Thread by @TheInkedM

⚔️ Vendredi Bataille ⚔️
La bataille des Thermopyles

🌿 Durant le mois d’août -480, va se dérouler l’une des batailles les plus célèbres de l’antiquité, opposant le roi spartiate Léonidas, ses 300 et les alliés Grecs, face à l’immense armée du Grand roi Xersès. Récit 🏛

La source principale de cette bataille nous vient du «Père de l’Histoire», Hérodote, retraçant magistralement dans son « Enquête » le point de vue des deux camps en un récit chronologique et géographique, de la Perse, en passant par l’Égypte, l’Asie Mineure et le monde Grec.

Certains décomptes d’Hérodote - notamment la taille de l’armée Perse - sont sans doute exagérés, d’autres sont précis et ne peuvent avoir été acquis qu’auprès d’archives officielles des cités grecques, comme la liste des vaisseaux alliés, par exemple.

Déconsidéré par Plutarque ( Hérodote le « philobarbaros » ) et les savants de la Renaissance, nombre de ses indications ont été confirmées par l’archéologie et des études topographiques, notamment aux Thermopyles et à Platée.

📜 Contexte : Xersès, le Grand roi de l’empire Perse, a préparé pendant cinq ans son invasion de la Grèce. Il en veut particulièrement aux Athéniens, soutiens d’une révolte des cités grecque d’Ionie en Asie Mineure, et vainqueurs de son père, à Marathon, dix ans plus tôt.

Face à cette immense armée, devant cette myriade de peuples en marche contre la petite Grèce, nombre de cités, effrayées, choisissent de se rallier au Perse, ou de rester neutres. Thèbes, elle, fera montre d’un zèle particulier dans son aide à l’envahisseur.

Athènes anticipe l’invasion en construisant une importante flotte de 200 trières lourdes, mais manque d’hommes pour combattre à la fois sur mer et sur terre.

Avec Sparte, les deux cités créent une Confédération de 31 cités-États, réunies en congrès, à Corinthe, en se jurant assistance logistique et militaire face à l’invasion Médique, chose remarquable dans un pays où les voisins sont en guerre perpétuelle les uns contre les autres.

Au printemps, le congrès envoie une armée de 10.000 hommes en Thessalie, au nord, afin de bloquer l’avancée de l’armée perse. Sur place, ils sont avertis par Alexandre Ier, roi de Macédoine, que les perses ont des guides grecs et que l’armée asiatique va les prendre à revers.

C’est alors que Thémistocle, stratège athénien, propose de bloquer le défilé des Thermopyles, passage obligé et étroit en bord de mer pour accéder au sud de la Grèce continentale.

Il fait évacuer la population d’athènes, qui se réfugie à Salamine et dans le Péloponnèse.

De son côté, la flotte grecque fait voile vers le Nord, au cap Artémision, dans l’objectif de bloquer la marine perse et ses 1.000 vaisseaux, qui longe la côte au rythme de l’armée terrestre de Xersès.

Mais les Spartiates, qui exercent le commandement suprême de l’armée Grecque, célèbrent les Karneia, fête religieuse de neuf jours en l’honneur d’Apollon, qui leur interdit toute campagne militaire. Au même moment se déroulent les Jeux Olympiques, également pacifiques et sacrés.

Cependant, face à l’urgence, les Éphores, magistrats spartiates élus pour une année, autorisent Léonidas Ier, l’un des deux rois de Sparte, à commander la petite armée envoyée par les Grecs aux Thermopyles, accompagné des 300 Hippeis, la Garde Royale, l’élite militaire de Sparte

Selon la légende, rapportée par Hérodote dans son Enquête, les Spartiates avaient auparavant consulter l’oracle de Delphes, qui leur aurait répondu :

:

«Pour vous, citoyens de la vaste Sparte, Votre grande cité glorieuse ou bien sous les coups des Perséides Tombe, ou bien elle demeure ; mais sur la race d'Héraclès,
Sur un roi défunt alors pleurera la terre de Lacédémon
Son ennemi, la force des taureaux ne l'arrêtera pas[...]

Chemin faisant, des cités du Péloponnèse se joignent au bataillon de Léonidas. Il installe le camp derrière le mur Phocéen, renforcé pour l’occasion, et s’apprête à combattre une armée au moins dix à vingt fois plus nombreuse, sachant parfaitement la prophétie de l’Oblique.

Des locaux préviennent le roi lacédémonien que les Grecs pourraient être débordés par un sentier dans la montagne, alors Léonidas dépêche 1.000 phocidiens lourdement armés pour tenir le passage, sur les hauteurs du mont Anopée.

Les perses arrivent dans le golf Maliaque. Face à cette immensité, un soldat aurait dit que les flèches des barbares seraient si nombreuses qu’elle masqueraient le soleil, ce à quoi aurait répondu un spartiate: «ne serait-il pas agréable d’être à l’ombre pour les combattre?»

Un émissaire perse arrive au camp. Il propose aux Grecs la liberté et la paix. Devant le refus de Léonidas, le héraut revient avec un message de Xersès qui exige que les grecs remettent leurs armes, ce à quoi répond Léonidas :

Molôn labé ! ( Viens les prendre ! ).

Xersès attend quatre jours, pensant que l’immensité de son armée découragerait les grecs. Il finit par ordonner l’assaut. Mais dans cet espace confiné, comme plus tard à Salamine, ce n’est plus le nombre qui compte...

...mais la qualité des troupes, et c’est là que la formation de la phalange et l’équipement de l’hoplite grec vont être décisifs.

Au cinquième jour, le Grand roi ordonne à ses 5.000 ( les chiffres sont ceux des auteurs antiques ) archers de faire un tir de barrage, mais les flèches, tirées de trop loin, n’ont aucun effet sur les casques et armures de bronze des Grecs.

Il fait donc envoyer un premier contingent de 10.000 Mèdes, qui se brisent sur le mur de boucliers et de lances des Grecs.

Les vagues de soldats reculent les unes après les autres face à cette formation défensive inexpugnable. Les Grecs - Spartiates, Thespiens, Mantinéens...ect - se relaient à tour de rôle pour opposer en permanence des troupes fraîches face aux myriades perses.

Pendant la première vague, les Spartiates ne perdent que trois hommes, quand les perses en compte des milliers, faisant lever Xersès trois fois de son trône d’argent. Alors le Grand roi décide d’envoyer à l’assaut l’élite de son armée, les 10.000 Immortels.

Les Spartiates usant même de la ruse en feignant une retraite, puis, poursuivis en courant par les Perses, se retournent brusquement, empalant leurs adversaires sur leurs lances.

Le deuxième jour se déroule comme le premier : peu de grecs tombent, et beaucoup de perses sont massacrés. La victoire de Léonidas est possible. Alors Xersès réuni ses généraux pour tenter de trouver une solution à cette poignée d’homme qui stoppe net sa glorieuse expédition.

C’est alors qu’un grec, un certain Ephialtès de Trachis, propose son aide au Grand roi, dans le but d’obtenir une récompense. Dans la nuit, il sert de guide à l’armée perse pour emprunter le sentier de l’Anopée, qui débouche aux arrières des Grecs.

Xersès envoie Hydarnès et les survivants Immortels avec d’autres troupes, au total près de 20.000 hommes en armes qui traversent la montagne de nuit, et tombent nez à nez avec le contingent des 1000 Phocéens chargés par Léonidas de protéger le sentier.

Les Phocéens se mettent en formation, prêts à affronter les Perses, mais Hydarnès continue son chemin, couvrant ses arrières par des volées de flèches.

Apprenant au petit matin que sa position est encerclée, Léonidas tient un conseil de guerre et offre aux alliés de se retirer en bon ordre, pendant que lui et ses Trois-Cent tiendront le défilé jusqu’au bout.

Tous acceptent. Ne restent que les Spartiates, leurs Hilotes, les 400 thébéens otages (leur cité complote avec le Perse) et 700 Thespiens, qui refusent d’abandonner Léonidas.

En protégeant la retraite des alliés et en retardant les Perses le plus longtemps possible, Léonidas, conscient de la prophétie, connaît son destin, il veut sans doute le faire payer très cher aux Perses.

Après avoir offert des sacrifices propitiatoires aux dieux, Xersès lance 10.000 hommes, de front, à l’assaut des Grecs, qui se sont avancés à l’endroit le plus large du défilé, pour un baroud d’honneur dont se souviendra le Grand roi.

Assaillis de toutes parts, les Grecs se battent comme des lions, leurs lances brisées, ils se battent au corps à corps avec leurs épées, et lorsque Léonidas Ier, roi de Sparte, tombe, les deux camps se disputent âprement son corps.

Soudain, les 400 Thébéens font défection et se rallient aux Perses. S’en est fini. Les Immortels arrivent par le corridor tandis que des milliers d’archers perses, depuis les hauteurs, achèvent les derniers grecs encore debout.

Des milliers de pointes de flèches seront retrouvées par les archéologues sur la colline de Kolonos, corroborant les écrits antiques.

Les Perses, au prix de plus de 20.000 morts, sont maîtres du défilé. Les Grecs comptent 2.000 soldats tombés. Contrairement à ses habitudes, le Grand roi fait décapiter la tête de Léonidas, qui est placée au bout d’une pique, tandis que son corps est crucifié.

L’armée Perse déferle sur la Béotie, bien accueillie par Thèbes, elle détruit Platée et Thespie, puis se tourne sur l’Attique, et Athènes. La ville est brûlée, l’Acropole, détruite. Quelques semaines plus tard, c’est la bataille de Salamine, d’où les Grecs sortent victorieux.

Après la guerre, un lion de pierre sera érigé par les Grecs sur le champ de bataille, en hommage aux vaillants soldats qui offrirent leurs vies pour la liberté de tous les Grecs. Les ossements de Léonidas seront restitués à Sparte quelque quarante ans plus tard.

Sur le mausolée, une stèle est gravée en hommage aux 300, accompagnée de l’inscription :

«Étranger, va dire à Sparte qu’ici nous gisons par obéissance à ses lois. »

Bonus : 2400 ans après, en 1955, une statue de Léonidas fut érigée aux Thermopyles, et en 1995, le gouvernement grec fit construire un monument de marbre et de bronze en hommage aux 700 Thespiens tombés. 🇬🇷