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Vincent Pastorelli @vincentFUUU
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Je me souviens de cette vidéo d'une poule qui éternue ou une autre de manchots qui copulent. Elles avaient plutôt bien scoré. C'est d'ailleurs à cette occasion que j'ai commencé à développer quelques notions de montage. Sympa.
Ces vidéos, qui faisaient le bonheur de mes reportings, faisaient « tâche » sur le site du journal. Forcément, une vidéo de manchots qui se montent dessus mêlée à un tas de sujets bien plus sérieux, ça dérange et c'est bien normal. On me l'a fait comprendre. Indirectement.
Je me rappelle avoir quitté le bureau plus tôt ce jour-là en me disant une chose : « Mais on va où là ? » Pourquoi un tel manque de vision et d'organisation sur un format qui devrait pourtant nous rapprocher ? Pourquoi me réduire à une machine à pondre des vues ?
Le chantier était en réalité monumental. Il fallait expliquer, motiver, rassurer, recommencer et remercier tous nos collègues volontaires des autres services en permanence... et leur « quémander » du temps pour espérer quelques vues en plus qui feraient joli sur mes reportings.
Même si ça avait un côté assez triste, cette absence de vision a eu un effet très bénéfique pour moi : j'ai pu essayer un tas de choses en quasi totale liberté. Armé de mon iPhone perso, j'ai lancé Le Parisien sur Periscope, Snapchat et sur Facebook Live. Et ça, c'est juste 👌🏻.
Mon triptyque idéal prenait vie : actualité, vidéo, réseaux sociaux. Au fil des semaines, je prenais de plus en plus part au fond et plus seulement à la forme. J'expérimentais de nouvelles « écritures » et surtout je m'éclatais... relativement seul malgré tout.
Plusieurs mois plus tard, après avoir réussi à tenir la barque sans réel cap, mon service a évolué : certains ont obtenu le statut de journaliste, d'autres non. Je faisais partie de ce « non ». Je l'ai vécu comme ça.
Je vivais donc une certaine « schizophrénie » dans mon job : si je pouvais m'éclater tout en apprenant un tas de nouvelles choses, je n'avais ni cap, ni « reconnaissance ». Pourtant j'écrivais, je montais, diffusais, illustrais, faisais du terrain, des interviews...
Alors que j'approchais des deux ans d'expérience dans cette Maison, lorsque je demandais pourquoi on me refusait ce statut, on me répondait avec insistance : « Aujourd'hui, on a besoin d'un Community Manager. »
Sans trop savoir où me situer, je décidai d'avancer quand même, toujours déterminé à casser la baraque avec mon triptyque de feu (non). Et puis un jour arriva le beau, le grand, l'attirant... contrat de partenariat avec Facebook pour le format Live.
Ce qui fait une transition toute trouvée avec mon troisième et dernier point : des plateformes qui se cherchent (un peu trop) souvent. Mais avant d'enchaîner dans ce thread qui est bien long, je te propose une pause avec un extrait de « C'est mon choix ».
Je ne m'attarderai pas sur ce partenariat avec Facebook : plusieurs articles bien documentés expliquent les contours de ces contrats (les sommes versées par Facebook, les conditions, tout ça tout ça). En gros, le Live était devenu LE format du moment.
Un format tellement incontournable qu'il fallait rester discret en interne, pour éviter tant que possible les : « Comment ? Facebook paie le journal en nous imposant le Live ?! Hannnnn c'est LE MAL. »
Quelque temps plus tard, j'ai été approché par ce qui allait devenir ma nouvelle Maison. Mon job allait être essentiellement dédié au format Facebook Live. J'étais heureux, fier et, je dois l'avouer, un peu soulagé.
Pourquoi « soulagé » ? Parce que j'ai rejoint un service mieux organisé, j'ai obtenu le statut de journaliste et, sans faire offense au Parisien, Le Monde a un cran d'avance dans le merveilleux monde d'Internet.
En essayant de m'adapter au mieux à ma nouvelle rédac', d'assimiler ses codes, j'ai pu utiliser tout ce que j'avais appris au Parisien tout en apprenant de nouvelles choses qui allaient au-delà du Live sur Facebook. Et ça, Twitter, ça s'appelle la jouissance. Oui, la JOUISSANCE.
Mais, après avoir vu ses critères évoluer, le partenariat avec Facebook s'est arrêté fin décembre dernier... et mon CDD avec, un peu brutalement. Et je ne suis qu'à moitié surpris. Mais triste. Mais à moitié surpris. Mais triste.
À moitié surpris, parce que Facebook et les autres imposent leur « test and learn » à des rédactions qui se retrouvent forcées à jouer les équilibristes pour tenter de s'assurer une audience, quelle qu'elle soit. Ce qui n'est pas facile à vivre pour un CM.
Voici une captation de moi regardant Facebook et les autres tenter des trucs en permanence et essayant de faire comprendre à ma hiérarchie que ça serait cool de me garder un peu quand même.
Je considère depuis longtemps que les réseaux sociaux tendent vers un modèle qui ne valorise en rien les publications vers des sites tiers. Je fais partie de ceux qui pensent et publient du contenu adapté à une plateforme. C'est, je crois, plus efficace et surtout plus pertinent.
Parmi les plus de quatre milliards d'internautes que l'on compte aujourd'hui dans le monde, plus de trois quarts d'entre eux sont sur les réseaux sociaux. Dont une écrasante majorité qui les consulte sur mobile. bfmbusiness.bfmtv.com/hightech/la-mo…
On peut critiquer légitimement les évolutions de ces plateformes mais pourquoi ne pas passer franchement à l'étape 2 ? Celle qui consisterait à se mettre tous, franchement, autour de la table pour réfléchir à une vraie vision qui « épouserait » au mieux toutes ces évolutions ?
La presse que j'évoque est sans doute celle qui dispose le plus de trésors : de vraies expertises, de vrais vécus, de vraies histoires qui ne demandent qu'à être mis en lumière. Alors pourquoi opter pour des « tentatives » isolées dès lors que l'on parle des rézosocio ?
Beaucoup de choses m'échappent évidemment. Et il y a un tas de questions liées au modèle économique qui doivent donner des maux de tête à plein de gens dont c'est le métier. Force à eux.
Mais si en optant pour ces « tentatives » une rédaction montre son envie d'évoluer, elle finit, au mieux, par isoler les bonnes volontés, au pire, par s'en séparer en se contentant d'une vision technique, voire industrielle du métier.
Suite et fin du thread, juste ici (pardon encore, bisou).
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