Thread by @CitronAlcalin

Épisode 1 - The Healing Trip #GoopLab

Alors au départ on a une intro/bande-annonce que j'imagine commune aux épisodes où @GwynethPaltrow explique rapidement que l'idée de Goop, commencée en 2008, est à propos de l'optimisation de soi, de son unique vie. Ça veut pas dire grand chose mais bon c'est qu'en intro.

On passe sur un important disclaimer que je vous recopie parce que c'est chiant de faire des captures de Netflix.

The following series is designed to entertain and inform - not provide medical advice.

You should always consult your doctor when it comes to your personal health, or before you start any treatment.

Les mots importent, notons le "inform".

Le premier épisode concerne l'utilisation de champignons psychédéliques, je ne commenterai pas ce choix tout de suite. Elise Loehnen, qui n'est autre que la Chief Content Officer de Goop, nous rappelle cette idée de fournir des informations pour choisir en connaissance de cause.

Pendant les premières minutes, on ne nous dit pas vraiment de quoi on parle, le mot psilocybin finit par apparaître mais jusque là on est dans le flou absolu. Si le but est d'informer c'est un peu raté.

La psilocybine, c'est donc la substance psychélélique contenue dans certains champignons. Il y a bien sûr d'autres substances psychédéliques, le show mentionne d'ailleurs qu'un des membres de l'équipe est allé au Pérou essayer de l'ayahuasca.

On nous présente tout de même le directeur d'une association de recherche sur les psychédéliques, MAPS Canada (on pourra en reparler), dont le premier propos sera de mentionner l'usage millénaire des psychédéliques.

Il y a aussi un psychiatre qui parle notamment des effets secondaires des médicaments habituels. Bon pourquoi pas mais ça commence par deux arguments très fakemed.

On nous dit aussi que la FDA a récemment approuvé des études cliniques pour des psychédéliques, ce qui est vrai.

Sauf que là on nous parle pas d'un essai clinique, on nous parle de 4 Goopers qui vont en Jamaïque, car l'usage des champignons n'y est pas réglementé (Loehnen le dit explicitement), et plus dans une recherche d'expérience qu'autre chose.

On nous le dit d'ailleurs clairement, ce n'est pas un environnement d'essai clinique mais un environnement de cérémonie. Au moins c'est franc mais y a un décalage complet entre cette expérience et prétendre donner des informations un minimum sérieuses.

Ils vont voir trois personnes en Jamaïque, labellisées informellement des "psychedelic elders" mais sans bien sûr de formation médicale, qui nous expliquent tranquillement la tradition locale avec les champignons qui guériraient de vraies maladies (lesquelles ? Source ?).

De toute façon les Goopers sont pas vraiment malades, et d'un côté c'est tant mieux. On en saura probablement pas plus sur ces guérisons, et on se demande toujours bien le rapport entre ce qu'ils "testent" et les prétentions sur les psychédéliques.

On en arrive même à avoir une mention tout à fait bienvenue de potentiels problèmes liés à l'usage de psychédéliques de manière récréative. Sans vraiment tout décrire on comprend avec le directeur de MAPS qu'il faut maîtriser le dosage, le contexte d'utilisation.

Donc déjà plutôt un contexte médical quoi, avec des personnes médicalement compétentes pour évaluer l'éventuel besoin et des dosages. En gros tout le contraire de ce que nos 4 hippies vont faire en Jamaïque, l'hypocrisie est totale.

Heureusement, il y a Estalyn. Qui est Estalyn ? Une participante d'un essai clinique sur l'anxiété et la dépression liée au cancer. On peut la retrouver facilement donc la voici : journals.sagepub.com/doi/pdf/10.117…

C'est pas si mal mais la méthodologie et des faiblesses dans l'échantillonnage rendent l'interprétation délicate. Les auteurs sont les premiers à le reconnaître. L'émission est évidemment bien moins prudente.

D'autant plus que les patients suivaient tous une psychothérapie en plus, comme ils ont finalement tous reçus une dose de psilocybin, on sait pas si les bénéfices à long terme ne viendraient pas juste de la psychothérapie ou du simple fait d'avoir eu un suivi pendant l'étude.

Ensuite on nous parle de Jon, un participant d'une étude sur la psychothérapie avec MDMA (contenu dans l'ecstasy par exemple) pour le syndrôme de stress post-traumatic et notamment des tendances suicidaires.

Et là je vais un peu me fâcher.

Je vais me fâcher car on présente de manière incomplète et enthousiaste ce dont il est question ici. Jon a vraisemblablement participé à l'une des études MAPS, qui sont jusqu'à présent des études de phase 2, et ils prévoient une étude de phase 3.

D'après leur site ils ont mené deux études de Phase 2 mais il s'agit vraisemblablement de celle-ci :
sciencedirect.com/science/articl…

Alors ok le Lancet c'est la classe mais y a 26 participants répartis en 3 groupes sans contrôle. C'est pas si déconnant comme phase 2 d'autant qu'il y a d'autres essais de ce genre concordants mais avec cette méthodologie et ces échantillons on fait gaffe aux conclusions hâtives.

Je me fâche aussi parce que vu qu'il s'agit d'une étude MAPS, la participation de Jon est manifestement permise par le directeur de l'association qui ne voit peut-être aucun problème à de telles exagérations.

Enfin je me fâche car le PTSD et les tendances suicidaires on doit pas jouer avec en donnant des informations partielles, exagérées, et en faisant fi de l'existence de moyens thérapeutiques efficaces, y compris non médicamenteux comme l'EMDR.

Là en plus on retient limite l'info que ce serait pas déconnant de prendre un cachet d'ecstasy avant d'aller chez le psy ou un random pseudo-thérapeuthe, alors MAPS eux-mêmes précisent bien que le MDMA c'est pas de l'ecstasy, c'est juste contenu dedans et c'est pas bien contrôlé.

Tiens puis au passage (oui je commente au fur et à mesure et je fais des pauses) on apprend que le psychiatre qui participe à l'émission lui-même a fait une telle thérapie en mode "It's important for us to have our own experience". Ça lui donne surtout un gros biais ouais.

Excellent Gwyneth a déjà pris du MDMA au Mexique avec son mari qui est "profoundly wise" donc tout va bien.

Pendant ce temps là on parle pas de champis donc retour rapide sur nos 4 expérimentateurs qui vivent leur trip avec de la musique dans les oreilles et... rien d'autre.

Moi je croyais qu'on allait avoir de la psychothérapie avec, comme mentionné dans la description et comme on en parle depuis le début, pour l'instant c'est que dalle.

Bon ça alterne avec une nouvelle "Case study" avecune femme qui témoigne juste de son usage de micro-doses dans des smoothies par exemple sauf que là y a aucune référence à une étude, j'essaierai de voir si je trouve quelque chose.

Commentaire du directeur de MAPS : "Oui alors nous en recherche c'est différent de ce qu'il se passe dans la rue (no shit), on suggère pas du tout aux gens d'aller consommer du LSD ou autre..."

Il était temps. Mais HOP TRANSITION sur les goopers en train de faire exactement ça.

"These medecines are medecines of connection."

Pseudo-profound bullshit/20

"I feel like I went through about like 5 years of therapy in about 5 hours". De l'information on vous dit.

Puis ça parle tranquillement de MAPS qui entraînerait des centaines de thérapeuthes sur l'usage du MDMA alors qu'ils ont que des essais de phase 2 bordel.

Fin du 1er épisode avec un rapide retour d'expérience de Kévin avec Gwyneth qui laisse tranquillement entendre que les goopers ont vécu leur expérience avec des thérapeuthes, alors qu'aucun élément ne va dans ce sens.

On se retrouve plus tard pour l'épisode sur la cryothérapie.