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Le voici, le dernier de cette longue série sur la Révolution :
Chapitre final (15) du thread géant sur 1789 💣💥
La prise de la Bastille et l'incroyable journée du 15 juillet 1789, un thread ⤵️
Nous l’avons vu au chapitre précédent (14 : ), Paris, le 13 juillet, est à deux doigts de l’émeute générale. Une partie de l’armée a quitté Versailles pour rejoindre les rebelles. La situation, pour le roi, est catastrophique.
En plus des gardes françaises qui ont quitté Versailles pour participer au soulèvement, beaucoup de « petites gens » participent aux troubles.
La Révolution a clairement été démarrée par les députés bourgeois du tiers état, (cf chapitres précédents, début ici : ), avec des revendications politiques complexes et globalement libérales.
À côté de cela, les rumeurs ont fait de l’Assemblée, formée depuis peu, l’espoir des « petites gens », pour des réformes dans tous les sens qui ressemblent surtout à des promesses électorales fantasmagoriques...
La Révolution trouve désormais un bras armé avec ces gens. En plus de l’envie et de la colère provoquées par les rumeurs, presque toujours mensongères, s’ajoute une des principales crispations : le prix du pain, qui n’a pas été aussi haut depuis 1770.
Mais trêve de bavardages :
14 juillet 1789. Entre 9 heures et midi, 30 à 40 000 insurgés s’emparent des armes de l’arsenal des Invalides.
Les troupes royales de Besenval, postées au Champ-de-Mars, ne réagissent pas, alors que les Invalides font partie des points à protéger (cf chapitre précédent).
Ce matin-là, à Versailles, le roi reçoit le serment de fidélité de l’évêque de Metz devenu cardinal. Déjeuner pour fêter l’événement. Après le repas, un des convives, le chapelain du château, rentre chez lui...
Il passe par la Grande Galerie, comme d’habitude, et croise des gens distribuant des brochures.
Il en prend une ; elle s’intitule « Liste des 286 têtes qu’il faut abattre pour opérer les grandes réformes nécessaires ».
En tête de liste : le comte d’Artois, frère du roi (et futur Charles X, pour ceux qui arrivent), et la reine.
L’Assemblée, quant à elle, travaille à propos de la constitution à rédiger.
À 10h, elle n’est toujours pas au courant (du moins pas tous les députés) des premiers troubles parisiens. La cour ne sait rien non plus.
Quelques heures plus tard, l’avenue de Paris est noire de monde. On apprend les premières nouvelles de la capitale. Dès qu’un bruit sourd et lointain est perçu, on suppose, atterré, qu’il s’agit d’un canon.
Une rumeur court (encore une !..), prétendant que le roi s’apprête à décamper, laissant le peuple versaillais à la merci de la colère des régiments étrangers campés à l’Orangerie. Elle n’est pas totalement fausse ; disons qu’elle arrive trop tôt.
Le comte d’Artois et la duchesse de Polignac rendent visite à ces régiments, et leur offre des rafraîchissements dans leurs appartements. La rumeur n’attend pas : on dit que le comte a enivré les soldats et leur a promis des ponts d’or pour s’assurer leur fidélité.
On invente aussi que le régiment compte affamer Paris et arrêter 200 députés de l’Assemblée. Pendant que le sang de Paris coule, le sang de Versailles se glace...
Vers 18h, le vicomte de Noailles arrive de Paris et annonce que l’insurrection est générale, que les Invalides ont été pillées, et que la Bastille est assiégée.
Le soir, deux personnages sont reçus par l’Assemblée nationale : ils disent que le marquis de Launay (⤵️), qui garde la Bastille, a fait tirer sur la foule qui venait négocier pacifiquement. Consternation de l’Assemblée.
L’AN envoie une députation protester chez le roi. Celui-ci leur répond : « Messieurs, vous déchirez de plus en plus mon cœur par le récit que vous me faites des malheurs de Paris. Il n’est pas possible de croire que les ordres que j’ai donnés aux troupes en soient la cause ».
L’Assemblée décide de prolonger sa séance (cette fameuse séance de 72h, le record), certains députés se couchent sur des tables, des bancs et des tapis pour tenir et se relayer. Ils craignent surtout de se faire arrêter s’ils se séparent.
Le roi s’étonne de ces nouvelles, vu qu’il a manifestement donné ordre de garder le calme au maximum aux troupes. Launay, qui garde la Bastille, a-t-il désobéi ?
Voyons de plus près ce qu’il s’est réellement passé.
Après s’être emparée de 40 000 fusils, la foule rebelle se dirige vers la Bastille. L’objectif : la poudre à canon qui s’y trouve.
La Bastille est une prison, qui sert également d’arsenal. Elle fut élevée à partir du XIVe siècle. Elle fait partie des châtelets de Paris. Elle sert à protéger l’Est de la capitale, et à sécuriser les trajets du roi en cas de révolte.
Elle fait 66m de long (deux tiers de terrain de football), 34m de large, 24m de haut.
Comme elle protège la Porte Saint-Antoine, on l’appelle aussi la « Bastille Saint-Antoine ».
Ses réserves d'armes, sa hauteur et ses huit tours en font une bâtiment puissant, visuellement.
Pourtant, elle s’illustre surtout en se faisant prendre sans longue résistance très régulièrement au fil des siècles et des conflits intérieurs.
La hauteur d'une fortification, dès le XVII ème siècle, ne sert plus à rien. Les canons sont devenus trop puissants ; il faut désormais les empêcher d'atteindre leur cible, en étalant le plus possible les forteresses en surface, d'où la forme des forteresses "à la Vauban" :
À partir de Louis XI, la Bastille sert tantôt de coffre du trésor royal, tantôt de prison, avec 42 cellules, des oubliettes, des cages suspendues. Parmi ses prisonniers célèbres : le marquis de Sade, Voltaire (brièvement), ou l’homme au masque de fer.
Au XVIIIe siècle, et depuis longtemps déjà, la Bastille est devenu une prison confortable, donc plutôt réservée à des personnages de qualité, ou relativement riches.
La Bastille coûte cher au pouvoir en entretien, et on l’a vu, est bien peu efficace militairement. En 1784, Necker projetait de la raser.
En 1789, plus personne ne craint ce vieux bâtiment quasiment promis à la destruction, et presque vide, autant en prisonniers qu’en gardes (ils sont à peine plus de 100 le 14 juillet, alors que la Bastille est un point-clef à protéger).
En effet, d’une soixantaine d’incarcérés sous Louis XIV, la prison ne retient plus que sept individus, plutôt à la cool. On trouve deux fous, quatre faussaires, et un jeune noble, enfermé sur ordre de son père pour « des actes monstrueux » (inceste, probablement).
Dès 10h30, une délégation vient demander au marquis de Launay, en charge de la garde de la prison, de lui laisser accéder à l’arsenal.
Launay a pris ses précautions, vu les troubles de la veille : des fenêtres sont calfeutrées, des murs surélevés, et des canons placés sur les tours et le pont-levis.
Le marquis reçoit la délégation fort poliment, et déjeune même avec ses membres.
Mais dehors, la rumeur court que la délégation est retenue prisonnière...
Une heure plus tard (11h30), une seconde délégation arrive. Launay leur promet de ne pas engager le combat, s’il doit avoir lieu.
Cependant, la foule ayant pillé les Invalides arrive, avec cinq canons volés la veille, dont un particulier : un cadeau du roi de Siam à Louis XIV.
Une explosion est prise par les émeutiers pour un coup de canon de la forteresse, à tort.
La foule part à l’assaut, certains entrent par un point faible dans l’enceinte, d’autres attaquent les chaînes du pont-levis à la hache.
Les 114 soldats de la Bastille ouvrent le feu, et font une centaine de mort. Trois heures de combat acharné ont lieu, la foule assiégeant la forteresse.
Une troisième délégation se présente à 14h : Launay ne cède pas, et même la foule furieuse la bouscule : la Bastille doit tomber par la force.
Les gardes françaises entrent en jeu. Ces soldats expérimentés et rebelles font cracher les cinq canons : la porte cède. Les gardes jugulent la foule qui veut se précipiter dans la cour intérieure, la sauvant de chutes certaines et mortelles dans le fossé.
Mais la forteresse n’a pas qu’une porte, et les rebelles subissent de lourdes pertes.
Launay négocie avec eux : il leur ouvre les portes en échange d’une sortie sans encombre (pour lui et sa garde).
Les insurgés acceptent, accèdent à tt le bâtiment, s’emparent de la poudre, et libèrent les prisonniers (?).
Les faussaires s’évaporent dans la foule, les trois autres sont acclamés dans les rues, en une volcanique procession.

Les deux fous retournent en prison le lendemain.
La garnison et Launay sont conduits vers l’hôtel de ville pour être jugés.
Sur le chemin, le marquis est bousculé, frappé ; la foule s’échauffe : Launay est blessé à coups de sabre, et finalement, décapité par un aide-cuisinier.
Sa tête est empalée à une pique et promenée dans la ville par la foule en furie, tout comme celle de Flesselles, haut fonctionnaire du roi, qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment.
L’Assemblée apprend ces nouvelles sordides à 23h.
Une tuerie dont la foule rebelle est coupable, mais dont Besenval est en partie responsable : celui-ci a transmis l’ordre émanant de Broglie, demandant à Launay de résister, sans venir l’aider ensuite.
L’AN s’empresse de préparer un communiqué au roi servant à rappeler tout ce qu’elle a fait pour éviter cela, afin de se justifier auprès de l’opinion publique.
Au fond, les députés radicaux sont ravis, et sentent que le roi va devoir les prendre plus au sérieux.
Le soir, au château, tout est paisible, il fait bon dehors. On entend gaiment des musiques militaires (franchement plus raffinées qu’aujourd’hui). Le contraste avec les événements de Paris est saisissant.
À 23h seulement, on apprend ce qu’il s’est passé ; la terreur s’abat sur le château.

Le roi est à peu près le dernier au courant, parce que personne n’ose être l’annonceur de mauvaises nouvelles.
Besenval, qui est pourtant un de ceux qui a le plus raté le coche, s'y colle.
Louis XVI est accablé par ce récit. Il note dans son journal, encore une fois, « rien » (tout est écrit un mois après, systématiquement, par le roi, à partir de ses notes quotidiennes), mais il s’agit clairement d’un cri de désarroi profond.
L’autorité royale a clairement pris un coup. En plus de la prise de la forteresse elle-même, la mort de Flesselles rend probablement impossible l’identification des assassins.
La mort de Launay attriste profondément Louis XVI.
Le duc de Liancourt décide à « parler clair » au souverain, entre au château de ce dernier juste avant son coucher. Alors que le souverain se met au lit, le noble déboule dans la pièce et lui explique la situation :
La tête de la Reine est mise à prix (300 livres), celle du comte d’Artois également (100 livres). Il déclare que le royaume est à deux doigts de sa perte, et qu’il faut réagir immédiatement.
Le roi adopte ses vues.
Le 15 juillet, à 6h du matin, le roi tient un conseil de crise (la pièce ⤵️). Il rejette la proposition de son frère le comte d’Artois qui veut une répression militaire directe.
Louis XVI a choisi une ligne bien claire : pas d’escalade de violence, retrait des troupes, rappel de Necker.
Il rejoint donc la vision des choses de cet ex-ministre si populaire qu'il a eu la folie de virer le 11 juillet.
Des nobles demandent au comte d’Artois d’aller dire au roi de se présenter aux Menus-Plaisirs, où siège l’Assemblée, pour y tenir un discours. Le comte refuse.
On décide de passer par Monsieur, le futur Louis XVIII et autre frère du roi : celui-ci accepte de transmettre l’idée.
L’AN gobe les rumeurs qui continuent de fleurir et de gangréner le royaume : on rapporte que des troupes, sur ordre du roi, ont intercepté des bateaux chargés de farine destinés à la population parisienne...
L’AN envoie une nouvelle députation conduite par La Fayette pour demander le retrait des troupes au roi.

Mais la députation revient à peine après sa sortie des Menus-Plaisirs : ils ont croisé Dreux-Brézé, grand maître des cérémonies, qui vient de la part du roi.
Dreux-Brézé, garant distingué du protocole pendant tous les états généraux, apparaît, et s’assoit à côté du président de l’AN. Il reste couvert de son habituel chapeau.
Des députés crient : « Bas le chapeau ! » ; Dreux-Brézé reste couvert.
Il leur annonce que le roi compte venir les voir.

L’AN manifeste alors une grande joie ; Dreux-Brézé sort en saluant les députés, et se retire en marchant en arrière, selon l’usage le plus courtois.
L’AN veut marquer le coup, et décide de recevoir le roi en silence, arguant que « le silence du peuple est la leçon des rois » (formule empruntée au texte de l’oraison funèbre de Louis XV). Mirabeau s’en attribua plus tard la trouvaille (l’idée du silence, pas la phrase).
Le roi a compris que l’heure était grave, et casse la raideur de l’étiquette. Au lieu de venir avec sa garde et son carrosse aux Menus-Plaisirs, il s’y rend à pieds, accompagné de ses deux frères : trois rois, un présent et deux futurs, dans les rues de Versailles, sans escorte.
Après un quart d'heure de marche, le monarque arrive. À son entrée dans la salle des Menus-Plaisirs, bcp de députés ne respectent pas la consigne et s’exclament spontanément : « vive le roi ! ».

Les trois frères s’assoient ; le comte d’Artois, qui veut démonter l'AN, boude.
Le silence se fait.
Les députés n’ont aucune idée de ce que le roi compte leur dire. Il peut par exemple leur annoncer leur déménagement en province, ou pire, une arrestation générale... 😅😳
Louis XVI prend la parole.
Il rassure les députés en leur garantissant qu’il n’a jamais eu l’intention de les mettre en danger.
Premier soulagement, vifs applaudissements.

Il reprend : « Eh bien ! c’est moi qui ne suis qu’un avec ma nation, c’est moi qui me fie à vous ».
L'Assemblée, stupéfaite, laisse exploser sa surprise en une liesse générale : comme un seul homme, elle acclame tout à coup et à voix forte le roi ; on jette son chapeau en l'air, on rit, on pleure de joie !
Un député écrit : « un de mes compatriotes, se levant, tendant les bras, les larmes aux yeux, éjaculant toute la sensibilité de son âme, s’affaissa tout à coup et tomba les quatre fers en l’air, balbutiant : "Vive le roi !". Il ne fut pas le seul qui fut saisi de ce paroxysme ».
Au-delà de l’aspect lyri-comique de la réaction collective, il n’en reste pas moins que le roi prouve que sa figure peut encore susciter une admiration et une approbation extraordinaires, au sein même de l’Assemblée dont beaucoup de membres œuvrent contre lui.
Le roi vient aussi de reconnaître pour la première fois l’Assemblée nationale.
Il ajoute :
« J’ai donné ordre aux troupes de s’éloigner de Paris et de Versailles. Je vous autorise et vous invite même à faire connaître les dispositions à la capitale ».
Louis XVI vient d’annoncer le retrait des troupes. L’Assemblée est euphorique, les chapeaux continuent de voler, le roi est ovationné, les uns tombent dans les bras des autres.
Le roi a cédé aux revendications de l’Assemblée, les deux peuvent travailler ensemble.
Le roi vient de faire une sacrée concession : il est prêt à accepter une monarchie constitutionnelle. Ceux qui militent pour ce régime sont ravis ; les qlq républicains, encore discrets, sont déçus : le roi a repris la main avec ce sacrifice, et sa popularité est intacte.
De nombreux députés, fous de joie, raccompagnent le roi jusqu’au château ; cela touche profondément le souverain.

Nous sommes le lendemain de la prise de la Bastille, et un euphorique cortège de députés escorte et acclame le roi et ses frères !
Le seul à passer complètement à côté de ce jour est le Comte d’Artois : boudeur pendant le discours de son frère le roi, il vient dire à Bailly quelque chose du genre « vous êtes content hein ? »...
À part ce petit bémol, cette scène du 15 juillet 1789 est incroyable, et très peu connue. Le député Pellerin, du tiers, décrit un Louis XVI « au milieu des représentants des ordres mêlés et confondus ensemble, marchant au milieu d’eux sans autre garde que leur amour »
Les députés s’exclament tour à tour « Vive le roi, vive le père des Français, le restaurateur de la liberté, l’amour de ses peuples ! »
(vous remarquerez que l’aspect paternel de la figure du roi est ici loué, alors qu’il était sujet de colère deux semaines avant aux EG)
Cette scène de joie s’explique aussi par la douleur et la terreur qu’ont provoquées les événements du 13 et du 14. « Les larmes de la tendresse coulaient de toutes parts et le roi partageait cette émotion de ses peuples », rapporte Pellerin.
Il ajoute, en marge de son manuscrit : « J’étais immédiatement derrière mon roi, mes regards ont croisé les siens, je fondais en larmes et les yeux du souverain étaient humides ».
« Quelqu’un lui a dit : Sire, cette marche vous fatiguera, si votre Majesté le désire, on va s’arrêter ». Le roi, dans un sourire ému, répond : « Je ne trouve pas ceci fatigant ».
Des passants observent la scène ; une femme, dit-on, voulait approcher le souverain ; ce dernier aurait demandé de la laisser passer, et cette inconnue l’aurait embrassé.
Le petit peuple versaillais rejoint le cortège.
Pellerin témoigne : « C’était un spectacle unique, que la France dans les beaux jours de Henri IV et de Louis XII n’a pas connu, qu’elle ne reverra peut-être jamais ».
La musique des Suisses accompagne leur arrivée au château, avec l’air « Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille ? » (tiré de l’opéra-comique Lucile, de Grétry, 1769), un heureux hasard remarqué.
(l’air devint un hymne officieux de la royauté sous la Restauration ; pour l’écouter : )
Une foule s’est amassée autour du cortège, les gardes l’ont laissée venir jusqu’au château ; le roi fait tenir les portes ouvertes, même si les gens restent dehors.
La reine apparaît quelques instants plus tard au balcon avec ses enfants ; elle les montre au peuple, les embrasse tendrement, sous de formidables acclamations ; « C’était la scène la plus attendrissante et qui a produit la plus universelle ivresse » (Ferrières).
Les vivats se multiplient, mais les « vive la reine ! », selon le curé Jallet, ne prennent tout de même pas. Le roi rejoint sa famille, les « vive le roi ! » redoublent.
Un peu plus tard, Louis XVI assiste à sa deuxième messe du jour. Les acclamations couvrent les chants !..
À 15 heures, 88 députés conduits par La Fayette annoncent à Paris le retrait de l’armée.
La foule exulte, le roi est loué dans le discours du noble libéral.
La Fayette prend dans la foulée le commandement de la milice bourgeoise, qui s’appelle désormais la Garde nationale.
Bailly, ex-président de l'AN, personnage central du Serment du Jeu de Paume, devient maire de Paris.
On discute pour former un nouveau gouvernement. Le roi compte rappeler Necker, autre mesure très populaire. Le retour est prévu le 16.
Si cette scène de réconciliation extraordinaire laisse espérer un retour à la paix civile, et un régime certes différent, mais commandé par le roi, il ne faut pas se leurrer :
À Versailles, peu croient à une vraie conciliation avec les réformateurs de l'AN, et un retour au calme du peuple parisien. Marie-Antoinette prépare ses valises le soir du 14 ; un secrétaire de ministre court dans le château en s'écriant : "Tout est perdu ! tout est perdu !"
Tous ces événements montrent surtout que le roi, comme le dit superbement Alexandre Marral dans le livre sur lequel ce thread s’appuie, « a bien compris qu’il n’est vénéré que s’il est soumis » ; ce qui n’annonce rien de bon pour lui...
FIN de ce chapitre...

et
FIN
DE
CE
THREAD

qui dure depuis

AOÛT dernier.

Mille mercis d'avoir suivi ces aventures.
Je termine ce thread de 15 chapitres avec une certaine émotion.
Passer dans Versailles après avoir lu ce livre me donne l’impression de voir tous ces gens dans ces temps extraordinaires et décisifs de l’Histoire de France, qu’on aime la Révolution ou pas.
L’entrée des Menus Plaisirs est visible au 22 Avenue de Paris ; aujourd’hui centre de musique baroque. C’est là que le tiers, puis l’Assemblée, se réunissaient ; là que le roi, le 23 juin 1789, a commis la terrible séance royale (chapitre 13 du thread : )
Au 1 rue du Jeu de Paume, je vous laisse deviner (chapitre 12 : ).
Si vous prenez la route allant de Versailles à St-Cyr, vous passez à côté de l’Orangerie, où campaient les troupes de Broglie.
À l’église Saint-Louis, après avoir salué le Maître du lieu, vous pourrez repenser aux députés du tiers improvisant là leur séance pour contourner la fermeture de leur salle, et rejoints pas la moitié du clergé.
Il faut s'imaginer aussi, de manière générale, les feux de joie allumés par la foule dans Versailles en l'honneur de tel ou tel personnage, pour montrer au pouvoir le sentiment d'une partie active de l'opinion publique...
Il faut voir, en regardant les fenêtres de la partie centrale du château de Versailles, l’élégante reine de 44 ans apparaître, saluer la foule qui pourtant, est nourrie de rumeurs contre elle ;
...cette mère qui vient de perdre son fils aîné de sept ans, et embrasse maternellement ses autres enfants, la larme à l’œil, devant les sujets du roi, dont des mères et des pères de famille anonymes qui savent peut-être ce qu’elle ressent.
Mais surtout, l’endroit le plus grandiose est probablement la Place d’Armes, cette immense place devant le château, où trône toujours la statue équestre de Louis XIV :
Il faut s’imaginer Louis XVI, son successeur, passer à côté à pieds, sous le soleil de juillet, seul avec ses frères, futurs rois, et le voir repasser un peu plus tard accompagné du cortège triomphal des députés et du peuple versaillais.
« C’était un spectacle unique, que la France dans les beaux jours de Henri IV et de Louis XII n’a pas connu, qu’elle ne reverra peut-être jamais » ; le député Pellerin ne croyait sans doute pas si bien dire.
J’espère que ce "résumé" en 15 chapitres aura permis de mieux comprendre comment la Révolution a pu commencer.
Le sommaire des chapitres est ici ⤵️
Si j’en ai le courage, et si vous ne faites pas une overdose de 1789, je reprendrai les événements là où nous les laissons, mais dans longtemps, après des threads (plus courts !😅) sur d’autres sujets historiques (à commencer par les femmes au Moyen Âge).
Voici le livre sur lequel je me suis appuyé ⤵️

Il va plus loin que le mon thread, puisqu’il couvre à peu près toute l’année 1789, et notamment les troubles d’octobre.
Un beau cadeau de Noël - en retard - pour passionnés d’histoire !

Merci encore pour vos lectures !
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