"sortie du nucléaire avec un mix énergétique" ça ne veut pas dire grand-chose.
Dès qu'on a de l'électricité produite par plus d'une unité de production, on a un mix (bouquet) électrique. Après celui-ci peut avoir différentes compositions et c'est là qu'est le sujet.
[2/19]
Dans les scénarios de sortie du nucléaire, le cœur de la question est de savoir comment faire coller l'offre et la demande d'électricité.
[3/19]
Il y a trois grands volets à considérer :
- la demande : il faut être clair sur les efforts de sobriété et flexibilité qui seront demandés à la population car il faudra s'adapter à la variabilité éolienne et solaire ;
[4/19]
- la production électrique : quel bouquet, quelles puissances installées, quel rythme de déploiement, quels investissements... donc en gros quel "mix" ?
Sans ces informations, on ne peut pas juger du réalisme du parcours défendu.
[5/19]
Il ne suffit pas de dire qu'on veut un "mix électrique".
C'était le cas hier, c'est le cas aujourd'hui et ce sera le cas demain. Oui on a un bouquet électrique (nécessairement). Il a changé et il changera mais encore une fois, c'est son contenu qui est intéressant.
[6/19]
- le stockage : quelles technologies (stations de pompage-turbinage, batteries, H2...), quelles capacités, quels investissements, etc.
[7/19]
Ensuite rappelons quand même au passage que la France s'étant engagée à atteindre la neutralité carbone.
Avant de parler de sortie du nucléaire, il faudrait déjà assurer la sortie du gaz fossile, encore utilisé pour produire de l'électricité.
[8/19]
Il faudra aussi assurer que l'augmentation prévisible de la demande d'électricité (cf. stratégie nationale bas carbone) pour électrifier des usages servis par le gaz fossile et le pétrole n'entraînera pas d'augmentation de la production électrique d'origine fossile.
[9/19]
L'hydrogène n'est pas une énergie renouvelable. Ce n'est même pas une source d'énergie, c'est un vecteur énergétique. Il est aujourd'hui produit à 95% par réaction chimique à partir d'hydrocarbures fossiles.
L'objectif est de le décarboner en le produisant par électrolyse de l'eau à partir d'électricité bas carbone.
Dans tous les cas il faut de l'énergie pour le produire (ce n'est pas une source d'énergie), avec des pertes et besoin d'infrastructures, ce qui a un coût.
[11/19]
Ensuite @CaroleDelga parle de "développer les énergies renouvelables [...] l'hydroélectricité".
Le potentiel restant de développement de l'hydraulique en France est très faible, sans parler de l'acceptabilité du fait de noyer des vallées pour créer des retenues.
[12/19]
Le seul segment qui peut éventuellement encore être développé ne concerne pas l'hydroélectricité en tant que source d'énergie mais les STEP (stockage) en adaptant certaines barrages existants.
[13/19]
L'énergie n'est pas uniquement un sujet technique, il y a bien entendu une dimension politique est sociale (notamment pour tout ce qui concerne l'évolution de la demande et les questions de souveraineté et d'indépendance).
[14/19]
Cela étant dit, ce sujet contient une grande dimension technique. Il y a des contraintes physiques qu'on ne peut pas éviter et on doit parler chiffres.
[15/19]
Ce genre de discours est dangereux, car si on le suit au pied de la lettre : sortir du nucléaire grâce à un "mix" (sic) et développer les renouvelables, il se passera la même chose qu'il se passe en Allemagne et en Belgique.
[16/19]
Les capacités pilotables qui remplaceront progressivement le nucléaire pour assurer l'adéquation offre-demande d'électricité à tout moment seront des centrales à gaz fossile.
La France se condamnera ainsi à ne pas atteindre ses objectifs climatiques.
[17/19]
Dans la lutte pour limiter le changement climatique, l'échec n'est pas une option.
Il serait temps que les politiques se renseignent sur les sujets techniques avant de faire des annonces creuses au petit bonheur la chance.
Si de telles déclarations devaient être mises en œuvre, elles nous enverraient dans le mur à la fois sur le plan climatique et sur celui de l'approvisionnement énergétique. Or, la précarité énergétique, c'est tout sauf une avancée sociale.
[19/19]
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
L'ancien premier ministre français @FrancoisFillon rejoint le conseil d'administration d'un groupe pétrolier public russe, Zaroubejneft, sur proposition du gouvernement russe.
C'est le même type de parcours que Gerard Schröder, ancien chancelier allemand ayant défendu fermement le projet de gazoduc Nord Stream 2, parti ensuite pantoufler dans des compagnies pétrolières et gazières russes (notamment Rosneft).
[2/9]
Ce genre de mobilité pose question à plusieurs niveaux.
Quelle sincérité de l'action pour le #climat de dirigeants politiques quand ils rejoignent de grands groupes pétroliers étrangers dont la rentabilité dépend de la non décarbonation de l'Europe ?
Sur les énergies renouvelables qui sont "gratuites à terme", rappelons que c'est le cas de toutes les énergies (même le pétrole et le nucléaire).
[2/20]
Ce qu'on paye dans tous les cas, c'est :
- la propriété : des terres (là où on implante une éolienne, une mine, un puits de pétrole...), des équipements et matériaux ;
- le travail humain à toutes les étapes de la chaîne de valeur.
Selon le cabinet @RystadEnergy, une pénurie de lithium est à anticiper vers la fin de la décennie, la demande augmentant plus vite que les extractions prévisibles au vu des projets miniers.
Notons que dans le cas du lithium, il ne s'agit pas d'un problème de disponibilité géologique (réserves) mais de nombre de projets miniers et d'investissement dans les projets miniers.
Le recyclage ne peut pas suffire à alimenter le marché en période de ↗️ de la demande.
[2/10]
En effet, la faiblesse du coût des batteries, dans un marché du lithium actuellement bien alimenté, ne suffit pas à susciter une croissance forte du nombre de nouveaux projets miniers.
La formation du Bakken dans le Dakota du Nord aux 🇺🇸 est un site important d'extraction de #pétrole de roche-mère (dit "de schiste") même s'il est secondaire par rapport au bassin permien dans le Texas (1er site de production de pétrole au monde).
Avant la pandémie, 1,5 millions de barils (1 baril = 159 litres) étaient extraits tous les jours du Bakken, soit 1,5% du pétrole extrait dans le monde.
[2/6]
Or, depuis un an les extractions sont en déclin et ce déclin devrait être pérenne étant donné que les forages ont été divisés par cinq depuis le début de la pandémie.
When we speak about the energy transition in Germany, we often focus on the power sector. However, electricity only accounts for 20% of the final energy consumption.
So let's have a look at the evolution of non-electric final energy uses in the country, by source.
[1/7]
Germany is still heavily reliant on fossil fuels (+/- 80% of the energy used in the country) and the decline has been very slight in the last 30 years.
[2/7]
Actually, energy consumption has been more or less stagnating for the last 30 years, apart from two short periods of time: after the reunification (1990-95) and following the economic crisis/oil shock of 2008.