#procès13novembre
Semaine 7 Jour 27
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Semaine 7 Jour 27
Aujourd'hui Liloo au contrôle #gendarmerie
#13novembre
L'audience est reprise.
#13novembre
Le président Jean-Louis Périès :" De nouveaux interprètes doivent prêter serment"
#13novembre
Le président :" nous avons aussi de nouvelles constitutions de parties civiles"
Un homme s'avance à la barre, il s'appelle Guillaume, cheveux poivre et sel. Il était au Bataclan le 13 novembre, il ne souhaite pas d'avocats.
#13novembre
Une autre partie civile s'avance à la barre pour se constituer partie civile, Xavier, brun, cheveux courts. Il était aussi au Bataclan le 13 novembre 2015.
#13novembre
Sont appelés à la barre Emilie et Nicolas, un couple. Ils étaient au balcon du Bataclan le 13-11-15.
Emilie est brune, habillée tout en noir.
Nicolas est blond, chemises à carreaux.
Tours de cou rouges
#13novembre
Emilie: "Je m'appelle Emilie j'ai 41 ans, j'étais au Bataclan avec mon mari Nicolas pour ce qui devait être la meilleure des soirées.
Elle lit un texte
#13novembre
L'attaque commence
Emilie :"Je regarde la scène, tous les membres du groupe sont stupéfaits. (...) je vois les gens tomber les uns après les autres. Toujours ces bruits de pétards"
#13novembre
Emilie:" Je commence à comprendre ce qu'il se passe mais je ne veux pas me l'avouer (...)" Elle fuit "en file indienne" avec d'autres "à 4 pattes".
#13novembre
Emilie: "Sur le palier, une porte donne sur une loge (...) Tout ce qui m'importe c'est de revoir mes deux enfants et de sortir de là (...) Nous sommes des dizaines dans cette pièce"
#13novembre
Emilie: "Juste à côté de moi, je vois un petit garçon. Sa maman, c'est Clarisse que vous avez vue ici . Son fils est si petit que j'ai peur qu'il manque d'air. Je le prends dans mes bras ".
Le témoignage de Clarisse est à lire ici: lci.fr/justice-faits-…
#13novembre
Emilie :"Je suis à côté de Nicolas, je parle avec une jeune fille à ma droite, nous sommes dans l'obscurité quasi complète. J'entends des coups de feu souvent en rafales, des cris, des râles..."
#13novembre
Emilie :"Je pense à mes enfants, ma fille avec qui je me suis un peu disputée le matin même et j'espère ne pas mourir pour lui dire que je l'aime"
#13novembre
Survient l'assaut.
Emilie :"Plus un bruit, je pleure pour un tas de raison : la douleur, la fatigue...(...) Je comprends que c'est la police"
#13novembre
Emilie :"Un policier retient la trappe, demande du renfort quand il comprend que nous sommes nombreux cachés ici (...) Ils demandent à chacun de relever les t-shirts et d'enlever les ceintures"
#13novembre
Emilie :"Les policiers réalisent qu'un petit enfant est là avec nous. Il deviendra leur mascotte".
Les rescapés quittent le plafond sortent de la salle.
#13novembre
Emilie :"Un policier me dit de faire attention où je mets la main mais c'est trop tard, je mets la main sur des restes humains"
Les policiers demandant aux rescapés de ne pas regarder.Emilie mets un foulard sur ses yeux pour ne pas voir mais le foulard glisse un peu.
#13novembre
Emilie voit au sol 1 jeune fille avec 1 haut rayé,puis d'autres corps.Avec son mari Nicolas ils quittent la salle,puis prennent connaissance des autres attaques dans Paris.Ils regagnent leur "campagne normande" vers 3h30 du matin. La fille d'Emilie est chez son père.
#13novembre
Emilie :"On s'occupe de Nico et moi comme si nous étions des enfants (..)une amie marocaine m'explique qu'elle a a honte de ce qu'ont fait les terroristes au nom d'Allah"
#13novembre
Emilie revit les événements en permanence. "Nous faisons partie de l'Histoire (...) Je suis morte au Bataclan, je n'arrive toujours pas à faire le deuil de ce que j'étais avant 2015"
#13novembre
Emilie n'a pas réussi à retravailler, elle ne supporte plus la pression, certains bruits, elle est dans l'hypervigilance dès qu'elle sort de chez elle et privilégie les commandes sur Internet pour ne plus à avoir à sortir de chez elle"
#13novembre
Emilie :"Je fonctionne comme un automate depuis 6 ans (..) Mes enfants me considèrent comme une mauvaise mère. (..) Je ne cuisine plus, j'ai pris énormément de poids".
#13novembre
Emilie :"Je ne peux concevoir de vivre heureuse (...) J'ai des idées morbides et suicidaires"
#13novembre
Emilie :"Je ne veux pas et je n'ai pas le droit de déshonorer la mémoire des disparus (...) J'ai eu la chance de sortir vivante"
#13novembre
Nicolas, le mari d'Emilie prend la parole :"C'est notre Bataclan à tous les 2, ce qui nous a en partie sauvé. Nous n'avons pas été séparés une seule seconde durant les 4 heures où nous sommes restés là-bas"
#13novembre
Nicolas dit qu'il voulait aller dans la fosse, mais Emilie ne voulait pas. Ils ont fini au balcon. "Le Bataclan d'abord pour moi c'est un son, le son de la Kalach". Il pense à un pétard puis réalise que ce sont des tirs. "C'est le son de l'enfer".
#13novembre
Nicolas:"Les 1eres rafales provoquent l'effroi sur les visages des musiciens. Ils jettent leurs instruments (..) Je comprends qu'il se passe quelque chose de pas normal". Ensuite, c'est un "domino géant".
#13novembre
Nicolas:"Je ne sais qu'une chose, il faut partir. Allez le plus loin possible du son de la Kalach. Les policiers ont parlé de l'effet tunnel. C'était mon effet tunnel à moi".
#13novembre
Nicolas:"Emilie pleure,dit qu'elle veut revoir les enfants. Ce qui la sort de son état c'est le petit garçon à côté d'elle.Elle se donne 1 mission,le protéger ce petit garçon. Je pense que c'est lui qui l'a aidée à oublier sa propre panique".
lci.fr/justice-faits-…
#13novembre
Nicolas :"Pendant 3 heures, c'est l'obscurité totale autour de nous. "
(est projetée à l'écran une photo prise par Nicolas le 6 octobre 2016 quand ils ont pu visiter le Bataclan, elle montre le lieu où Nicolas sa femme et d'autres sont restés pendant des heures).
#13novembre
Nicolas: "J'appelle le 17, la personne au bout du fil me demande de parler plus fort. Je lui dis que ça va pas être possible, je suis en train de chuchoter".
#13novembre
Nicolas: "On va entendre tout. Les combles c'est le purgatoire; en dessous de nous il y a l'enfer. Entendre tout ce qu'il se passe à ce moment-là dans le Bataclan c'est l'horreur.
#13novembre
Nicolas: "Des hurlements qui ne ressemblent plus à des voix humaines, des hurlements de douleur, puis des râles. Dehors, des sirènes...
#13novembre
Nicolas: "On se crée notre bulle pour se couper de tout ça, on envoie et on reçoit des sms, d'abord avec mes parents. Sauf que mes parents et les sms ça fait 3. Je vais communiquer avec ma soeur."
#13novembre
Nicolas: "On entend l'entrée de la BRI, les mouvements dans la fosse, et ce moment hallucinatoire avec le numéro de téléphone hurlé je ne sais pas combien de fois à travers la porte".
#13novembre
Nicolas:L'assaut, qui a duré moins d'une minute et qui pour nous a duré des heures. J'entends les balles fuser, claquer.
#13novembre
Nicolas évoque les "morceaux de chair sur les murs. "on le voit très bien parce qu'ils brillent sur les murs". Il parle aussi des "corps enchevêtrés. "Ces personnes je les ai vues quelques heures avant joyeuses".
#13novembre
Nicolas: "Je vois le corps d'une jeune femme étendue le long du bar, elle est jeune c'est clair.C'est comme si elle était endormie"
#13novembre
Nicolas sort du Bataclan avec sa femme. "Et puis il y a l'après, nous sommes interrogés par un OPJ devant la salle qui nous dit que l'on peut rentrer. On a pris la voiture, je ne sais pas comment j'ai pu conduire".
#13novembre
Nicolas: "On rentre, je vois mon fils, je le prends dans mes bras. Il dort, il ronfle. C'est le premier pas de mon retour dans le monde des vivants".
#13novembre
Nicolas explique que son fils n'a pas de ballon de baudruche car lui et Emilie ont peur du bruit d'un ballon qui éclate.
#13novembre
Nicolas: "Ma fille est aujourdhui une grande fille de 15 ans et allez savoir pourquoi elle veut devenir psychologue"
#13novembre
Nicolas parle de la solidarité du 13, de tous ces gens qui les ont aidés à vivre, à survivre. "L'humanité, l'entraide, elles ont été ressenties partout dans le Bataclan ce soir-là (et après)" .
#13novembre
Nicolas:"La famille du 13 est une espèce de famille dysfonctionnelle où tout le monde est un cabossé de la vie".
#13novembre
Nicolas:"M. le président, mesdames et messieurs de la cour, vous avez le rôle le plus dur dans ce tribunal. Vous représentez l'État de droit. Je ne souhaite aucune vengeance, ce serait commencer à vouloir leur ressembler un peu." 1/2
#13novembre
Nicolas 2/2 : "Je ne souhaite pas non plus réparation, c'est impossible de réparer ce qu'ils ont fait. Je ne souhaite que la justice Jugez-les équitablement. Montrez-leur les valeurs de notre société et de la dignité humaine"
#13novembre
A la barre à présent, un autre Nicolas, qui lui aussi était au balcon. Il vient à la barre avec Danièle, avec qui il était ce soir-là au Bataclan.
tours de cou vert pour les 2.
#13novembre
Danièle :"Nous venions à Paris, nous habitions à Troyes, on passait par la rue de la Verrerie pour aller au Bataclan. J'ai fait quelques achats c'est pour ça que nous étions en retard"
#13novembre
Danièle :"Nous nous sommes installés dans la salle. Je me suis levée pour faire des photos (l'une d'elle est projetée à l'écran) Subitement les détonations. (...) J'ai vu le guitariste partir, le barbu"
#13novembre Tout le monde comment à fuir, à se ranger sous les sièges
Danièle :"J'ai fini par avancer, j'avais pas le choix. Nicolas me disait :"Vas-y! Vas-y! (...) Nous nous sommes retrouvés dans un petit cagibi. On était entassés là-dedans. Il y avait un Vélux"
#13novembre
Danièle:"On essayait de bloquer la porte avec des moyens dérisoires: un extincteur, nos épaules. Si les terroristes arrivaient tout serait pulvériser un en rien de temps".
#13novembre
Danièle se retrouve avec d'autres sur le toit. On lui dit de fuir mais elle ne veut pas partir. "Pour moi pas question de partir sans mon compagnon. On m'a demandé à quoi il ressemblait, j'ai dit: 'C'est un petit moustachu'. J'attends mon petit moustachu"
#13novembre
Danièle se souvient aussi d'une jeune femme blessée devant eux et de cette hâte de voir arriver les secours pour qu'elle soit prise en charge. La police arrive enfin.
#13novembre
Danièle:" Ils sont arrivés avec une grande échelle. D'habitude j'ai un vertige phénoménal mais la je suis descendue sans problème. Non sans remarquer qu'il y avait un corps sur le trottoir"
#13novembre
Danièle voit aussi le petit garçon devant le Bataclan avec sa maman et un casque de pompier sur la tête (Clarisse et son fils) . Elle dit qu'elle est heureuse de savoir aujourd'hui que tout va bien pour eux
#13novembre
Danièle retourne à l'hôtel avec son compagnon, puis ils regagnent Troyes. "On a passé une semaine dans notre salon, cloitrés, les fenêtres fermées. Au bout d'une semaine on a repris le travail"
#13novembre
Danièle retourne aux concerts mais dit :"J'ai perdu pour toujours l'insouciance d'avant". Elle repère les issues de secours et les cachettes systématiquement.
#13novembre
Danièle:"Je suis ébranlée par tous les événements qui se sont produits depuis : les attaques au couteau, l'assassinat de Samuel Paty..."
#13novembre
Danièle:"Je n'attends aucune excuse des accusés, leurs attitudes ces derniers jours montrent qu'ils n'en sont pas capables"
#13novembre
Danièle:"J'attends que le verdict soit à la hauteur des horreurs commises".
#13novembre
Nicolas qui était avec Danièle prend la parole :" j'ai vu la fosse, les gens tombés les uns sur les autres, les mouvements de foule"
#13novembre
Nicolas :"Mon cerveau s'est déconnecté, tout le monde s'est mis à ramper. Je voulais récupérer nos affaires et partir (..)" Il se retrouve avec Danièle et d'autres dans le cagibi. "On s'est tous entraidés"
#13novembre
Nicolas :"mon seul objectif était qu'elle (Danièle qui l'accompagne) ne perde pas son sac à dos, avec les clés de la voiture, les clés de la maison". Il focalise sur le sac. A Danièle à ses côtés à la barre:"C'était même pas toi, c'était le sac à dos".
#13novembre
Nicolas :"On est revenu à notre hôtel déboussolé. Pendant une semaine, on s'est enfermé chez nous. J'ai coulé une chape de béton. Je ne me sens pas légitime par rapport aux autres. On en a parlé à personne, repris le boulot tout de suite"
#13novembre
Nicolas :"Ils n'ont toujours pas gagné. On continuera par avoir ce type de vie. On ne peut pas gagner contre des valeurs universelles"
#13novembre
Nicolas : "On s'engueule tous les jours" Puis à Danièle à ses côtés à la barre :" surtout toi d'ailleurs". (rires dans la salle)
Il indique que pour autant ils sont très "soudés", qu'ils se serrent les coudes.
#13novembre
Nicolas :"On se pliera aux décisions. J'ose espérer qu'il y aura un déclic et qu'il n'y aura pas de prochaines fois. Que ce procès dégage des responsabilités pour savoir où le système a failli et où les erreurs ont été faites."
#13novembre A l'écran deux photos montrant la trappe par lequel Nicolas et Danièle sont passés notamment.
#13novembre
Danièle : "On était contents de sortir de ce cauchemar, on a suivi les consignes"
#13novembre
Danièle dit avoir arrêté le suivi, comme son mari:"on a arrêté, on a l'impression qu'on n'avançait plus".
Nicolas :" on l'impression qu'on avait tout dit"
#13novembre Danièle dit que ça ne va pas mieux pour autant. Elle dit par exemple qu'elle ne comprend pas comment des femmes peuvent être enceintes aujourd'hui. Elle ne comprend pas que l'on mette au monde des enfants dans un monde pareil.
#13novembre
A la barre, Jérôme, "victime impliquée du Bataclan" (barbe blanche, cheveux blancs, lunettes de vue). Pull noir, tour de cou rouge.
A ses côtés à la barre, un ami à lui.
#13novembre
Jérôme indique être arrivé à Paris vers 17h15. Il se souvient avoir vu le chanteur discuter avec d'autres sur le trottoir, commander une assiette de charcuterie et une assiette de fromage au café à côté. Le groupe s'assoit à côté d'eux sans le chanteur"
#13novembre
Jérôme était au concert avec son ami Thierry. Ils se sont assis au balcon. Il voit aussi Clarisse et son petit garçon au balcon. Entre les 2 groupes il sort fumer une cigarette.
#13novembre
Jérôme :"Ma ou mes clopes terminée(s) je fais une pause pissotière, on se ravitaille en bière. Le concert commence enfin, j'y étais, une vraie salle de rock, le pied, le vrai pied"
#13novembre
Jérôme :"Je me prends d'une angoisse du monde autour de nous, la fosse est pleine (..) Quelques minutes plus tard, cette chanson, la mitraillade, cela faisait-il partie du spectacle..."
#13novembre
Jérôme :"Les gens tombent autour de nous, je comprends que nous étions dans la merde (...) J'ai honte de le dire mais le corps de la jeune femme à mon dos semblait pouvoir nous protéger des projectiles"
#13novembre
Jérôme :"Couchés au sol, quelques minutes se passent. Un changement de chargeur" leur permet de fuir. "Nos quelques marches franchies, nous nous sommes retrouvés face à un mur, l'escalier donnait dans la salle"
#13novembre
Jérôme :"Sur ma gauche, un fond de couloir, une porte. J'ai dit au jeune homme à côté de moi : on défonce la porte! Me voilà dans cette loge d'artiste, sans fenêtre. Un piège qui peut nous être fatal"
#13novembre
Jérôme :"Je ne veux pas mourir sous les balles de ces fumiers"
#13novembre
Jérôme :"Thierry mon copain où était-il? Je le vois deux rangs de personnes devant moi"
Jérôme part avec d'autres par la trappe. "Nous avons tous demandé de laisser passer cette maman et son fils d'abord"
#13novembre
Jérôme aide alors un jeune couple à monter. La jeune femme ne veut pas puis finit par accepter. En haut, "de longues heures d'attente, le son toujours très fort des coups de feu, des faisceaux lumineux.."
#13novembre
Jérôme :"Les coups de feu sont moins soutenus mais toujours présents."
#13novembre
Jérôme :"J'entends des cris, un homme hurler de douleur. Une femme prend sa défense: 'laissez le tranquille il est blessé!". Des coups de feu retentissent. Je ne les entends plus. J'imagine que ces coups de feu leurs étaient destinés"
#13novembre
Jérôme :"Je comprends que nos sauveurs sont sur le point de donne l'assaut final (...) Les coups de feu sont de nouveaux très soutenus, des explosions de grenade et ce bip-bip"
#13novembre
Jérôme :"On nous demande de ne pas regarder au sol, de les fixer dans les yeux (...) Je suis descendu. Au pied du bar, une jeune fille ressemblant à celle qui m'avait servi une bière avant dans la soirée"
#13novembre
Jérôme :"Je réalise l'ampleur du massacre. Je me fige, je regarde mes pieds. Là une jeune femme avec un chemisier blanc, foudroyée, là je ne pouvais plus avancer elle me regardait". Cette image le hante.
#13novembre
Jérôme :""Depuis, il n y a pas une nuit que je pense à cette femme. Je ne fais pas de cauchemar mais je pense à elle tout le temps". (il est très ému)
#13novembre
Jérôme :"Nous sommes enfin évacués, à la file indienne ou à la chenille"
#13novembre
Jérôme : "Nous sommes rentrés à la maison vers 5h. Thierry me dépose chez moi. Là je suis tout seul chez moi. Première chose : prendre une douche. J'allume la télé, j'entends des choses, c'est pas ce que j'ai vécu."
#13novembre
Jérôme explique les étapes pour se reconstruire:"Une psychologue m'a suivi sur 5 ou 6 séances, j'ai participé à un reportage sur M6, je me suis rendu à l'Olympia pour voir le groupe et voir la fin de ce concert, changer de profession"
#13novembre
Jérôme : "Je ne sais évaluer le préjudice, je ne sais évaluer mon état. Je vais bien je vais pas bien, je ne sais pas" 2/2
#13novembre
Jérôme 2/2 :" je suis comme une bouteille d'Orangina, là pulpe est restée au fond pendant 6 ans mais là, avec le début du procès, tout est remonté. Je pensais aller bien avant le procès..."
#13novembre
A la barre à présent, Franck, costume gris, chemise blanche, cheveux poivre et sel, moustache, tour de cou rouge:"Je rentre du boulot, j'étais un peu crevé. J'avais le billet, je me dis j'y vais? j'y vais pas?" Le copain qui devait l'accompagner ne vient pas.
#13novembre
Franck :"Bon je me pointe au Bataclan, j'arrive assez tôt. Je me dis qu'on rentre facilement dans la salle, d'habitude on est fouillé, pas là".
#13novembre
Franck :"J'avais toujours été dans la fosse, là je vois placement libre, alors je vais au balcon, au 2e rang. Le concert commence. Il y a la pause, puis le groupe, la salle est pleine".
#13novembre
Franck :"J'entends des détonations particulières. Monte une odeur de poudre. Je comprends au son que ce sont des armes automatiques. Mon voisin ne comprend pas. je lui dis: là c'est du sérieux, faut se baisser"
#13novembre
Franck :"Je vois 2 types avec 2 armes automatiques que j'authentifie comme des AK47 et qui tirent dans le dos des gens. L'un d'eux a un sweat à capuche (...) Ca tire de partout sans discontinuer"
#13novembre
Franck :"J'essaie de sortir de l'effet tunnel (...) On se met à ramper. Devant moi, une jeune fille asiatique qui n'arrive pas à avancer, je lui mets une claque dans la nuque. Elle avance. Je me suis excusé après, ça n'est pas dans mes habitudes".
#13novembre
Franck :"Au bout du corridor, un espèce de muret. Sur ce muret, un vasistas. On monte sur le muret. On fait monter le plus grand d'entre nous. Il réussit à ouvrir le vasistas. On fait monter les gens (...) On se retrouve sur le toit du Bataclan"
#13novembre
Franck :"Pendant tout ce temps, les tirs continuent; L'arrêt des tirs correspond à des recharges (...) Dans notre esprit on s'attendait à ce que les assaillants, moi j'en avais vu deux, viennent nous chercher sur le toit"
#13novembre
Franck :"J'entends une espèce de voix et un échange de numéros: Tu veux mon numéro? "moi c'est le 06..."Je comprends que c'est des négos"
#13novembre
Franck :"'L'idée était de ne pas transmettre la peur. Sur ce toit, on discute avec les gens, on essaie de les rassurer: on est à Paris, il y a la police... (..) Mais sur ce toit on est un petit peu pris au piège, à l'abri certes, mais un peu bloqué."
#13novembre L'assaut est donné.
Franck:"Je comprends qu'on va venir nous exfiltrer de là. Il faut enlever les t-shirts,on se retrouve torses nus. On reçoit une grenade assourdissante,j'apprendrai + tard que c'est la procédure. Puis il y a les lasers à la visée, les lasers rouges"
#13novembre
Franck :"Je m'énerve un petit peu contre un policier. Je lui dit: Vas me chercher ton chef de groupe, y' a pas de terroristes ici, y'a que des victimes !"
#13novembre
Franck :"On descend un par un. Il y a des cadavres dans les entrées du Bataclan. Certains sont découverts, d'autres non. Il y a du sang dans le caniveau. 2e fouille par palpation après le Raid. Il y a de jeunes gardiens de la paix qui sont dépassés"
#13novembre
Franck :"On nous met en file indienne et on nous conduit vers une cour d'immeuble où se trouve le guitariste et le bassiste du groupe aussi. Après on prend nos identités.
#13novembre
Franck :"Je me retrouve devant une personne, je vous jure que c'est vrai, en robe de chambre Mickey qui interroge les victimes. Je lui demande: 'Vous êtes de la police?'Elle me dit non j'habite ici,on m'a demandé d'aider en relevant les identités, c'était le chaos."
#13novembre
Franck :"Je reconnais François Molins et Michel Cadot qui arrivent vers 3 heures du matin et moi je pars."
#13novembre
Franck :"Je continue à pieds vers la gare de l'Est, avec sa faune; Je me dis : t'as échappé à tout ça ça serait con de se faire agresser gare de l'Est" (rires dans la salle"
#13novembre Franck part finalement chez une amie.
Franck :"On a bu une bouteille de. vodka. Moi je bois jamais d'alcool mais là ça m'a fait aucun effet". Il réalise qu'il a reçu des éclats de balle.
#13novembre
Franck a repris le travail le lundi suivant. Il travaillait en 2015 à la direction de l'administration pénitentiaire .
#13novembre
Franck : "Moi j'étais pas chaud pour venir témoigner mais mon avocate Me Berrebi Amsellem a insisté".
Il porte un tour de cou rouge, c'est dommage, on aurait bien aimé l'interviewer.
#13novembre
Franck travaille aujourd'hui au ministère de la Justice. Il est parfois amené à rencontrer des personnes en lien avec des affaires de terrorisme mais explique arriver "à faire la part des choses" car c'est "un professionnel"
#13novembre L'audience est suspendue.
#13novembre
L'audience est reprise.
#13novembre
A la barre, Emmanuel, il a des béquilles mais reste debout. Il est né en 1973, est animateur dans un Ehpad. Il porte un tour de cou vert une chemise Ralph Lauren bleu, des lunettes de vue, une barbe et une moustache courte.
#13novembre
Emmanuel est allé avec des amis au Bataclan et se retrouve au Balcon. "L'insouciance nous quitte rapidement, comme beaucoup j'ai l'impression d'entendre le claquement d'une enceinte, on a tous le réflexe de se jeter au sol"
#13novembre
Emmanuel :" Je regarde ce qu'il se passe, je vois un homme recharger son arme, un AK47. J'ai quitté le monde des humains pour devenir une machine, il fallait se sauver". Il prend son sac.
#13novembre
Emmanuel :" J'avais laissé mes béquilles plus loin et je me suis vite rendu compte que le jeu n'en valait pas pas chandelle et que j'allais devoir faire sans mes auxiliaires"
#13novembre
Emmanuel : "Je me redresse, sans mes béquilles.. J'entends les gens derrière moi dire : "Allez allez plus vite descends". Je descends l'escalier, je me retrouve dans la rue."
#13novembre
Emmanuel :" Je dis à un ami 'attends-moi'. Il me dit cours. Je cours même si c'est pas mon truc. On se retrouve sur le boulevard. il y avait un mec blessé au bras"
#13novembre
Emmanuel : "A un moment sur le boulevard, on a même l'impression de voir passer un mec en vélo avec un AK47 au bras. On se regarde tous les 3, on se dit:"t'as vu ce que je viens de voir?"
#13novembre
Emmanuel : "Je me retrouve dans un bus, puis dans le centre de Paris. Je demande à un chauffeur de VTC de m'emmener chez des amis. Je lui explique. Il a la gentillesse de m'emmener"
#13novembre
Emmanuel : "J'appelle Vincent et Karine, des potes de fac. Ils vont m'héberger". Il s'effondre dans les bras de son pote. "Je leur explique un peu ce que je sais, je leur dis que j'ai des amis qui sont encore à l'intérieur, dans le plafond, dans la loge..."
#13novembre
Emmanuel : S'ensuit un moment d'hypnose devant la télé. Vers 3h, je reconnais des gens à la télé avec des couvertures de survie. Je cris: c'est un tel, c'est un tel, c'est un tel".
#13novembre
Emmanuel : "Ma cousine m'appelle, elle me dit qu'elle est avec un journaliste, je vais les retrouver. J'arrive dans cet appartement, on s'embrasse. J'ai l'impression alors que l'on m'avait ranimé, comme un électrochoc après un malaise cardiaque"
#13novembre
Emmanuel : "Le journaliste sait qu'on a des amis blessés, il essaie d'avoir des numéros, des informations. On se sépare avec ma cousine, je vais rentrer chez moi".
#13novembre
Emmanuel : "Chez moi j'expérimente la terreur. Je pense que les gens dans la fosse on ressentit l'horreur et la terreur. Je n'ai pas vu de corps.."
#13novembre
Emmanuel dit que son numéro donné au journaliste a circulé. Mon amie me dit qu'Harry Roselmack veut nous interviewer. "On a fait l'émission"
#13novembre
Emmanuel :" je reprends le travail mais très rapidement je me rends compte que dans ma tête c'est une gigantesque tambouille d'émotion assez négative. Beaucoup de colère. Pas de la haine mais beaucoup de colère"
#13novembre
Emmanuel se retrouve à une cérémonie en présence du président de la République. "Il me demande comment allez-vous, je ne sais pas ce que j'ai répondu. Ca a été le 2e gros choc." Il réalise que s'il est sorti indemne, c'est une victime.
#13novembre
Emmanuel : "Moi les blessures ce ne sont pas les balles". Il souffre d'hypertension artérielle, de psoriasis. "Je ne gérais plus aucune émotion". Il devient agressif. "Je suis allé voir mon médecin. Je suis toujours sous anti-dépresseur, sous anxiolytique"
#13novembre
Emmanuel :"Les 13 novembre sont toujours douloureux." il y a quelques années, un 13 novembre, il dit n'avoir pu sortir de son lit.
#13novembre
Emmanuel dit avoir trouvé "beaucoup de bienveillance" auprès des personnes dont ils s'occupent dans les Ehpad. "Ils m'ont beaucoup aidé. Certains savent que je suis là, ils m'ont souhaité bon courage alors qu'eux, vivre en Ehpad, ils ont déjà beaucoup de courage".
#13novembre
Emmanuel:"Le 1er concert après a été 1 horreur absolue,c'était au Trianon. Je regardais l'escalier convaincu que quelqu'un allait arriver. Je suis parti en courant. Mon amie est venue me chercher pour me dire que si je ne finissais pas ce concert,je n'en ferais plus"
#13novembre
Emmanuel: "A 10 jours j'étais à deux doigts de tout lâcher, de ne pas venir ici. "
#13novembre
Emmanuel: "J'attends que ce procès rende une justice juste et équitable pour ces hommes qui sont dans le box des présumés accusés. "
#13novembre
Emmanuel: "Je n'ai pas de haine envers ces messieurs, j'attends qu'ils soient jugés avec justice et humanité."
#13novembre
Emmanuel lit un texte et rend hommage à d'autres survivants du Bataclan et se met à pleurer.
#13novembre
Emmanuel: "Monsieur le président, mesdames et messieurs de la cour, me voilà debout devant vous. Je claudique, je boite, parfois je tombe mais je me relève toujours. Me voilà debout devant vous, abimé mais debout"
#13novembre
Olivier, bruns,barbe, moustache,2 tours de cou. Il était avec sa femme le 13-11-15 au Bataclan. "La semaine était rude, ma femme était très fatiguée. Je lui ai dit: allez viens, ça te fera du bien, riche idée". Il offre des places à son oncle et sa tante "riche idée"
#13novembre
Olivier et sa femme se mettent au balcon "riche idée"."L'ambiance est très bonne et les gens sont heureux. Je fais un tour au merch et dire bonjour à Nick"
#13novembre
Olivier :"Le concert commence, l'ambiance est électrique (..) Nous dansons comme des diables pendant que Jesse Hughes prêche ses bonnes paroles sur scène"
#13novembre
Olivier :"Arrive ce bruit assourdissant qui recouvre le son de la musique, des flammes et la foule qui se couche comme des blés. Ma femme reconnait le bruit des armes et dit qu'il faut que l'on s'en aille, tout de suite".
#13novembre
Olivier :"Nous nous engouffrons dans une loge, d'autres personnes sont déjà là. Ma femme se cache sous une table."
#13novembre
Olivier, la voix qui tremble les larmes aux yeux :"L'idée que toutes les personnes qui sont devant moi forment un formidable bouclier humain me traverse l'esprit".
#13novembre
Olivier :"Les minutes passent, le plafond commence à se désagréger et moi à être trempé"
#13novembre
Olivier :"Nous finissons par avoir des nouvelles de mon oncle et de ma tante via ma cousine. Ils sont sur le toit". La police arrive.
#13novembre
Olivier "Je glisse je trébuche et je suis obligé d'ouvrir les yeux et là je vois la mare de sang, les corps morts et entassés dans la fosse. Je vois surtout le corps d'un homme mort qui m'a fait trébucher, j'apprendrai à ce procès que c'est celui de Matthieu"
#13novembre
Olivier :"Mathieu avait encore toute sa vie devant lui avec ses deux enfants. Je prie Me Topaloff de bien vouloir dire à Aurélie et François que je suis désolé pour ce geste. "
Aurélie la compagne de Matthieu Giroud, décédé au Bataclan, doit être entendue jeudi".
#13novembre
Olivier parvient à sortir du Bataclan, va chez sa mère et rentre à la maison, voit un médecin, se fait prescrire un arrêt de travail et des médicaments.
#13novembre
Olivier retourne peu après devant le Bataclan et voit les fleurs, les photos, les bougies, les hommages. "Et là je craque".
Il reprendra le travail deux semaines après les attentats.
#13novembre
Olivier :"Le concert des Eagles arrive, non sans angoisse". Il rencontre à cette occasion des membres de @lifeforparis
#13novembre
Olivier :"J'ai commencé un vrai suivi psy au printemps 2016 (...) Les crises d'angoisse se multiplient"
#13novembre
Olivier se rend aux commémorations de novembre 2016 avec sa compagne Virginie. Il a dit un peu plus tôt qu'ils étaient en couple depuis le lycée.
Un peu plus tard, Virginie tombe enceinte. Olivier intère le cercle de @lifeforparis
#13novembre
Olivier indique que son fils a 3 ans et demi et qu'il vient de faire sa rentrée à l'école.
#13novembre
Olivier :"Ce procès j'en attendais pas mal pour recoller les morceaux du puzzle et je suis satisfait de ce côté-là"
#13novembre
Olivier :"Quand j'entends que des accusés se plaignent et de leur condition de détention, je vomis en pensant au nombre de vies brisées"
#13novembre
Olivier :"Quand j'entends que les attentats du 13 novembre 2015 seraient une réponse aux frappes en Syrie, je vomis"
#13novembre
Olivier :"Les peines ne seront jamais assez lourdes pour nous victimes mais nous aurons au moins la satisfaction d'avoir su nous élever face à la pire bêtise du genre humain (...) "
#13novembre
Olivier explique avoir un rapport bizarre avec la mort depuis le 13-11-15 et imaginer les pires scénarios": "J'imagine la mort de mes proches : mon fils qui se fait renverser ma un scooter, ma femme se fait agresser au fond d'une impasse"....
#13novembre
Olivier remercie "Virginie", la femme de sa vie, son "fils", "ma chair et mon sang". "Merci à ma famille d'adoption @lifeforparis ". "J'ai une pensée toute particulière pour Jean-François Mondeguer qui me manque énormément".
#13novembre
A la barre, Thomas et Sylvie, un couple, oncle et tante d'Olivier. Ils étaient eux aussi au Bataclan
Tours des cou rouge pour les deux . Lui cheveux gris, t-shirt beige. Elle cheveux longs, bruns, habillée en noir. Thomas commence et lit un texte.
#13novembre
Thomas:"Avec tout ce qui a été dit dans cette enceinte, j'ai peur d'être accusé de plagiat". Il raconte à son tour sa soirée au Bataclan et cite les noms des personnes qui l'entourent ce soir-là et tout ce qu'elles ont fait pour s'en sortir"
#13novembre
Thomas évoque les "pétarades", "le groupe qui a cessé de jouer", la fuite de certains vers des issues de secours.
#13novembre
Thomas:"Nous avons rampé". Le couple se retrouve dans une loge. "
Sylvie :" si Thomas s'est mis en mode survie, moi je me suis mise en mode suivi".
#13novembre
Des photos de l'endroit où le couple s'est réfugié sont projetées à l'écran."Le réservoir entier des toilettes était descellé du mur". De nombreux otages sont mouillés par l'eau qui fuit.
#13novembre
Thomas:"On s'est retrouvés sur le toit. (...) Quand on est arrivé là, on avait toute notre liberté de mouvement, on était à l'air libre, une dame nous a donnés de l'eau par sa fenêtre. J'étais déçu de voir que les pompiers n'étaient pas encore là"
#13novembre
Sylvie:"Au début,on n'a pas prévenu nos enfants parce que pour nous c'était un événement complètement isolé. Un peu plus tard, on a appris qu'il y avait d'autres endroits, là on s'est dit qu'on avait plus trop le choix, qu'il fallait qu'on appelle chez nous"
#13novembre
Sylvie:"Quand on a appelé nos enfants, on ne leur a rien appris. Sauf qu'on était sur le toit".
#13novembre
Thomas et Sylvie quittent le Bataclan et trouvent refuge comme d'autres dans des immeubles d'habitation.
Sylvie :"Pas mal de personne ont parlé d'humanité, au numéro 7 (de la rue Oberkampf), on a eu pas mal d'humanité"
#13novembre
Sylvie précise qu'elle et son mari "habitent le quartier depuis presque 30 ans".
#13novembre
Sylvie indique avoir ressenti un 2e, 13-11-15 quand elle a appris la mort de Lola, 17 ans et camarade de classe de enfants au collège."Pour moi, Lola cristallise ma culpabilité du survivant. Elle avait 17 ans, j'en avais 52 à l'époque et en plus j'étais maman..."
#13novembre
Sylvie:"Le lundi je suis allée au boulot. J'ai tenu la journée, le mardi je suis tombée comme un avion". (...) J'ai eu un problème de positionnement par rapport à mon statut de victime. On est entrés à 4, on est sortis à 4"
#13novembre
Sylvie:"J'ai eu le besoin de raconter à tout va mon Bataclan (...) J'avais le sentiment d'être une usurpatrice".
#13novembre
Sylvie :"LFP c'est @lifeforparis mais je me dis que ça pourrait vouloir dire aussi 'la famille providentielle'".
#13novembre
A la barre, Charles, pull gris foncé, tour de cou rouge catogan: "Monsieur le président, mesdames et messieurs les juges, mesdames et messieurs les avocats généraux et messieurs derrière (les accusés)"
#13novembre
Charles continue "Merci à Nico de m'avoir invité ce soir-là, c'était cool malgré tout"
#13novembre
Charles :"En 2015, j'étais professeur d'Histoire Géographie dans le secondaire . Avec ma compagne, nous avons deux enfants, Simon 2 ans et Bérénice 6 mois à l'époque"
#13novembre
Charles : "Notre système judiciaire fonctionne sur des méthodes beaucoup moins barbares que d'autres" (il regarde box des accusés)
#13novembre
Charles :"Mes enfants sont jeunes, ils connaissent déjà l'histoire mais ils grandiront, ils sauront que j'aurais eu le courage de venir ici et de regarder des personnes dans les yeux et de déposer devant elles"
#13novembre
Charles :"Le 13 novembre, j'ai été forcé de ramper, "Le 13 novembre, j'ai été forcé de me comporter comme une bête traquée. Aujourd'hui je suis debout. Vous avez échoué."
#13novembre
Charles : "Le 13 novembre, je suis allé à un concert, c'était pas le bon. Je ne connaissais pas les Eagles of death Metal, j'y suis allé sur les conseils d'un ami Nicolas ici présent"
#13novembre
Charles :"La lumière se rallume, les cris, la foule qui se couche comme un champ de blé, les gens tentent d'aller vers l'escalier"
#13novembre
Charles :"A ce moment je pense à un différend du monde de la nuit, un règlement de compte. Je suis inquiets d'une balle perdue"
#13novembre
Charles :"On fonce vers cet escalier en espérant sortir. Mais l'issue de secours en bas de cet escalier n'existe pas. On se retrouve face à un vigile qui nous dissuade de descendre"
#13novembre
Charles :"La trace et le ressenti de la peur glaciale à ce moment ont demeuré (...) Ça n'est pas un différend, c'est sérieux. Si on ne sort pas, on va y rester"
#13novembre
Charles :"On échappe aux tirs mais combien y a-t-il de tireurs ? On ne sait pas."
#13novembre
Charles :"J'ai un objectif. Ça tu le sais pas Nico, faut que je te ramène vivant"
#13novembre
Charles lit un texte décrivant ses moments passés dans le Bataclan:"L'assaut est impressionnant, une partie du plafond semble s'effondre on entend les talkie"
#13novembre
Charles :"Nous finissons mains en l'air, torses visibles, afin de vérifier que nous n'avons pas de ceinture explosive".
#13novembre
Charles :"On nous conseille de regarder nos pieds. On arrive derrière le bar, nous avons enjambé des corps"
#13novembre
Charles :"Je risque un coup d'œil de façon à avoir des images sur ce que j'ai fantasmé. (...) C'était pas du fantasme, c'était la réalité, du sang partout, des gens qu'on a trainés, des corps.."
#13novembre
Charles :"Nous allons bien en apparence. Je rentre chez moi je retrouve ma compagne. Elle somnolait, elle pleure. Je suis un robot"
#13novembre
Charles :"Il est important de souligner les conséquences de ces faits". Charles est d'abord dans l'hyperactivité, le déni l'euphorie et reprend le travail assez rapidement".
#13novembre
Charles :"J'ai tenté de prendre soin de moi. L'été suivant, 2016, on écrit un livre avec des amis sur le sujet, ça crève, ça crève" (..)
"J'ai pas pris suffisamment soin de ma santé physique et mentale".
#13novembre
Charles :"J'ai été un papa défaillant (...) Par exemple j'apprendrai quelques années plus tard que ma femme s'est brûlée à l'eau, elle a eu un bandage pendant 2 mois, je ne m'en souviens pas, ça n'existe pas"
#13novembre
Le trauma de Charles est ravivé par les attentats de Bruxelles. "Merci aux artistes" dit-il.
#13novembre
Charles :"En 2017 j'ai entamé une reconversion, sophrologie. J'ai ouvert mon cabinet juste avant le Covid. "
#13novembre
Charles :"Aujourd'hui je ne suis plus prof. J'ai un stress post-traumatique chronique, je vois une psy deux fois par mois encore, j'ai des sautes d'humeur, ma patience a des limites. La musique a pris un peu moins de place qu'avant"
#13novembre
Charles :"Quand j'entends dire que la France tue des enfants en Syrie, je me dis que des personnes auraient dû être plus assidues en cours ou avoir de meilleurs profs, qu'Internet est un formidable outil quand on sait s'en servir"
#13novembre
A la barre Thierry, tour de cou vert, châtain, chemise blanche. Il dit avoir été "bouleversé" par les témoignages. "Je me disais avant quelle chance pour les gens qui sont sortis au bout de 10 mn"
#13novembre
Thierry ": Je pense être le chat noir de ce procès: en 1986 j'étais dans le wagon du RER A entre châtelet et la gare de Lyon quand 1 détonateur a sauté.Ensuite il y a eu le Bataclan, c'est pas fini.
#13novembre
Thierry:" En mars 2017, j'étais à Orly quand un cinglé a voulu poignarder une policière. En 2017 toujours, j'ai accompagné un groupe à Londres et je me suis retrouvé près d'un terroriste qui a poignardé des gens.
#13novembre
Thierry: Puis je suis allé avec mon fils au Mandala bay, deux mois après un terroriste tire des balles et tue 59 personnes...
#13novembre
Thierry en vient à la soirée du 13 novembre. Il se souvient d'une belle femme, en blanc, et un petit garçon de cinq ans, et une autre femme avec eux qui s'installent dans la salle puis changent de place.
#13novembre
Thierry: Je me souviens le petit garçon avec son casque bleu et la maman qui dit:"tu vois mon chéri". Je trouvais ça tendre. Et puis le concert commence, puis les tirs "Tatatatata".
#13novembre
Thierry: J'ai fait l'armée, tirer au Famas, je sais pas pourquoi j'ai sauté, j'ai heurté la jambe de la dame, qui me crie "Oh!!!". J'ai cherché son nom. Cette femme est décédée, sa maman aussi. Il ne restait que le petit garçon de 5 ans".
#13novembre
Thierry a été contacté par la suite par la famille du petit garçon. Il continue sur la soirée:"Les gens étaient agglutinés pour sortir. Je vois la loge, une trentaine de personnes paniquées. On ne pouvait pas sauter. On était fait comme des rats"
#13novembre
Thierry: "Il n'y avait personne devant moi, juste un ami Lionel, décédé l'année d'après d'une crise cardiaque". Ils rentrent dans une pièce qu'ils bloquent avec un frigidaire notamment"
#13novembre
Thierry: "5 mn après ils ont essayé d'ouvrir. On entendait des tirs, la négociation. 'On veut des talkie-walkie, nananana, on va tout faire sauter !! et puis 06 nananana notez,dépêchez-vous, notez ! On entendait tout, ils étaient juste au-dessus de nous"
#13novembre
Thierry: L'ambiance : il faisait très chaud, j'ai enlevé mon cuir, une jeuen filel était en soutien-gorge. Y'avait du coca, coca chaud. C'était Koh Lanta. Quelqu'un veut du café, quelqu'un veut du coca"
#13novembre
Thierry: "On attendait la mort. C'est comme un requin qui vous entoure dans le Pacifique"
#13novembre
Thierry: "Je me disais: qu'est-ce qu'ils foutent la BRI, c'était possible. Grâce au procès j'ai pu voir qu'en fait ils étaient là très tôt mais nous on le savait pas"
#13novembre
Thierry: "on a entendu les tirs : papapapapa, et l'explosion, PAM! et puis plus rien. des bruits de pas, des chuchotements.
#13novembre
Thierry: On se dit qu'est ce qu'il se passe? (il fait le bruit de quelqu'un qui toque à la porte) "Police".
Réaction de Thierry à ce moment "et moi ma grand-mère c'est la reine d'Angleterre"
#13novembre
Thierry: On ouvre, j'étais pressé de partir, je dois être 5e ou 6e. Le Raid ou la BRI nous dit :" doucement", "doucement". Il y avait du sang sur le mur et sur la porte"
#13novembre
Thierry enjambe d'abord un premier corps. "Puis je vois un corps complètement coupé avec une sorte de moelle, j'ai du mal à décrire (il mime la matière avec ses mains".
#13novembre
Thierry: On passe sur la scène et la vision d'horreur : du sang, cette odeur de poudre très importante. Heureusement mon odeur n'a pas cette odeur de sang. Je vois du sang, je vois des corps.
#13novembre
Thierry: Le Raid nous dit ; "ne regardez pas". Je vois un corps, je me retourne, je vois 3 corps les uns sur les autres. Un jeune homme blond, petit duvet, les yeux clairs, je vois qu'il est mort. J'y pense encore"
#13novembre
Thierry: "Moi j'étais l'un des plus anciens, j'avais la cinquantaine, pas encore 50 ans... En allant dehors, je vois une jeune femme, très jeune, les cheveux bouclés, brune, avec un t-shirt de metal, puis un mort"
#13novembre
Thierry: "J'avais tellement soif. On marche rue Oberkampf, je vois des groupes de gens. Une dame avait des gobelets, j'ai tout vu cul-sec sans toucher la glotte".
#13novembre
Thierry: "On a attendu, on a fait des dépositions."
#13novembre
Thierry: "Je vois le président @fhollande @manuelvalls et une montagne de conseillers qui vont vers le Bataclan, et puis des gens qui montent dans un bus comme à la maternelle. Moi je dis non je bosse demain, je me casse."
#13novembre
Thierry: "Je veux récupérer ma voiture, je veux passez devant le Bataclan. Il y avait les hommes armés, @fhollande . je leur ai dit que ça fait 3 heures que j'étais dans le bordel, que je voulais récupérer ma voiture. Mais la rue était bloquée.
#13novembre
Thierry: Il y avait un policier,comme j'ai vécu aux Antilles, je lui ai dit deux trois mots en créole. Il m'a laissé passé. Je monte dans la voiture, j'écoute la radio, RTL. Allo, nous sommes en direct du Stade de France, de la Belle équipe. y'a 4 morts, dix morts"
#13novembre
Thierry: "Je me rends pas compte. Je vais chez ma mère. Je prends une douche. Impossible de dormir, je regarde la télé,BFM, je vais au boulot à Orly sud. Puis je rentre chez moi et je me suis écroulé à dormir "
#13novembre
Thierry: Le suivi? Mon suivi je l'ai fait avec les médias : BFM, Le Parisien, ça a enchainé. RTL... Et ainsi de suite. Quelqu’un m'a dit: tu sais Thierry, ta thérapie tu la fias sur ls plateaux"
#13novembre
Thierry: "Le samedi d'après, comme quand vous tombez du cheval faut remonter. J'enchaine les concerts Thunder au divan du monde le 21-11-15 puis Scorpion, Johnny Halliday et cette chanson que j'ai prise pour moi: Rester vivant. "
#13novembre
Thierry: Le procès déjà ce qu'il me choque, c'est qu'il y a pas un Français."
#13novembre
Thierry:" Il parait que je suis un mécréant, si être un mécréant c'est sortir, boire des verres, manger une planche de charcuterie et aimez les terrasses, j'en suis fier et on est 50 millions dans ce cas-là. "
#13novembre
Thierry: Je n'ai qu'une chose à dire: Vive la France et Vive la République
#13novembre
A la barre, Danièle, qui raconte sa soirée du 13-11-15. Chemisier noir et blanc, tour de cou rouge. Elle travaille dans le spectacle vivant.
#13novembre
Danièle:"On a entendu une voix : "otage, ne tirez pas!"Des voix résonnent dans la rue: téléphone, téléphone, des échanges de tirs. Entre 2 ça s'arrêtait, ça reprenait"
#13novembre
Danièle:"J'entends une femme qui crie, qu'elle n'y est pour rien, qu'elle a des enfants et cette voix qui lui répond: 'Tais-toi! tais-toi sinon je te tue. Ils sont venus tuer mon frère en Syrie je suis venu faire pareil, tais-toi!"
#13novembre Danièle se souvient avoir entendu l'un des terroristes dire : "ça n'est que le début, vous n'avez encore rien vu".
#13novembre Danièle: "D'un coup j'ai perdu connaissance. En me réveillant j'entends les râles, des tirs. J'avais une étole. Tout a explosé. Je me suis enroulée dans mon étole."
#13novembre Danièle :"J'ai entendu "otage-terroriste, "otage-terroriste", il y avait les policiers de la BRI, il y avait des flaques de sang, j'ai marché sur des bouts de corps. La fosse était un charnier, j'avais l'impression que 1000 personnes étaient mortes en même temps"
#13novembre Danièle :"Depuis j'ai arrêté de travailler dans le spectacle. Dès que j'étais dans une salle j'étais dans une alerte totale." Elle a fait une formation qu'elle vient de finir. "Je ne travaille toujours pas, je ne sais pas si je vais retrouver un travail".
#13novembre Danièle: "J'ai la chance d'être restée en vie, j'ai vu tous ces morts, ces parents pleurer..."
#13novembre Danièle :"Je suis abasourdie par cette nouvelle génération qui se laisse enrôler dans de l'extrémisme, qui est trompée sur le courage, sur les objectifs et qui met en cause notre gouvernement alors qu'on n'a rien à voir là-dedans"
#13novembre Danièle a gardé la goupille de l'extincteur "qui a envoyé du produit pour empêcher que les terroristes rentrent. "
#13novembre
A la barre, Bertrand, partie civile, cheveux poivre et sel, t-shirt bleu marine avec l'inscription en blanc: "We shall never surrender!".
#13novembre
Bertrand va au concert avec des amis. "Je suis claustrophobe, pour moi pas question d'aller dans la fosse. Le concert commence et comme tout le monde on entend des pétards sur la chanson Kiss the devil"
#13novembre
Bertrand ; je vois un jeune homme grand, maigre, tirer à l'arme automatique. J'envoie un sms à ma femme: 'fusillade au Bataclan, je t'aime'".
#13novembre
Bertrand : "Dans ma tête je me suis dit qu'il fallait pas que je meure ce soir. Non je ne mourrai pas ce soir!"
#13novembre
Bertrand :"On comprend très vite qu'ils sont montés à l'étage. Il n'y a plus qu'une seule chose à faire. SIlence, ne plus rien dire. Je pense aux otages de l'HyperCacher. Il ne fallait pas qu'il y en ai un qui tousse, qui craque"
#13novembre
Bertrand :"Je fais le pour et le contre. Le contre, ils savent tirer à la Kalach, le pour, les soldats de la France vont venir nous libérer. Et là ils demandent des talkie-walkie; Des talkie-wlkie à l'époque du portable? Et là ils demandent à parler au chef"
#13novembre
Bertrand :"La négociation avance, puis on comprend que c'est l'assaut. On a l'impression que le ciel va nous tomber sur la tête, que le plafond va nous tomber dessus"
#13novembre
Bertrand :"Moi je voulais savoir, j'en pouvais plus d'attendre. C'est l'assaut puis le silence. Un faisceau de lumière blanche, la lumière qui passe. On entend : otage! otage!"
#13novembre
Bertrand :"on lève nos t-shirts, on passe dans le couloir et on regarde à gauche et à gauche c'est quoi? C'est l'enfer de Dante. Voilà".
#13novembre
Bertrand :"Malgré les obscurantismes de ces gens, jamais nous ne changerons nos modes de vie. Si nous nous sommes des mécréants, eux c'est la gangrène de l'Histoire, voilà"
#13novembre
A la barre, Ben, tour de cou rouge, chemise blanche, veste bleue marine. C'est son frère qui lui avait offert la place pour le concert. Ils y vont ensemble.
#13novembre Une photo de la salle vide montrant leur emplacement est projetée à l'écran
Ben : "L'attaque survient, comme des pétards qui couvrent la musique"
#13novembre
Ben : "Ils rallument la lumière, une lumière très blanche. Les musiciens jettent leurs instruments, la batterie se renverse. "
#13novembre
Ben : "Une masse humaine vers la scène, une odeur de poudre, mon frère qui me tire entre les sièges du balcon (...) A chaque fois que j'essaie de relever la tête il y a des rafales. On essaie de se parler avec mon frère"
#13novembre
Ben :"autour de moi des paires de fesses, on était tous à 4 pattes. Le monsieur qui a témoigné tout à l'heure, je l'ai reconnu,c'est moi qui ai poussé ses fesses pour qu'il avance" (il est effectivement allé voir Nicolas à la suspension d'audience pour se présenter)
#13novembre
Ben : "Je suis dos à la scène, la porte s'ouvre dans un sens. je vois mon frère bloqué dans un coin. Il m'a fait des signes que je ne comprends pas tout de suite. Un assaillant arrive au-dessus de lui, je l'identifierai + tard comme Mostefai"
#13novembre
Ben : "Mostefai est au-dessus de lui mais ne me mets pas en joue. Merci mon frère de ne pas avoir bougé";
#13novembre
Ben s'enferme dans un "sas très compact" avec d'autres, "coincé dans des marches". "Il y a beaucoup. de monde. On récupère l'extincteur, on va bloquer la porte avec ça.
#13novembre
Ben très ému : "On s'est allongé, avec nos jambes on bloquait la porte. On s'est dit que s'ils tiraient ils toucheraient des pieds".
#13novembre
Ben : "Une fois qu'il ne restait que 6-7 personnes, j'ai fait monter mon frère. Vous avez vu mon corps je pouvais pas monter. J'ai été catapulté là-haut.
#13novembre
Ben : "sur le toit on voit 'une armoire', qui nous dit :"venez par là". On n'était pas très chaud. On y va finalement, on rentre dans le salon"
#13novembre
Ben : "L'assaut arrive, on s'est dit bon c'est passé. Le Raid arrive, met en place toute la procédure. On se dit c'est fini mais on se retrouve par terre les mains sur la tête".
#13novembre
Ben : "On repasse par les bureaux du Bataclan, y'avait un transat empli de sang. "
#13novembre
Ben : "on descend par l'échelle tendue par les pompiers. Je me dis que j'aurais pu finir comme les corps devant moi, devant le Bataclan ravagé. Les trottoirs sont jonchés de poche de sang, il y a des draps blancs"
#13novembre
Ben : La Croix-rouge nous invite à aller à la mairie du 11e. On monte dans le bus, on part, on refait la queue pour se réenregistrer. C'est l'enregistrement de trop. On veut repartir mais on ne peut pas"
#13novembre
Ben : "On ressort de la mairie vers 5h30. On se rend compte qu'on 'est sorti indemne et je lui dis je sais pas pourquoi : je pense que c'est une saloperie qui va rester. Je ne croyais pas si bien dire"
#13novembre
Ben : "on découvre les joies du stress post-traumatique, on apprend à vivre avec le boulet, la perte de sommeil avec la conviction qu'ils vont revenir et finir le boulot"
#13novembre
Ben : "L'hypervigilance évidemment, les feux d'artifice finis, je faisais de la musique avant aussi, perte de plaisir"
#13novembre
Ben : "Les mythomanes qui veulent se rendre intéressant, les théories complotistes..."
#13novembre
Ben : "Hypnose, EMDR, Tout reste dans la tête. ça reste une casserole de bouillon dans la tête prête à déborder tout le temps. "
#13novembre
Ben : "on est sorti indemne physiquement mais voir ses parents pleurer, ça n'est pas dans l'ordre des choses, ils sont plutôt là pour nous rassurer" (il pleure).
#13novembre
Ben : Mon frère m'avait offert cette place en 2015, en 2019 il m'offre des places pour un nouveau concert. On nous dit que le concert est annulé parce que le plafond s'est effondré. Je regarde mon frère avec un petit sourire"
#13novembre
Ben : "Avec mon frère depuis on s'est promis de ne plus s'offrir de places de concerts, maintenant on se les achète soi-même"
#13novembre
A la barre, Joseph, avec son fils à ses côtés, un adolescent. Joseph a les cheveux poivre et sel, un t-shirt noir, une inscription blanche"
#13novembre
Joseph explique où il se trouvait dans la salle, à côté du stand de merchandising : "je vois passer en courant une personne de la sécurité et là je sens que ça va mal se passer. Les premiers tirs arrivent, Nick tombe"
#13novembre
Joseph montre sur le plan avec le laser "le premier lieu de massacre". "On a marché sur tous les cadavres, Armelle trébuche "
#13novembre
Joseph : "dehors je vois une flopée de policiers cachés, apeurés, à l'extérieur. Je rerentre, aucun policier ne veut me suivre, juste un petit blond. "
#13novembre
Joseph : Un premier essai de m'attraper, je le repousse, un deuxième un coup de poing, un troisième me retient. Je leur dis que ma femme est dedans. "
Les policiers l'autorise à rester près de la porte. "J'ai attendu qu'Armelle passe, elle n'est jamais venue"
#13novembre
Joseph : Mon fils avait 13 ans à l'époque, ma fille 11 ans. Quand j'ai appelé mon fils, il m'a dit : "au moins, il y en a un des deux qui est vivant"
#13novembre
Joseph : J'ai vu une armée de scientifiques, une quarantaine de personnes, rentrer dans le Bataclan. j'en ai fait des cauchemars. "
#13novembre
Joseph : J'ai lu dans un journal que ces scientifiques avaient retrouvé une femme dans l'entrée allogée comme dans Le Lac des Cygnes. Cette femme c'était Armelle, c'était ma femme".
#13novembre
Joseph explique qu'il a mis 90 heures avant de retrouver sa femme, qu'en tant que veuf il a connu bien des déboires. Qu'élever des enfants quand on est veuf c'est très compliqué.
#13novembre
Joseph : "On a quitté Paris, j'ai remonté ma société (...) Je vais bien. Je ne vais pas très bien mais je vais bien"
Son fils à côté porte un sweat-shirt "the colorist"
#13novembre
Joseph : J'aimerais savoir d'où vient tout cet argent? Quand j'entends que la France a financé une société comme Lafarge, qui a financé des groupes djihadistes, dont l'Etat islamique je m'interroge"
#13novembre
Milan, le fils d'Armelle et Joseph s'exprime à présent. Il porte un sweat-shirt The colorist, a les cheveux châtains et une voix douce :"J'avais 13 ans à l'époque. Mon Bataclan à moi, ça n'est pas au Bataclan".
#13novembre
Milan explique son 13 novembre, un travail de physique-chimie à rendre, sa petite sœur à coucher, à la télé une émission de cuisine, puis sur les différentes chaines quand il zappe, des bandeaux qui disent tous la même chose.
#13novembre
Milan sait où sont ses parents ce soir là :"Mes jambes ont cédé. J'étais seul dans la cuisine, je pleurais. Je ne voulais pas faire de bruit pour ne pas réveiller ma soeur.
#13novembre
Milan : "J'ai des réflexions sur lequel des deux parents sortira, comment on feran chez qui on ira, comment on fera si un seul s'en sort... A 0h45 mon oncle m'appelle, me dit qu'il a eu mon père au téléphone. "
#13novembre
Milan : "Le samedi, il n'est pas rare que mon père soir seul à la maison. Ma mère va courir. Ce samedi-là, un seul regard a suffi pour savoir qu'il était vraiment rentré tout seul du Bataclan"
#13novembre
Milan : Pendant 4 jours sans cesse, un défilé de personnes à la maison qui viennent témoigner leur soutien. Mais la seule envie pour un enfant de 13 ans c'est de voir sa mère rentrer.
#13novembre Milan :"on a eu ma mère mais on n'aura jamais ma liberté. La liberté c'est un combat que m'a inculqué ma mère. Cette liberté et ce combat contre les obscurantismes, j'espère continuer à les mener".
Milan est en 3e année de droit.
#13novembre La soeur de Milan est en terminale. et n'a pas voulu témoigner au procès. Milan :"Elle a l'intelligence de savoir qu'elle n'a pas fini sont processus de reconstruction et ne va pas assez bien pour être ici devant vous et mettre un pied dans cette cour d'assises".
#13novembre
A la barre à présent, Cécile. "J'ai réussi à avoir des invitations pour le concert? On y a été avec une amie. J'ai réussi à partir plus tôt du travail".
#13novembre
Cécile : "Je retrouve Fatima devant le Bataclan, on est heureuse, on se saute dans les bras,on passe au bar, on prend des boissons, on monte au balcon. "
#13novembre
Cécile revient sur l'attaque, les tirs, les "cliquetis des chargeurs", de nouvelles rafales "Ca c'était vraiment infernal,à chaque fois que ça s'arrêtait je me disais que c'était la fin mais ça recommençait toujours.Ce bruit de cliquetis est atroce" (elle pleure)
#13novembre
Cécile : "c'est le coup par coup; il y a plus de silence, mais c'est tout autant mortifère; il y a le silence de la mort qui est en train d'arriver (...) Puis on se dit que tout le monde est mort, qu'il n'y a plus aucun survivant et qu'ils vont venir nous chercher".
#13novembre
Cécile décrit ce jeune homme qu'elle a vu mort à côté d'elle :"Moi je m'attendais à me prendre une balle dans le dos à travers le mur (elle s'est réfugiée dans une loge)
#13novembre
Cécile porte une veste verte à fleurs blanches, un t-shirt rayé un tour de cou rouge. Ses cheveux sont relevés en queue de cheval, elle a de grands yeux très jolis. Elle s'arrête, boit de l'eau et dit: 'excusez-moi"
#13novembre
Cécile : "Dans notre loge, c'était la démocratie. On a commencé à voter pour savoir si on ouvrait la fenêtre, puis la porte. Dans la loge il devait faire 50°. "
#13novembre
Cécile : "Je me suis planquée sous la chaise en me disant que si tout s'effondrait, j'allais être protégée par la chaise. "
#13novembre
Cécile :" Celui qui s'est fait exploser dans l'escalier... j'ai eu un gros sanglot, j'ai cru que j'allais mourir. Quelqu'un m'a caressée dans le dos, ça la fait énormément de bien. Et puis voilà, on n'est pas morts"
#13novembre
Cécile : "J'avais un t-shirt avec une tête de mort dessus et j'ai ri car je me suis dit qu'il allait se faire exploser le crâne, mais je ne me suis pas fait tirer dessus"
#13novembre
Cécile : "on a posé des questions : est-ce que c'est secure en bas? pas de réponse. Est-ce que les terroristes ne sont plus là, pas de réponse" Un policier se présente par la fenêtre aux personnes réfugiées dans la loge qui ouvrent finalement la porte.
#13novembre
Cécile : "On nous a dit de pas regarder par terre, bien sûr on a regardé par terre. Par terre j'ai vu un corps. On est sortie toutes les deux. Sur la scène on a vu des bouts de corps, on est descendus de la scène on a glissé à nouveau"
#13novembre
Cécile : "On a traversé le Bataclan par la coursive gauche, j'ai glissé. Je suis tombée sur une jeune femme très jeune, très douce très belle, qui était morte près du stand de t-shirt. On marchait dans du sang"
#13novembre
Cécile : "J'ai pas vu la fosse, j'ai juste vu un terroriste et une spectatrice morte"
#13novembre
Cécile : "On nous a mis là, on s'est sauté dans les bras avec Fatima pendant 15 mn"
#13novembre
Cécile : "Je sais pas si c'est très intéressant de raconter le retour à la maison. J'habite rue Bichat c'était très étrange avec les terrasses. "
#13novembre
Cécile : On est rentrée toutes les 2, des amis sont venus nous tenir compagnie. On a même pas essayé de dormir cette nuit-là. c'était même pas la peine. Voilà, c'était la soiré du 13."
#13novembre
Le président : Et après?
Cécile :" Après on croit qu'on va devenir fou de douleur? Je n'avais que des égratignures, des bleus, mais ressentir toute cette douleur psychique, ça rend fou".
#13novembre
Cécile a fait des massages, de l'EMDR, du Chi-qong, a chanté dans la fosse du Bataclan. 'Je ne suis toujours pas sortie de l'enfer du Bataclan".
#13novembre L'audience est levée. Reprise demain à 12h30. Cécile fond en larmes en retrouvant ses amis dans le public.
#13 novembre
réaction de Nicolas, dans l'après-midi, au cours d'une suspension d'audience. Il n'a jamais parlé de l'attentat du Bataclan autour de lui. "Je ne voulais embêter personne avec ça. Je ne me sens toujours pas légitime"
#13 novembre
réaction de Nicolas (suite) : " Les accusés, je n'attends rien d'eux, j'attends pas de rédemption et ils n'auront pas mon pardon. J'attends que l'on trouve des responsabilité mais pas pour de la vengeance, mais pour voir où l'on a fauté,s'il y a eu des erreurs"
#13novembre 
Nicolas, rescapé du Bataclan :"Je suis vivant parce que des gamins sont morts et ça c'est insupportable"
#13novembre
Compte-rendu d'audience:
"Ce soir-là, on a eu ma mère, mais on n'aura jamais ma liberté"
lci.fr/justice-faits-…

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19 Oct
#13novembre
A la barre à présent: Arnaud et Marie, eux aussi otages dans le couloir. Leur enfant, une petite fille, était gardée ce soir-là.
Marie explique où ils étaient dans le Bataclan.
#13novembre
Arnaud : "Pour moi il y avait un dominant et un dominé; Aggad avait un comportement plus lucide. J'ai senti qu'il était moins pressé que son collègue d'aller à la mort".
#13novembre
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19 Oct
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14 Oct
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Et aujourd'hui c'est Nourk au contrôle #gendarmerie
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