J’avais promis de faire un débunkage de ce tweet de @BonPote sur l’avion. Voici donc un long #thread sur les émissions de CO2e de l’aviation, les contrails (traînées de condensation) et sur le sujet du climat en général. ⬇️⬇️⬇️ #avgeek#climate#aviation
Autant @BonPote a des connaissances indiscutables sur le climat, autant sa position excessive sur l’avion est très discutable. Et ça commence fort avec une culpabilisation basée sur une comparaison des émissions actuelles vs l’objectif d’émissions globales pour 2050… 😬🙄
Mais combien ça émet réellement de CO2e d’aller à New-York, Tokyo ou Sidney ?
Depuis quelques mois, j’enregistre pour tous mes vols : le nombre de passagers, la quantité de fret transportée et la consommation réelle. Ce sont des données sensibles et je ne peux les livrer brut.
Mais, comme @aerocitoyen l’a fait pour le moyen-courrier dans cet excellent thread (⬇️), ça me permet de répondre à cette question pour le long-courrier avec une bonne précision malgré une période ou le Covid pénalise encore fortement l’efficacité (remplissages faibles).
La méthode de calcul est celle de la @DGAC (⬇️)
1 équivalent passager (ePax) pour 100 kg de charge
Coefficient 3,16 pour convertir en CO2
Majoration avec des coefficients 1,01 (effets RF non-CO2) et 0,22 (effets CO2 acheminement fuel)
A noter que dans les comparateurs, les chiffres concernant l’aviation viennent de la DGAC alors que ceux concernant les trains viennent… de la SNCF. La fiabilité est-elle identique ? 🤔
Je ferme la parenthèse.
Le résultat est une moyenne de 136 kg CO2e par 1000 Nm de distance soit pour les aller-retours au départ de Paris :
- New-York : 857 kg CO2e
- Tokyo : 1427 kg CO2e
- Sydney : 2484 kg CO2e
Très inférieur à ce que donne @BonPote ou d’autres comparateurs malgré le Covid !
Sur un vol au remplissage moyen (85%) et avec un emport de fret moyen (30% de la charge environ), on est à environ 116 kg CO2e / 1000 Nm soit (hors effet Covid) :
- New-York : 732 kg CO2e
- Tokyo : 1219 kg CO2e
- Sydney : 2122 kg CO2e
Mais d’où viennent donc ces écarts ?
Plusieurs raisons.
Comme les données sont stratégiques et confidentielles, beaucoup de calculs font des approximations, utilisent de mauvaises données ou en intègrent certaines qui ne devraient pas être considérées.
Par exemple, @JMJancovici prend « le plein », la distance maximale franchissable et le nombre de passager pour faire ses calculs. C’est faux car partir avec le plein augmente la consommation qui, en plus, n’est pas linéairement proportionnelle à la distance parcourue.
D’autres utilisent des données d’avions anciens.
Mais surtout, depuis la parution de cet article ⬇️, certains multiplient les émissions par 3 pour tenir compte de l’effet des contrails.
Je ne l’ai pas fait et voici pourquoi (mini thread dans le thread).
Je n’ai pas les compétences scientifiques pour refaire l’intégralité du raisonnement mais 2 choses ressortent très clairement : 1) l’article est truffé de mots sur l’incertitude, l’absence de données ou les difficultés à faire ce qui reste des estimations.
D’ailleurs, le rapport indique clairement que le niveau de confiance est « faible » et que l’incertitude sur le forçage radiatif des contrails est presque aussi importante que la valeur retenue.
Est-ce raisonnable d’utiliser ces données ? 🤔
Mais il y a bien plus important…
2) La formation de contrails est liée à 2 choses : la quantité d’eau provenant de la combustion ET le taux d’humidité ambiant.
C’est pour ça que les contrails ne sont pas systématiques.
MAIS, si c’est lié à l’humidité ambiante, c’est donc pas causé exclusivement par les avions…
Or, avec le réchauffement climatique, l’humidité de l’atmosphère augmente (cf phénomènes météo violents inhabituels).
C’est très clair page 5 : entre 2005 et 2018, ↗️ de l’effet CO2 est de +37% quand ↗️ de l’effet Contrail Cirrus est de +65% !
Ceci montre que l’avion n’est pas le seul responsable de l’augmentation des Cirrus ou Contrails alors qu’on lui fait payer l’intégralité de l’effet… est-ce juste ?
L’avion est « la goutte d’eau qui fait déborder le vase ».
Mais il ne s’est pas rempli avec une seule goutte…
Donc prendre en compte l’effet Contrails (ce qui ne fait pas consensus) n’est pas juste car dépendant d’un facteur pas spécifique à l’avion.
D’ailleurs, le Covid a brutalement diminué le trafic par 3 pendant plus d’un an. Quelles observations a-t-on pu faire sur le climat ?
Les mesures faites par l’observatoire de Mauna Loa (Hawaï) ne montrent aucun infléchissement de l’augmentation de la concentration en CO2 dans l’atmosphère.
La comparaison des données du site @Carbon_Monitor entre 2020 et 2019 montrent l’impact de la baisse du trafic (liée au Covid) sur les émissions de CO2 au niveau mondial :
- Trafic aérien international : -56% ↔️ -1% d’émissions
- Trafic domestique : -30,8% ↔️ -0,3% d’émission.
J’en déduis que la disparition pure et simple de l’avion amènerait une baisse des émissions mondiales de… 2,76%, chiffre proche des 3% régulièrement cité !
Les faits sont têtus… 😇
En France, le trafic aérien domestique fait l’objet d’attaques très virulentes de @EELV ou @greenpeacefr alors qu’il « pèse » 0,7% de nos émissions.
Bien sûr le train est plus efficace en CO2, mais pas dans les proportions citées par @BonPote dans son post sponsorisé…
Eh oui, car la SNCF ne vous dit pas tout !
Elle ne vous dit pas qu’elle compte la distance en ligne droite alors que le train parcourt une distance environ 1,5 fois supérieure.
Elle ne parle pas non plus de l’impact de l’entretien qui est très générateur de CO2 (matériel Diesel).
Quand ce bilan est fait sérieusement par @Carbone4 par exemple, on voit que l’écart train / avion est de 8, pas de 70 !
Pourquoi @BonPote force-t-il ainsi le trait d’un bilan qui est pourtant sans équivoque ?
Le climat est un sujet trop sérieux pour le réduire ainsi à un pollueur qui, lorsqu’il se défend, est taxé de « Whataboutisme » alors qu’il rappelle JUSTE qu’il y a un gouffre entre son impact réel et le bashing dont il est victime.
Sans avions, aura-t-on sauvé la planète ?
Beaucoup « oublient » que l’avion, qui ↘️ constamment ses émissions (coûts), a un objectif de neutralité carbone en 2050.
Ils oublient que le 1er poste d’émissions d’un Français est la voiture thermique individuelle (14%, ADEME), le « levier avion » étant absent du top 10.
Pourtant, il y a des alternatives acceptables à la 🚗 thermique, pas toujours pour ✈️.
Quel impact social et économique de l’arrêt brutal du tourisme ?
On dit quoi à ceux qui n’ont qu’une belle plage pour gagner leur vie ? On transporte notre fret comment, en bateau diesel ?
Mais un aspect social en fait une cible facile : « l’avion, c’est pour les riches ».
Et pourtant… hal-enpc.archives-ouvertes.fr/hal-01889849/f…
« Les CSP+ sont surreprésentées parmi les usagers du TGV et de l’avion (…) Ce phénomène est d’avantage marqué pour le TGV que pour l’avion ».
Pour conclure. Si on prenait un peu de hauteur ?
Ne vous dites pas que vous pouvez prendre l’avion à loisir sans impact : TOUT ce que l’on fait à un impact.
Mesurons-le et soyons conscients et responsables.
Ne regardons pas le climat par le petit bout de la lorgnette.
Essayons d’éduquer les gens, au lieu de jouer la carte de la contrainte violente (le GIEC dit que ce n’est pas la solution)
Tout geste est utile.
L’avion fait sa part du job, sinon il mourra.
PS : puisque je parle de prise de conscience et de responsabilisation, j’invite chacun d’entre vous à faire son bilan, en toute honnêteté, derrière son écran.
Jouez avec les curseurs, en fonction de ce que vous acceptez ou non. Mais agissez si possible.
Bonjour les #Avgeeks
Aujourd’hui, retour de Atlanta et expérimentation de nouvelles procédures de contrôle aérien. Une des conséquences, c’est que l’on a retardé notre début de descente et que les moteurs sont restés au ralenti du FL280 (8500m) jusqu’à 1000 Ft en finale (300m)
C’est du bruit en moins pour les riverains et une consommation carburant plus faible. Si c’était appliqué à tous les vols, l’impact économique et environnemental serait énorme. Ca fait partie des améliorations à venir dans l’industrie qui limiteront la pollution sonore et CO2.
Je rajoute que la procédure prévoit normalement de passer le point MOPAR (Gisors) entre le FL110 et 120, puis Creil au FL110. Soit 30 Nm de vol en palier... durant lesquelles les départ vers le nord sont bloqués au FL100 pour assurer la séparation.
Bonjour les #avgeek !
Pour faire suite au #Thread sur la panne moteur en croisière, je vous propose aujourd’hui de parler de la panne moteur... en plein décollage ! 😱☠️
J'ai encore lu des choses pas croyables sur l'accès au métier de #pilote de ligne alors je vais vous raconter une petite histoire... #thread@AvgeeksFR
Je connais quelqu'un qui, n'aimant pas trop l'école, est parti bosser avec un CAP mécanique en poche. Il aimait bien les avions alors il a postulé à la maintenance AF.
Mais là, pas touche aux avions, on lui fait changer des néons... 😞
Du coup, il se demande s'il ne pourrait pas aller bosser en aéroport, comme agent d'escale. Mais on lui demande un BAC... Qu'à cela ne tienne, il travaille le soir, passe son BAC et postule. Le voilà maintenant à enregistrer et embarquer les passagers ! 😊