sont plutôt celles qui ne cherchent pas d'information sur le covid ou qui les évitent.
Les personnes "accros" aux réseaux sociaux ont plutôt tendance à encourager à la vaccination.
Environ 1 répondant sur 3 compte utiliser les réseaux sociaux pour encourager à la vaccination contre 10% pour décourager.
Merci @EspinosaRomain de décortiquer cette rhétorique qui sème le doute sur la robustesse des résultats, ayant pour effet de retarder les prises de décisions publiques.
Cette rhétorique se présente sous des atours scientifiques, rationnels. Pourtant le débat n'est pas scientifique. Il existe des preuves, nombreuses et diverses. Décider que ces preuves suffisent pour prendre des décisions n'est pas moins rationnel que décider qu'il en faudrait +.
Comme le rappelle ce rapport de l'agence de l'environnement européenne, nous avons tendance à ne pas tenir compte des signaux faibles, et à attendre des preuves très robustes avant d'agir, ce qui a des conséquences environnementales et sanitaires.