Thread by @Nyflutalor

Une proche, appelons-la C, est instit en primaire depuis longtemps et cette année, en s'attaquant aux accords du participe passé, elle a décidé d'amener la grammaire inclusive.

Donc, la séance de grammaire arrive, une élève lève la main et répète ce qu'elle a appris l'année précédente : "le masculin l'emporte sur le féminin"

Les mecs se gargarisent alors, lèvent le poing, "Yes ! On est les plus forts" en souriant d'un air goguenard vers les filles.

Apparemment, cette réaction est systématique à l'annonce de cette règle grammaticale.

Mme C reprend la parole : "oui, des hommes ont installé cette règle ces derniers siècles, mais ajd des gens ne sont plus d'accord et une nouvelle règle orthographique est utilisée pour que chacun-e se sente representé-e"

Et elle leur explique le fonctionnement de la grammaire inclusive.

C a dans son école une personne en service civique qui l'accompagne sur certains temps de travail et se trouve être aussi chouettement féministe. Appelons-la S.
Peu après cette séance, celle-ci lance l'idée d'un temps d'éducation civique sur le sexisme.

Ça tombe à pic, elles mettent ça en place sous forme de groupes non-mixtes. Un groupe garçons et un groupe filles.

C'est S qui est avec les garçons. Elle en ressort dépitée : ils sortaient clichés sur clichés et elle n'a pas l'impression de les avoir vraiment fait changer là-dessus.

Pourtant elle a quand même réussi quelque chose d'important : ils ont parlé de la difficulté à pleurer quand on est un garçon. Ils aimeraient bien, mais ils ont l'impression qu'ils n'ont pas le droit.

Pendant ce temps, C est avec les filles. Celles-ci lui apprennent que les garçons ont continué en sourdine à célébrer la mainmise masculine sur la langue : "moi j'écrirai comme avant, j'utiliserai jamais ses tirets à la maîtresse"

Et se sont même un peu éloignés du sujet : "On est les plus forts, vous vous savez juste faire le ménage" ...

C demande aux filles ce que ça leur a fait d'entendre tout ça. Réponse : mal. Ça m'a fait mal.

Ensemble elles préparent une intervention devant la classe.
Alors le lendemain, elles osent affirmer devant les garçons ce qu'elles n'arrivaient pas à formuler sur le moment, et que le temps en non-mixité leur a permis de réussir à exprimer.

"Vous avez dit ça, ça nous a fait mal, et on ne veut plus que ça recommence".

Les garçons ne font plus les fiers.

Mon récit est fini, mais l'histoire de ces jeunes et les aventures de C et S ne le sont pas !

A toustes celleux qui disent que la grammaire n'a pas d'impact sur le réel, que tout le monde fait suffisamment preuve de discernement pour bien comprendre que, dans la vraie vie, le masculin ne l'emporte pas sur le féminin : c'est faux, preuve par l'exemple.

Et à toustes celleux qui considèrent que la non-mixité est inutile, que ça renferme sur soi alors qu'il faudrait plutôt dialoguer avec ses oppresseurs -> Preuve par l'exemple encore : c'est loin d'être inutile et ça peut même permettre de s'exprimer face à ses oppresseurs.

Et à toustes celleux qui sont instit's... Go ! ;)

Ça me fait tout drôle de percer là-dessus à l'heure de l'expulsion de la ZAD... Mais vous avez raison, l'urgence de la lutte contre le sexisme elle existe tout le temps.

Je profite qd même que vous passiez par là pour vous appelez à aider ! (comment ? zad.nadir.org)