Je vois passer ici et là des tweets selon lesquels tout serait la faute des "casseurs" qui discréditent le mouvement, la preuve on ne parle que d'eux dans les médias etc. L'idée que surtout, pas de violence et tout ira bien.
1. J'espère que vous réalisez que c'est juste rentrer dans le discours étatique : l'extrême-gauche est violente et c'est méchant. Simple rappel qu'à Tolbiac ils n'ont pas hésité à attribuer les pires maux aux étudiant·es et mentir allègrement. Et vous vous fiez à ce discours ?
2. Rappel que les flics et les CRS chargent partout, frappent partout et que la justification c'est toujours que c'était pour prévenir la violence mais la vérité c'est qu'ils s'en foutent. Vous êtes en manif, vous êtes des ennemis, des casseurs et ils le justifieront toujours.
3. Si vous croyez vraiment que la seule chose qui alimente le discours médiatique anti-grève, c'est une vitrine cassée ou des pavés lancés, vous êtes très naïfs. Si vous croyez qu'une manif pacifique permettra aussitôt que les journalistes pointent les "dérapages" policiers ...
4. Manifester est un droit. Un putain de droit. Être tabassé par les flics, ça n'en est pas un. Ce qui devrait vous inquiéter, c'est le discours anti-manif et la volonté d'assimiler tout opposant politique à un violent "casseur". Y avait des gosses, hein, dans les manifs ajd.
5. La suspicion c'est exactement leur stratégie pour diviser toute opposition, instiller le doute et la présomption de culpabilité - y avait forcément des vilains casseurs et c'est eux notre problème, pas la répression policière aveugle et non justifiée.
6. Dernière chose, entre un McDo qui brûle et des humains en sang, je préfère le McDo qui brûle. Désolée que ce soit une opinion si révolutionnaire. Je rappelle que la police violente et tue et si vous croyez que vous serez épargnés parce que les flics ne s'en prennent qu'à -
ceux et celles qui le méritent, je vous invite à vous renseigner et lire absolument tout ou n'importe quoi ayant été écrit sur les violences policières. Le discours "il l'avait cherché, il n'avait qu'à pas manifester, les flics étaient inquiets il faut leur pardonner", -
on sait d'où il vient, on sait où il va, on sait de quel côté on se retrouvera et je suis impressionnée par tous ceux et celles qui ont la naïveté de croire encore qu'un flic qui frappe, c'est toujours justifié.
7. Votre manif sans casseurs, admettons que ce concept existe, il se passera quoi à votre avis ? Au mieux, les journaux n'en parlent pas si ce n'est pour dire que la police a bien fait son travail et que la manif s'est essoufflée et la démonstration de force a échoué.
Au pire, on vous dira quand même qu'il y en avait, des casseurs, et la police chargera juste pour être sûre que tout va bien et que vous avez bien compris le message. Entérinant un peu plus l'idée que manifester, c'est suspicieux et que vous êtes des ennemis potentiels.
(Ouais j'avais dit "dernière chose" mais si vous me connaissez vous savez que je ne m'arrête jamais de parler, encore moins de faire des threads à rallonge)
Bon dernier ajout, je précise que je suis pas experte en stratégie de lutte et qu'il est évident qu'on peut analyser, critiquer, contester ces méthodes de lutte en pratique. Mais s'aligner sur le discours étatique (CNews : "scènes de guérilla urbaine à Paris"), c'est non.
Ce qui fait peur à l'idée d'aller en manif c'est pas le cortège de tête. C'est la répression policière, l'armement utilisé par les forces de "l'ordre" et le fait que si leurs lacrymo touchent des gosses ils n'en ont rien à battre.
