J'ai lu et décortiqué pour vous le Schéma décennal
de développement du réseau (SDDR) de @rte_france. Encore une fois, le rapport démine bon nombre d'idées reçues sur les EnR, leur coût réseau et leur caractère local. Je vous propose un débrief' dans un thread à dérouler 🔽🔽
de développement du réseau (SDDR) de @rte_france. Encore une fois, le rapport démine bon nombre d'idées reçues sur les EnR, leur coût réseau et leur caractère local. Je vous propose un débrief' dans un thread à dérouler 🔽🔽
@rte_france Pour commencer, un cliché en moins : Rte se base bien sur des hypothèses de croissance de la consommation d'électricité. La production augmente aussi pour décarboner les usages et effacer le thermique en Europe. Stop l'intox de Rte qui part du principe d'une décroissance !
La variabilité des EnR suivant la puissance du vent ou de l'ensoleillement invite à mieux mailler le réseau pour pouvoir l'équilibrer. C'est assez flagrant sur les cartes lorsque nous regardons les différentes possibilités météo
Cette variabilité se retrouve à une échelle européenne. L'utilisation du réseau français est différente suivant qu'il y ait du vent ou non en Allemagne. C'est en cela que le réseau et la transition énergétique de manière générale doivent se comprendre à la maille européenne
Au passage, ce n'est pas forcément une mauvaise chose : si un surplus d'éolien ou solaire est exporté dans un autre pays voisin, effaçant ainsi des moyens de production thermique, c'est moins de CO2 dans l'atmosphère qui n'a pas de frontières...
Sans surprise, la gestion de ces flux européens de production variable implique une utilisation plus fréquente des lignes de réseaux et surtout sur des plages de puissance plus larges qu'actuellement. Le réseau pourrait ainsi vieillir plus vite...
Notons ici un début de débunkage : plus d'énergies décentralisées dites "locales", c'est aussi plus de sollicitations du réseau de grand transport pour équilibrer le réseau. On ne peut donc être pour les EnR et critiquer le réseau : c'est contradictoire.
Continuons donc : avec les EnR, on ne rapproche pas forcément la production de la consommation. L'éolien offshore n'est pas là pour alimenter les petits poissons. Idem pour les plus grands gisements d'éoliens à terre : ils sont loin des centres urbains où se trouve la conso
Modérons toutefois ce propos : renforcer le réseau, c'est surtout adapter l'existant. Malgré cette contrainte, il y aura peu de nouveaux ouvrages visibles. Par ailleurs, des solutions marginales d'écrêtement seront mises en oeuvre pour éviter de surinvestir dans le réseau
Pour le solaire, c'est différent. Avec l'autoconsommation, en particulier dans les centres urbains, la prod se rapproche de la conso, évitant ainsi du réseau en plus. Le solaire intégré au bâti est plus cher que les grandes fermes solaires, mais il faut toutefois l'encourager
Plus de réseau international pour mieux répartir les EnR et pallier la diminution de moyens de production pilotables (charbon en tête), cela donne de nouvelles interconnexions, dont certaines utiliseront les tunnels de transport. Les prémices de synergies RFF et Rte?
Et le stockage dans tout cela? Rte pointe à nouveau que les solutions réseaux et écrêtement sont bien moins chères que le stockage. Même à horizon 2035 dans le Bilan Prévisionnel, la viabilité économique du stockage se discute par rapport aux solutions réseaux
Par ailleurs, le bilan écologique du stockage est discutable : consommation de métaux rares ou non, recyclage, emprise au sol... Les scénarios électriques faisant l'apologie du stockage devraient prendre l'impact écologique en compte (ici des enfants dans une mine de cobalt)
Alors combien tout cela ça coûte? Rappelons tout d'abord que comme pour les moyens de production, les investissements dans les réseaux ont grandement baissé depuis les années 90. Nous en payons clairement le prix aujourd'hui pour renouveler nos infrastructures
Ensuite, il faut bien voir que, comme le parc nucléaire, le réseau de transport a été construit par vague et suit la même courbe de vieillissement : l'effet falaise du nucléaire se retrouve aussi sur le réseau
Nous ne pourrons pas reconstruire le réseau à l'identique. Les besoins ont changé, le numérique permet de faire de grandes économies en exploitant plus intelligemment, les attentes de la société ne sont pas les mêmes et surtout, les industriels ne pourraient pas suivre
Quoiqu'il arrive, nous ne pourrons pas dire non à tout et il faut laisser les projets d'infrastructures émerger. Dans notre société, c'est très compliqué : même pour un simple poste 225 kV, il faut plus de deux ans de procédures avant le premier béton.
Le coût total du réseau est estimé à 33 Md€. 8 pour les renouvellements, 7 pour les raccordements offshore, 13 pour les adaptations réseaux, 3 pour le numérique et 2 pour les interco. Tout n'est pas imputable aux seules EnR. Rapporté au temps et à la conso, ce coût est marginal.
Qu'en conclure? Pas de "coût caché" des EnR : sans ignorer leur impact, le transporteur estime que le coût est limité grâce au numérique et à une gestion à une échelle plus large grâce aux interconnexions. Peut-être qu'Enedis pourrait faire la même étude pr la distribution
Au niveau du réseau de transport, l'impact des EnR est de 3 ou 4 €/MWh : c'est marginal. Pas besoin de coût de "back up" supplémentaire ou stockage, au moins jusqu'en 2035. Pour l'offshore, il y a aussi les coûts de raccordement qui sont supportés par Rte (15-20€/MWh)
Ainsi, le coût des EnR à horizon 2035 pour le réseau de transport est connu et sans risque. La grande question est de savoir ce qu'il se passera au delà car une puissance pilotable est toujours nécessaire sur un réseau pour assurer l'équilibre P=C. A suivre...
