Le rapport de @rte_france sur l'électromobilité brise bon nombre d'idées reçues sur le véhicule électrique. Préparez-vous à quelques mises au point : je vous propose un débrief' dans un thread #Adérouler ⬇️⬇️⬇️ rte-france.com/sites/default/… 
Pour commencer, un classique : l'essor de l'électromobilité ne va pas engendrer de hausse substantielle de conso d'électricité. Dans les scénarios Alto et Forte, c'est au pire ~+10% d’ici 15 ans. Par contre, l'appel en puissance peut être problématique si non piloté
Sans chercher dans le Vehicle-to-Grid ou des solutions futuristes, Le pilotage de la pointe de recharge peut être simple et monodirectionnel comme c’est fait pour les ballons d’eau chaude. Piloter la moitié des VE de la sorte serait suffisant. Pas de soucis majeurs donc
85% des recharges de VE se feront en temps non contraint (pilotage simple). Si seulement 20% des stations de recharges sont équipées pour permettre de réinjecter de l’électricité (V2G), l’équivalent de stockage pourrait être équivalent à celui des STEP. C’est colossal.
La charge du véhicule électrique est pilotable à la semaine, contrairement à l’ECS pilotable à la journée. C’est une flexibilité importante dans un futur mix élec « peu manœuvrant » (nuke + EnR) et fortement exportateur (hyp PPE : +100 TWh d’export…)
Quel que soit le scénario étudié, le véhicule électrique est un atout pour le réchauffement climatique. Même si les batteries sont faites en Chine, même si elles sont peu recyclées. Stop donc aux intox de « délocalisation des GES » ou autre. C’est un bénéfice pour le climat
Le scénario avec le moins de bénéfice pour le climat est celui pour lequel il y a un fort essor du véhicule autonome. Une idée reçue en moins ici : le véhicule autonome ne représente pas forcément un gain pour le climat et le confort de la mobilité
Un véhicule autonome, ce n’est rien de plus qu’un taxi avec waze mais sans chauffeur dedans. Il peut y avoir des effets de rebonds et de congestion de véhicules roulant à vide. Attention donc aux conclusions hâtives
Un autre cliché en moins : les pics de mobilité longue distance se font quand le réseau électrique dispose de marges (hors noël). Il n’y aura donc pas d’effet de stress sur les recharges dues aux longs trajets : ce sont bien les trajets du quotidien qui sont dimensionnants
Fun fact : la recharge d’un véhicule électrique est thermosensible. En cas de pic de froid, la recharge d’un véhicule électrique pourrait être plus conséquente, d’où l’intérêt d’accélérer sur l’isolation thermique des bâtiments à mesure que le VE émerge !
La participation des VE au système de réserves, pourquoi pas, mais c’est un marché de niche. C’est peu rentable dès qu’il y a concurrence des batteries stationnaires et s’il y a 400k véhicules en concurrence. Intéressant, mais un peu prospectif.
L’utilisation des batteries des VE en stationnaire lors d’une 2nde vie n’est pas forcément un gain vu la durée de vie restante et la concurrence des batteries de 1ère vie. Mieux vaut évoluer vers le recyclage des matériaux que chercher une 2nde utilisation en fin de vie (logique)
Le véhicule électrique a de bonnes synergies avec les énergies renouvelables pour absorber les surplus. C’est donc une bonne opportunité pour la résilience du réseau et pour valoriser la production fatale. C'est donc un atout pour les EnR plus qu'une nouvelle contrainte
Un « plein électrique » coûte trois fois moins cher qu’un plein d’essence, avec de nombreuses pistes pour optimiser ce coût. A mesure que les coûts des VE baisseront, ce sera un énorme gain de pouvoir d’achat pour les automobilistes
Aparte : si la moitié des véhicules deviennent électrique, l’Etat perd environ la moitié de la TICPE, soit environ ~8 Md€. Est-ce que les taxes élec et les gains sur la balance commerciale permettront de les compenser ? Rien n’est moins sûr…
Que conclure donc ? Le véhicule électrique est une opportunité pour le réseau : peu de consommation en plus et pas besoin d’aller chercher dans le futur pour avoir un pilotage des recharges. Un asservissement monodirectionnel avec 20% de V2G est suffisant
C’est aussi une opportunité pour le nucléaire et les énergies renouvelables : moins besoin de moduler la production (écrêtement/effacement) si une flexibilité de consommation simple est offerte avec un parc de VE conséquent.
Le gain pour le climat saute aux yeux. Même en prenant des hypothèses défavorables aux batteries et leur lieu de production. Sans regret : accélérons sur la mobilité électrique et le pilotage des recharges. Les gains sont là !
Pour accélérer le déploiement, il y a un volet pédagogique à développer. Il faudrait améliorer l’expérience utilisateur de la recharge, ce qui est loin d’être anodin. @colombus avait publié une étude sur le sujet (étude complète dispo sur demande) colombus-consulting.com/wp-content/upl…
