Pour celles et ceux qui voudraient mon avis sur la nouvelle shitstorm qui s'empare du milieu sceptique avec une bienveillance 30CH, si la pratique des "sensitivity readers" est ce qu'il y a décrit dans ce tweet, je n'y vois aucun problème.
Si ça se transforme en critères de publication généralisés, alors ça s'apparente à de la censure, et on peut comprendre des inquiétudes de la part de personnes attachées à la liberté d'expression sans les qualifier de réacs, au minimum car ça n'a rien de constructif.
La censure c'est pas tout noir ou tout blanc, on peut vouloir, pour de bonnes raisons, restreindre ou interdire certains contenus. Typiquement la pornographie infantile. Et même la pornographie entre adultes consentants fait l'objet de restrictions diverses.
De même, contrairement à ce qu'on pourrait croire, des codes et restrictions ne font pas que brider la création artistique, l'art étant aussi dans le détournement, et on l'a déjà vu car finalement nombre d'oeuvres ont été réalisées avec des restrictions d'ordre morale.
Le Code Hays qui a régit les production Hollywoodiennes est un exemple bien connu. Ça concerne notamment des films de Hitchcock, Hawks, Capra, Lubitsch ou même Kubrick. Des films qui ne seraient sans doute pas les mêmes sans ce code de censure pour préserver les bonnes moeurs.
Donc se demander combien d'oeuvres ne nous seraient pas parvenues avec des restrictions morales c'est un peu oublier que nombreuses ont été publiées de cette façon et qu'on a également la question inverse.
Si on parle pas de restrictions mais donc de consultations afin d'éviter des stéréotypes ou des approximations, c'est selon moi comme n'importe quel travail d'enquête.
J'ai dans d'autres conversations mentionné le travail d'Hergé avec Zhang Chongren pour Le Lotus Bleu.
J'ai dans d'autres conversations mentionné le travail d'Hergé avec Zhang Chongren pour Le Lotus Bleu.
Un travail important qui lui a évité de reproduire les clichés bidons des précédents volumes de Tintin, notamment Tintin au Congo, et fondateur dans l'approche qu'a pris Hergé par la suite.
Lotus Bleu qui d'ailleurs, en prenant le parti des Chinois, n'aura pas manqué de mettre en colère le gouvernement Japonais. Hergé a plus tard préféré utiliser des pays fictifs pour éviter ce problème, c'est là qu'on entre dans le délicat équilibre bride/création.
Équilibre largement perdu pour le pire lors de l'Occupation, entre la sortie tardive du Sceptre d'Ottokar qui dénonce l'Allemagne nazie et l'URSS, et les volumes comme l'Île Mystérieuse qui ne vexe personne, à part pour le méchant qui devait à l'époque forcément être Juif.
Comme j'ai parlé d'Hollywood, un équivalent de ce que donne au cinéma une réelle et forte bride à la création artistique, une censure particulièrement sévère, ce sont les films Téléphones blancs italiens sous Mussolini, bien qu'a posteriori cette expérience a influencé...
... des cinéastes comme Vittorio de Sica pour le mouvement néoréaliste, avec une recherche d'éloignement et de contraste avec les films moralement dirigés par le régime fasciste.
Tout ça pour dire que s'il faut en débattre faut faire la part des choses entre censure, recommendations et travail d'enquête, et que même dans une situation de censure, on doit en définir le cadre et prendre en compte les craintes légitimes pour la liberté d'expression.
Puis si c'est juste un emballement pour une pratique existant depuis très longtemps et qui semble nouvelle car on lui donne un nom en anglais, pensons d'abord à bien nous hydrater (genre avec une limonade).
A'tchao, bon dimanche.
A'tchao, bon dimanche.
Erratum : c'est la colorisation du Sceptre d'Ottokar qui a été tardive, pour des raisons aussi politiques que techniques, mais la prépublication avait bien eu lieu avant l'Occupation.
C'est aussi l'Étoile et non l'Île qui est mystérieuse, je confonds souvent avec l'Île Noire.
C'est aussi l'Étoile et non l'Île qui est mystérieuse, je confonds souvent avec l'Île Noire.
Île Noire qui pour le coup a été censuré un temps en 1943, sans doute car l'antagoniste est Allemand.
