Tiens, puisque ça parle pesticides, en ce moment.
Pourquoi moi, l’écolo, le défenseur de l’agroécologie depuis 15 ans, j’ai poliment décliné l’invitation à participer au mouvement des « coquelicots » il y a quelques temps.
Petit thread qui va me faire perdre des amis ⬇️⬇️
Pourquoi moi, l’écolo, le défenseur de l’agroécologie depuis 15 ans, j’ai poliment décliné l’invitation à participer au mouvement des « coquelicots » il y a quelques temps.
Petit thread qui va me faire perdre des amis ⬇️⬇️
Déjà, depuis 15 ans, j’évite de participer aux événements « contre », et essaie autant que possible de travailler « pour ».
Parmi les associations auxquelles j’ai contribué, Le Sens de l’Humus est une association pour tester des méthodes de permaculture et d’agroécologie, l’association corse d’agroécologie est une association pour aider les agriculteurs à s’installer et à progresser.
Depuis 15 ans que je défends l’agroécologie, je sais que certaines pratiques utilisant des pesticides de synthèse comme le semis direct peuvent être plus écologiques que certaines pratiques parfaitement estampillées bios.
J’ai pu voir aussi (peut-être grâce à la pression des écolos, ceci dit) que des agriculteurs conventionnels, depuis une vingtaine d’années, innovent pas mal (semis direct, agroforesterie...), et travaillent à s’améliorer sérieusement.
Le progrès semble moins évident côté agriculture bio : normes et cahiers des charges semblent lentement devenir moins sévères. Les produits autorisés en bio ne sont pas toujours aussi sûrs qu’on le dit, à commencer par le fameux sulfate de cuivre.
D’un côté donc, des agriculteurs pas parfaits, parmi lesquels se répandent (sans doute pas assez vite) des méthodes d’agriculture de conservation, d’agroforesterie, qui repensent leur gestion du territoire, leurs méthodes.
De l’autre, une agriculture bio pas parfaite non plus, avec ses qualités, mais aussi ses limites. J’ai du mal à me persuader que le combat le plus important soit sur ce point précis d’opposition entre ces deux mondes et d’interdiction de tous les pesticides.
Ensuite, une interdiction brutale de tous les pesticides, ou celle du glyphosate (même Kokopelli est contre), ne serait pas sans impact sur le monde agricole. Notamment si pris de court, les agriculteurs doivent se retourner sur des méthodes moins écolos encore.
En agroécologie, on apprend à penser les choses globalement. Par exemple sur la disparition des insectes (dont abeilles), outre les pesticides, il y a plusieurs autres causes supposées. Agir sur une seule cause risque de n’avoir aucun effet sérieux.
En agroécologie, on apprend à peser le pour et le contre. Si utiliser du glyphosate en semis direct permet de sauver les sols sur certains types de cultures, il n’est pas forcément judicieux de vouloir l’interdire.
Evidemment, on rêve tous d’un monde agricole parfait qui nourrirait tout le monde avec une qualité supérieure, sans pesticides dangereux, sans intrants artificiels. A supposer que ce soit juste possible, on n’y arrivera pas du jour au lendemain par décret.
L’état actuel de l’agriculture, pour le meilleur et pour le pire, est le résultat de plusieurs générations d’évolution. On peut souhaiter qu’elle change. On peut essayer d’orienter et d’accélérer ce changement.
Mais on ne peut pas d’un claquement de doigts demander à des agriculteurs de changer toutes leurs pratiques, leurs méthodes, leur équipement pour répondre à une nouvelle norme totalement différente.
Je ne donne pas un blanc-seing à l’utilisation de pesticides. Je sais que le glyphosate n’est pas utilisé qu’en agriculture de conservation, et j’aimerais vraiment que l’agriculture évolue vers une vraie agroécologie. Où les pesticides seraient marginaux.
Mais je sais que c’est long et difficile, et que ce ne sont pas les permaculteurs du dimanche, dont je fais partie, qui assureront notre autonomie alimentaire. Et vouloir interdire ne pourra que braquer les agriculteurs.
Il me semble donc que cette action coquelicots est contre-productive. Je préfère continuer à soutenir les producteurs locaux, ou tout simplement de bons producteurs un peu moins locaux, et les associations qui les aident. Ca me semble avoir plus de sens.
Une suite à ce thread ici :
Ici, l'agriculteur a réussi à transformer un désert en espace productif et écologiquement bien supérieur : pas de labour, complexité du système, mais usage du glyphosate.
Aurait-il pu faire aussi bien sans ? Je ne sais pas.
Aurait-il pu faire aussi bien sans ? Je ne sais pas.
