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Hugo Orodru @Hugorodru
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🐉🐲Goules, tarasques, vouivres... de nombreux monstres et créatures fabuleuses peuplent le folklore des villes et campagnes françaises. Mais connaissez-vous leurs origines, la signification et l'étymologie de leurs noms ? Thread monstrueux🐲🐉, illustré ⬇️⬇️⬇️
Commençons avec... la Grand'Goule! Symbole de la ville de Poitiers, ce dragon vivant au fond d'une rivière, le Clain, terrorisait le Poitou vers le 6ème siècle de notre ère, notamment en dévorant les moniales qui s'aventuraient dans les caves inondées de l'abbaye Sainte-Croix...
Elle fut terrassée, selon la légende, par la personne (réelle) de Sainte-Radegonde, princesse et reine des Francs au destin hors du commun. Avec une simple prière et un pschit d'eau bénite, la sainte dispersa, ventila la créature qui disparut dans l'agonie
fr.wikipedia.org/wiki/Radegonde…
Le nom Grand'Goule est composé de l'adjectif grand et du mot goule, qui vient de l'arabe غول (al-)ḡūl , "démon mangeur d'hommes", apparenté à la racine ḡwl "capturer, se saisir de" et qui donne aussi l'anglais ghoul et Algol, nom d'une étoile (et d'un langage de programmation)
Passons au Graoully, autre dragon du même genre et emblème de la ville de Metz ! On dit que, au 3ème siècle, il avait sa tanière dans l'arène de l'amphithéâtre de Metz, depuis laquelle il ravageait la ville, avant d'être vaincu par l’évêque Saint-Clément, qui le refout à l'eau
Le nom du Graoully, ou Graully, dont la légende est attestée depuis le 10ème siècle (quoique des récits avec des serpents géants à Metz sont attestés au 8è s chez Paul Diacre), est sans doute lié à l'allemand gräulich «horrible, terrifiant », dérivé du verbe grauen « terrifier ».
Ces légendes de saints sauroctones "tueurs de dragons" sont caractéristiques des 1ers siècles du christianisme, ainsi l'archange Saint-Michel terrassant le Dragon, allégorie du Mal. Ces récits représentent probablement aussi la destruction des cultes païens par le christianisme.
À Troyes, l’évêque Saint-Loup aurait ainsi défait la redoutable Cocatrix, dragon dont le nom vient du latin calcatrix "celle qui foule aux pieds". Son nom a été compris comme comprenant le mot "coq", d'où des mélanges avec la légende du Basilic, et des représentations aviaires.
Le basilic justement, et sa variante le basilicoq (Si si. cf illustration), vient du grec βασιλίσκον, diminutif de βασιλεύς (Basileus) « roi » (des serpents). On en trouve une description précise chez Solin (3ème siècle), qui note son souffle léthal (et sa peur des belettes)
Les dragons du folklore peuvent également porter le nom de vouivre, et ses variantes guivre, anglais wyvern. Le mot vient de l'ancien français wivre, qui est simplement l'évolution phonétique du latin vipera « vipère », comme la Coulobre doit venir du latin coluber "couleuvre"
Dans le folklore provençal, c'est la terrible Tarasque qui sévit ! Elle est décrite au 13ème siècle comme un mélange de dragon à 6 pattes, de tortue et de poisson, avec une tête de lion et un visage de vieillard. Une sale bête quoi. On la trouve à Tarascon dont le nom y est lié !
Son origine est antérieure à l'époque romaine : Tarascon doit être d'origine ligure, dérivé d'une base *tar- qui signifie "rocher", avec un suffixe -asc-/osc que l'on retrouve dans d'autres noms de villes. Et la Tarasque serait donc littéralement la chose du rocher, où elle vit!
Quelques monstres lupins : le Voirloup champenois, métamorphe suceur de sang, dont le nom est un mélange entre le francique werwolf "homme-loup" (cf anglais werewolf, fçs garou), et latin lupus ; la Ganipote, loup galopant du Poitou, accompagnée des Garaches, féminin de garou!
Dans le même genre, les Bretons craignent le Bugul-Noz, lutin lycanthrope, dont le nom signifie "Enfant/Berger de la Nuit", d'après le celtique *boukolyos "meneur de bœufs", mot d 'origine indo-européenne que l'on retrouve dans le grec boukolos, d'où "bucolique", et noz "nuit".
Je m'arrête pour l'instant avec un métamorphe bien particulier, le Warabouc, monstre lorrain des forêts de la Meuse, dont le nom provient du germanique *weraz « homme » (comme dans werewolf) et *bukkaz... « bouc » ! Un homme-bouc quoi. Bah ça fait peur je trouve un homme-bouc
(Musée Sainte-Croix, Poitiers)
(Bibliothèque Municipale de Poitiers)
(Cathédrale Saint-Etienne, Metz)
(Cathédrale Saint-Trophime, Arles)
Quelques ajouts suggérés, avant la suite: la Beuffenie, sorte de fée/sorcière hantant les forêts du Morvan, et notamment le rocher du même nom. Dévoreuse d'enfants qu'elle fait bouillir dans sa marmite, son nom vient p-être de l'ancien fçs "beuffe", qui a donné "bouffi, bouffer"!
Dans le même registre, la Marie-Grouette/Groët est une espèce de femme-grenouille des marais du Nord-Pas-de-Calais (et de la Belgique), dont le nom vient de l'instrument qu'elle utilise pour attraper les enfants, le grouet, pioche à 3 fourches, apparenté aux mots gravier, grève
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