Arago: reprise du fil de l'autre fois sur les procès pour occupation et dégradation lors du très bref blocage de ce lycée le 22 mai dernier. J'ai pas assisté aux procès mais j'en ai eu des échos. Photojournalisme, poucaverie et appelisme au programme. ⬇️
Tout d'abord il faut rappeler que lors des deux sessions (vendredi et lundi), les accusé.e.s furent jugé.e.s pour des motifs différents (occupation puis occupation + dégradation) et par des juges différents (formation tribunal puis juge seul) revolutionpermanente.fr/Proces-Arago-E…
Comme je l'avais expliqué dans le précédent thread, le PV "d'ambiance" justifiant le délai avant la notification des droits est totalement bidon et est d'ailleurs attaqué pour faux (autre procédure). La plupart des avocats ont plaidé la nullité pour ces PV.
Nullité acceptée pour celleux de vendredi, faisant tomber la fouille et les GAV, procès sont reportés à septembre 2019. Les avocats ont aussi plaidé la nullité des comparutions immédiates à cause d'une jurisprudence de la Cour de Cassation mais pas de réponse immédiate là-dessus.
L'ambiance était complètement différente le lundi. Le juge était bien moins accomodant avec les arguments des avocats des prévenu.e.s portant sur la "forme" (le PV fallacieux et la comparution immédiate). Il y a eu deux peines de 2 mois de prison avec sursis + une amende de 500€
Il y a eu, semble-t-il, des réquisitions différentes entre vendredi et lundi pour des faits similaires. En gros, certains procs sont plus batards que d'autres. Et vendredi ils ont retoqué le PV foireux alors que lundi non. Le délibéré pour ceux du lundi sera le 4 décembre.
Globalement on constate que la justice a (au moins) 2 vitesses (et la lamborghini...) selon l'humeur du jour et la chambre. Aussi que les procédures sont très foireuses et comme pour le 1er mai l'Etat a voulu taper large pour faire peur. Et les juges mouftent peu.
Venons au fait le plus problématique. Lors de l'interpellation de masse qu'il y a eu au sein du lycée Arago, des journalistes se sont faits chopés avec leur matériel. Or iels sortaient directement de la manif de l'aprèm où il y avait eu des affrontements.
Iels ont pris des images de la manif et de l'occupation. Et évidemment comme ils ne sont pas rentrés chez elleux iels n'ont pas pu flouté les images. La police a eu donc eu accès à plein d'images non floutées de personnes en train de commetre des actes illégaux.
Voilà pourquoi on en a rien à foutre que vous floutiez vos photos ultra haute définition avant de les poster sur FB. Vous foutez les gens dans la merde. Askip, certains photojournalistes avalent leur carte SD quand ils se font serrer. Mais si la police l'empêche ?
Certains PV des flics pour les interpellations étaient foireux, le lieu indiqué n'étant pas le bon. Des accusé.e.s ont pu gardé le silence et plaidé la nullité. Mais pour d'autres ce ne fut pas possible. Pk? Parce qu'il y a leur gueule sur les photos prises à l'intérieur d'Arago.
Certains journalistes ont joué le jeu de la défense collective, mais d'autres non. Je vais balancé direct comme ça c'est fait, la journaliste de Doc du réel a eu l'air de particulièrement baver lors de son procès. Non seulement ses images servent aux procureurs...
mais en plus elle s'est désolidarisée depuis le début de la procédure. Elle a dit qu'elle voulait sortir mais qu'à un moment elle ne pouvait plus, qu'elle était là contre son gré. Par contre dure de croire qu'elle a pris des photos compromettantes contre son gré.
Le pire c'est que cette "vidéaste et documentariste", qui "contribue régulièrement à lundimatin" s'était fendu d'une tribune après son arrestation expliquant que ses pensées vont "aux autres inculpées", "à leurs parents, aux présent.e.s en manifestations". lundi.am/DOC-du-reel-en…
Les appelos, qui vont pas laisser tomber les journalos qui travaillent gratos pour eux, ont monté une cagnotte (qui n'est pas me rappeler celle pour les chasseurs de DRH alors qu'on se bat pour monter une défense collective en IDF) qui a récolté pas moins de 3290 €.
3290€ pour du matos qui sert à envoyer des potos en taule. Voilà. Maintenant va falloir se dire les choses clairement avec celleux qui pensent être nos allié.e.s en nous prenant en photos. Vous êtes des voyeur.se.s et des dangers pour les militants.
On risque plus en attaquant à cause de vous. On peut même pas se défendre en cas de violences policières parce que vous nous filmez. Au lieu de lâcher votre appareil et de prendre position dans la bataille en cours vous prenez une position de témoin et vous finissez poukave.
Il y a un très bon texte qui résume ce que je pense du photojournalisme en manif "Dialogue imaginaire avec un-e défenseur-euse de l'image photographique d'individus" infokiosques.net/lire.php?id_ar…
Vous valez pas mieux que les partis politiques qui lorgnent sur la moindre mobilisation pour tenter d'accroître leur petit pouvoir ou leur petite réputation. Rien à foutre que vous soyez au RSA "pour la cause" ou que vous vous fassiez taper par les flics "pour la cause".
On a pas besoin de photographes ou de petit.e.s politicien.nes en herbe dont le parti n'a "d'imaginaire" que le nom. On a besoin de personnes en lutte, pas de gestionnaires.
Alors maintenant vous foutez le camp des luttes ou ça se réglera par l'action directe que vous semblez tant apprécier, à tel point que vous préférez voir les autres la pratiquer plutôt que d'en assumer les conséquences.
