Comment les fondations des tours du #WorldTradeCenter ont pu être construites ?
Quelques explications concernant la méthode de la paroi moulée dans ce contexte. #Thread ⤵️
Les travaux de construction du WTC ont débuté en 1966 sur l’île de Manhattan à New York. Le site se situait à l’emplacement d’une ancienne décharge publique, avec un substratum rocheux accessible à plus de 20 m de profondeur.
Il a donc fallu creuser jusqu’à la roche et extraire plus d’1 million de m3 de terre et déchets enfouis (poutres des anciens quais, épaves de navires enterrées). Le lieu de construction impliquait de creuser dans un sol gorgé d’eau, avec de forts risques d’inondation du site.
il fallait assurer la stabilité de ces tours de plus de 415 m de haut et que la construction puisse se faire sans risque d’inondation. Comme on peut le voir sur cette photo prise avant la construction, le site est au bord de l’Hudson river.
La technique utilisée pour la mise hors d’eau du site de construction est celle de la paroi moulée : l’objectif est de pouvoir travailler sans risque d’inondation. Ces parois en béton constituent un soutènement (notamment face à la poussée de l’eau et des terres).
La méthode qui s’est développée au milieu du XXe siècle, a été utilisée notamment dans le cadre des travaux du métro de Milan dans les années 50-60. Ici la ligne de métro en 1961. (source : transporturbain)
C’est une technique qui a été très utilisée en milieu urbain notamment parce qu’elle s’y adapte très bien (faible encombrement et intégration des contraintes associées). Et elle permet de travailler dans des conditions géotechniques variées et des profondeurs importantes.
Après introduction au début des années 60 aux USA, elle est utilisée pour la première fois sur un grand projet en 1967 pour la construction des fondations du WTC.
La technique, relativement simple, peut être décrite en 3 étapes :
ETAPE 1
une tranchée de 1 m de large, 6,7m de long et 20 m de profondeur est creusée (voir outillage ⤵️). Généralement à cette étape, la tranchée se remplie d’eau. Elle a dû être creusée avec mise en place de "murettes-guides" facilitant les étapes suivantes
ETAPE 2
une boue de forage constituée d’un mélange de bentonite et d’eau est introduite dans la tranchée. La bentonite est une argile qui, une fois humide, permet une étanchéité face à l’eau. Elle est très utilisée en génie civil.
Plus dense, elle vient remplacer l’eau dans la tranchée et constituer un mur qui va s’opposer à la pression hydrostatique. Pour résumer l’eau ne passe pas et la tranchée va rester en l’état sans éboulement.
ETAPE 3
le béton armé peut être mis en place. Tout d’abord, la cage d’armatures est installée dans la tranchée. Les panneaux pesaient autour de 25 tonnes chacun. Petit exemple ici d’armatures d’un ouvrage plus récent (port du havre, photo : Patrice Lefebvre)
Ensuite le béton est coulé du fond à la surface (grâce à des colonnes de bétonnage) et vient remplacer la boue bentonitique puisque sa densité est plus importante. La boue repoussée est pompée, traitée et réutilisée pour une autre tranchée (Source: AP Photos, premier béton)
Pour résumer, les étapes en visuel ici
Source BOTTE fondations
Le panneau ainsi coulé retient les venues d’eau. Il est dit relativement étanche. Les joints entre deux panneaux adjacents ont probablement été traités pour conserver l’étanchéité mais je n’ai pas le détail des produits utilisés.
La construction a été réalisée panneau par panneau pour atteindre un périmètre de 1067 m environ. Une fois les panneaux durcis, l’excavation peut commencer dans la zone délimitée par les parois moulées, afin de préparer la construction des tours
1 500 ancrages en acier à haute résistance ont été installés à travers parois moulées, puis enfoncés de 10,6 mètres dans le substratum rocheux. Chaque ancrage pouvait supporter une charge de 100 à 300 tonnes,
ce qui leur permettait de soutenir la paroi moulée contre la pression des eaux souterraines. L’objectif étant d’éviter que les parois moulées ne s’effondrent vers l’intérieur.
Pour les installer, des forages de 15 cm de diamètre sont réalisés en diagonale dans la paroi moulée puis à travers le sol jusqu’à la zone rocheuse pour stabiliser la structure.
Des câbles d’acier sont ensuite insérés dans les forages et ancrés dans le substratum rocheux. Les tirants sont ensuite tendus, leur résistance vérifiée puis scellés pour maintenir le mur (source 1ère photo : NY Times)
C’est ainsi que la « baignoire » du WTC a été construite : un sous-sol de 20 m de profondeur délimité par un mur relativement étanche, sur un périmètre de 1067 m. Voici un visuel qui résume ces explications (pas à l'échelle par contre). Source : howstuffworks
Petite difficulté visible sur le précédent tweet : les parois moulées ont été construites sur un tunnel en acier. C’est une zone singulière qu’il a fallu prendre en compte au moment de la mise en œuvre, avec des effondrements qui ont lieu pendant la construction
Pour conclure :
Les parois moulées ont joué un rôle de soutènement et de fondation jusqu’à l’effondrement des tours, en maintenant l’étanchéité vis-à-vis de l’Hudson River, ce qui a permis d’éviter l’inondation des structures souterraines sous-jacentes (notamment le métro).
Pour les puristes : je parle ici de structure "relativement étanche" au sens du DTU 14.1 entre autres. Cela signifie que l'ouvrage va retenir l'eau et les terres mais un débit de fuite est admissible sur sa durée de vie. J'avais parlé étanchéité ici ⤵️ kakoblogsciences.fr/2019/04/27/let…
Parier sur le scénario 100% #ENr sans possibilité de backup par le #nucléaire c’est prendre un énorme risque de dépendance aux #fossiles.
La stratégie manque de cohérence au regard de l’objectif.
Les constructions de réacteurs nucléaires doivent être anticipées. D’après le rapport RTE/IEA la date jalon pour le développement technologique (flexibilité) est 2035. C’est demain… le programme pari là dessus sans backup.
Delphine Batho n’est pas la seule, loin de là, à proposer un programme sur l’énergie avec des incohérences. S’appuyer sur des hypothèses aussi fortes est très risqué. Les programmes devraient être confrontés aux réalités techniques, technologiques et industrielles.
Être responsable @yjadot c’est surtout arrêter de propager des #fakenews sur le #nucléaire et sortir de cette vision dogmatique du sujet.
Un exemple ? 1/3
Dire que la question climatique est une priorité pour ensuite prôner l’arrêt du nucléaire au profit des énergies #fossiles c’est contradictoire et irresponsable.
3/3
#LeSaviezVous?
Dans son dernier rapport, le #GIEC précise que le phénomène de carbonatation du béton contribue à absorber 50% du #CO2 émis au cours de sa production. Etonnant non ?
Avant de réagir à cette information, quelques explications semblent nécessaires #Thread ⤵️
Certains matériaux absorbent ou réagissent avec le CO2 au cours de leur vie, ce qui peut être considéré sous certaines conditions comme une séquestration carbone.
La première condition est la durée de vie du matériau et donc de séquestration, qui sont souvent associées.
Comme pour le #bois. Mais comme déjà expliqué, la séquestration CO2 pour le bois ne peut être prise en compte que pour des durées d’utilisation très longues, 100 ans, comme c’est le cas dans la construction. J’avais écrit une tribune sur ce sujet : forbes.fr/environnement/…
Ce commentaire est l’opportunité de vous parler #stockage d’électricité et des limites technologiques associées. Clairement j'aurais pu l'ignorer vu le ton, mais j'ai pensé à vous chers followers 😉
Alors, où en est-on aujourd’hui ? #Thread ⤵️
Précision : j'ai orienté ce thread sur les aspects technos/matériaux. C'est à dire ce que je connais. 😉
Autre précision : je parle de variabilité mais pour certains c'est de l'intermittence. La terminologie est en soit un débat mais au final les conséquences sont les mêmes
Toutes les sources d’énergie ne sont pas égales face au stockage. Le succès des énergies fossiles s’explique en partie parce qu'elles se stockent très facilement.
L’électricité, elle, peut être stockée mais sous une forme différente ce qui nécessite des transformations.
Actuellement il y a beaucoup d’attaques envers les candidats @EELV dont @sandrousseau@EricPiolle et @julienbayou qui n’est pas candidat.
Au-delà du problème de com’ de certains candidats je pense que ces polémiques sont stériles et ne permettent pas de débattre sur le fond ⤵️
J’ai réagi hier sur les propos de Sandrine Rousseau parce qu’il me semblait important de le faire. On galère suffisamment sur le sujet de la féminisation des métiers techniques
Mais je ne fais pas dans l’ecolo bashing. Ca ne fait pas avancer les débats et ça ne m’intéresse pas.
Personnellement je suis pour un débat sur le fond des sujets. Quand je réagis c’est qu’il me semble nécessaire de le faire. Quelle que soit la personne et le parti politique. Les débats sont nécessaires avec un fond technique factuel.
Comme je passe devant la centrale de @EDFGolfech, je partage une photo 😉
L’aéroréfrigérant est un échangeur eau-air permettant de refroidir l’eau du circuit de refroidissement.
💡L’évaporation d’une partie de cette eau crée le panache de vapeur que vous voyez sortir de l’aéro
Un réacteur #nucléaire fonctionne avec 3 circuits d’eau permettant de réaliser les échanges thermiques nécessaires à la production ⚡️. Ces 3 circuits sont indépendants et leurs fluides ne sont jamais en contact.
Le circuit de refroidissement (ou circuit tertiaire) peut être :
✅ ouvert : dans ce cas l’eau est puisée et rejetée dans la mer ou la rivière après passage dans le condenseur
✅ fermé : le refroidissement de l’eau est alors assuré par l’aéroréfrigérant