— Oh bordel de ⬛️⬛️💩⬛️⬛️ !
L'odeur aurait dû vous avertir : les effluves puantes qui émanent du frigo étaient un indice de taille, et vous auriez dû vous boucher le nez avant d'en ouvrir la porte.
Non seulement l'appareil n'a pas été nettoyé aujourd'hui, mais vous pouvez douter qu'il ait été juste nettoyé cette année. Une épaisse couche de gras recouvre l'intérieur du frigo, et les aliments qui y reposent tiennent plus de la mousse ou du champignon que du sandwich.
La moisissure a atteint ici un point tel que l'image qui vous vient à l'esprit est celle d'une forêt vierge et inexplorée.
Furieux, vous claquez la porte, vos mains couvertes de gras. C'est répugnant. Quelques clients vous jettent un œil distrait tandis que vous allez chercher du matériel en réserve. Un bizutage… Mais vous n'allez pas laisser l'occasion à Edwin de se moquer ou de vous saquer.
Ce frigo, vous allez le nettoyer même si vous devez y laisser la vie.
Vous rouvrez la porte et, surmontant votre dégoût, trempez votre doigt dans la couche de graisse jaunie. Ça colle, c'est mou. On dirait du miel séché. Vous pouvez même y dessiner, ce qu'en tant qu'étudiant en art et amateur de bizarreries vous ne pouvez vous empêcher de faire.
Vous souvenant du logo d'un groupe de rock suédois trouvé la veille sur internet, vous reproduisez l'image dans la graisse. Il s'agit d'une sorte de pentacle magique, sans doute maléfique – les suédois sont friands de groupes de rock satanistes.
Ce logo est si beau, si étrange. Il n'a pas quitté votre esprit depuis des heures et, faute de pinceau et de papier, on fait avec ce que l'on a.
Bien. Maintenant que vous vous êtes laissé aller à un peu de création artistique, il va falloir vous coller au gros du boulot.
Bien. Maintenant que vous vous êtes laissé aller à un peu de création artistique, il va falloir vous coller au gros du boulot.
Mais alors que vous veniez de saisir la brosse et le seau rempli de détergent, une petite voix vous interpelle.
— S'il vous plait ?
— S'il vous plait ?
Une jeune femme au teint pâle, mais au visage agréable, se tient de l'autre côté du comptoir. Elle vous regarde d'un air amusé.
— Je ne vous dérange pas ? Est-ce qu'il est trop tard pour commander ?
— Je ne vous dérange pas ? Est-ce qu'il est trop tard pour commander ?
En temps normal, vous auriez refusé de servir ce client. L'heure est franchement trop avancée pour remettre en route un grill. Mais en temps normal, le client serait un gros routier malpoli ou un junkie guettant la pharmacie de nuit... pas une jeune femme à l'air sympathique.
— Pas de souci, répondez-vous, je peux vous cuisiner quelque chose. Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ?
Votre amour du bel ouvrage vous perdra. Mais faible que vous êtes, vous ne pouvez jamais rien refuser à une jolie fille. Et celles-ci ne manquent pas d'en profiter.
Votre amour du bel ouvrage vous perdra. Mais faible que vous êtes, vous ne pouvez jamais rien refuser à une jolie fille. Et celles-ci ne manquent pas d'en profiter.
Vous prenez la commande et la cliente va s'asseoir en salle. Vous remettez en route le grill, sortez un steak du congélateur et tirez du placard quelques tranches de fromage industriel. On ne refuse pas à manger à quelqu'un d'affamé. Tant pis pour votre sommeil en retard.
Quelques minutes plus tard, le hamburger est prêt. Vous le déposez sur un plateau et faisant preuve d'un peu de zèle, vous allez l'apporter directement à la jeune femme plutôt que de le déposer sur le comptoir. La cliente apprécie l'attention.
— Merci. C'est rare, d'avoir affaire à des gens aimables ici.
Vous acquiescez intérieurement, surtout quand vous repensez à Edwin et à ses manières de fouine. Mais vous vous sentez moralement obligé d'intervenir en faveur de vos collègues.
Vous acquiescez intérieurement, surtout quand vous repensez à Edwin et à ses manières de fouine. Mais vous vous sentez moralement obligé d'intervenir en faveur de vos collègues.
— C'est un boulot merdique. Ça peut expliquer le côté malpoli. Les gens se font vider le cerveau.
— J'imagine.
— Ce n'est pas pour les excuser. Mais ça explique.
— Bien sûr. Vous auriez de la mayonnaise ?
— J'imagine.
— Ce n'est pas pour les excuser. Mais ça explique.
— Bien sûr. Vous auriez de la mayonnaise ?
Alors que vous vous apprêtiez à répondre, vous ressentez une légère secousse à travers les semelles de vos baskets.
Le jeu commence maintenant ->
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